Intéressant de voir derrière la couverture de Binet, aux
allures ringardes, une réunion politique « Ensemble vers l’avenir »
avec un homme à la tribune désignant la direction opposée à celle qu’indique
le public.
Cet ouvrage collectif datant
de 2006, dont on peut à priori se demander de quelle brocante s’est-il échappé,
vaut surtout pour le temps écoulé mettant en valeur les invariants d’un domaine
qu’on croit redécouvrir chaque matin :
opportunisme, cynisme et vue à
court terme là où l’utopie avait des ambitions.
Emile Bravo est assez visionnaire,
alors que Binet dénonçant
la démagogie est d’actualité.
Mathieu Sapin, familier des
arrières cuisine du pouvoir,
chronique l’arrivée à l’Elysée d’un rasta.
Aranenga
nous fait rire avec le UMSCE :
Union
pour la Majorité Silencieuse des Cages d’Escalier, carrément beuh blanc rouge.
Les bonobos de Simon sont plus convenus,
et le président
affolé de Frantico trop scatologiquement délirant.
Bouzard évoque avec humour l’activisme écologique.
Ferri avec son « De Gaulle à la plage » est
tordant.
Je retrouve avec plaisir le ton décalé de Martin Veyron
que j’avais délaissé depuis un moment et découvre un autre versant de Riad
Sattouf pourtant familier,
les disparus, F’Murr, Mandrika et Bretécher,
poétiques, absurdes, piquants me manquent. Barral décrit un citoyen amoureux de celle qui tient le
bureau de vote: au bout de plusieurs scrutins, le bulletin nul sur lequel il déclare
sa flamme permettra l’élection de Lépine.
La présidente de Sestac est à peine plus caricaturale que la
dinde dingue dont elle s'est inspirée. Cependant nous sommes dispensés de cibles anecdotiques
pour nous rassurer avec les permanences de nos passions politiques farcies de
petitesses, de faiblesses et de rêves de grandeur.
La seule citation que je ne
connaissais pas qui ponctue ces 80 pages est de Gorki :
« En politique,
j’apprécie les prolétaires, en amour, les princesses russes. »
J'aime bien la citation de Gorki. Un très bon cru, merci.
RépondreSupprimerEn ce moment, je continue ma lecture d'un livre de Robert Graves, une fiction où il se met dans la peau de l'empereur Claude. Graves est d'une érudition rare, et je lui fais confiance pour m'instruire tout en me divertissant. Il met dans la bouche de Claude des appréciations du contexte dans lequel il est arrivé au pouvoir (bien malgré lui) après l'assassinat de Caligula qui sont psychologiquement intemporelles, et qui ont le même poids aujourd'hui qu'à Rome, il y a des lustres.
Rien qui me plaît plus que de retrouver dans le passé un monde... intemporel (comme dans le présent d'ailleurs). C'est une grande consolation à l'heure actuelle.
Pour des rêves de grandeur... si ça permet de s'élever un peu au dessus de la bouse, je ne suis pas contre. Ce qui est triste, c'est la manière dont le.. citoyen ? s'obstine à vouloir s'abaisser, et voir s'abaisser (voire... abaisser) ceux qui sont autour de lui de peur qu'un cheveu ne dépasse et porte atteinte à une idole d'Egalité.
Affligeant.
Les passions démocratiques sont les plus tristes, d'après mon expérience, en tout cas.