Prononcer Munk, mais ça risque de faire snob comme Bar (Bach)
En tous cas peut être le peintre le plus évident pour moi, où la douleur s’exprime sous des volutes élégantes.
Christian Loubet, le conférencier disert, ayant rencontré récemment Boris Cyrulnick, a tenu à clore la projection des oeuvres du norvégien par une toile ensoleillée pour illustrer en quelque sorte le thème de la résilience. Ce tableau au rayonnement naïf me plait beaucoup moins que des toiles plus sombres. Pas plus que je ne vois là une sortie miraculeuse d’une dépression qui travailla l'orphelin toute sa vie, je ne saisis pas de désespérance absolue dans la peinture des baisers qui me semblent souvent sensuels. Sa façon de travailler a sans doute été influencée par sa technique de graveur, et ses séries inaugurent-elles un genre systématisé par Warhol ?
jeudi 26 mars 2009
mercredi 25 mars 2009
Maître disparu. Faire classe # 26
Le mot « instituteur », « celui qui institue », a bien disparu sans un mot.
J’avais milité pour le corps unique, j’aurais pu être content de devenir professeur. A compter toutes les heures, et les points retraites, nous avons émoussé aussi ce qui fondait la valeur d’un métier de prestige. Le désintéressement, la conscience professionnelle s’indemnisent et se perdent.
« Etre et avoir », le film chaleureux de Philibert m’avait permis de réviser sur l’écran, ma chance d’exercer ce métier! Il nous montrait une nature belle et rude, des enfants poignants et drôles, l’instit,pas idéalisé, pas infaillible, avec un amour qui aide à grandir, hors des baratins. Oui l’école génère des rapports humains vrais... forcément, terriblement, humains, loin des galéjades à la Gérard Klein ou des vitres froides des « w » qui slachent. Et puis l’instit’ du film s’est mis à vouloir plus d’avoir : déception.
Dernière trouvaille qui dure depuis des décennies: « il faut des professeurs expérimentés dans les zones difficiles ».
Ces paroles d’un bon sens de façade sont contredites par un travail de sape qui décourage bien des bonnes volontés. Les théories d’IUFM jadis bien notées par les offices cathodiques se sont retrouvées bien chétives car elles n'ont pas osé se confronter à l’expérience ramenée à des « recettes ». Entre la parole à donner aux enfants de l’après-guerre et celle monopolisée par le petit roi impérieux des années 80 : un brouhaha a succédé à un excès de silence. Les remèdes de Darcos contre les IUFM sont pires que le mal qu’il dénonce, mais n’empèche, les organismes de formation se sont coupés des praticiens. En effet, même si j’ai peine à croire de telles grossièretés : des formateurs déconseillaient aux jeunes sortants de fréquenter les ringards qui continuent à travailler auprès des enfants, ceux qui n’ont pas intégré le vocabulaire des entreprises et ne se soucient point de plan de carrière.
« Tu n’as jamais eu d’ambition ?
- Oh mais si ! dit –il, j’en ai eu ! Et je crois que j’ai bien réussi ! Pense qu’en vingt ans mon prédécesseur a vu guillotiner six de ses élèves. Moi, en quarante ans, je n’en ai eu que deux, et un gracié de justesse. Ca valait la peine de rester là. » M. Pagnol
Maître : aujourd’hui seuls les notaires se prévalent de ce titre et le dernier artiste à solliciter la particule devait porter la Lavallière. Mes élèves me désignaient par ce terme et Yacine avait même ajouté un jour de classe de mer où je jouais au shérif auprès de jeunes parisiens : « le maître, c’est le boss ! ». Moi de bomber le torse, intérieurement, l’espère je. Est-ce que le débutant que je fus à dix-huit ans rougirait derrière sa Che barbe destinée à élargir le fossé des ans face à des fins d’études de quinze berges ?
Faut-il aller jusqu’au pied de l’Himalaya pour recueillir la sagesse qui énonce : « lorsque l’élève est prêt, le maître arrive » ? Cette version ramassée d’une expérience recouvre bien des autorités : « on a le président qu’on mérite, on a la compagne, les enfants, la directrice, l’inspecteur, les maîtres qu’on mérite. »
En transmettant je n’ai pas eu un sentiment d’amputation mais au contraire d’enrichissement.
