Nous ressortons du musée Gallo-romain séduits par la
muséographie que nous trouvons sobre et aérée, efficace, moderne et pédagogique
avec des écrans tactiles proposant des
textes ou des reconstitutions, à consulter ou à délaisser, face aux endroits
importants.
Une fois dehors, armés de notre plan, nous
nous aiguillons à nouveau sur le fil conducteur
peint au sol en direction du château
Barrière encore bien endommagé malgré les rénovations en cours et de la maison d’Angoulême, en meilleur état,
les deux dans le même style médiéval que l’église Saint Etienne. L’intérieur de
ces 2 monuments ne se visitant pas, nous suivons notre tracé jusqu’au jardin des arènes. Il épouse la forme
de l’ancien amphithéâtre dont quelques vestiges délimitent la circonférence. Les
arbres apportent de la fraicheur, comme les brumisateurs installés au centre et
sous lesquels s’ébattent deux petites filles surveillées par
leur mère. L’appétit nous pousse à chercher un
restaurant : le « Little cocotte » propose une assiette de
tajine abricot légumes et boulgour et
pour le dessert, le chocolat liégeois nous tente. Après la p’tite cocotte de
Brives, voici little cocotte de
Périgueux…Nous consacrons l’après- midi à la visite
guidée du Périgueux moyenâgeux. Devant
l’Office du Tourisme nous rejoignons un groupe de
touristes et l’accompagnatrice nous réunit un peu plus loin place du Coderc, aujourd’hui occupée
par les halles qui ont remplacé le consulat (Mairie). De là elle nous dresse l’historique de la ville.Nous nous déplaçons ensuite vers la place de l’Ancien hôtel de ville. Une pharmacie loge actuellement dans le
bâtiment qui fut officiel, à côté d’une habitation fortifiée dotée d’une tour
édifiée du XV au XVII° siècle.Nous empruntons le passage Daumesnil, du nom de l’ancien général de Napoléon dont la
maison des parents négociants dans le blanc se situe à la sortie.Et nous débouchons ainsi face à l’église
cathédrale Saint Front.
D’inspiration byzantine, via Saint Marc à Venise,
elle frappe par son originalité avec une architecture rare en occident reposant
sur une croix grecque et cinq coupoles. Paul Abadie entreprend des travaux
titanesques pour la sauver de la ruine et lorsqu’en 1870, il construit le Sacré Cœur à Paris,
elle lui sert de modèle, notamment pour
la forme des clochetons. Victor Hugo la surnomma « la mosquée de
Périgueux ». Le monumental lustre
en laiton circulaire symbolisant la
Jérusalem céleste trônant à l’intérieur
ressemble effectivement à
d’autres que j'ai pu voir dans des mosquées d’Istanbul. Nous ressortons par la
porte sud en longeant le cloître que
notre guide ne détaille pas vraiment
mais j’ai lu qu’ il possède une particularité :
deux des quatre galeries sont de style byzantin, tandis que les deux autres ont
été conçues dans un style roman. Nous tombons alors sur la place du Clautre,
où se déroulaient les exécutions.
Pour s’y rendre, les prisonniers
incarcérés dans la maison Vigier reconnaissable à sa belle porte cloutée de
redoutables pointes remontaient la rue
du Calvaire.Puis nous nous engouffrons rue saint
Roch, rue Aubergerie, dans la ville
basse composée d’un mélange de patrimoine et d’habitat moderne. De nombreuses maisons moyenâgeuses,
de caractère mais transformées en HLM profitent aujourd’hui aux «gueux »,
ce type de logements favorisant d’importantes subventions nécessaires pour
leur restauration et leur entretien.Traverser la jolie petite place de
Navarre plantée d’arbres permet de voir avec recul l’arrière de la maison
des Dames de la foi. Son entrée se situe dans l’étroite rue des Farges (ancienne rue des forgerons). Cette
bâtisse très ancienne (XII°) est transformée en couvent au XVII° puis
divisée en logements locatifs au XIX°, et enfin rachetée en une seule partie
par une société privée au XX°. Elle est
classée aux monuments historiques et sort tout juste d’un programme de
rénovation dont témoigne la façade.Le circuit se termine par la tour Mataguerre. Construite au XIII° siècle
(d’autres parlent du XIV ou du XV), elle s’insérait dans les remparts qui
possédaient 28 tours et douze
portes. Cette tour est la seule à avoir survécu à la destruction ou la ruine. De forme circulaire, percée d’archères cruciformes (meurtrières)
indispensables à sa vocation défensive, elle possède un parapet à mâchicoulis.
Son nom
« provient de l’occitan
matar - mettre en échec- et de guerra - la guerre.
