Sortie matinale entre hommes. Petit déj’dans une immense salle parmi les tables pas desservies, les serveuses sont houspillées par Yuizhou notre guide.
La forêt de pierres. Au bas de l’hôtel, les jardins sont soignés avec des belles pelouses entre les blocs de pierres. Nous sommes attirés par une musique : des Sani sont en répétition de danses pour « La fête des torches » prochaine. Les femmes en habits bleus dansent face à face, des hommes plutôt âgés jouent d’une sorte de guitare. Promenade aménagée entre les pitons karstiques : décor assez unique avec des petits lacs.« Forêt » assez serrée et fréquentée, mais passée la proximité d’un kiosque pris d’assaut par les touristes chinois, nous sommes seuls. Pyracanthas et lantanas, clairière, arbres et belle végétation. La pluie a attendu notre retour pour réapparaître.
Départ pour Yuanyang.
A Lunnan, la route est en construction. Déjeuner en cours de route : racines de lotus, tofu fermenté. Nous voyons un accident frontal sur la route. La campagne est très cultivée même loin des habitations avec des buffles au bord des routes, du riz, du maïs, des agaves sur la terre rouge.
Le trajet en voiture s’effectue avec comme fond sonore et discret des tubes classiques : Chopin Rossini, Greensleeves, Carmen… Nous visitons un village en cours de route. Sous un immense banian, les villageois lient des feuilles de tabac pour les faire sécher dans le four tout à côté. Les enfants jouent avec des fleurs de lotus, deux autres se baignent nus dans une « piscine » au milieu des champs de riz tandis qu’une femme lave le linge. Les maisons sont pauvres avec un emplacement pour les buffles et les cochons ; les travaux de reconstruction sont nombreux.La route descend parmi les bananeraies, la chaleur moite s’accentue, on arrive au fleuve rouge qui mérite bien son nom, sa couleur rappelle la cité interdite comme le fleuve jaune (Yantsé) était bien jaune au Saut du tigre. Deuxième arrêt pour le voir de plus près et le filmer. Yuanyang moderne est au bord du fleuve. A partir de là, la route monte nous menant de 209 m à 1800 m d’altitude. Pays de montagnes magnifiques sur 30 km avec des pentes abruptes cultivées : impressionnant. Quelques rizières en eau.
Yuanyang, bonne visibilité. Hôtel*** Yunti quoique plus modeste que les précédents possède le même confort. Le repas n’est pas inoubliable mais encore pas cher (9€) Promenade digestive, achat de mangues préparées par maître Danny. Pendant le repas la brume blanche est montée sur le gris foncé du ciel. Le temps est changeant. Nous faisons connaissance d’une nouvelle ethnie : les Hani (prononcer Rani) en costumes noirs. Les Yi portent eux des costumes colorés en tissus synthétiques et brodés à la machine.
mercredi 15 juin 2011
mardi 14 juin 2011
Racaille le Rouge. Plantu.
Depuis que je me suis défait du « Monde », je n’avais pas beaucoup revu de dessins de Plantu que j’avais attendu à chaque livraison avec jubilation, pendant des années.
J’ai donc emprunté un recueil de ses dessins de 2007 pour me replonger dans cette riche année électorale espérant retrouver un regard familier.
Le travail du temps est terrible et bien des situations paraissent aussi lointaines que des querelles de la IV° république : ainsi en va-t-il de l’engouement pour Bayrou et Ségolène, aujourd’hui piétinés par ceux qui les portaient au pinacle. Il n’y a qu’une représentation de DSK publiée dans l’Express avec des dollars dans les yeux à l’idée d’entrer au FMI qui percute aujourd’hui. Ce dessin avait d’ailleurs valu à Plantu un courrier de Cambadelis et consorts protestant contre cette charge « digne des années 20 ». Pourtant avec le recul j’ai trouvé bien des stéréotypes fades, des allégories parfois lourdingues, des reprises un peu lancinantes, bien que des rappels de Djack en laquais, ou Jospin en type « qui part qui ne part jamais » soient salutaires, ainsi que les courbettes d’alors à Kadhafi qui en paraissent encore plus indécentes.
J’ai donc emprunté un recueil de ses dessins de 2007 pour me replonger dans cette riche année électorale espérant retrouver un regard familier.
