Nous passons à la caisse de la Galeria de l’Accademia acquitter nos entrées à 12 € par personne,
sans file d’attente avec comme d’habitude des informations en français.
L’expo
permanente est située à l’étage où nous pouvons admirer de somptueux plafonds à
caissons et à poutres apparentes peintes.
La première salle est entièrement
consacrée aux peintures sur bois de style byzantin avec la forte présence de
couleur dorée.
Le musée renferme des œuvres de Bellini, Carpaccio dont le miracle
de la relique de la Sainte croix à Venise, Tiepolo, Bosch, beaucoup de scènes
religieuses.
Notre billet donne droit à une exposition temporaire
concernant des poètes interprétés, revisités par un peintre contemporain nommé
Gastun.
Bof ! Après l’art raffiné et la volonté de faire partager une
recherche esthétique, spirituelle, éthique des anciens, cet art de notre temps
parait bien inintéressant et régressif, autocentré, épate bourgeois qui sont
les derniers à s’en offusquer puisqu’ils investissent dans ce type d’oeuvres.
Nous rentrons nous reposer ¾ d’heure à notre logement, afin
de poursuivre nos visites sans bâillements et coup de fatigue.
Puis parmi les
« incontournables » qu’il nous reste à voir, nous choisissons la Ca
d’Oro, que l’on a pu rejoindre à pied par un chemin que nous commençons à
connaître.
Heureusement que Le routard nous avertit à propos de l’étroit boyau dans
lequel s’engager pour trouver la porte d’entrée discrète, que nous n’aurions pu
remarquer sans l’affiche : « Sérénissime trame, tappei delle
collezionne Zaleski e dispenti del rinascimento ».
Surpris, nous entrons
demander s’il y a une expo permanente car une expo de tapis… ne nous inspire
pas vraiment. Nous tentons l’expérience en pensant au moins profiter de la
beauté du lieu. Nous ne sommes pas déçus ! Au rez de chaussée, une fois
passé le petit patio nous accédons à un grand espace au pavement polychrome
magnifique ouvert sur le canal, encadré par de fines colonnes dominées par des
rosaces comme des fleurs de pierre, ou les nervures enserrant des vitraux, mais
laissant passer ici l’air et le regard. Un puits et un escalier extérieur dans
un style gothique pavé de marbre blanc sculpté participent à la richesse du
lieu. Les hauteurs de crues exceptionnellement hautes sont soulignées d’un trait
avec la date correspondante sur un pilier. Nous verrons plus tard du vaporetto
que le perron de réception qui permet l’accès par voie d’eau est légèrement
immergé c’est que le palais s’enfonce peu à peu.
Sur un mur, une silhouette
projetée se déplace de haut en bas, seule présence sobre et moderne dans cet
environnement qui exsude la richesse de ses anciens propriétaires et
fondateurs. Nous entamons la visite de la collection Zaleski.
Elle propose
beaucoup de tableaux, surtout des vierges à l’enfant du XII° et XIII° et des
Saint Sébastien, sujets largement abordés dans les musés visités aujourd’hui,
comme les anges rouges en escadrille, putti voyants accompagnant les scènes de
la vie de la vierge. Quelques statues en bronze ou en terre (miniature de la statue
du Nil appartenant aux quatre fleuves du Bernin de la fontaine de la place
Navone à Rome).
A l’étage supérieur, d’immenses tapis étalés ou suspendus
remplissent les salles souvent dans une dominante de rouges. Usés, laissant
apparaître le quadrillage de la trame, ils datent du XVI° siècle et de temps
immémoriaux pour ce type d’objets difficiles à conserver.
Nous comprenons leur
présence dans un musée de peinture grâce à une petite vidéo sous titrée en
anglais qui attire notre attention sur la présence et l’importance de tapis
dans une multitude de peintures d’Italie ou des pays nordiques.
Venus d’abord
d’Anatolie à Venise, ils s’affichent à l’intérieur comme à l’extérieur posés à
cheval sur les rambardes des balcons, comme nappes sur les tables. Ainsi Holbein
les place, modèles à l’appui, soignant les détails et la finesse de ces
véritables œuvres dans l’oeuvre. La juxtaposition tapis/tableau renforce le
propos de l’expo. Nous regardons ensuite différemment la variété des tapis,
jouant plutôt avec les lignes et les dessins géométriques dans la production de
la Turquie, plutôt avec des représentations florales ou animalières dans la
production persane.
Des deux étages nous pouvons accéder au profond balcon
donnant sur le Canal Grande où circulent vaporetti, gondoles et bateaux à
moteur plein de touristes admiratifs. Pour une expo prévue afin de remplir une
fin d’après midi, nous ressortons satisfaits d’avoir appris et avoir été
surpris agréablement. Je suis quand même étonnée du peu de monde présent à l'intérieur de
tous ces musées dans lesquels nous sommes entrés depuis le début du séjour,
même si les lieux investis par Pinault recevaient un peu plus de gens, ce n’est
pas la foule !
Par contre les rues grouillent de touristes et les langues
se mélangent dans un brouhaha d’où sont absents les vrombissements des voitures
et autres bus.
Nous remontons une fois de plus par le rio San Leonardo avec une
halte au "Spar" installé dans un ancien théâtre, pour renouveler notre provision
de biscuits vénitiens avant de suivre les indications du Routard :
circuler en vaporetto dans toute la longueur du Grand Canal, voie unique au
monde, et découvrir les palais qui le bordent.
Dommage que le soleil ait
disparu derrière les nuages, puis de l’horizon.
Nous descendons à la station
San Marco et nous nous promenons pour la première fois de notre séjour sur
l’immense parvis de la basilique San Marco. Des deux galeries latérales
s’échappent des musiques produites par des orchestres de chambre qui se
concurrencent : piano, violon, clarinette et contrebasse. Un quatuor est
disposé devant le café Florian face au palais des doges. La nuit tombe, nous
nous restaurons d’une pizza précédée de la dégustation d’un Spritz consommé
dans une venelle proche de la célébrissime place de la Sérénissime.
La journée se termine par la remontée du grand canal de
nuit, dans une ambiance magique mais, sans clinquant. Des ombres chinoises se
dessinent par les fenêtres éclairées des palais dont on aperçoit les plafonds
et les lustres luxueux.