En allant faire un tour dans le quartier Championnet, de grandes photographies du quartier prises par Bruno Moyen attirent le regard. Présentées sur des totems ou à la devanture de magasins, l’effet de mise en abîme joue, mais pas seulement, le format et le style du photographe grenoblois distinguent ses productions. Récemment place Victor Hugo étaient accrochés des portraits de grenoblois portant un cadre, une façon d’avoir une idée générale de la ville et de quelques habitants en particulier. Là c’est un quartier qui peut se regarder au fil des heures : celle où maman conduit les enfants à l’école ou les commerçants s’apprêtent... Passé par New York et Pékin, Bruno Moyen revient dans ses rues.
http://www.brunomoyen.com/Home.html
jeudi 18 juin 2009
mercredi 17 juin 2009
Sciences. Faire classe # 34
Histoire, géographie, sciences forment le triptyque de la dernière heure d’une journée de classe.
Ces disciplines jadis qualifiées d’éveil requièrent un dispositif similaire :
quatre pages A4 par thème avec des emplacements pour croquis mis au propre iront dans le classeur. Le carnet de croquis est souvent sollicité sur le vif. Ainsi que des séquences vidéo ou animations sur internet.
L’écolier d’un XXIème siècle, risque d’imaginer que l’air est composé uniquement d’ozone et de gaz carbonique, son corps le lieu menacé par le S.I.D.A. ou l’obésité : de quoi être stressé !
Alors il faut aller à la rencontre des éléments primordiaux : la terre, l’eau, le feu, l’air, le corps. Le temps, l’espace : la leçon des choses, les sciences naturelles.
Les oreilles pour le récit, les yeux pour les paysages, les mains pour la vérification des rouages.
« …ils écrivent des libelles, ou de prétendues sommes scientifiques, où ils mettent en question tout et le reste. Rien de ce qu’on pensait n’est plus vrai, à les entendre ; on a changé tout ça. Voilà que dans des verres d’eau nageraient de toutes petites bestioles qu’on ne voyait pas autrefois ; et il paraît que la syphilis est une maladie tout ce qui a de plus normale et non un châtiment de Dieu… »
P. Süskind
Les sciences constituent les piliers du temple de la raison et dans chaque école le seul saint admis s’appelle Thomas qui demandait à voir pour croire. Il ne s’agit pas de gonfler des biscotos d’un athéisme primitif parodiant d’autres fondamentalismes. Les mystères fabuleux qui ordonnent le ballet des planètes ou les alchimies fascinantes du corps éloignent de tout dogmatisme.
Dans les années soixante, je regardais le magazine « Sciences et vie » avec respect, il reflétait une croyance optimiste en l’avenir : l’eau arrivait dans les cuisines et une maman de rêve souriait de toutes ses dents de papier glacé ; ère du spoutnik. Les grands ensembles participaient au progrès repoussant les bidonvilles vers Rio à portée de Concorde. La science peut séduire aujourd’hui dans sa version « Sciences et vie junior » avec une présentation agréable qui met de la simplicité dans un domaine où la complexité nous rend souvent perplexe.
Le concept de « la main à la pâte » s’est installé alors que main et pâte sont mal vues, à l’heure des précautions par principe où les ingrédients risquent la péremption et les doigts sans gant, une désinfection draconienne. La démarche méritoire des émules de Charpak reprend le tâtonnement expérimental des pionniers Freinet. La médiatisation a été efficace mais l’ambition a paru à beaucoup difficile à atteindre. Les mises en place s’avèrent parfois trop lourdes et guider les élèves d’une façon suffisamment subtile et efficace exige une technique certaine. Quelles expériences doit-on inventer pour répondre aux questionnements ? A ne pouvoir imiter les plus passionnés, on risque de ne rien accomplir du tout. Pour permettre aux enfants de ne pas s’enferrer dans des bricolages vains, j’ai passé beaucoup de temps à batailler autour d’une aiguille ; et que je la frotte en tous sens contre un aimant, mais celle-ci refusait de donner le nord : il fallait la frotter dans un seul sens. Euréka, mais que de temps passé !
