samedi 27 décembre 2008

Lucien. « Toujours la banane ».


Le dernier album de Margerin m’a filé un coup de vieux.
En général les héros de B.D. ne vieillissent pas. Tintin n’est pas devenu arthritique, Gaston n’a pas pris les idées noires de son auteur, pas plus qu’Obélix ne mesure son taux de cholestérol.
Présentement, Lucien, le rocker, n’a pas que des problèmes de prostate, mais son fils joue à la pléstécheune et sa fille MP3 aux oreilles se fait tatouer, sa femme surfe sur le web, lui tient boutique « Grat’ en vrac ».
Que des groupes musicaux reconstitués pour de vrai lui jettent leur premier vynil, car dans cet album, Lucien chausse ses lunettes de presbyte pour un concert avec ses potes « les quinquas vener » et même si le costard craque aux entournures, ils emballent.
Ce qui rend cet album émouvant, c’est sa vision gentille de la société, avec ses bistrots joviaux, ses copains solidaires, où le fils racketté au début se voit remboursé à la fin, il va abandonner la PS3 pour la guitare.
Alors même si la partie de flipper est aujourd’hui à 1€, nous avons gagné un sourire (la banane) le temps d’un tour en Dauphine sans ceinture de sécurité.

vendredi 26 décembre 2008

Vocabulaire. Faire classe # 14


Le vocabulaire, signe distinctif de classe, parcourt chaque matière, « transversal » en quelque sorte, comme n’oserait même plus le dire le moindre conseiller pédagogique.
C’est pour cela que jadis je n’organisais pas de séances spécifiques.
Et puis un ami, pilier de l’école moderne, qui tirait des pépites des apports enfantins, m’avait indiqué qu’il consacrait un temps à l’étude de la langue. Si lui aussi !
Alors pour dépasser l’aléatoire, j’ai réservé une plage dans l’emploi du temps pour étudier la formation des mots, mettre de l’ordre. Familles, préfixes, suffixes, contraires, homo et synonymes, les abréviations, les niveaux de langue, propre et figuré mais peu de sessions thématiques hormis celles sur les sports divers avant d’attaquer nos journées de ski.
Des séquences, pour que le dictionnaire ne soit pas un poids de plus dans les cartables mais un recours léger, s’appuyaient sur des stratégies ludiques comme des concours de vitesse.
Il semble extravagant le temps où les encyclopédies offraient un tremplin à toutes les rêveries d’un lecteur dans un centre culturel en Afrique qui pensait saisir tous les mystères du monde en lisant le Larousse comme un roman.
- Porte-vues pour la double page hebdomadaire.
- Recours aux dessins à exécuter dans la semaine et à faire deviner aux autres :
Quelle expression figurée se prend au pied de la lettre ?
Un petit haïku pour que deux homonymes et même plus si affinités se télescopent...
« … la rhétorique. Elle est restée presque jusqu’au bout, une énigme anguleuse et noire, comme son nom, revêche, cléricale, morte, que j’ai laissé à d’autres le soin d’éclaircir si cela, d’aventure, les amusait. » P. Bergounioux

jeudi 25 décembre 2008

Petit Coca Noël


Il fut un temps péremptoire où la politique était reine, aujourd’hui elle s'étiole dans la recension de petites phrases. Alors que Sarkos savait comme Gramsci que la lutte sur le plan culturel était déterminante : il a gagné. Avons-nous perdu de nous être tant goinfré d’ironie, de joyeuses démolitions, laissant la place aux trafiquants de valeurs ?
Je reviens sur ces années bousculantes pas seulement pour compter en rond, mais parce qu’elles ont formé la matrice de nos pensées.
Quand j’entends aujourd’hui un chroniqueur de France Inter prétendre dépuceler les oreilles des enfants, en leur révélant pour la dixième fois que la père Noël est un produit Coca Cola, je me dis que les humoristes ne sont plus forcément du côté de l’anti-conformisme.
Je n’ai pas le sentiment de courir au secours du grand commerce en pensant que nous avons besoin des Noëls.
Nous avons besoin de croire, encore plus si nous sommes athées, à la lumière au cœur de l’hiver, comme les hommes l’ont fait bien avant le christianisme.
Dans nos sociétés digicodées, un bébé dans la paille, sans papier, est un beau symbole de croyance en la vie. Sous le souffle de l’âne réprouvé et de la bête de somme : la majesté de l’homme.
Je me défends d’être atteint par quelque tardive piqûre mystique et souris toujours à la remarque de Julos Beaucarne qui trouvait approprié l’encens offert par les rois mages pour masquer les odeurs d’étable. Mais je crois les mythes nécessaires à notre construction d’homme. Un enfant grandit lorsqu’il apprend que le père Noël n’existe pas, et quand il y a cru de toute son âme, c’est encore meilleur.

