mercredi 1 février 2023

Périgueux # 3

Nous ressortons du musée Gallo-romain séduits par la muséographie que nous trouvons sobre et aérée, efficace, moderne et pédagogique avec des écrans tactiles proposant  des textes ou des reconstitutions, à consulter ou à délaisser, face aux endroits importants.
Une fois dehors, armés de notre plan, nous nous aiguillons à nouveau sur le fil conducteur  peint au sol en direction du château Barrière encore bien endommagé malgré les rénovations en cours
et de la maison d’Angoulême, en meilleur état, les deux dans le même style médiéval que l’église Saint Etienne.
L’intérieur de ces 2 monuments ne se visitant pas, nous suivons notre tracé jusqu’au jardin des arènes. Il épouse la forme de l’ancien amphithéâtre dont quelques vestiges délimitent la circonférence.
Les arbres apportent de la fraicheur, comme les brumisateurs installés au centre et sous lesquels s’ébattent deux petites filles surveillées par leur mère.
L’appétit nous pousse à chercher un restaurant : le « Little cocotte » propose une assiette de tajine abricot légumes et boulgour et pour le dessert, le chocolat liégeois nous tente. Après la p’tite cocotte de Brives, voici  little cocotte de Périgueux…
Nous consacrons l’après- midi à la visite guidée du Périgueux moyenâgeux. 
Devant l’Office du Tourisme nous rejoignons un groupe de touristes et l’accompagnatrice nous réunit un peu plus loin place du Coderc, aujourd’hui occupée par les halles qui ont remplacé le consulat (Mairie). De là elle nous  dresse l’historique de la ville.
Nous nous déplaçons ensuite vers la place de l’Ancien hôtel de ville. Une pharmacie loge actuellement dans le bâtiment qui fut officiel, à côté d’une habitation fortifiée dotée d’une tour édifiée du XV au XVII° siècle.
Nous empruntons le passage Daumesnil, du nom de l’ancien général de Napoléon dont la maison des parents négociants dans le blanc se situe à la sortie.
Et nous débouchons ainsi  face à l’église cathédrale Saint Front
D’inspiration byzantine, via Saint Marc à Venise, elle frappe par son originalité avec une architecture rare en occident reposant sur une croix grecque et cinq coupoles.
Paul Abadie entreprend des travaux titanesques pour la sauver de la ruine et lorsqu’en  1870, il construit le Sacré Cœur à Paris, elle lui sert de modèle, notamment pour  la forme des clochetons. Victor Hugo la surnomma « la mosquée de Périgueux ».
Le monumental  lustre en laiton circulaire symbolisant  la Jérusalem céleste trônant à l’intérieur  ressemble effectivement  à d’autres que j'ai pu voir dans des mosquées d’Istanbul.
Nous ressortons par la porte sud  en longeant le cloître que notre guide ne détaille pas vraiment mais j’ai lu qu’ il
possède une particularité : deux des quatre galeries sont de style byzantin, tandis que les deux autres ont été conçues dans un style roman.
Nous tombons alors sur la place du Clautre, où se déroulaient les exécutions. 
Pour s’y rendre, les prisonniers incarcérés dans la maison Vigier reconnaissable à sa belle porte cloutée de redoutables pointes remontaient la rue du Calvaire.
Puis nous nous engouffrons  rue saint Roch, rue Aubergerie, dans la ville basse composée d’un mélange de patrimoine et d’habitat  moderne. De nombreuses maisons moyenâgeuses, de caractère mais transformées en HLM profitent aujourd’hui aux «gueux », ce type de logements favorisant d’importantes subventions nécessaires pour leur restauration et leur entretien.
Traverser la jolie petite place de Navarre plantée d’arbres permet de voir avec recul l’arrière de la maison des Dames de la foi. Son entrée se situe dans l’étroite  rue des Farges (ancienne rue des forgerons). Cette bâtisse très ancienne (XII°)  est  transformée en couvent au XVII° puis divisée en logements locatifs au XIX°, et enfin rachetée en une seule partie par une société privée au XX°.  Elle est classée aux monuments historiques et sort tout juste d’un programme de rénovation dont témoigne la façade.
Le circuit se termine par la tour Mataguerre. Construite au XIII° siècle (d’autres parlent du XIV ou du XV), elle s’insérait dans les  remparts qui  possédaient 28 tours et douze portes. Cette tour est la seule à avoir survécu à la destruction ou la ruine. De forme circulaire,
percée d’archères cruciformes (meurtrières) indispensables à sa vocation défensive, elle possède un parapet à mâchicoulis. 
Son nom « provient de l’occitan matar - mettre en échec- et de guerra - la guerre. 