Dans les livres émouvants des années cinquante aux illustrations claires, des idées d’expériences abondent et les méthodes actives sont tout à fait recommandées autour de la conjugaison des verbes : agir, réfléchir, conclure, retenir. Pourquoi ce dernier mot fleure un peu la brocante ? Quel régal pour les élèves de manier, triturer, essayer, construire! Les manuels, les sites foisonnent. L’émission « c’est pas sorcier » avec son côté bricolo rapproche le spectateur de l’expérimentateur et procure des idées de manipulations. Les temps nous conduisent à la propreté, à l’asepsie, mais il vaut mieux que l’expérience se déroule en classe au risque de laisser une odeur persistante de bois après distillation qui enrichira la mémoire. Les cris d’effroi un peu surjoués, poussés quand il s’agit d’extraire le cristallin de l’œil d’un bœuf, se mêlent de curiosité. Réserver à l’abattoir un œil pour chaque élève comme avant que la vache ne fut folle relève du parcours du combattant, mais l’effet reste garanti. Les expérimentations réalisées pour tous les élèves demeuraient plus aquatiques avec leur lot de bouteilles en plastique pour construire des clepsydres de fortune. Un biceps de baudruche gonflé à la paille levait un avant bras plus efficacement qu’un bol d’E. P.O. Une machine à vapeur en maquette siffle et fume, elle fonctionne à l’alcool solidifié et permet de comprendre bien des mécanismes produisant de l’énergie. Un bouchon en pomme de terre au bout d’un tube a sauté après la vaporisation d’un peu d’eau qu’il contenait. Situation : qu’est ce qui va se passer ? Pourquoi ? Confrontations. La vapeur pousse dans le piston, mais la naïveté sera le ressort, la curiosité la turbine, l’étonnement le moteur.
Je me souviens de bouteilles en plastique lestées diversement qui « pesaient le vent », chez un de mes maîtres.
Les enfants n’ont plus l’occasion de voir dépouiller un lapin ou la saillie d’une vache. Canal + y pourvoit en saillies, mais les plus belles images de synthèse ne vaudront pas le plaisir de ramasser ses propres radis dans son carré de potager scolaire. Souvent les élèves ont été bien sensibilisés avec des élevages, des plantations les années précédentes, ils ont profité de séjours en classes vertes à construire des moulins à eau, à cuire des tartes avec leurs cueillettes. Ils poursuivent ces activités attractives en C.M. : montages électriques qui éclairent par exemple des boîtes à chaussures décorées pendant les temps d’arts plastiques.
Lego offre des ressources infinies pour la technologie et c’est encore meilleur depuis que cette marque ne connaît plus la même faveur chez les marchands et leurs victimes.
Ces disciplines jadis qualifiées d’éveil requièrent un dispositif similaire :
quatre pages A4 par thème avec des emplacements pour croquis mis au propre iront dans le classeur. Le carnet de croquis est souvent sollicité sur le vif. Ainsi que des séquences vidéo ou animations sur internet.
L’écolier d’un XXIème siècle, risque d’imaginer que l’air est composé uniquement d’ozone et de gaz carbonique, son corps le lieu menacé par le S.I.D.A. ou l’obésité : de quoi être stressé !
Alors il faut aller à la rencontre des éléments primordiaux : la terre, l’eau, le feu, l’air, le corps. Le temps, l’espace : la leçon des choses, les sciences naturelles.
Les oreilles pour le récit, les yeux pour les paysages, les mains pour la vérification des rouages.
« …ils écrivent des libelles, ou de prétendues sommes scientifiques, où ils mettent en question tout et le reste. Rien de ce qu’on pensait n’est plus vrai, à les entendre ; on a changé tout ça. Voilà que dans des verres d’eau nageraient de toutes petites bestioles qu’on ne voyait pas autrefois ; et il paraît que la syphilis est une maladie tout ce qui a de plus normale et non un châtiment de Dieu… »
P. Süskind
Les sciences constituent les piliers du temple de la raison et dans chaque école le seul saint admis s’appelle Thomas qui demandait à voir pour croire. Il ne s’agit pas de gonfler des biscotos d’un athéisme primitif parodiant d’autres fondamentalismes. Les mystères fabuleux qui ordonnent le ballet des planètes ou les alchimies fascinantes du corps éloignent de tout dogmatisme.