mercredi 24 décembre 2008

« Les artistes du bord des routes »


C’était le titre d’un livre que l’on m’avait offert concernant ceux qui transforment leur pavillon en palais fantastique avec une conviction qui entre dans la catégorie « durable ». Tels le facteur Cheval, pierre après pierre, tesson après tesson, ils offrent aux passants leur créativité.
C’est parfois « too mutch », mais il ne viendrait à l’idée de personne de qualifier ainsi « le Palais Idéal » d’ Hauterives, monument historique.
A Noël fleurissent - pour reprendre le jargon art moderne - les « ready made » autour de la thématique dévolue aux confiseurs sans trêve.
Oui il y a le barnum commercial, et je maugrée en constatant le maintien des décorations de décembre en plein mois d’août. En outre, il me semble bien abusif, voire nocif pédagogiquement et écologiquement que les communes illuminent leurs rues trop longtemps à l’avance.
A Carrefour dès le 20 décembre, des galettes pour les rois garnissaient les gondoles.
La magie tient certes plus à une bougie qu’à une guirlande clignotante mais la naïveté de ces installations est souvent émouvante. Ces initiatives me ravissent, leur geste est gratuit : ces balcons, ces jardinets illuminés ne sollicitent pas de subvention, ils sont tournés vers les autres.
Rare.

mardi 23 décembre 2008

Vacances ,


Vacance,
Vacuité,
VIDE

Ma jeunesse est restée
Dans les îles,
Et l'insouciance
Aussi

Je sais des cocotiers
Et sur le tronc des raisiniers
Les traces indélébiles
Des hamacs bariolés d’autrefois .

Dany Besset Juin 94

lundi 22 décembre 2008

L’apprenti.


Premier film de Samuel Collardey. Pour revenir à la campagne, je vais au cinéma. Oui, j’avais porté aux nues le dernier Depardon qui touchait au cœur d’un monde à sa fin, à la gravité du monde. Ici, c’est autre chose mais tout aussi juste : il est question de transmission, et elle est problématique. Dans cette chronique où il m’est impossible de séparer la fiction du documentaire : je crois tout. J’ai été ému, effrayé, j’ai souri. Le jeune arrive à la ferme avec des responsabilités à assumer qui peuvent sembler démesurées car il est encore avec ses jouets d’enfants et tellement fragile, écorché. Le paysan, qui doit lui apprendre plus qu’un métier, est remarquable de vérité, de pédagogie. Dans cette ferme du Jura, il y a bien des signes de modernité, l’ordinateur, mais les cours sont toujours aussi boueuses, la naissance d’un veau toujours aussi émouvante, le cochon a beau être pendu pour sa mort à la fourche hydraulique du tracteur mais c’est sa graisse qui sert à traiter les mammites. Les paysages sont beaux, la vie violente : les beuveries, les scènes avec le père et la mère séparés, mais aussi tendre : une partie de luge, un au revoir tout en pudeur.

dimanche 21 décembre 2008

La flûte enchantée


C’est bien le même spectacle de Comédiens & Compagnie qui est joué au théâtre des Mathurins à Paris et celui que nous avions vu à Avignon au théâtre du Bélier.
Le « Canard enchaîné » sous titre cette semaine : « déjantée ». C’est ça.
Dans la chaleur et l’excitation du off, sa magie, j’avais noté : la légèreté de Mozart convient bien aux diablotins de cette Comédia del arte. Des tréteaux comme à l’aube du théâtre, du talent, de l’invention, du rythme, des clins d’œil, de la virtuosité aussi bien chez les musiciens qu’avec les acrobates. Nous sommes enchantés et ce n’est pas du pipeau. De la fraîcheur, de la jeunesse : pour tous !