Aujourd’hui, je n’aurai pas su enseigner correctement l’anglais, et je ne trouvais plus le courage d’affronter les nouveaux conformismes. Et puis quand je me suis mis en retrait de ma petite entreprise, je me suis senti tellement allégé des inquiétudes constitutives du métier ! Le packaging des projets nécessite trop de temps au détriment du travail avec les élèves. La responsabilité des enseignants se rétrécit; la hiérarchie, de plus en plus prégnante, veille aux apparences, le niveau peut monter. Les statistiques du chômage, les chiffres de la délinquance sont relativisés, et les succès au bac ? Le sens du travail d’enseignant perd de son évidence, aucune idée claire sur le chemin parcouru n’émerge : le ministre voulait interdire une méthode de lecture abandonnée depuis 20 ans… Les adultes doivent se taire, les « maîtres » disparaître, et quand viendra le moment de l’orientation, la toute puissance de l’enfant sera contrariée, les couteaux tirés, les frustrations familiales éclateront.
Certains orfèvres des communales savent ( ré) enchanter le présent, sans se bercer d’utopies factices, de fictions à deux balles mais en exerçant leur volonté : ce qui s’appelle véritablement vivre et qui tient tellement à l’esprit d’enfance.
J’avais milité pour le corps unique, j’aurais pu être content de devenir professeur. A compter toutes les heures, et les points retraites, nous avons émoussé aussi ce qui fondait la valeur d’un métier de prestige. Le désintéressement, la conscience professionnelle s’indemnisent et se perdent.
« Etre et avoir », le film chaleureux de Philibert m’avait permis de réviser sur l’écran, ma chance d’exercer ce métier! Il nous montrait une nature belle et rude, des enfants poignants et drôles, l’instit,pas idéalisé, pas infaillible, avec un amour qui aide à grandir, hors des baratins. Oui l’école génère des rapports humains vrais... forcément, terriblement, humains, loin des galéjades à la Gérard Klein ou des vitres froides des « w » qui slachent. Et puis l’instit’ du film s’est mis à vouloir plus d’avoir : déception.
Dernière trouvaille qui dure depuis des décennies: « il faut des professeurs expérimentés dans les zones difficiles ».
Ces paroles d’un bon sens de façade sont contredites par un travail de sape qui décourage bien des bonnes volontés. Les théories d’IUFM jadis bien notées par les offices cathodiques se sont retrouvées bien chétives car elles n'ont pas osé se confronter à l’expérience ramenée à des « recettes ». Entre la parole à donner aux enfants de l’après-guerre et celle monopolisée par le petit roi impérieux des années 80 : un brouhaha a succédé à un excès de silence. Les remèdes de Darcos contre les IUFM sont pires que le mal qu’il dénonce, mais n’empèche, les organismes de formation se sont coupés des praticiens. En effet, même si j’ai peine à croire de telles grossièretés : des formateurs déconseillaient aux jeunes sortants de fréquenter les ringards qui continuent à travailler auprès des enfants, ceux qui n’ont pas intégré le vocabulaire des entreprises et ne se soucient point de plan de carrière.
« Tu n’as jamais eu d’ambition ?
- Oh mais si ! dit –il, j’en ai eu ! Et je crois que j’ai bien réussi ! Pense qu’en vingt ans mon prédécesseur a vu guillotiner six de ses élèves. Moi, en quarante ans, je n’en ai eu que deux, et un gracié de justesse. Ca valait la peine de rester là. » M. Pagnol
Maître : aujourd’hui seuls les notaires se prévalent de ce titre et le dernier artiste à solliciter la particule devait porter la Lavallière. Mes élèves me désignaient par ce terme et Yacine avait même ajouté un jour de classe de mer où je jouais au shérif auprès de jeunes parisiens : « le maître, c’est le boss ! ». Moi de bomber le torse, intérieurement, l’espère je. Est-ce que le débutant que je fus à dix-huit ans rougirait derrière sa Che barbe destinée à élargir le fossé des ans face à des fins d’études de quinze berges ?
Faut-il aller jusqu’au pied de l’Himalaya pour recueillir la sagesse qui énonce : « lorsque l’élève est prêt, le maître arrive » ? Cette version ramassée d’une expérience recouvre bien des autorités : « on a le président qu’on mérite, on a la compagne, les enfants, la directrice, l’inspecteur, les maîtres qu’on mérite. »
En transmettant je n’ai pas eu un sentiment d’amputation mais au contraire d’enrichissement.