Dans les années soixante, je regardais le magazine « Sciences et vie » avec respect, il reflétait une croyance optimiste en l’avenir : l’eau arrivait dans les cuisines et une maman de rêve souriait de toutes ses dents de papier glacé ; ère du spoutnik. Les grands ensembles participaient au progrès repoussant les bidonvilles vers Rio à portée de Concorde. La science peut séduire aujourd’hui dans sa version « Sciences et vie junior » avec une présentation agréable qui met de la simplicité dans un domaine où la complexité nous rend souvent perplexe.
Le concept de « la main à la pâte » s’est installé alors que main et pâte sont mal vues, à l’heure des précautions par principe où les ingrédients risquent la péremption et les doigts sans gant, une désinfection draconienne. La démarche méritoire des émules de Charpak reprend le tâtonnement expérimental des pionniers Freinet. La médiatisation a été efficace mais l’ambition a paru à beaucoup difficile à atteindre. Les mises en place s’avèrent parfois trop lourdes et guider les élèves d’une façon suffisamment subtile et efficace exige une technique certaine. Quelles expériences doit-on inventer pour répondre aux questionnements ? A ne pouvoir imiter les plus passionnés, on risque de ne rien accomplir du tout. Pour permettre aux enfants de ne pas s’enferrer dans des bricolages vains, j’ai passé beaucoup de temps à batailler autour d’une aiguille ; et que je la frotte en tous sens contre un aimant, mais celle-ci refusait de donner le nord : il fallait la frotter dans un seul sens. Euréka, mais que de temps passé !
Dans les livres émouvants des années cinquante aux illustrations claires, des idées d’expériences abondent et les méthodes actives sont tout à fait recommandées autour de la conjugaison des verbes : agir, réfléchir, conclure, retenir. Pourquoi ce dernier mot fleure un peu la brocante ? Quel régal pour les élèves de manier, triturer, essayer, construire! Les manuels, les sites foisonnent. L’émission « c’est pas sorcier » avec son côté bricolo rapproche le spectateur de l’expérimentateur et procure des idées de manipulations. Les temps nous conduisent à la propreté, à l’asepsie, mais il vaut mieux que l’expérience se déroule en classe au risque de laisser une odeur persistante de bois après distillation qui enrichira la mémoire. Les cris d’effroi un peu surjoués, poussés quand il s’agit d’extraire le cristallin de l’œil d’un bœuf, se mêlent de curiosité. Réserver à l’abattoir un œil pour chaque élève comme avant que la vache ne fut folle relève du parcours du combattant, mais l’effet reste garanti. Les expérimentations réalisées pour tous les élèves demeuraient plus aquatiques avec leur lot de bouteilles en plastique pour construire des clepsydres de fortune. Un biceps de baudruche gonflé à la paille levait un avant bras plus efficacement qu’un bol d’E. P.O. Une machine à vapeur en maquette siffle et fume, elle fonctionne à l’alcool solidifié et permet de comprendre bien des mécanismes produisant de l’énergie. Un bouchon en pomme de terre au bout d’un tube a sauté après la vaporisation d’un peu d’eau qu’il contenait. Situation : qu’est ce qui va se passer ? Pourquoi ? Confrontations. La vapeur pousse dans le piston, mais la naïveté sera le ressort, la curiosité la turbine, l’étonnement le moteur.
Je me souviens de bouteilles en plastique lestées diversement qui « pesaient le vent », chez un de mes maîtres.
Les enfants n’ont plus l’occasion de voir dépouiller un lapin ou la saillie d’une vache. Canal + y pourvoit en saillies, mais les plus belles images de synthèse ne vaudront pas le plaisir de ramasser ses propres radis dans son carré de potager scolaire. Souvent les élèves ont été bien sensibilisés avec des élevages, des plantations les années précédentes, ils ont profité de séjours en classes vertes à construire des moulins à eau, à cuire des tartes avec leurs cueillettes. Ils poursuivent ces activités attractives en C.M. : montages électriques qui éclairent par exemple des boîtes à chaussures décorées pendant les temps d’arts plastiques.
