samedi 13 décembre 2008
Décomplexés et timides.
Je m’applique dans le débat politique à me monter respectueux de mes adversaires mais il y a des occasions où il faut se ronger les poings.
Quand une formatrice pour adultes dit à l’une de ses élèves qu’elle ferait bien de retourner au bled, il ne s’agissait pas du manuel d’orthographe, mais de l’affichage d’un racisme à l’égard d’un public qui d’ailleurs la fait vivre ! Et que la situation catastrophique des finances française serait causée par… Mitterrand ! Tant de mauvaise foi peut accabler mais aussi nous revigorer.
Je me réjouis à chaque fois que certains ne se soient toujours pas remis de notre victoire de 81. Cette France de toujours qui considère la gauche comme illégitime : ces réacs me ravissent. Et dire que l’affichage d’une droite décomplexée a paru comme un signe de modernité !
La haine de l’autre ce serait plutôt Cro Magnon.
En face, des camarades se bagarrent pour convaincre des parents de la nocivité des mesures qui accablent l’éducation nationale. Eh bien certains, ne veulent pas se mouiller, pensant que la contestation est politique, comme si les mesures ne l’étaient pas, politiques. « Je ne fais pas de politique » signe de la main droite. Encore un vieux retour aux silences d’antan quand il ne fallait pas afficher ses opinions. Mais pas si passés que ça, les pseudos qui sévissent sur Internet n’assument pas leurs opinions : ils éructent, cachés ! Ils sont plus souvent de droite me semble-t-il.
Ce royaume des silences remonte lui à l’antédiluvien.
vendredi 12 décembre 2008
Sarinagara. P. Forest
Un ami m’a offert ce livre.Mais il y a des jours où le bienheureux oubli vire à cette putain de mémoire défaillante: je ne sais plus qui ?
L’écrivain va à l’autre bout du monde au Japon après la mort de sa fille. Il a oublié le tremblement de terre de Kobé qui a eu lieu le jour de l’annonce du cancer de sa petite.
Il nous conte la vie d’un poète qui a écrit en de pareilles circonstances, celle de l’inventeur japonais du roman moderne et enfin du photographe qui immortalisa -comme on dit - quelques images de survivants de Nagasaki. Le titre vient du dernier mot d’un haïku : « je savais le monde - éphémère comme rosée - et pourtant et pourtant ». La survie après la mort d’un enfant est un scandale et la littérature ne peut rien, pourtant il nous dit la beauté du monde avec des mots de la précision du cristal. Je me suis pardonné mon goût pour cette chose chochotte nommée poésie en approchant les haïkus qui unissent l’absolu et le quotidien, j’ajouterai la nature et la culture. Tout ce livre cherche la réconciliation de l’oubli et de la mémoire, du rêve et de la réalité, en termes limpides parfois un peu trop parfaits. La neige se mélange aux pétales du printemps. Merci.
jeudi 11 décembre 2008
Henriette Deloras
Si elle n’avait marié Jules Flandrin serait-elle accrochée présentement au musée de Grenoble ?
Depuis Camille Claudel, il est de bon ton de ressortir des cartons quelques inconnu(e)s pour faire montre d’originalité, exister à côté du barnum picassien, que je m’empresserai d’ailleurs d’aller admirer à l’occasion.
Les pastels interdissent les repentirs, ceux de la dame sont agréables et porteur de nostalgie lorsqu’ils évoquent les artistes attablés aux bistrots de « la belle époque ». J’ai préféré les personnages de dos car les traits des visages traités à la craie tendent à la caricature. Ses interprétations de tableaux de Bruegel à Picasso sont gentiment originales, quelques natures mortes aux couleurs éclatantes apaisent une humeur qui s’interroge souvent : pourquoi elle plutôt qu’une autre ? Dans l’atelier que je fréquente, il y a quelques amateurs dont les productions ne manquent ni de vigueur, ni de personnalité et qui ne connaîtront pas d’exposition.
mercredi 10 décembre 2008
Français.Faire classe#12
Le cœur battant du métier et il ne faudrait pas s’inquiéter ! Langue hachée menue, lecture en vrille, et l’orthographe: "j’te dis pas". Les ravis du temps moderne de chez moderne qui entrent dans le post moderne trouvent que ceux qui veulent « sauver les lettres » sont des amoureux de crépuscule qui exagèrent ; et pourtant nos négligences, nos lâches accommodements portent leurs fruits amers.