Aujourd’hui, je n’aurai pas su enseigner correctement l’anglais, et je ne trouvais plus le courage d’affronter les nouveaux conformismes. Et puis quand je me suis mis en retrait de ma petite entreprise, je me suis senti tellement allégé des inquiétudes constitutives du métier ! Le packaging des projets nécessite trop de temps au détriment du travail avec les élèves. La responsabilité des enseignants se rétrécit; la hiérarchie, de plus en plus prégnante, veille aux apparences, le niveau peut monter. Les statistiques du chômage, les chiffres de la délinquance sont relativisés, et les succès au bac ? Le sens du travail d’enseignant perd de son évidence, aucune idée claire sur le chemin parcouru n’émerge : le ministre voulait interdire une méthode de lecture abandonnée depuis 20 ans… Les adultes doivent se taire, les « maîtres » disparaître, et quand viendra le moment de l’orientation, la toute puissance de l’enfant sera contrariée, les couteaux tirés, les frustrations familiales éclateront.
Certains orfèvres des communales savent ( ré) enchanter le présent, sans se bercer d’utopies factices, de fictions à deux balles mais en exerçant leur volonté : ce qui s’appelle véritablement vivre et qui tient tellement à l’esprit d’enfance.
mardi 24 mars 2009
Grossesses d’ogresses
J'ai replacé les planches sur la margelle. La sueur me coule entre les omoplates en dépit du froid. La lune est mon seul témoin ; elle se moque bien des frimas, pleine comme elle est, à sourire, contente d'être au maximum de son tour de taille. Tu ne peux empêcher, ma vieille, que ce que j'ai fait, je l'ai fait et bien fait et que rien ne pourra défaire ce que j'ai fait.
Là-bas dans la maison basse, ils dorment, les six fils, les trois filles, leur père aussi. Les innocents, ils dorment …
Ah ! Les innocents…
Hier soir, il a considéré longuement la situation, en larmes : non je ne peux pas faire ça ! Quand je pense que c'est son extrême sensibilité qui m'a séduite, il y a dix ans de cela… Il saurait me comprendre… nous marcherions la main dans la main, les yeux dans la même direction, comme écrivait Saint Ex… qui a largué sa bonne femme la plupart du temps ! Aux poèèètes, on pardonne tout. Aux épouses, les basses œuvres ! Faut-il être particulièrement conne pour aimer un homme de lettres ! J'ai froid au dos, c'est la sueur qui se fige. Je ne peux pas partir tout de suite. Il faut que je sois sûre. Je n’entends plus rien mais on ne sait jamais !
Oui, il a dit en reniflant, moi je ne peux pas faire ça… Toi, tu sais gérer ces affaires, ton enfance à la campagne t'a endurcie. La vie, la mort c'est du naturel pour toi… Moi, tu le sais bien, la vue de mon propre sang m'envoie dans les vaps.
Excuse-moi, a-t-il pleurniché. J'ai eu cette journée pénible avec l'éditeur. Bonne nuit, chérie.
Regarder dans la même direction… moi devant, lui, derrière. Quand je pense qu'il n'a pas voulu assister à la mise bas de nos neuf enfants !
Il y a une heure, j'ai mis au lit ma nichée. Les plus petits étaient joyeux comme d'habitude, ils attendaient l'histoire. L'aînée, Amélie, a encore bougonné qu’elle voudrait bien avoir sa chambre à elle, qu'elle n'aurait pas d'enfants quand elle serait grande, que d'ailleurs elle ne se marierait pas, qu'elle serait juge pour enfants, avec le boulot qui ne manquait pas ! Je l'ai câlinée, je lui ai dit que je l'aimais. Elle a pris son pouce, a sombré de suite.
Les petits attendaient leur conte en sautant sur leur lit. "Le Petit Poucet ", a hurlé Norbert !
- Je vous l'ai déjà raconté cent mille fois, non ?
- On s'en fiche. C'est une histoire de famille nombreuse et nous on aime les histoires de famille nombreuse…
- Ouais, a complété Célimène (ma future prix Nobel) parce que les ogres peuvent réussir quelquefois, si le plus petit n'est pas assez malin !
Et elle a pincé le nez du dernier dans mes bras.