Lego offre des ressources infinies pour la technologie et c’est encore meilleur depuis que cette marque ne connaît plus la même faveur chez les marchands et leurs victimes.
mardi 16 juin 2009
On n’est pas sérieux, quand on a septante ans
On n’est plus sérieux, quand on a septante ans
Un beau matin, on se lève, on n’a pas dormi
On dit adieu les rêves, on salue ses envies
On regarde au miroir ses rides de vieil enfant.
On enfile un vieux short, des baskets rose bonbon
On nettoie la bécane, on regonfle les pneus
La selle est un peu molle, propice aux abandons
Le chemin a des parfums mouillés dans les creux
Voilà qu’on aperçoit une casquette bleue
Des yeux rieurs, une barbiche claire, c’est Léon.
Septante ans, poète et vainqueur du Marathon
De New York, Paris ; on l’avait perdu des yeux
Premier mai ! Septante ans ! « - On se laisse griser »
La sève printanière, plus forte que vos artères
Est un alcool capiteux qui vous fait tanguer
- Bonjour ! – Salut ! Ce jour exauce mes prières !
On met un pied à terre, on fait des regards doux
On s’essuie la nuque, on boit à son bidon
Vous aimez pédaler sur la digue, dit Léon
On opine, on lui offre un caramel mou.
Sur la berge de l’Isère tremblent les peupliers
Les neuves hirondelles chassent les moustiques
De nos sacoches kaki, on sort nos pique-nique
Pour lui pain et fromage, pour soi du lait caillé
L’ombre est fraîche, il vous couvre de son K-Way
« Quand on a septante ans, mieux vaut être prudent ! »
Ses yeux brillent comme lacs ; on n’ose dire ouais !
On s’endort pour de vrai dans un décor charmant.
On rêve du temps jadis, on était si sérieux
L’amour unique pour toujours mettait le feu
A chaque heure. On était plein et le monde vide.
A septante ans le monde est plein et le cœur vide.
Léon rampe vers vous, à la bouche une violette
Il dit votre nom les bras pliés sous la tête
Sa main touche la vôtre, il chante un vieil air
« La belle si tu voulais… », on ne fait pas la fière.
On murmure : « nous dormirions ensemble, lonla »
Il poursuit, tremblant : « dans un petit pré carré »
On s’entête : « sous les lilas et les résédas »
On trouve sur les fougères une couche pour s’aimer
On revient chaque soir au chemin des amants
On récite Rimbaud, on chante du Ferré
Le cœur est plein, le monde aussi, chère liberté
On se fout d’être sérieux quand on a septante ans.
Marité
Rappel de l'original:
ON N'EST PAS SERIEUX QUAND ON A DIX-SEPT ANS
On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans
Un beau soir, foin des bocks et de la limonade,
Des cafés tapageurs aux lustres éclatants !
On va sous les tilleuls verts de la promenade.
Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin !
L'air est parfois si doux, qu'on ferme la paupière ;
Le vent chargé de bruits, - la ville n'est pas loin, -
A des parfums de vigne et des parfums de bière...
Voilà qu'on aperçoit un tout petit chiffon
D'azur sombre, encadré d'une petite branche,
Piqué d'une mauvaise étoile, qui se fond
Avec de doux frissons, petite et toute blanche...
Nuit de juin ! Dix-sept ans ! On se laisse griser.
La sève est du champagne et vous monte à la tête...
On divague, on se sent aux lèvres un baiser
Qui palpite là, comme une petite bête...
Le coeur fou robinsonne à travers les romans,
Lorsque, dans la clarté d'une pâle réverbère,
Passe une demoiselle aux petits airs charmants,
Sous l'ombre du faux-col effrayant de son père...
Et, comme elle vous trouve immensément naïf,
Tout en faisant trotter ses petites bottines,
Elle se tourne, alerte, et d'un mouvement vif...
Sur vos lèvres alors meurent les cavatines...
Vous êtes amoureux. Loué jusqu'au mois d'août.
Vous êtes amoureux. Vos sonnets la font rire.
Tous vos amis s'en vont, vous êtes mauvais goût.
