mardi 20 octobre 2020

Un printemps à Tchernobyl. Emmanuel Lepage.

Quand on m’a mis dans les mains ce beau volume au titre irradiant comprenant le mot : « Tchernobyl », que même les plus oublieux n’ont pas perdu de vue depuis 1986, s’est réveillée ma culpabilité d’avoir déserté aussi le combat antinucléaire.
Ancien de Bugey et de Malville (1977), j’en suis à trouver qu’il est difficile de se passer du nucléaire, tant l’éolien a du mal à s’installer et que nos besoins en électricité ne cessent de croître : toute vie génère des déchets.
La démarche de jeunes gens qui installent une résidence d’artistes à proximité de la zone interdite et le courage qu’il déploient force le respect envers leur engagement et donne du crédit aux informations qu’ils rappellent ou qu’ils mettent en doute, voire lorsqu’ils en révèlent d’inédites.
Mais leur propos ne tient pas à un rappel de chiffres fussent-ils impressionnants : 
« Début 2010, l'académie des sciences de New-York affirme que la pollution durable due à l'accident a provoqué la mort, sur toute la planète, de près d'un million de personnes entre 1986 et 2004 »
 800 000 liquidateurs nous ont sauvés.
Leur sincérité rend passionnantes ces 176 pages, tendues, poétiques, chaleureuses.
Nous suivons intensément l’intention de l’auteur de montrer l’invisible. Il évite de tomber dans le formalisme,  et plutôt que de se complaire dans des images d’apocalypse, il touche le cœur du réacteur de nos vies de lecteur, lorsque ses dessins prennent des couleurs, alors qu’il a surmonté la douleur de ses mains qui le paralysaient .  
« Je croyais me frotter au danger, à la mort... et la vie s'impose à moi. Gildas, tu crois qu'on peut dire « Tchernobyl, c'est beau ? »
Ce voisinage avec la mort, ces défis pour la titiller avec une recherche d’une affirmation sommaire d’une virilité parmi de jeunes ukrainiens qu’ils fréquentent et respectent bien qu’ils soient tellement éloignés de leurs valeurs, est une belle histoire de vitalité et de tolérance. Il est bien question de printemps.
Lepage avait causé de Fukushima et dessiné, magnifiquement, dans la Revue Dessinée 
et depuis l’Amérique du Sud, il évoquait déjà les dilemmes d’un artiste 

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