Le travail du temps est terrible et bien des situations paraissent aussi lointaines que des querelles de la IV° république : ainsi en va-t-il de l’engouement pour Bayrou et Ségolène, aujourd’hui piétinés par ceux qui les portaient au pinacle. Il n’y a qu’une représentation de DSK publiée dans l’Express avec des dollars dans les yeux à l’idée d’entrer au FMI qui percute aujourd’hui. Ce dessin avait d’ailleurs valu à Plantu un courrier de Cambadelis et consorts protestant contre cette charge « digne des années 20 ». Pourtant avec le recul j’ai trouvé bien des stéréotypes fades, des allégories parfois lourdingues, des reprises un peu lancinantes, bien que des rappels de Djack en laquais, ou Jospin en type « qui part qui ne part jamais » soient salutaires, ainsi que les courbettes d’alors à Kadhafi qui en paraissent encore plus indécentes.
lundi 13 juin 2011
Gianni et les femmes. Gianni Di Gregorio
J’avais bien aimé « Le déjeuner du 15 août » au ton personnel qui traitait légèrement de la vieillesse; Gianni Di Gregorio, le réalisateur, le mot est peut être trop ambitieux, reste sur le même thème, mais c’est mollasson et l’originalité du ton est éventée. Le film n’est pas vraiment désagréable, les femmes sont des bombes, mais Gianni Di Gregorio, l’acteur principal, le mot est peut être trop présomptueux, est vraiment trop statique, à subir les évènements. Tout est sans importance, les poches sous les yeux, le copain de sa fille sans travail, un verre de trop… Il vit nonchalamment sous le même toit que sa femme et regarde la vie qui passe, impavide. Ce quartier de Rome est sympa. Derrière son sourire figé, il s’aperçoit qu’il est devenu transparent : il a tout fait pour. Ce film mélancolique où l’on peut sourire est lui aussi anodin.
dimanche 12 juin 2011
Les derviches tourneurs de Damas. Noureddine Khourchid.
Comment ne pas penser à la Syrie, leur pays qui saigne, quand les sept musiciens et les deux danseurs arrivent sur la scène de l’Hexagone ?
Et puis, nous nous laissons prendre dans les arabesques des chants, le vertige des tournoiements.
Au début, malgré la chaleur, les danseurs sont vêtus d’un manteau noir qui évoque une tombe et d’un haut bonnet conique en feutre. Après une série de saluts ils posent leur tunique et apparaissent en blanc, la couleur de la vie dit-on. Les mains sont tournées vers le ciel pour en recevoir la grâce, les deux danseurs se lient à la terre dans la vitesse envoûtante de leur tourbillon : de quoi perdre la tête. Ensemble ou à tour de rôle, ils ont bien tourné sur eux même comme des toupies pendant une heure d’un spectacle qui durait une heure et demie passée dans un souffle. La musique subtile, lancinante, gagne en intensité, en rythme, avec des respirations qui viennent des profondeurs, puis dans une apogée primale, les robes lourdes s’ouvrent comme des liserons, nous pouvons percevoir l’originalité Soufi qui compte sur la danse en symbiose avec le chœur des musiciens chanteurs pour communiquer leur ferveur envers Allah.
Et puis, nous nous laissons prendre dans les arabesques des chants, le vertige des tournoiements.
Au début, malgré la chaleur, les danseurs sont vêtus d’un manteau noir qui évoque une tombe et d’un haut bonnet conique en feutre. Après une série de saluts ils posent leur tunique et apparaissent en blanc, la couleur de la vie dit-on. Les mains sont tournées vers le ciel pour en recevoir la grâce, les deux danseurs se lient à la terre dans la vitesse envoûtante de leur tourbillon : de quoi perdre la tête. Ensemble ou à tour de rôle, ils ont bien tourné sur eux même comme des toupies pendant une heure d’un spectacle qui durait une heure et demie passée dans un souffle. La musique subtile, lancinante, gagne en intensité, en rythme, avec des respirations qui viennent des profondeurs, puis dans une apogée primale, les robes lourdes s’ouvrent comme des liserons, nous pouvons percevoir l’originalité Soufi qui compte sur la danse en symbiose avec le chœur des musiciens chanteurs pour communiquer leur ferveur envers Allah.
samedi 11 juin 2011
C’est la culture qu’on assassine. Pierre Jourde.
Sous une couverture où Judith, avec détermination, coupe la tête d'Holopherne d’Artemisia Gentileschi, l’auteur du remarquable « Pays perdu » rassemble des chroniques parues sur son blog.