Puis l'adorée, un soir, a daigné vous écrire !...
Ce soir-là,... vous rentrez aux cafés éclatants,
Vous demandez des bocks ou de la limonade...
On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans
Et qu'on a des tilleuls verts sur la promenade.
Arthur Rimbaud
Un beau matin, on se lève, on n’a pas dormi
On dit adieu les rêves, on salue ses envies
On regarde au miroir ses rides de vieil enfant.
On enfile un vieux short, des baskets rose bonbon
On nettoie la bécane, on regonfle les pneus
La selle est un peu molle, propice aux abandons
Le chemin a des parfums mouillés dans les creux
Voilà qu’on aperçoit une casquette bleue
Des yeux rieurs, une barbiche claire, c’est Léon.
Septante ans, poète et vainqueur du Marathon
De New York, Paris ; on l’avait perdu des yeux
Premier mai ! Septante ans ! « - On se laisse griser »
La sève printanière, plus forte que vos artères
Est un alcool capiteux qui vous fait tanguer
- Bonjour ! – Salut ! Ce jour exauce mes prières !
On met un pied à terre, on fait des regards doux
On s’essuie la nuque, on boit à son bidon
Vous aimez pédaler sur la digue, dit Léon
On opine, on lui offre un caramel mou.
Sur la berge de l’Isère tremblent les peupliers
Les neuves hirondelles chassent les moustiques
De nos sacoches kaki, on sort nos pique-nique
Pour lui pain et fromage, pour soi du lait caillé
L’ombre est fraîche, il vous couvre de son K-Way
« Quand on a septante ans, mieux vaut être prudent ! »
Ses yeux brillent comme lacs ; on n’ose dire ouais !
On s’endort pour de vrai dans un décor charmant.
On rêve du temps jadis, on était si sérieux
L’amour unique pour toujours mettait le feu
A chaque heure. On était plein et le monde vide.
A septante ans le monde est plein et le cœur vide.
Léon rampe vers vous, à la bouche une violette
Il dit votre nom les bras pliés sous la tête
Sa main touche la vôtre, il chante un vieil air
« La belle si tu voulais… », on ne fait pas la fière.
On murmure : « nous dormirions ensemble, lonla »
Il poursuit, tremblant : « dans un petit pré carré »
On s’entête : « sous les lilas et les résédas »
On trouve sur les fougères une couche pour s’aimer
On revient chaque soir au chemin des amants
On récite Rimbaud, on chante du Ferré
Le cœur est plein, le monde aussi, chère liberté
On se fout d’être sérieux quand on a septante ans.
Marité
Rappel de l'original:
ON N'EST PAS SERIEUX QUAND ON A DIX-SEPT ANS
On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans
Un beau soir, foin des bocks et de la limonade,
Des cafés tapageurs aux lustres éclatants !
On va sous les tilleuls verts de la promenade.
Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin !
L'air est parfois si doux, qu'on ferme la paupière ;
Le vent chargé de bruits, - la ville n'est pas loin, -
A des parfums de vigne et des parfums de bière...
Voilà qu'on aperçoit un tout petit chiffon
D'azur sombre, encadré d'une petite branche,
Piqué d'une mauvaise étoile, qui se fond
Avec de doux frissons, petite et toute blanche...
Nuit de juin ! Dix-sept ans ! On se laisse griser.
La sève est du champagne et vous monte à la tête...
On divague, on se sent aux lèvres un baiser
Qui palpite là, comme une petite bête...
Le coeur fou robinsonne à travers les romans,
Lorsque, dans la clarté d'une pâle réverbère,
Passe une demoiselle aux petits airs charmants,
Sous l'ombre du faux-col effrayant de son père...
Et, comme elle vous trouve immensément naïf,
Tout en faisant trotter ses petites bottines,
Elle se tourne, alerte, et d'un mouvement vif...
Sur vos lèvres alors meurent les cavatines...
Vous êtes amoureux. Loué jusqu'au mois d'août.
Vous êtes amoureux. Vos sonnets la font rire.
Tous vos amis s'en vont, vous êtes mauvais goût.
Puis l'adorée, un soir, a daigné vous écrire !...