Pour ne pas m’embourber dans la déploration, je vais essayer de faire l’état des équipements que j’embarquais à bord des goélettes C.M. 2.
« Ou penchés à l'avant des blanches caravelles,
Ils regardaient monter en un ciel ignoré
Du fond de l'Océan des étoiles nouvelles. »
José Maria de Heredia
Expression orale
Les sabirs régressifs progressent et nous nageons dans un domaine informel qui échappe aux évaluations incontestables, irréalisables par le seul professeur des établissements scolaires.
Il est une bonne tranche de langue qui nous a ravis : les contes.
Dans cette activité, la prise de parole dépasse les catégories enseignées telles que lecture, expression orale, vocabulaire, conjugaison. Elle développe l’écoute, le respect et l’esprit critique, la connaissance d’un répertoire personnel plus étendu, et la recherche de la précision. Elle conduit à une meilleure entente avec les autres et une image de soi bonifiée.
Citoyenneté et culture.
- Chaque enfant était tenu de conter au moins une fois dans l’année devant ses camarades.
C’est le moment de baisser les stores et d’éteindre les lumières, celui d’honorer le rendez-vous pris la semaine dernière, le moment de se jucher sur le tabouret, d’empoigner le bâton de parole ou simplement de se poser sous les seuls feux de la rampe du tableau. Certains étaient au rendez vous chaque semaine.
- Chacun dispose personnellement d’un livret d’une trentaine de contes et d’un stock conséquent dans le fond de classe et à la « bib » du quartier.
- Ceux qui le souhaitent, en prévenant à l’avance, content au micro dans les cars qui nous conduisent au gymnase, au ski. S’en suivent les critiques, systématiquement.
- Un conteur professionnel assure dans chaque classe des moments de formation (6heures)
Une représentation annuelle pour les plus grands concrétise une démarche qui prend naissance en maternelle : c’est le projet d’école. Fédérateur, il a permis une cohérence dans tout le groupe scolaire, entraîné de belles collaborations avec l’union de quartier, les bibliothèques, les associations telles que celles qui gravitaient autour des « arts du récit ». Quand les enfants conteurs se mêlent aux adultes sous les arbres d’un week-end de printemps, les albums de souvenirs s’enrichissent.
- Le spectacle. Spots de la scène ; papa, maman et petit frère sont venus à la salle de spectacle de la ville : c’est bon pour Narcisse, pour petit frère qui attend son heure. Ce n’est pas qu’une représentation pour quelques lignes dans le journal local, encore qu’il existe un peu d’espace entre le jansénisme au silence butté et le battage creux, à faire valoir les réussites de l’école sans que l’esbroufe ne nous bouffe.
Parfois le conte justifie son image un peu poussiéreuse, compassée, mais la ré appropriation par les mômes leur donne une vie nouvelle. Leur structure immuable permet toutes les libertés, elle constitue l’échafaudage autour duquel tout se bâtit, se colore, se personnalise. Les premiers pas se résument parfois à bien dire une blague : il faut quelques talents pour que cela fonctionne efficacement : évaluation instantanée ! La mémoire est sollicitée mais il faut se défaire de la mécanique, savoir différer la chute, maîtriser le squelette de l’histoire, éviter les passés simples pour mieux entrer dans l’échange avec son public : donner vie, redonner ce qui a été recueilli. Dans les bonheurs de la vie, il y a bien cette place que nous nous gagnons dans les discussions ; se faire entendre, se faire comprendre, se faire aimer. Sans s’en laisser conter.
Tchatche, slam, rap, les « battles » crient, disent, savent que le pouvoir passe bien par ces mises en mots. Politique et équilibre personnel.
Des pédagogues aiment qualifier de philosophiques des débats d’enfants alors que la philo, objet de railleries en terminale, remise en cause pour les plus grands, apparaît comme la panacée… en maternelle. La parole donnée aux élèves : c’est bien ainsi qu’ils construisent efficacement une langue, mais pourquoi la maîtresse doit être silencieuse ?