Ce terme viendrait du nom d’un capitaine nommé Mataguerra, de la garnison d’Auberoche, qui aurait pris le parti du duc d’Aquitaine, roi d’Angleterre. Il aurait été capturé et conduit à Périgueux où il fut détenu dans la salle basse de la tour. La tour Mataguerre apparaît dans les textes dès le XIVe siècle. Celle que nous pouvons voir aujourd’hui date de 1477. Le classement de la tour comme monument historique en 1840 a permis de la préserver lorsque, en 1876, les remparts sont détruits. »
Notre guide souligne que d’autres tours rondes ou carrées s’élevaient dans la cité, pour afficher la puissance et la richesse de leur propriétaire. De plus, comme l’espace entre les murailles de la ville était restreint, les constructions en hauteur offraient davantage de surface qu’à l’horizontale en s’appuyant sur des bâtiments existants. Ce manque d’étendue intra-muros, explique aussi le peu de places publiques. A part deux d’origine ancienne, les autres furent créées  plus récemment afin de libérer la vue et d’aérer l’écheveau de ruelles.
A noter enfin,  dans le quartier, la présence de coquilles Saint Jacques sur les murs et au sol avec des plaques de cuivre, elles rappellent qu’ici, passe un des itinéraires de Compostelle
Pendant ce voyage à travers la ville et le temps, nous avons appris ou redécouvert par le truchement de notre informatrice l’étymologie de certains mots ou expressions : 
* « échoppe » est devenu  shopping chez les anglais 
* « trier sur le volet » provient des boutiques, quand un battant des portes relevé, l’autre          abaissé comme un pupitre le commerçant empilait dessus les marchandises, et n’accueillait pas les clients à l’intérieur de son magasin 
* les pèlerins en route pour Saint Jacques portaient la « pèlerine » 
* Et « mâchicoulis » signifiait casser le cou, de l’ancien français machicop, peut-être de mâchier, broyer, et col, cou (Larousse) Les deux heures de visite commentée rajoutées au musée et à la promenade de ce matin nous suffisent amplement pour aujourd’hui.
C’est avec délice que nous rentrons nous rafraichir dans la piscine hors sol du AirB&B, bien exposée et équipée de transat en bois. A côté nous percevons la présence d’un perroquet (ou perruche ?) enfermé dans sa grande volière. Nous flemmardons en attendant la fraîcheur puis une fois reposés, nous choisissons par téléphone un restaurant à proximité.
Il s’appelle "le Gué de la Roche" et se situe sur la commune de  Marsac sur l’îsle. L’endroit se révèle charmant, au bord d’une écluse et bien arrangé sous les arbres, dans l’esprit d’une guinguette. Mais les plats et le service s’avèrent moins enthousiasmants lorsque l’entrecôte aux échalotes arrive sans échalotes et sans sauce. La serveuse interpellée après ce constat, m’explique qu’effectivement, il n’y a plus de cette sauce, pourtant elle  n’a pas jugé utile de prévenir ni au moment de la commande ni en déposant l’assiette…. A côté de cela, elle se vante avec supériorité auprès d’autres clients que d’ici peu, elle ne présenterait que des produits locaux en circuit court  et de qualité…Enfin, la viande sans sauce et l’assiette variée saumon oseille crevettes nous régalent quand même
Nous rentrons en admirant le coucher du soleil et terminons devant les écrans, Guy devant un match de l’Euro de foot féminin et moi devant trois épisodes successifs d’" Un si grand soleil"

3 commentaires:

  1. Belle visite agréable qui me donne envie de passer plus de temps à Périgueux pour découvrir. J'ai de l'admiration pour ceux qui ont restauré tant de patrimoine, surtout quand je pense à combien l'entretien du patrimoine était tombé bien bas dans les valeurs pendant la période des... Lumières, il me semble. A espérer que les divers individus (privés) qui sont en train d'acquérir le patrimoine français seront motivés pour le faire restaurer comme dans les photos que tu nous montres, Guy. La France a beaucoup de beaux monuments à entretenir pour donner une idée de ce que fut notre grandeur... passé. Si des Chinois, des gens du Moyen Orient trouvent plus de valeur à ce patrimoine, et veulent le respecter en l'entretenant, je leur suis reconnaissante, même si je ne devais pas mettre les pieds dedans, par exemple. L'essentiel, c'est d'entretenir et réparer le patrimoine.
    Je suis curieuse sur la dernière photo qui provient d'un luthier ?
    Un luthier à Périgueux ?

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    1. Oui, les vitrines des luthiers sont souvent photogéniques.

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  2. O.K., merci. Oui, le travail des luthiers est beau à toutes les étapes d'ailleurs.

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