mercredi 13 avril 2011

Touristes en chine 2007. # J 13. De Xian à Kunming

Ce matin le rendez-vous avec Amandine est à 9h seulement, petit déj’, check out tranquille. Nous enfournons les bagages dans le minibus.
Xian a été capitale impériale pour 12 dynasties pendant 2000 ans :
de 1000 avant J.C à 1000 après.
La grande pagode de l’oie sauvage.
Explications sur le bouddhisme : histoire de Sakyamuni en jade et pierres précieuses. Sakyamuni = Siddhârta et Bodhisattva = anges
Les trois dieux : Fu = bonheur, Lu = réussite professionnelle, Show = longévité.
Près de la pagode en rénovation, des ouvriers travaillent du bois d’acajou pour les poutres du temple en construction. Les menuisiers venus du sud s’activent. Des manœuvres soulèvent de lourds morceaux d’une stèle couchée et cassée. Nous montons dans la pagode (20Y) avec ses 7 étages par des escaliers en bois. Promenade dans le jardin aux arbres vénérables. Des cerfs-volants flottent au-dessus d’une grande esplanade dallée.
La mosquée et le quartier Hui (minorité musulmane). Ce métissage a eu lieu lors du commerce de la soie. Quelques personnes en ont gardé « le long nez » ou des yeux moins bridés.
La religion du père est conservée par ses descendants.
A la descente du bus, nous traversons le souk, ruelle étroite protégée par des avancées de fortune. L’une des plus grandes mosquées de Chine ressemble en de nombreux points aux temples bouddhiques avec ses cours intérieures, son architecture et son minaret central si bas qu’il ressemble à une tour du tambour ou de la cloche. En tant que non-musulman, nous ne pouvons pénétrer dans la salle de prière dans le dernier bâtiment dont les portes ouvertes nous permettent de voir l’intérieur. La mosquée est orientée selon l’axe ouest /est et non sud/nord.Dans les rues, les femmes ont la tête couverte dans un style Bruegel et les hommes portent un petit bonnet. Dans le quartier, nous voyons les boutiques des boulangers, tripiers, des bouchers. L’hygiène n’est pas une préoccupation évidente. Nous débouchons sur une grande avenue mais nous sommes perdus. Nous essayons de nous renseigner en vain. Repas dans un restau de chinese food où une jeune femme propose son aide. Nous revenons au souk pour quelques achats : cage à criquets, cheval de bronze et coussins, sac, papier de riz.
Xian est une ville coquette derrière ses remparts longs de 14 km, les taxis verts et les bus roulent au gaz, les chauffe-eau sont solaires, les immeubles sont construits dans le style chinois. Amandine avec son efficacité s’occupe de notre enregistrement dans un aéroport moderne. Embarquement à 16h15, repas à 17h.
Kunming à 18h40. Nous trouvons notre nouveau guide Yuizou (prononcer Wizo = poisson dans le bateau), jeune homme énergique, un peu rond, maniant volontiers l’humour. Il pleut mais la température est agréable, nous sommes presque à 2000 m d’altitude. L’Hôtel Dragon comporte 4 étoiles avec des employés en uniforme de Spirou à l’entrée. Les chambres sont confortables avec fruits et eau à disposition. Le change s’effectue en 30 s, nous avons accès à nos mails. L’alcool, cadeau de Diane, ne plait à personne, nous prenons du thé à la place et faisons un repas de fruits.

mardi 12 avril 2011

Livret de phamille. JC Menu.