La parole libre, prioritaire chaque journée où la première demi-heure est consacrée aux présentations (poèmes, contes, expériences, actualité) aux débats (vie scolaire) annonces diverses, se maîtrise derrière le doigt levé. Une drastique obsession impose cette posture caractéristique de l’école, évite le monopole des « grandes gueules » et encourage l’antique précepte qui invite à tourner sept fois sa langue dans sa bouche. Condition de l’apaisement, du débat. Le reste de la journée, il s’en est fallu d’une ancienne élève devenue stagiaire pour me révéler que je passais mon temps à poser des questions. La maïeutique, quoi ! La parole des élèves grossit leur petite pelote, les constitue. Je ne prétendais pas être dans la démarche qui mène à l’autosocioconstruction des savoirs. Pas assez auto, un peu trop téléphoné. Ma monarchie s’est essayée à l’éclairage, elle fut constitutionnelle, absolue parfois, tendant à cette forme supérieure de l’ordre qu’est l’anarchie comme le disait Elisée Reclus.
mardi 9 décembre 2008
Nouvelle du mardi
Désormais les billets publiés sur ce blog s’installent dans une certaine périodicité. Le mardi sera réservé aux lecteurs qui ont envie de publier un poème, un texte. Marie Thérèse Jacquet inaugure la rubrique. Le lundi sera consacré au cinéma, le mercredi à l’école, vendredi aux livres, samedi à la politique. La cuisine, les beaux arts , les spectacles… pour les autres jours
LE CABAS A ROULETTES
« Je suis oublié des cœurs comme un mort, comme un objet de rebut » psaume 31 verset 13
- Tu pars ? Tu pars sans moi ? Adèle !
-…
-Tu as ta crise de sciatique, c’est ça qui t’empêche de me répondre ?
-…
- Ma pauvre vieille Adèle !
- Je ne sais pas si je vais te prendre ce matin. Je n’ai besoin que d’une baguette et d’une plaquette de beurre…
- Ouais, t’oublie le kil de rouge. .. Emmène-moi ; huit jours que tu ne m’as pas sorti…
- Ah, huit jours… Huit jours, tu crois… ?
- Si tu vas faire tes courses toute seule, tu vas te mettre plein de miettes et de farine sur ta veste. Le beurre fondra dans tes mains. Allez, emmène-moi avec toi. Toujours enfermé, moi, dans le placard de la cuisine avec ces merdes que tu gardes par flemme : tes chaussures de ski boucanées, les après-ski qui prennent l’eau, les bougeoirs et les vases gagnés au club de scrabble, tes cinq boîtes de cartes postales (ils sont morts tous ces gens qui t’envoyaient leurs amitiés du bord de lagons bleus ?), tes chaussons de danse, tes fringues jaunes et bleues, (pourquoi ne portes-tu plus que du noir et du marron pisseux ?), ces confitures de mûres concoctées en Normandie ( les souris les ont bouffées). Et je ne parle pas des balais dépoilés. Pourquoi diable tu gardes des balais qui ne sont plus que des manches ?
La planche à repasser sans molleton, les bouteilles vides ou presque qui empestent l’acide acétique. C’est le purgatoire dans ce placard. J’ai l’impression d’être dans un cimetière avec toutes ces guenilles et que tu nous as privés de rites funéraires ! Si ça continue je vais croire aux loups… Sors-moi !
- Tu parles trop ce matin, tu me donnes le tournis. Je t’ai déjà dit que tu n’as rien à craindre des loups. J’ai mis des tapettes dans tous les coins. On n’en a jamais attrapé un…
- C’est pas la preuve qu’il n’y en a pas… Les loups sont très malins pour repérer les pièges.
- Tu exagères : il est très bien ton placard, à l’abri des courants d’air. Tu peux y dormir toute la journée sans soucis…
- Sans soucis, c’est vite dit avec toutes ces saloperies qui puent. Et puis il y a les GROS L…
- Ah ! Y en a marre avec eux !
- T’as raison tant que je suis vide ils ne viendront pas… Mais la vie c’est de sortir et de s’en mettre plein !
- Tu ne comprends pas que les temps ont changé, qu’aujourd’hui ce qui compte, c’est la sécurité. Je veux dire la sé-cu-ri-té des pla-cards. La vie il y a rien de plus dangereux. C’est l’instabilité perpétuelle. La vie c’est très mortel. Il vaut mieux pour toi vivre à petit feu.
Quand je t’ai eu en… en … 2000. Ah ça fait déjà huit ans que je suis à la retraite ! Mes collègues s’étaient cotisés. On t’a arrosé au champagne…
- C’ était pas du champagne d’abord, c’était de la Clairette. Tes collègues avaient caché les bouteilles dans ma poche.
