samedi 24 octobre 2020

Histoire du fils. Marie-Hélène Lafon.

Il est plaisant ce jeu avec le temps lorsque l’on attend la dernière production d’un auteur qu’on apprécie  
et qu’il est assouvi tout en étant contrarié par le délai qu’on aura à attendre pour le prochain livre.
Comme il est rassurant de retrouver ces terres en Massif Central du côté d’Aurillac dans le Cantal: 
« On les avait vrillés l’un à l’autre, noués, descendus du Nord lointain du département, un pays pentu, bourru, caparaçonné de neiges interminables entre novembre et avril, et striés d’orages impérieux pendant les deux mois d’été éruptifs où tout ce que le sud du département compte de domaines agricoles notoires envoie à l’estive, là-haut, au-delà du Puy-Mary et du Lioran, sur les plateaux du Cézalier ou du Limon, force troupeaux de vaches rouges promises à la griserie longue des montagnes fourrées d’herbe grasse. » 
J’ai été d’abord dérouté par une chronologie chamboulée mais mon inconditionnalité envers l’auteur m’a conduit à y voir une habileté bienvenue lorsque les absents et les morts sont tellement présents dans l’épaisseur d’une vie familiale qui s’acharne à vivre. 
«  Il y a eu des complications, des attentes, des déceptions, mais ça n’a pas tourné au drame parce que Juliette et André ont le goût du bonheur, de la joie, des choses vives et douces qui font du bien. » 
Pour le plaisir des mots pesés, une phrase parmi les 171 pages dit bien des choses : 
« Le multiservice ouvrait à quinze heures, l’église était fermée mais le cimetière pavoisé de frais aguichait l’œil à flanc de coteau, inondé de soleil roux, presque sémillant ; des noms, des dates, des durées de vie que l’on calculait presque malgré soi, quelques caveaux péremptoires plantés avec aplomb au milieu des tombes quasiment alanguies dans la tiédeur insolente de l’air. »

 

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