samedi 25 février 2023

Mémoire de soie. Adrien Borne.

 Il faut s’habituer au style lyrique quelque peu chargé pour partager cette histoire de paternité. « Elle fait tomber ses logiques au feu léger de ses élégances » 
Même si la métaphore autour de la soie titre chaque chapitre, la magnanerie qui a flambé n’est qu’une toile de fond. L’activité d’élevage des vers à soie était déjà en déclin au moment de la première guerre mondiale. Mais les arabesques d’écriture magnifient le travail et laissent de la place au lecteur pour interpréter les silences, les mystères, les blessures, les malheurs d’une famille dans le Drôme provençale, comment on survit. 
« Émile s’assure que le ciel est déjà vif. D’un bleu peigné de Mistral. » 
L’amour comme la violence en ce début du XX° siècle prennent des aspects pas toujours conformes aux déroulés qui nous sont familiers, quand est mise à l’orphelinat une petite qui n’est pas orpheline, pas plus qu’elle n’était folle quand elle fut enfermée dans un asile pour aliénés. 
« Elle avait tout connu sans rien connaître, elle avait aimé sans même en avoir le temps, elle avait été mère avec à peine le désir d'enfanter, elle avait été malheureuse en ayant tout juste salivé du bonheur. »
Forte, elle accepte son sort quand elle passe d’un internement à d’autres, d’un frère à l’autre sous l’autorité d’une méchante matrone. 
« Alors les gamines de ton cru, elles foutent le camp ou elles s’inclinent. Dans cette famille, les baveuses et les duchesses, très peu pour nous. Et tu m'as tout l’air d'être les deux à la fois. Bien bavarde et bien précieuse. »
La guerre et la grippe espagnole emmenaient les hommes, la vie n’était pas très soyeuse.

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