Ce terme
viendrait du nom d’un capitaine nommé Mataguerra, de la garnison d’Auberoche,
qui aurait pris le parti du duc d’Aquitaine, roi d’Angleterre. Il aurait été
capturé et conduit à Périgueux où il fut détenu dans la salle basse de la tour.
La tour Mataguerre apparaît dans les textes dès le XIVe siècle. Celle que nous
pouvons voir aujourd’hui date de 1477. Le classement de la tour comme monument
historique en 1840 a
permis de la préserver lorsque, en 1876, les remparts sont détruits. »
Notre guide
souligne que d’autres tours rondes ou carrées s’élevaient dans la cité, pour
afficher la puissance et la richesse de leur propriétaire. De plus, comme
l’espace entre les murailles de la ville était restreint, les constructions en
hauteur offraient davantage de surface qu’à l’horizontale en s’appuyant sur des
bâtiments existants. Ce manque
d’étendue intra-muros, explique aussi le peu de places publiques. A part deux
d’origine ancienne, les autres furent créées
plus récemment afin de libérer la vue et d’aérer l’écheveau de ruelles.
A noter
enfin, dans le quartier, la présence de
coquilles Saint Jacques sur les murs et au sol avec des plaques de cuivre,
elles rappellent qu’ici, passe un des itinéraires de Compostelle Pendant ce
voyage à travers la ville et le temps, nous avons appris ou redécouvert par le
truchement de notre informatrice l’étymologie de certains mots ou
expressions :
* « échoppe » est
devenu shopping chez les anglais
* « trier sur le volet »
provient des boutiques, quand un battant des portes relevé, l’autre abaissé comme un pupitre le commerçant
empilait dessus les marchandises, et n’accueillait
pas les clients à l’intérieur de son magasin
* les pèlerins en route pour Saint
Jacques portaient la « pèlerine »
* Et « mâchicoulis »
signifiait casser le cou, de l’ancien
français machicop, peut-être de
mâchier,
broyer, et col, cou (Larousse) Les deux
heures de visite commentée rajoutées au musée et à la promenade de ce matin
nous suffisent amplement pour aujourd’hui. C’est avec délice que nous rentrons
nous rafraichir dans la piscine hors sol du AirB&B, bien exposée et équipée
de transat en bois. A côté nous percevons la présence d’un perroquet (ou
perruche ?) enfermé dans sa grande volière. Nous flemmardons en attendant
la fraîcheur puis une fois reposés, nous choisissons par téléphone un
restaurant à proximité. Il
s’appelle "le Gué de la Roche" et se situe sur la commune de Marsac
sur l’îsle. L’endroit se révèle charmant, au bord
d’une écluse et bien arrangé sous les arbres, dans l’esprit d’une guinguette.
Mais les plats et le service s’avèrent moins enthousiasmants lorsque l’entrecôte
aux échalotes arrive sans échalotes et sans sauce. La serveuse interpellée
après ce constat, m’explique qu’effectivement, il n’y a plus de cette sauce,
pourtant elle n’a pas jugé utile de
prévenir ni au moment de la commande ni en déposant l’assiette…. A côté de
cela, elle se vante avec supériorité auprès d’autres clients que d’ici peu,
elle ne présenterait que des produits locaux en circuit court et de qualité…Enfin, la viande sans sauce et
l’assiette variée saumon oseille crevettes nous régalent quand même Nous
rentrons en admirant le coucher du soleil et terminons devant les écrans, Guy
devant un match de l’Euro de foot féminin et moi devant trois épisodes
successifs d’" Un si grand soleil"
Belle visite agréable qui me donne envie de passer plus de temps à Périgueux pour découvrir. J'ai de l'admiration pour ceux qui ont restauré tant de patrimoine, surtout quand je pense à combien l'entretien du patrimoine était tombé bien bas dans les valeurs pendant la période des... Lumières, il me semble. A espérer que les divers individus (privés) qui sont en train d'acquérir le patrimoine français seront motivés pour le faire restaurer comme dans les photos que tu nous montres, Guy. La France a beaucoup de beaux monuments à entretenir pour donner une idée de ce que fut notre grandeur... passé. Si des Chinois, des gens du Moyen Orient trouvent plus de valeur à ce patrimoine, et veulent le respecter en l'entretenant, je leur suis reconnaissante, même si je ne devais pas mettre les pieds dedans, par exemple. L'essentiel, c'est d'entretenir et réparer le patrimoine.
RépondreSupprimerJe suis curieuse sur la dernière photo qui provient d'un luthier ?
Un luthier à Périgueux ?
Oui, les vitrines des luthiers sont souvent photogéniques.
SupprimerO.K., merci. Oui, le travail des luthiers est beau à toutes les étapes d'ailleurs.
RépondreSupprimer