- Allonge un peu l'affaire des deux lits, tu sais. Les filles de l'ogre avec leurs couronnes et les pauvres avec leurs bonnets, a supplié Clément, l'aîné des garçons.
- Dis, maman, y a pas d'ogre dans le jardin qui va passer par la fenêtre quand tu dormiras ?
- Non, il n'y a pas d'ogre dans le jardin. Et s'il venait, maman le tuerait avec la hache à bois, ai-je affirmé avec conviction et geste violent.
J'ai pensé… pas d'ogre mais peut-être une ogresse.
La lune escalade les proues du Vercors. Je n'ai plus froid. Penser à mes enfants me réchauffe. La mousse de la margelle est douce, humide sous mes doigts. Aucun bruit. Tout dort. J'ai bien accompli ma mission, ce travail qui revenait à ma mère, à ma grand-mère… Depuis des siècles, la chaîne sans fin des Baba Yagas
L'élastique bien serré autour du sac de plastique.
Il a dit que je savais faire…
Oui je sais faire ces choses-là : le coup au lapin derrière les oreilles, la chienne à mener chez le véto pour l'ultime piqûre, l’anguille à écorcher vive. Oui, je sais. Je sais aussi raconter des histoires, pousser un chariot entre les rayons de conserves, et maintenir en vie les orchidées. Tu as les doigts verts ma chérie.
Ce que je déteste, c'est l'odeur de l'éther. Je ne m'y ferai jamais.
Le silence. Je suis morte de fatigue, je rêve d’un lit tiède, à son corps chaud sous la couette où il ronfle du ronflement délicat des poètes.
Miaulement plaintif amplifié par la gorge du puits.
Zut ! C'est à refaire !
Marie Treize
Là-bas dans la maison basse, ils dorment, les six fils, les trois filles, leur père aussi. Les innocents, ils dorment …
Ah ! Les innocents…
Hier soir, il a considéré longuement la situation, en larmes : non je ne peux pas faire ça ! Quand je pense que c'est son extrême sensibilité qui m'a séduite, il y a dix ans de cela… Il saurait me comprendre… nous marcherions la main dans la main, les yeux dans la même direction, comme écrivait Saint Ex… qui a largué sa bonne femme la plupart du temps ! Aux poèèètes, on pardonne tout. Aux épouses, les basses œuvres ! Faut-il être particulièrement conne pour aimer un homme de lettres ! J'ai froid au dos, c'est la sueur qui se fige. Je ne peux pas partir tout de suite. Il faut que je sois sûre. Je n’entends plus rien mais on ne sait jamais !
Oui, il a dit en reniflant, moi je ne peux pas faire ça… Toi, tu sais gérer ces affaires, ton enfance à la campagne t'a endurcie. La vie, la mort c'est du naturel pour toi… Moi, tu le sais bien, la vue de mon propre sang m'envoie dans les vaps.
Excuse-moi, a-t-il pleurniché. J'ai eu cette journée pénible avec l'éditeur. Bonne nuit, chérie.
Regarder dans la même direction… moi devant, lui, derrière. Quand je pense qu'il n'a pas voulu assister à la mise bas de nos neuf enfants !
Il y a une heure, j'ai mis au lit ma nichée. Les plus petits étaient joyeux comme d'habitude, ils attendaient l'histoire. L'aînée, Amélie, a encore bougonné qu’elle voudrait bien avoir sa chambre à elle, qu'elle n'aurait pas d'enfants quand elle serait grande, que d'ailleurs elle ne se marierait pas, qu'elle serait juge pour enfants, avec le boulot qui ne manquait pas ! Je l'ai câlinée, je lui ai dit que je l'aimais. Elle a pris son pouce, a sombré de suite.
Les petits attendaient leur conte en sautant sur leur lit. "Le Petit Poucet ", a hurlé Norbert !
- Je vous l'ai déjà raconté cent mille fois, non ?
- On s'en fiche. C'est une histoire de famille nombreuse et nous on aime les histoires de famille nombreuse…
- Ouais, a complété Célimène (ma future prix Nobel) parce que les ogres peuvent réussir quelquefois, si le plus petit n'est pas assez malin !
Et elle a pincé le nez du dernier dans mes bras.
- Allonge un peu l'affaire des deux lits, tu sais. Les filles de l'ogre avec leurs couronnes et les pauvres avec leurs bonnets, a supplié Clément, l'aîné des garçons.
