vendredi 10 juin 2011

Putain d’école.

L’école malmenée, accablée, dépouillée est pourtant réquisitionnée paresseusement pour répondre à tous les maux de la société, aux démissions parentales et à la moindre des éruptions médiatiques :
la nutrition, les addictions, la sécurité routière, l’insécurité, la sexualité, les communiqués de la municipalité, du conseil général, régional, du ministère, des ministères, les bouffées de la mode et les rafistolages culturels, le développement durable puisqu’il est abandonné ailleurs...
Le public est captif, le blabla citoyen, la photo sera bonne, les blasés goûteront une heure de cours qui « pète ».
Comme lors d’une discussion, je faisais part de mes réticences à ce que l’on introduise pendant les heures de classe quelques bons préceptes concernant les handicapés, une camarade m’a fait parvenir quelques réflexions de Jean Claude Michéa.
Au-delà des années qui se sont écoulées depuis l’interview, datant du temps où Allègre n’avait pourtant pas fait valoir encore toute l’étendue de sa nocivité, j’ai apprécié la vigueur du philosophe quand il conteste le rôle d’animateur que l’on assigne à l’enseignant au détriment de la transmission d’un savoir critique.
Il constate avec Antoine Prost, pourtant l’un des premiers partisans de la modernisation démocratique de l’école, qui admet « que sous le règne des pédagogies « égalitaires » l’exclusion et les inégalités ont accéléré leur croissance et les chances de promotion sociale des classes populaires ont diminué. »
Alors ? Alors les circulaires s’accumulent pour ne pas oublier :
qu’ « en phase de démarrage d’une situation séquentielle le stagiaire interconnecte le nouveau et le déjà-là ».
Il pointe l’effacement des familles au détriment de l’industrie des médias et du divertissement : cette culture de la consommation « que l’adolescent qui lui est assujetti, vit toujours comme un comportement « rebelle » et « romantique », alors même qu’il assure sa soumission réelle à l’ordre médiatique et marchand. »
« Un ressort a été cassé. »

....
Le dessin du Canard de cette semaine:
Ferme ta geule, Luc Ferry par franceinter

1 commentaire:

  1. Le billet de François Morel ne me paraît pas juste.
    Et France-Inter en remettait une couche ce matin avec une interiew de Ferry par Pascale Clark, d'une insupportable mauvaise foi.
    C'est un mauvais procès. On peut être agacé par Ferry, etc., mais sa position est très loin du scandale. Je remets ici en commentaire ce que j'ai écrit par ailleurs : ...
    "La querelle faite à Luc Ferry à propos de ses fonctions de président délégué du CAS (Conseil d’Analyse de la Société) est d’une particulière mauvaise foi. Pascale Clark l’interrogeait ce matin sur France-Inter et, obstinément, faisait de la désinformation en présentant – après d’autres il est vrai, mais pour le coup, il était là pour s’expliquer et elle n’entendait pas – de façon biaisée son statut.
    Détaché de l’Université auprès de Matignon, Ferry ne met plus sa force de travail au service de l’enseignement supérieur et n’a plus de comptes à rendre qu’au Premier ministre. C’est dès lors à Matignon de prendre en charge son salaire, pour travail fait à la tête du CAS.
    Une lourdeur administrative a maintenu de façon erronée ce salaire à la charge de l’Université. La situation, reconnue, se régularise par transfert des charges de l’employeur fictif à l’employeur effectif. Et ce transfert n’est ni plus ni moins à la charge du contribuable que le salaire de tout employé de l’Etat. La fonction de président délégué du CAS étant associée à une indemnité supplémentaire pour responsabilités particulières de 1700 ou 1800 € selon les sources (France-Inter ou Le Monde), Luc Ferry bénéficie de son traitement de professeur d’université (4300 ou 4500 € selon les sources (lui-même ou Le Monde)) augmenté de cette indemnité. D’où un salaire mensuel de l’ordre de 6000 €, très confortable mais pas scandaleux.

    Il y a ainsi 71000 employés de l’Etat, dont 11000 enseignants, en situation de détachement. Ils sont payés tantôt par leur administration d’origine, tantôt par leur administration d’affectation détachée. Personne jusqu’ici n’a exigé par exemple d’un agrégé recruté par un cabinet ministériel qu’il rembourse son salaire parce que, en situation de détachement, au lieu de consacrer à des élèves pour ses cours et préparations quarante ou quarante-cinq heures par semaine, il en passait soixante à gérer des dossiers dans les bureaux du ministère."

    François Morel et France-Inter sont - à mes yeux - à côté de la plaque.

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