Ce soir-là,... vous rentrez aux cafés éclatants,
Vous demandez des bocks ou de la limonade...
On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans
Et qu'on a des tilleuls verts sur la promenade.
Arthur Rimbaud
lundi 15 juin 2009
Home
La terre est belle, le film, vu au cinéma, est beau et ce n’est pas un inconvénient !
Qui peut être contre une occasion de s’émerveiller, de s’émouvoir, de réfléchir ?
Les musiques new âge me rebutent mais ce sont ceux qui regrettent l’impact de ces images sur les votes aux européennes qui m’atterrent.
Les abus de la pêche et de l’agriculture intensives, la déforestation, le réchauffement climatique, la raréfaction des sources d’énergie fossiles ne sont pas des problèmes secondaires ! Le seul tracas, c’est que cette prise de conscience s’opère aussi tard : le Club de Rome dans les années 70 avait pointé bien de ces sujets de préoccupation. Le texte du film est pédagogique sans mièvrerie, effectivement nous sommes des fourmis sur cette planète, le point de vue loin d'être européocentré est fécond : nous n’avons plus le luxe de gloser pour savoir si Besson et Bernard Arnaud n’ont pas dénaturé le message, si de dire « home » c’est s’approprier indûment la nature. Il faut revoir nos modèles de développement.
Qui peut être contre une occasion de s’émerveiller, de s’émouvoir, de réfléchir ?
Les musiques new âge me rebutent mais ce sont ceux qui regrettent l’impact de ces images sur les votes aux européennes qui m’atterrent.
Les abus de la pêche et de l’agriculture intensives, la déforestation, le réchauffement climatique, la raréfaction des sources d’énergie fossiles ne sont pas des problèmes secondaires ! Le seul tracas, c’est que cette prise de conscience s’opère aussi tard : le Club de Rome dans les années 70 avait pointé bien de ces sujets de préoccupation. Le texte du film est pédagogique sans mièvrerie, effectivement nous sommes des fourmis sur cette planète, le point de vue loin d'être européocentré est fécond : nous n’avons plus le luxe de gloser pour savoir si Besson et Bernard Arnaud n’ont pas dénaturé le message, si de dire « home » c’est s’approprier indûment la nature. Il faut revoir nos modèles de développement.
dimanche 14 juin 2009
L’espoir luit comme un brin de paille…
samedi 13 juin 2009
Désarroi au P.S.
Pas d’annonce fracassante par Dame Tartine, c’est ainsi que Le Canard enchaîné surnomme Martine Aubry, il faut ben sourire.
La situation créée est plutôt sympathique- je n’ai pas écrit pathétique- car elle résiste au tempo hystérique des médias. Mais de laisser à nouveau du temps, pour des questions qui ne datent pas de ce dimanche, risque de décourager un peu plus les militants qui travaillent encore dans la maison.
Plutôt que d’ajouter une pelletée en jouant mon petit Boutih, Vals, ou Mosco, très en forme, je me contenterai de lire le journal :
Dans Libé : Gilles Finchestein de la fondation Terra Nova parle des Européens qui doutent « de la capacité des sociaux démocrates à atteindre les objectifs qu’ils se fixent.
Ils constatent que sur beaucoup de sujets,
ils hésitent entre l’abstention-ils n’ont pas de position-,
la division-ils ont chacun une position-,
et la circonvolution- ils ont une position confuse.
Ils ont le sentiment que les mots utilisés sont usés jusqu’à la corde. »
« Ce n’est pas parce qu’ils ont de mauvais résultats qu’ils sont moroses mais parce qu’ils sont moroses qu’ils ont de mauvais résultats ! Ils doivent retrouver l’audace d’adopter des positions courageuses, de formuler de nouveaux compromis, de saisir de nouveaux problèmes- tout simplement de repenser leur projet et de le porter avec enthousiasme. »
Jean Paul Fitoussi :
« Les inégalités sont inefficaces économiquement et politiquement…
elles retardent la sortie de crise. Elles empêchent les catégories les plus touchées de se projeter dans l’avenir, et donc de prendre en compte l’impératif environnemental. Les inégalités et l’écologie sont les deux questions majeures actuelles, abandonnées par le centre gauche, qui préfère avoir des discours intemporels éloignés des réalités. »
La situation créée est plutôt sympathique- je n’ai pas écrit pathétique- car elle résiste au tempo hystérique des médias. Mais de laisser à nouveau du temps, pour des questions qui ne datent pas de ce dimanche, risque de décourager un peu plus les militants qui travaillent encore dans la maison.