- Dis, maman, y a pas d'ogre dans le jardin qui va passer par la fenêtre quand tu dormiras ?
- Non, il n'y a pas d'ogre dans le jardin. Et s'il venait, maman le tuerait avec la hache à bois, ai-je affirmé avec conviction et geste violent.
J'ai pensé… pas d'ogre mais peut-être une ogresse.
La lune escalade les proues du Vercors. Je n'ai plus froid. Penser à mes enfants me réchauffe. La mousse de la margelle est douce, humide sous mes doigts. Aucun bruit. Tout dort. J'ai bien accompli ma mission, ce travail qui revenait à ma mère, à ma grand-mère… Depuis des siècles, la chaîne sans fin des Baba Yagas
L'élastique bien serré autour du sac de plastique.
Il a dit que je savais faire…
Oui je sais faire ces choses-là : le coup au lapin derrière les oreilles, la chienne à mener chez le véto pour l'ultime piqûre, l’anguille à écorcher vive. Oui, je sais. Je sais aussi raconter des histoires, pousser un chariot entre les rayons de conserves, et maintenir en vie les orchidées. Tu as les doigts verts ma chérie.
Ce que je déteste, c'est l'odeur de l'éther. Je ne m'y ferai jamais.
Le silence. Je suis morte de fatigue, je rêve d’un lit tiède, à son corps chaud sous la couette où il ronfle du ronflement délicat des poètes.
Miaulement plaintif amplifié par la gorge du puits.
Zut ! C'est à refaire !
Marie Treize
lundi 23 mars 2009
Bellamy
J’aime Depardieu et sa solidité, Brassens, la province, Simenon, la cuisine. La promo avec la paire Chabrol/Gégé laissait entrevoir des dialogues savoureux, de la sensualité ; hélas le coup est un peu éventé. Heureusement le dernier quart d’heure, à l’inverse des conclusions américaines sirupeuses, apporte une dose de complexité, de mystère, de subtilité : la morne intrigue se résout mais la réputation de Chabrol me semble encore une fois surévaluée.
dimanche 22 mars 2009
Juliette : de Goya à Goya.
Elle a du tempérament, la chanteuse, et à la MC2, elle a soulevé son public. Spectacle bien mené, poétique, politique, s’arrêtant devant les vieilles du peintre Goya « Que tàl ? » et déguisant son orchestre en lapins style Chantal. Les plaisirs de la vie : le vin, l’amour, des vieilles indignes, les jeunes de mon quartier, le pimprenelle de l’environnement, les ronflements, la notoriété, les étrangers, ceux qui chantent faux; ce n’est vraiment pas son cas : le spectacle est juste. J’ai apprécié d’autant plus la prestation que la veille je m’étais attardé à la télévision devant « les enfoirés » où les noms de Goldman, le Forestier, Benabar m’avaient appâtés : c’était factice, clinquant, de bien peu de sens. Avec Juliette, quelques reprises bien adaptées à son univers : les loups de Réggiani ; et une bonne paire de claques de Vian, réjouissant:
« Quand on est tout blasé
Quand on a tout usé
Le vin l'amour les cartes
Quand on a perdu le vice
Des bisques d'écrevisses
Des rillettes de la Sarthe
Quand la vue d'un strip-tease
Vous fait dire: Quelle bêtise
Vont-ils trouver autre chose
Il reste encore un truc
Qui n'est jamais caduc
Pour voir la vie en rose
Une bonne paire de claques dans la gueule
Un bon coup de savate dans les fesses
Un marron sur les mandibules
Ça vous fait une deuxième jeunesse »
« Quand on est tout blasé
Quand on a tout usé
Le vin l'amour les cartes
Quand on a perdu le vice
Des bisques d'écrevisses
Des rillettes de la Sarthe
Quand la vue d'un strip-tease
Vous fait dire: Quelle bêtise
Vont-ils trouver autre chose
Il reste encore un truc
Qui n'est jamais caduc
Pour voir la vie en rose
Une bonne paire de claques dans la gueule
Un bon coup de savate dans les fesses
Un marron sur les mandibules
Ça vous fait une deuxième jeunesse »
samedi 21 mars 2009
Que voyons-nous de la ville ?