Le critique courageux semble se fatiguer et c’est sûrement parce que je partage trop étroitement ses avis concernant l’école que je les trouve sans la verdeur attendue. Je regrette que la forme article pour blog induise une expression parfois moins travaillée, outre le fait que des redites apparaissent. Ses faiblesses le rendent proche, avec ses doutes. Dans les variations de la forme du puncheur, il y a des moments excellents en particulier quand il est au cœur de son métier, la littérature, dont il prend la défense:
« elle donne intimement accès à l’autre, élargit le champ de la connaissance et la profondeur de l’expérience ».
Il apporte des éléments tranchants dans les débats actuels :
« …un gouvernement qui suscite un débat sur l’identité, en ayant l’air de vouloir le dynamiser, tout en faisant par ailleurs, dans sa politique culturelle, tout ce qu’il faut pour l’anéantir »,
c’est qu’il pense qu’ « on construit son identité par la culture, et en même temps on s’en libère ». Mais il y a tant de dégâts.
Il déconstruit Djian chez qui j’ai trouvé de l’énergie et adresse des louanges à Jacques Bertin, un des maîtres d’amis exigeants dans leurs admirations. La défense de la culture populaire peut également leur convenir. Le réprouvé du « Monde des livres » est tout de même adoubé par Jérôme Garcin qui lui offre une préface en évoquant Jean Prévost.
Le critique courageux semble se fatiguer et c’est sûrement parce que je partage trop étroitement ses avis concernant l’école que je les trouve sans la verdeur attendue. Je regrette que la forme article pour blog induise une expression parfois moins travaillée, outre le fait que des redites apparaissent. Ses faiblesses le rendent proche, avec ses doutes. Dans les variations de la forme du puncheur, il y a des moments excellents en particulier quand il est au cœur de son métier, la littérature, dont il prend la défense:
« elle donne intimement accès à l’autre, élargit le champ de la connaissance et la profondeur de l’expérience ».
Il apporte des éléments tranchants dans les débats actuels :
« …un gouvernement qui suscite un débat sur l’identité, en ayant l’air de vouloir le dynamiser, tout en faisant par ailleurs, dans sa politique culturelle, tout ce qu’il faut pour l’anéantir »,
c’est qu’il pense qu’ « on construit son identité par la culture, et en même temps on s’en libère ». Mais il y a tant de dégâts.
Il déconstruit Djian chez qui j’ai trouvé de l’énergie et adresse des louanges à Jacques Bertin, un des maîtres d’amis exigeants dans leurs admirations. La défense de la culture populaire peut également leur convenir. Le réprouvé du « Monde des livres » est tout de même adoubé par Jérôme Garcin qui lui offre une préface en évoquant Jean Prévost.
vendredi 10 juin 2011
Putain d’école.
L’école malmenée, accablée, dépouillée est pourtant réquisitionnée paresseusement pour répondre à tous les maux de la société, aux démissions parentales et à la moindre des éruptions médiatiques :
la nutrition, les addictions, la sécurité routière, l’insécurité, la sexualité, les communiqués de la municipalité, du conseil général, régional, du ministère, des ministères, les bouffées de la mode et les rafistolages culturels, le développement durable puisqu’il est abandonné ailleurs...
Le public est captif, le blabla citoyen, la photo sera bonne, les blasés goûteront une heure de cours qui « pète ».
Comme lors d’une discussion, je faisais part de mes réticences à ce que l’on introduise pendant les heures de classe quelques bons préceptes concernant les handicapés, une camarade m’a fait parvenir quelques réflexions de Jean Claude Michéa.
Au-delà des années qui se sont écoulées depuis l’interview, datant du temps où Allègre n’avait pourtant pas fait valoir encore toute l’étendue de sa nocivité, j’ai apprécié la vigueur du philosophe quand il conteste le rôle d’animateur que l’on assigne à l’enseignant au détriment de la transmission d’un savoir critique.
Il constate avec Antoine Prost, pourtant l’un des premiers partisans de la modernisation démocratique de l’école, qui admet « que sous le règne des pédagogies « égalitaires » l’exclusion et les inégalités ont accéléré leur croissance et les chances de promotion sociale des classes populaires ont diminué. »
Alors ? Alors les circulaires s’accumulent pour ne pas oublier :
qu’ « en phase de démarrage d’une situation séquentielle le stagiaire interconnecte le nouveau et le déjà-là ».