Plutôt que d’ajouter une pelletée en jouant mon petit Boutih, Vals, ou Mosco, très en forme, je me contenterai de lire le journal :
Dans Libé : Gilles Finchestein de la fondation Terra Nova parle des Européens qui doutent « de la capacité des sociaux démocrates à atteindre les objectifs qu’ils se fixent.
Ils constatent que sur beaucoup de sujets,
ils hésitent entre l’abstention-ils n’ont pas de position-,
la division-ils ont chacun une position-,
et la circonvolution- ils ont une position confuse.
Ils ont le sentiment que les mots utilisés sont usés jusqu’à la corde. »
« Ce n’est pas parce qu’ils ont de mauvais résultats qu’ils sont moroses mais parce qu’ils sont moroses qu’ils ont de mauvais résultats ! Ils doivent retrouver l’audace d’adopter des positions courageuses, de formuler de nouveaux compromis, de saisir de nouveaux problèmes- tout simplement de repenser leur projet et de le porter avec enthousiasme. »
Jean Paul Fitoussi :
« Les inégalités sont inefficaces économiquement et politiquement…
elles retardent la sortie de crise. Elles empêchent les catégories les plus touchées de se projeter dans l’avenir, et donc de prendre en compte l’impératif environnemental. Les inégalités et l’écologie sont les deux questions majeures actuelles, abandonnées par le centre gauche, qui préfère avoir des discours intemporels éloignés des réalités. »
2002-2009 : 7 ans de "rénovation" au PS - Nouvel Obs
Au soir du 21 avril, Lionel Jospin, en se retirant de la vie politique, appelait les socialistes à préparer la reconstruction de l'avenir. Le 7 juin 2009, après un score plus que décevant aux élections européennes, Martine Aubry demande de l'unité et de la rénovation au PS.
Au soir du 21 avril, Lionel Jospin, en se retirant de la vie politique, appelait les socialistes à préparer la reconstruction de l'avenir. Le 7 juin 2009, après un score plus que décevant aux élections européennes, Martine Aubry demande de l'unité et de la rénovation au PS.
vendredi 12 juin 2009
Les dépossédés
Bonne nouvelle !
Robert Mcliam Wilson vit à Paris, il est l’invité d’un nouveau fait littéraire « Paris en toutes lettres » ; et aux lecteurs de Télérama, il confie qu’il a toujours rêvé d’être éboueur, avec cet humour qui lui est si particulier.
Robert Mcliam Wilson, je l’ai rencontré en 2007, lors du Printemps du Livre Grenoblois ; il était l’évènement ; son dernier livre « Les dépossédés » venait d’être traduit de l’irlandais et bouleversait les lecteurs par l’actualité du livre, ici en France ; une France d’avant la crise pourtant, mais qui découvrait qu’au XXIème siècle, on pouvait y vivre, y travailler et ne pas pouvoir se loger.
Ecrit en 1992, alors qu’il n’avait que 27 ans mais trois livres derrière lui sur les luttes et la misère au Royaume Uni, les « dépossédés » tente une analyse d’une forme particulière de la pauvreté et décrit une classe moyenne ravagée par la politique ultralibéraliste de la Dame de Fer Margaret Thatcher ;le projet de l’écrivain est de réaliser une enquête objective, accompagné d’un photographe, sur « la pauvreté , (celle-ci) étant la seule expérience humaine, en dehors de la naissance et de la mort, que tout être humain est capable de partager ».