Sur les bords de l’Isère, où des SDF ont élu domicile improbable dans quelque caravane, ce sont des cabanes qui se sont édifiées récemment. Une femme sortait de l’une d’elle, tenant une fillette par la main. Je les ai croisées en allant à la manif.
Nos avons traversé la ville avec mes compagnons habituels et puis plein d’autres ; tous ensemble : une marée. J’ai marché en bonne compagnie , me réjouissant de la puissance de cette masse, mais nous interrogeant sur la faiblesse des syndicats, des partis à la voix certes amplifiée en ce jour, mais qui rallient toujours les mêmes fidèles, quand les boulevards sont rendus aux voitures.
Sur l’écran d’un téléphone portable, on m’a montré des voitures qui brûlent devant le bowling d’Echirolles à 21h. Surprise.
En participant à des essais d’invention d’un futur pour notre ville, nous avions envisagé de rechercher des solutions du côté des ordinateurs, machine à solitude et en même temps de lien, d’exclusion et de connivences. Nous devrons y revenir.
Les jeunes pour lesquels nous envisagions des activités de proximité, recherchent plutôt un certain éloignement. La chance gâchée d’un lycée à Saint Egrève n’a pas désolé tous les lycéens qui goûtent ainsi aux plaisirs anonymes du centre ville.
Les jardins d’ici s’éclairent sous le printemps, les petits enfants grimpent sur des jeux violets et jaunes dans les parcs.
Un révolutionnaire double face des années coupantes, n’a pas son badge, et personne en son domaine ne l’a reconnu. Il faisait tellement nuit.
Nos avons traversé la ville avec mes compagnons habituels et puis plein d’autres ; tous ensemble : une marée. J’ai marché en bonne compagnie , me réjouissant de la puissance de cette masse, mais nous interrogeant sur la faiblesse des syndicats, des partis à la voix certes amplifiée en ce jour, mais qui rallient toujours les mêmes fidèles, quand les boulevards sont rendus aux voitures.
Sur l’écran d’un téléphone portable, on m’a montré des voitures qui brûlent devant le bowling d’Echirolles à 21h. Surprise.
En participant à des essais d’invention d’un futur pour notre ville, nous avions envisagé de rechercher des solutions du côté des ordinateurs, machine à solitude et en même temps de lien, d’exclusion et de connivences. Nous devrons y revenir.
Les jeunes pour lesquels nous envisagions des activités de proximité, recherchent plutôt un certain éloignement. La chance gâchée d’un lycée à Saint Egrève n’a pas désolé tous les lycéens qui goûtent ainsi aux plaisirs anonymes du centre ville.
Les jardins d’ici s’éclairent sous le printemps, les petits enfants grimpent sur des jeux violets et jaunes dans les parcs.
Un révolutionnaire double face des années coupantes, n’a pas son badge, et personne en son domaine ne l’a reconnu. Il faisait tellement nuit.
vendredi 20 mars 2009
Les voyageurs du temps
Comme BHL, Sollers, à force de le voir, on ne le lit pas. Je viens d’essayer de l’approcher au cours de sa balade bavarde dans le quartier Saint Germain et du côté de Bordeaux où -nous apercevons des grands hommes- il rencontre Hölderlin, Rimbaud, Lautréamont, Orwell et se tire une jeunette rencontrée au centre de tir du ministère de la défense. Son art consommé de la citation au service d’une culture éblouissante, nous apporte plus que des anecdotes sensées alléger de trop exigeants propos où il pose avantageusement. Picasso et Bach sont requis pour nous guérir de vivre. L’évocation de la fin de Manon Rolland est bouleversant : « liberté, que de crimes on commet en ton nom » comme celui qui corne une page de son livre juste avant de se coucher sous la guillotine. Métaphore de la beauté vaine de la littérature, de sa nécessité? Ce livre comporte des pépites, mais la luxuriance de l’auteur qui s’aime tant, éloigne la sympathie. Maniéré, parfois élégant aussi, se répétant, décapant. « Priez le diable pour moi, il va plus vite que le Bon Dieu ! Tout le prouve »Céline. J’aime quand il n’est pas correct en citant Doris Lessing : « la femme la plus stupide, la plus méchante, la plus mal élevée, peut traîner dans la boue l’homme le plus charmant, le plus intelligent, et penser que ce qu’elle fait est merveilleux, et personne ne protestera ».
Inscription à :
Articles (Atom)