Il pointe l’effacement des familles au détriment de l’industrie des médias et du divertissement : cette culture de la consommation « que l’adolescent qui lui est assujetti, vit toujours comme un comportement « rebelle » et « romantique », alors même qu’il assure sa soumission réelle à l’ordre médiatique et marchand. »
« Un ressort a été cassé. »
....
Le dessin du Canard de cette semaine:
Ferme ta geule, Luc Ferry par franceinter
la nutrition, les addictions, la sécurité routière, l’insécurité, la sexualité, les communiqués de la municipalité, du conseil général, régional, du ministère, des ministères, les bouffées de la mode et les rafistolages culturels, le développement durable puisqu’il est abandonné ailleurs...
Le public est captif, le blabla citoyen, la photo sera bonne, les blasés goûteront une heure de cours qui « pète ».
Comme lors d’une discussion, je faisais part de mes réticences à ce que l’on introduise pendant les heures de classe quelques bons préceptes concernant les handicapés, une camarade m’a fait parvenir quelques réflexions de Jean Claude Michéa.
Au-delà des années qui se sont écoulées depuis l’interview, datant du temps où Allègre n’avait pourtant pas fait valoir encore toute l’étendue de sa nocivité, j’ai apprécié la vigueur du philosophe quand il conteste le rôle d’animateur que l’on assigne à l’enseignant au détriment de la transmission d’un savoir critique.
Il constate avec Antoine Prost, pourtant l’un des premiers partisans de la modernisation démocratique de l’école, qui admet « que sous le règne des pédagogies « égalitaires » l’exclusion et les inégalités ont accéléré leur croissance et les chances de promotion sociale des classes populaires ont diminué. »
Alors ? Alors les circulaires s’accumulent pour ne pas oublier :
qu’ « en phase de démarrage d’une situation séquentielle le stagiaire interconnecte le nouveau et le déjà-là ».
Il pointe l’effacement des familles au détriment de l’industrie des médias et du divertissement : cette culture de la consommation « que l’adolescent qui lui est assujetti, vit toujours comme un comportement « rebelle » et « romantique », alors même qu’il assure sa soumission réelle à l’ordre médiatique et marchand. »
« Un ressort a été cassé. »
....
Le dessin du Canard de cette semaine:
Ferme ta geule, Luc Ferry par franceinter
jeudi 9 juin 2011
Les anges les démons et nous.
Le Léviathan, le Moloch, Belphégor, celui « qui porte la lumière » autrement dit Lucifer, l’irrégulier, le tacheté, le pustuleux, le bubonesque, le poilu, Satan, même avec des comparses, aura beau disséquer le cadavre de Judas, il ne trouvera pas le secret de l’Homme.
Il ne joue pas dans la même cour que les anges, lumineux courtisans de Dieu, inspirés par les entourages des rois de Babylone.
C’est ce que nous ont dit Eliane et Régis Burnet dans leur conférence aux amis du musée qui nous ont présenté, venant de ces contrées, un certain Pazuzu à tête de chauve-souris, personnage ambivalent , amenant la famine et les inondations mais combattant la déesse qui blesse les mères pendant l’accouchement.
Escher représente, bien imbriqués, les anges et les démons, comme complémentaires, mais d’après la religion Le Bien est supérieur, même si le mal est permis, et Dieu ne l’a pas créé, ce mal.
La confusion n’existe que dans la publicité d’Orangina qu’un ange incontestablement femme trouve « diabolique », alors qu’un cornu trouve ce breuvage « divin ».
La religion est condamnée à tenter d’expliquer ce mystère du mal.
C’est que les anges se sont éloignés du divin en regardant les belles terriennes. Victimes de la luxure, tout en voulant de surcroit se reproduire, jaloux des hommes, dans une désobéissance enfantine, ils se sont rebellés.
Heureusement Michel contre le dragon à sept têtes de l’Apocalypse a défait l’animalité.
« Une ménagerie grouillante domptée par les anges » chez Bruegel,
« le furieux combat de la blancheur et du déploiement des pennages contre l’immonde grouillement des égouts du ciel ».
C’est la victoire de la bonté, de la beauté, du blanc,
sur la laideur, la méchanceté et la noirceur.
Tous ces êtres ont des ailes, même si une couleur parfois indique un grade dans les armées du ciel.
Adam s’est habillé après le péché, mais la nudité est aussi la marque des damnés et des démons qui portent parfois un visage au niveau du bas ventre.