Pour être « dépossédé », il faut avoir « possédé » quelques biens, un emploi, une famille et c’est le processus de déchéance financière, sociale, morale vécue par des femmes et des hommes rencontrés à Londres, Glasgow et Belfast, qu’il partage et nous invite à partager : en compagnie d’ Henry « beau, intelligent enflammé, mais sans le sou, noir et gay, tu ne peux pas être plus marginal ! » ; de Gabrielle qui lui apprend qu’être pauvre c’est moche mais qu’être pauvre et femme l’a « laminée plus sûrement que tout autre facteur » ; ou bien encore de Marty et Ann, l’un travaillant dans un « club social » et l’autre, femme de ménage dans un hôpital ; fiers de leurs enfants intelligents et doués, ils se privent de tout pour que ceux-ci poursuivent leurs études au lycée .
Loin de l’étude distancée prévue, Robert MC Liam Wilson raconte avec compassion, faconde et parfois drôlerie, un an de rencontres avec des êtres auxquels il s’est attaché et dans lesquels, issu lui-même d’un quartier pauvre de Belfast, il s’est retrouvé. Il souligne leur dignité au milieu de ces situations inextricables, intenables et pourtant supportées ; il stigmatise les critiques et les clichés ordinairement proférés à leur encontre : un téléphone ? une télévision ? C’est superflu ! Et pourquoi faire autant d’enfants ?
Mais face au cynisme dominant du gouvernement et des riches, il considère que sa démarche a échoué. « Il n’a rien publié depuis plus de dix ans et sa voix nous manque » dit son traducteur.
Marie-Françoise Proust
Robert Mcliam Wilson vit à Paris, il est l’invité d’un nouveau fait littéraire « Paris en toutes lettres » ; et aux lecteurs de Télérama, il confie qu’il a toujours rêvé d’être éboueur, avec cet humour qui lui est si particulier.
Robert Mcliam Wilson, je l’ai rencontré en 2007, lors du Printemps du Livre Grenoblois ; il était l’évènement ; son dernier livre « Les dépossédés » venait d’être traduit de l’irlandais et bouleversait les lecteurs par l’actualité du livre, ici en France ; une France d’avant la crise pourtant, mais qui découvrait qu’au XXIème siècle, on pouvait y vivre, y travailler et ne pas pouvoir se loger.
Ecrit en 1992, alors qu’il n’avait que 27 ans mais trois livres derrière lui sur les luttes et la misère au Royaume Uni, les « dépossédés » tente une analyse d’une forme particulière de la pauvreté et décrit une classe moyenne ravagée par la politique ultralibéraliste de la Dame de Fer Margaret Thatcher ;le projet de l’écrivain est de réaliser une enquête objective, accompagné d’un photographe, sur « la pauvreté , (celle-ci) étant la seule expérience humaine, en dehors de la naissance et de la mort, que tout être humain est capable de partager ».
Pour être « dépossédé », il faut avoir « possédé » quelques biens, un emploi, une famille et c’est le processus de déchéance financière, sociale, morale vécue par des femmes et des hommes rencontrés à Londres, Glasgow et Belfast, qu’il partage et nous invite à partager : en compagnie d’ Henry « beau, intelligent enflammé, mais sans le sou, noir et gay, tu ne peux pas être plus marginal ! » ; de Gabrielle qui lui apprend qu’être pauvre c’est moche mais qu’être pauvre et femme l’a « laminée plus sûrement que tout autre facteur » ; ou bien encore de Marty et Ann, l’un travaillant dans un « club social » et l’autre, femme de ménage dans un hôpital ; fiers de leurs enfants intelligents et doués, ils se privent de tout pour que ceux-ci poursuivent leurs études au lycée .
Loin de l’étude distancée prévue, Robert MC Liam Wilson raconte avec compassion, faconde et parfois drôlerie, un an de rencontres avec des êtres auxquels il s’est attaché et dans lesquels, issu lui-même d’un quartier pauvre de Belfast, il s’est retrouvé. Il souligne leur dignité au milieu de ces situations inextricables, intenables et pourtant supportées ; il stigmatise les critiques et les clichés ordinairement proférés à leur encontre : un téléphone ? une télévision ? C’est superflu ! Et pourquoi faire autant d’enfants ?
Mais face au cynisme dominant du gouvernement et des riches, il considère que sa démarche a échoué. « Il n’a rien publié depuis plus de dix ans et sa voix nous manque » dit son traducteur.
Marie-Françoise Proust
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