J’aime bien l’écrivain anglissime http://blog-de-guy.blogspot.fr/2013/02/solaire-ian-mcewan.html
et malgré le genre espionnage qui aurait pu me rebuter, j’ai
eu beaucoup de plaisir à lire son douzième roman.
Nous revenons dans les années 70 entre Brithon et Londres
quand la littérature avait son rôle à jouer au temps de la guerre froide. Au-delà des sinuosités du M15, le service d’espionnage britannique, l’habile construction du roman,
ses personnages principaux, l’intrigue qui tourne autour du mensonge et de la
divulgation, tout renvoie à une réflexion sur l’écriture, son économie,
sa puissance et ses impuissances.
« Quatre
quatrains aux vers brefs. Un train marque un arrêt inhabituel dans une petite
gare perdue, personne ne monte ni ne descend, quelqu’un tousse, un oiseau
chante, il fait chaud, il y a des fleurs et des arbres, du foin qui sèche, et
encore des oiseaux. C’était tout. «
Quelques lignes plus
loin, plus qu’une explication de texte, la vie prend plus de saveur :
« … le caractère
arbitraire de cet arrêt, la sensation de l’existence à l’état pur, d’être
suspendu dans l’espace et le temps, juste avant une guerre cataclysmique. »
Je tournai la tête
vers lui et ses lèvres effleurèrent les miennes. « Ce poème ne parle pas
de la guerre » dis-je très doucement. »
En 436 pages aux dialogues ciselés, nous sommes en empathie
avec Serena la jolie espionne en apprentissage et suivons ses évolutions.
« Voilà le luxe
de l’homme bien nourri : railler tout espoir de progrès pour le reste de
l’humanité. T.H. Halley (c’est le nom de l’écrivain que Serena doit
appâter) ne devait rien au monde qui
l’avait élevé avec bienveillance, instruit gratuitement et avec tolérance, lui
avait épargné la guerre, l’avait amené à l’âge adulte sans rituels effrayants
ni famines, ni dieux vengeurs à redouter, et le gratifiait avant la trentaine
d’une allocation généreuse, mais ne limitait en rien sa liberté d’expression.
Il s’agissait d’un nihilisme facile qui ne doutait jamais de la nullité
de ce que nous avions produit, ne proposait jamais de solutions de rechange, ne
trouvait jamais dans l’amitié, l’amour, la liberté des échanges, l’industrie,
la technologie, le commerce, tous les arts et les sciences, la moindre raison
d’espérer. »
Nous nous laissons manipuler par le narrateur entre fiction
et banalité, inspiré par son propre métier, il boucle brillamment son
roman : des protagonistes oubliés réapparaissent, nous avons pu apprécier
des nouvelles et leurs critiques qu’il insère dans quelques tiroirs, et
toujours l’humour nous accompagne.
Ian McEwan est bien quelqu'un qui interroge notre modernité.
RépondreSupprimerJe crois que je fais partie... de ces êtres qui pourraient être taxés de "nihilistes", mais... je ne vais pas laisser Ian me... culpabiliser trop, tout de même (même s'il est un auteur brillant quoique... FROIDEMENT ET CLINIQUEMENT BRILLANT de mon humble point de vue).
Je réalise bien trop souvent qu'on pourrait me traiter d'apologiste pour la guerre mais.... avouons qu'il y a des choses insolubles depuis l'aiguisement douloureux de la conscience humaine.
Oui, nous sommes chacun des sujets singuliers, particuliers, uniques et irremplaçables sur cette terre, et sous cet angle, la guerre est une abomination, et même... la mort est une abomination...
MAIS... nous sommes aussi des êtres de chair, des animaux dotés de pulsions, et d'agressivité...
Et si plus personne ne meurt....si c'était possible ?
Tu vois une solution à ce problème ? Moi, non.