Jean Christophe Menu, n’est pas qu’un théoricien de la BD, il a créé « l’association » une maison d’édition qui propose des bandes dessinées essayant de renouveler le genre.
Cet épais volume aux petites cases regroupe des planches publiées dans divers fanzines, entre 1991 et 94, reliées par la teneur autobiographique des récits. L’auteur n’y est pas forcément à son avantage, mais sa sincérité est émouvante et si parfois sa femme n'est pas commode, c’est qu’elle doit assurer le quotidien et trois grossesses successives avec un mari qui est encore parfois tellement un môme : c’est qu’il est dans la BD, touchant et infernal. Les tensions entre l’intériorité nécessaire à la créativité et les tâches prosaïques est une bonne source d’humour et quand des auteurs se rencontrent avec leur égo bien reluisant, ils peuvent rappeler des situations vécues par chacun et pas forcément dans les salons ou les colloques. Les filles qui grandissent apportent une fraîcheur bienvenue.

lundi 11 avril 2011

Pina 3D. Wim Wenders.

Par la danse, Pina Bausch, nous avait fait approcher de plus près la beauté, le tragique de notre condition humaine, avec intensité.
Wenders nous emmène au cœur des ballets de la dame de Wuppertal.
La 3 D permet des approches inédites et repousse les voilages qui semblent flotter jusque dans la salle, tout près de nous.
Un artiste au service d’une autre artiste : la mission est accomplie qui consiste à mieux révéler le monde en nous faisant partager le langage des corps, la légèreté et la douleur des hommes et des femmes, leurs solitudes, et nous faire sourire de nos impatiences.
J’avais même l’impression que les sons eux-mêmes avaient une autre dimension, avec les souffles si proches, les éléments eau et terre m’éclaboussant.
C’est plus qu’un hommage revisitant plusieurs chefs d’œuvres. Les rapprochements, les ouvertures nouvelles sur des paysages qui en deviennent magnifiques, nous conduisent au-delà de la danse contemporaine. Les beaux visages des danseurs nous livrent un peu du mystère de ce qui constituait le charisme de Pina. La troupe du Tanztheater en cortège vibrant ouvre et clôt le film, je la suivrais volontiers comme un enfant à la suite d’un joueur de flûte.
Bernard Pivot milite « pour l’augmentation du goût de la vie », la maigrichonne y contribue encore.

dimanche 10 avril 2011

Orphée. Hervieu Montalvo.

J’ai oublié le mythe antique du poète qui s’était retourné malgré l’interdiction après avoir récupéré son Eurydice qui séjournait aux enfers suite à la morsure d’un serpent.
C’est que ce qui était présenté par le couple de chorégraphes dans leur dernière collaboration sur le plateau de la MC2, sur fond de quai de Seine, m’a paru tellement plaisant.
Je n’ai pas vu passer l’heure dix, peuplée de chanteurs et de danseurs à l’énergie communicative. Un acrobate sur des échasses fait virevolter des danseuses à pointes, un musicien joue du théorbe, des musiciens sont danseurs et des danseurs chanteurs, les baskets hip hop s’allient aux chanteurs baroques, des trapus soulèvent des beautés élancées, des éléphants s’assoient sur un banc. Des conteurs africains apportent leur fantaisie, une joie de vivre qui va si bien avec une vision paradisiaque en vidéo où des animaux se côtoient tellement pacifiquement que les images de chairs dévorées paraissent comme des taches de couleur. Les musiques sont variées et s’harmonisent dans ce tourbillon réglé au millimètre : la synchronisation des danseurs avec leurs images est époustouflante. Des personnes courent sous leurs parapluies, des citations picturales s’ajoutent au kaléidoscope. Les seize danseurs sont tous excellents. L’humour vient après la gravité, quand un jeune qui a perdu une jambe réalise une performance inoubliable, il nous soulève au-dessus de nos fatigues.

samedi 9 avril 2011

Pierre Sang Papier ou Cendre. Maïssa Bey.