Job n’a pas maudit Dieu malgré ses souffrances. C’était un bon, Job.
Pourtant Satan était dans les parages, et fouettait le malheureux.
« Sa femme lui dit :
- Vas-tu persister dans ton intégrité ? Maudis Dieu, et meurs !
Il lui dit :
- Tu parles comme une folle. Nous acceptons le bonheur comme un don de Dieu.
Et le malheur, pourquoi ne l'accepterions-nous pas aussi ? »
Il n’est pas toujours besoin de l’épée pour vaincre les serpents, une croix peut suffire pour l’emporter contre le mal bien souvent intérieur.
Raphaël, un archange, indique lui, à Tobie comment avec le fiel d'un poisson, guérir son père devenu aveugle après avoir reçu de la fiente d'oiseau dans les yeux.
Guérisseur, accompagnateur, ange gardien.
Il reste à distance, comme dans les annonciations, simple, il n’est pas invasif, lui, ni polymorphe comme le malin.
Quand le fils de Dieu, au jardin des oliviers, recevra le message d’un ange, celui-ci minimise l’épreuve prochaine chez Mantegna, alors que Delacroix peint un Jésus qui n’a pas besoin de ces anges plus affectés que lui.
Ce sont les chérubins qui l’élèveront au plus haut des cieux, ascenseur de chez Giotto.
Il ne joue pas dans la même cour que les anges, lumineux courtisans de Dieu, inspirés par les entourages des rois de Babylone.
C’est ce que nous ont dit Eliane et Régis Burnet dans leur conférence aux amis du musée qui nous ont présenté, venant de ces contrées, un certain Pazuzu à tête de chauve-souris, personnage ambivalent , amenant la famine et les inondations mais combattant la déesse qui blesse les mères pendant l’accouchement.
Escher représente, bien imbriqués, les anges et les démons, comme complémentaires, mais d’après la religion Le Bien est supérieur, même si le mal est permis, et Dieu ne l’a pas créé, ce mal.
La confusion n’existe que dans la publicité d’Orangina qu’un ange incontestablement femme trouve « diabolique », alors qu’un cornu trouve ce breuvage « divin ».
La religion est condamnée à tenter d’expliquer ce mystère du mal.
C’est que les anges se sont éloignés du divin en regardant les belles terriennes. Victimes de la luxure, tout en voulant de surcroit se reproduire, jaloux des hommes, dans une désobéissance enfantine, ils se sont rebellés.
Heureusement Michel contre le dragon à sept têtes de l’Apocalypse a défait l’animalité.
« Une ménagerie grouillante domptée par les anges » chez Bruegel,
« le furieux combat de la blancheur et du déploiement des pennages contre l’immonde grouillement des égouts du ciel ».
C’est la victoire de la bonté, de la beauté, du blanc,
sur la laideur, la méchanceté et la noirceur.
Tous ces êtres ont des ailes, même si une couleur parfois indique un grade dans les armées du ciel.
Adam s’est habillé après le péché, mais la nudité est aussi la marque des damnés et des démons qui portent parfois un visage au niveau du bas ventre.
Job n’a pas maudit Dieu malgré ses souffrances. C’était un bon, Job.
Pourtant Satan était dans les parages, et fouettait le malheureux.
« Sa femme lui dit :
- Vas-tu persister dans ton intégrité ? Maudis Dieu, et meurs !
Il lui dit :
- Tu parles comme une folle. Nous acceptons le bonheur comme un don de Dieu.
Et le malheur, pourquoi ne l'accepterions-nous pas aussi ? »
Il n’est pas toujours besoin de l’épée pour vaincre les serpents, une croix peut suffire pour l’emporter contre le mal bien souvent intérieur.
Raphaël, un archange, indique lui, à Tobie comment avec le fiel d'un poisson, guérir son père devenu aveugle après avoir reçu de la fiente d'oiseau dans les yeux.
Guérisseur, accompagnateur, ange gardien.
Il reste à distance, comme dans les annonciations, simple, il n’est pas invasif, lui, ni polymorphe comme le malin.
Quand le fils de Dieu, au jardin des oliviers, recevra le message d’un ange, celui-ci minimise l’épreuve prochaine chez Mantegna, alors que Delacroix peint un Jésus qui n’a pas besoin de ces anges plus affectés que lui.
Ce sont les chérubins qui l’élèveront au plus haut des cieux, ascenseur de chez Giotto.
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