- Huit ans déjà !
- Tu bois trop, laisse donc cette bouteille dans mon placard… Tu vas devenir affreuse.
- Bof ! Y a plus de miroirs chez moi et les gens ne me voient plus alors… Economies de fringues, de coiffeur. Un pif rouge, c’est rigolo, non ? Fun, comme ils disent maintenant, sleurp !
- La déprime te guette. Sors nous… Allons nous asseoir sur le banc, à côté du marchand de miel. Tu me raconteras les Trente Glorieuses.
- T’as raison, c’est jour de marché. Bon, je vais te sortir. Tu sais ton discours de tout à l’heure m’a donné une idée. Je vais promener aussi les cartes postales. Les pauvres, elles reverront un peu de pays. Mais, une condition. Promets-moi de ne pas insulter les caniches de la marchande de fromage.
- Ben dis donc, ils lèvent la patte sur …
- Les chiens n’ont jamais fait ça sur toi, ils préfèrent les arbres à un vieux cabas à roulettes tout pour…
- Répète un peu… tout pour… ?
- Pourvu de tous les accessoires modernes…
- Mouais, je suis certain que c’est pas ça que tu voulais dire, Adèle, mais je m’en fiche si tu me sors.
- Ah ! Te voilà devenu raisonnable. Zut, où est mon porte- monnaie ?
- Tu l’as laissé dans une poche de mon flanc, ton très léger porte-monnaie en faux crocodile plus usé que moi !
- Je n’aime pas quand tu ricanes à propos de mon porte-monnaie. Il m’a rendu autant de services que toi. J’aurai bien du mal à m’en séparer, vois-tu !
- Sentimentale, ma pauvre ! Tu collectionnes les cadavres…
- C’est vrai qu’il est léger ce porte-monnaie. Pardi, je ne pourrai pas acheter le beurre, il ne me reste que deux euros, il me faut du pain. Et ma pension qui n’arrive que dans trois jours !
Me voilà bien, tiens !
-Tu as encore un paquet de lentilles et un reste de nouilles dans le frigo
- Les lentilles, je ne les digère plus.
- On te fera crédit à la supérette… Ou alors, on refait le coup du mois dernier. Tu me remets mon double fond…
- Ton fond est trop percé. On a failli se faire prendre ! Rappelle-toi cette boîte de sardines au citron qu’on a perdue en quittant la caisse… Heureusement, le gérant n’a rien remarqué !
- Tu attaches trop d’importance à la bouffe, tu devrais te mettre à la méditation comme moi… Dans le placard, c’est plus facile. Si tu jettes les godasses, ça te fait juste la place. La méditation c’est extra pour les gens qui ne savent plus où se mettre…
- Excuse-moi, je sais que tu détestes ça mais je vais devoir fouiller dans ton fond… Peut-être que ?
- Fais vite et après on sort. J’aime le soleil d’automne.
- Rien. Pas la moindre piécette, juste des miettes de pain et ce vieux radis tout ratatiné.
- En route ! J’ai entendu un claquement de mâchoires !
- Toujours cette obsession ! Laisse-moi mettre mon foulard sur la tête !
- Pffft ! On dirait une des Vamps ! Ce que t’es moche !
- Tu ne t’es pas regardé ! Là, c’est pas trop lourd les cartes postales ?
- Eh ! Je suis encore costaud ! Dépêche… Y a un loup sous l’évier, j’ai vu sa patte velue. Même le balai a des griffes… L’apiculteur t’aime bien, peut-être qu’il te donnera un petit pot,
un échantillon toutes fleurs.
- Allons, allons courage ! Let’s go. We are the champions my…
- Pourquoi tu m’regardes comme ça ? J’ai la trouille quand tu fais ces yeux là.
- Tu grinces mon pauvre vieux, tes côtes saillent sous ta peau de toile cirée à carreaux…
Cette grande fente que tu as devant, c’est nouveau ?
- …
- C’est irréparable. Point final.
- J’ai la ligne, sûr. De la fermeté… Allez, let’s go Adèle. N’allons pas trop vite. Laisse-moi m’emplir d’air, pousse-moi dans les feuilles de platane. J’adore rouler dans les flaques d’eau et les feuilles mortes.
- Quel gamin tu fais !
- S’il te plait, le fleuriste a abandonné quelques chrysanthèmes dorés même pas fanés. Là, dans le caniveau, bigleuse. Mets en un ou deux dans ma poche. Merci.