La reprise des mots D’Eluard au dessus d’une vieille photographie de voiliers dans la baie d’Alger laissait prévoir un ouvrage poétique. Il l’est, mais de façon exaltée, éloignant toute de légèreté. C’est vrai que le sujet traité ne manque pas de gravité. Je prends mes précautions car l’auteure est estimable et appréciée par beaucoup notamment par mes jeunes qui me l’avaient recommandée. Cette fresque de 200 pages vite lues couvre la période de l’occupation de l’Algérie par la France de 1830 à 1962. Elle est peinte à grands traits avec les couleurs tranchées de la passion. Un enfant innocent va être le témoin des destructions de madame Lafrance accompagnée de Laloi qui tente de s’imposer par la terreur et le sang.
Pas d’hésitation, les camps sont bien délimités, mais ce manichéisme dessert le rappel utile des méfaits de la colonisation. Tocqueville qui pensait que « la conservation des colonies est nécessaire à la force et à la grandeur de la France » écrit : « Nous avons rendu la société arabe beaucoup plus misérable, plus désordonnée, plus ignorante et plus barbare qu’elle n’était avant de nous connaître. »
Est-ce que le jeune berger de cette fable, tellement clairvoyant, a grandi ?
Ses voisins écrivent des pages nouvelles, que dit-il présentement ?

vendredi 8 avril 2011

Peur des jeunes, peur des pauvres : l‘ordre social contre la république.

Un français sur dix est pauvre :
de 4 à 6 millions selon que le seuil soit à 50% ou 60% du revenu médian à 1700 €.
150 000 jeunes sortent de l’école sans diplôme ni qualification chaque année.
Le taux d’échec à l’université est de 40%.
La société intégrée des trente glorieuses reflétait un certain ordre, il a été cassé.
L’école, la famille, le travail étaient rigides mais rassurants
avec une lutte qui voyait ouvriers et patrons s’affronter
mais renvoyait les immigrés hors du cadre.
Bien que nous ne nous appauvrissions pas, le revenu social se délite
et si la France protège assez bien, elle exclut.
Les catégories sociales qui avaient une certaine mobilité se figent :
les riches au centre de la cité, les pauvres autour et les classes moyennes au-delà.
Les victimes deviennent les boucs émissaires
alors que les mineurs- auteurs de délits mineurs- devraient être protégés, éduqués, comme le souhaitaient les politiques dans des années portant précaires au sortir de la guerre.
La peur était hier un «thème de campagne», elle est devenue aujourd’hui «un flux continu» avec la création d’un «ennemi intérieur».
Les majeurs aggravent les lois alors qu’ils s’exonèrent de celles-ci :
le découragement finit par nous gagner.
La promesse faite à la jeunesse n’est pas tenue.
L’école ne peut sauver le monde et le système est saboté.
La judiciarisation ne remplace pas l’autorité.
Au forum de Libé, Pierre Joxe que n’avais pas vu depuis belle lurette est toujours aussi tranchant
« On prétend organiser un ordre social aujourd’hui en organisant des lois et des politiques discriminatoires. C’est en fait un ordre social contre la République, contre ses fondements… on assiste aujourd’hui à une politique néo-colonialiste envers certains quartiers délaissés en France où vivent notamment de nombreux immigrés ».
Et même si certaines de ses approches m’ont semblé légèrement datées, la Villeneuve voisine habitait les pensées de la salle bien remplie qui appréciait aussi François Dubet.
Le sociologue entrait plus dans la complexité après avoir évoqué une gauche généreuse évitant les sacrifices mais s’accommodant d’un fonctionnement
« de nos institutions économiques et sociales qui reproduisent mécaniquement la pauvreté »
……
Additif : Sébastien Piétrasanta, Maire socialiste d'Asnières-sur-Seine qui a instauré un couvre-feu après la mort d’un enfant de 15 ans tué à l’arme blanche a écrit dans Libération du lundi 4 avril. Extraits :
« … Les pères sont trop souvent absents de l’éducation des enfants, alors que leur place est primordiale.
… Il faut en finir avec l’enfant roi.
… En même temps qu’on explique leurs droits aux enfants, il faut leur dire leurs devoirs.
… Il faut aussi permettre aux parents d’acquérir des outils pour renforcer la relation à l’enfant dès le plus jeune âge. Plutôt que des émissions de télé-réalité où une «Super Nanny» règle les problèmes des familles, inspirons-nous des services de soutien à la parentalité du Québec où la «coéducation» permet aux parents d’apprendre à investir cette fonction auprès de professionnels. Les parents sont des maillons indispensables de la chaîne éducative. Sans eux, le lien est rompu. »

…….
Dans le Canard cette semaine des suggestions pour Frédéric Lefebvre qui venait d’affirmer que « Zadig et Voltaire » était le livre qui l’avait le plus marqué,
Zadig & Voltaire est une marque de vêtements,
Zadig un conte philosophique,
Lefebvre un secrétaire d’état :
« Alpha Roméo et Juliette » de Shakespeare,
« Du côté de chez Swatch » de Proust,
« Triste Tropicana » de Levi-Strauss,
« Extension du domaine de la Matmut » de Houellebecq…

quant à Victor Hugo Boss ?
Et ce dessin :

jeudi 7 avril 2011

L’art de la caricature politique du XVIII° siècle.

« Caricare » : charger un fusil avec de la poudre.
Cette étymologie me paraissait en accord avec le sujet de la conférence de Gilles Genty aux amis du musée. Elle permet de dépasser un statut d’art mineur en misant sur l’efficacité, la fulgurance, le partage avec le plus grand nombre.
Lebrun avait codifié les divers moyens de représenter les sentiments et les expressions et devant le succès avait prolongé son cours par des tirages destinés à un public plus large.
Mais qui de mieux que Diderot dans son Encyclopédie pour rappeler les fondamentaux ?
" L’art consiste à démêler le vice réel ou d’opinion qui était déjà dans quelque partie, et à le porter par l’expression jusqu’à ce point d’exagération où l’on reconnaît encore la chose, et au-delà duquel on ne la reconnaîtrait plus ; alors la charge est plus forte qu’il soit possible."
L’abbé Grégoire donne envie de mieux connaître son œuvre quand il écrit : « Le législateur qui méconnaitrait l’importance du langage des signes, serait en dessous de sa mission, il ne doit laisser aucune occasion de s’emparer des sens, pour réveiller des idées républicaines ». Il parle d’or quand se réinvestissent tous les symboles y compris pour les moquer voire les mettre à bas.
En ces années révolutionnaires, seule la figure du roi était connue par les pièces de monnaie, il était nécessaire de sous- titrer les dessins à la pointe sèche ou les gravures à l’eau forte rehaussées de couleurs au pochoir. Les colporteurs, les placards sur les murs assurèrent une propagande à ces images qui commençaient leur règne. C’est le passage aussi du privé au public, et si nous furent épargnées les charges les plus crues envers Marie Antoinette, la virilité de Louis Capet, apprenti serrurier, est mise en doute. Le plus souvent c’est l’anonymat qui régnait, même si une gravure de David a pu être tirée à 2000 exemplaires. Au fur et à mesure des tensions, la violence des représentations augmente et mesure l’état de l’opinion.
Les rapports hiérarchiques basculent et les formules passent de« il faut espérer que ce jeu là finira bientôt » à « J' savois ben qu' j’aurions not' tour ! » Ce sont les titres pour signifier que le temps où la noblesse et le clergé chevauchaient le tiers état est révolu, nous en avons vu des versions féminines plus originales que celles qui figurent dans nos livres d’histoire.
J’ai découvert également avec plaisir James Gillray, même si l’anglais se montrait virulent envers la révolution française en n’hésitant pas à représenter les révolutionnaires en anthropophages. John Bull se fait également apporter la flotte française sur un plateau avant de la dévorer. Une gravure de l’assemblée des Capucins ou « l'harmonica des aristocruches » a bien été présentée, mais la verve d’alors m’a semblé avoir perdu de cette énergie qui enflamma ces temps où les sans culotte étaient montrés culs nus.
Napoléon brise ses échasses quand il effectue le grand écart entre Madrid et Moscou.
Nous entrons dans le XIX ° siècle.