- Je n’aime pas cette odeur de Toussaint.
- Tu n’as jamais été courageuse.
- …
- J’ai un peu mal à la roulette gauche, celle qui n’a plus de caoutchouc.
- C’est ton rhumatisme. L’acier n’est plus ce qu’il était.
Le cabas à roulettes chante :
« Le soleil d’automne emplit
Tous mes trous, ouais baby !
Je devine, oh oui
Y a un sens à la vie… »
Il poursuit sans chanter :
- Mais pourquoi quittes-tu le marché ? Je ne connais pas cette rue. Jamais tu ne m’y as emmené. Réponds, pourquoi vas-tu si vite ? Pense à ton cœur ; songe à ma carcasse… Ce grand truc, là-bas… ça ne serait pas une benne ? Des gens y jettent un sommier encore bon, des chaises qu’on pourrait revisser et même un ours en peluche ! Les enfants n’ont plus de cœur ! Adèle, à nos âges nous devrions éviter ce genre de spectacle… Mais que fais-tu ?
Tu ne vas pas jeter les cartes postales de tes amis vivants et disparus ?
Tu pourrais, au moins en relire quelques unes. Tiens, celle-là. Tout ce bleu et ce blanc. Elle est restée des années sur le bahut la carte de Maurice envoyée de Santorin… Adèleueueueu !
Ton insensibilité me blesseueueueu. Maintenant voilà que tu me soulèves, pourquoi me caresses-tu l’encolure ? Pourquoi ce baiser sur mon guidon ? Tu me gênes : nos rapports n’ont jamais été si ten… Tu me chantes une berceuse maintenant ! J’ai le vertige en haut de tes bras raidis… Au secours ! Help ! La benne est pleine de loups !
Marité Jacquet 2008-11-30
lundi 8 décembre 2008
Two lovers
Dans le film de James Gray avec Joaquin Phoenix, qu’est ce qu’elles lui trouvent, ces deux belles femmes la blonde et la brune à cet adolescent attardé ? Certes, il montre une énergie exceptionnelle sur le dance flor, mais le fils à la maman bien compréhensive porte en lui tellement de mystère, de tristesse. C’est m’a-t-on dit parce que les femmes aiment bien consoler, réparer ; là il y a du boulot. Pas plus que je n’ai compris le succès critique, je n’ai été concerné par le dilemme amoureux secouant une indolence plombante par quelque impulsivité à connotation suicidaire.
dimanche 7 décembre 2008
Souchon
Quand Carla fait sa promo, je passe à une autre station, pourtant je m’étais laissé séduire par sa voix douce, mais avec l’autre qui sature tous les hauts parleurs, ça fait beaucoup!
Quand Souchon passe sur toutes les radios : je cours.
L’autre soir je me suis calé devant la télé comme rarement : « le chanteur d’à côté ». Je me suis régalé bien sûr, avec cependant un petit fond de doute depuis que Nadine Morano a dit bien aimer « foule sentimentale ». Il n’y a plus de lieu où ils nous laisseraient en paix. Je ne lui contesterai pas d’aimer par exemple « avec le temps » du Ferré que je révère, ce n’est donc pas par sectarisme, mais est ce que cette chanson peut être ambiguë ? Pourtant elle dénonce les fausses idoles, les apparences trompeuses dont la madame sans gène de l’UMP est un exemple éclatant de jobardise. Comme lorsque mon chouchou Souchon interprète « dans les poulaillers d’acajou » devant Monory. Mais parfois le plaisir ne colle pas avec les convictions. Je m’étais bien donné le droit d’aimer « Le Nabucco » de Verdi qui retentissait pourtant dans les meetings de Le Pen. Au temps de « l’âge d’or », j’ai cru que les chansons changeraient le monde, et je me régale à « parachutes dorés », mais elles ne font que le raconter, et c’est déjà pas mal. Elles sont les témoins les plus vivaces du temps qui passe, et le vieillissement de nos idoles est le nôtre. « J’ai dix ans » encore des fois, et ce n’est pas moi qui lui reprocherait de parler des femmes en disant « les filles ». Les volutes de la nostalgie accompagnées du petit « pouet ! » pour ne pas se liquéfier : la vie rêvée, les trésors au fond des mers, nos faiblesses, nos maladresses, tout est léger, léger.
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