lundi 2 décembre 2019

Les misérables. Ladj Ly.

Je me joins à l’unanimité critique, qui pourtant me rendait méfiant, pour dire que j'ai vraiment apprécié ce film original.
Peu importe que des situations ne soient pas rigoureusement documentaires, le constat criant est vraiment éclairant sur des années d’évolution de la banlieue ; le film « La haine » a été tourné il y a déjà  24 ans.
La violence ne quitte pas l’écran depuis les premières images d’une liesse populaire explosive lors de la finale du mondial de 2018 jusqu’à l’apocalypse finale.
La hargne, la rage des plus jeunes, victimes et acteurs, est effrayante.
Les rapports des policiers entre eux sont durs, sous couvert d’humour viril, et bien entendu les mots qui s’échangent avec les jeunes sont agressifs ou ceux des adultes envers les enfants d’une brutalité qu’on ne sait plus voir. Quand un des flics revient chez lui et s’envoie une bière bien méritée, les querelles de ses filles pour être plus familières en arrivent à paraître insupportables.
L’intrigue palpitante permet une immersion passionnante dans un milieu dont on cause mais qui nous reste étranger.
Le titre était certes déjà pris, mais du haut de son Olympe, Hugo peut servir encore :
« Mes amis, retenez ceci, il n'y a ni mauvaises herbes ni mauvais hommes.
Il n'y a que de mauvais cultivateurs. »
Loin des simplifications qu’affectionnent tous les vautours qui survolent la question « banlieue », l’invitation à la réflexion n’est pas délivrée en des couleurs optimistes.
Que peuvent, les maires, les architectes, les profs, les policiers, les parents, la République, le cinéma ? 
   

2 commentaires:

  1. Mais j'entends cette hargne, cette rage un peu partout dans la société en ce moment, et pas seulement dans les milieux où il me semble, on voudrait bien les voir parquer.
    Ce que tu racontes sur le policier de retour à la maison avec ses filles me fait penser à ce que j'ai vécu avec mon père... il y a 50 ans maintenant, aux U.S., et nous n'étions pas des laissés pour compte à l'époque.
    Et je le vis maintenant, d'ailleurs, dans l'hostilité entre mon frère, qui récite le doxa anti-Trump aux U.S., et mon oncle qui a voté Trump lors de la dernière élection, et votera Trump de nouveau, sans qu'on puisse voir en lui un con fini (de mon point de vue...).
    Je n'arrête pas de me répéter, mais... quel PROJET, quels idéaux peuvent fédérer "le peuple" sur place, en chair et en os, dans nos démocraties modernes quand nous voyons s'étendre la technologie occidentale (américaine, pour beaucoup) et le Coca Cola partout sur la planète ?
    Ce n'est pas drôle, mais déjà parler des banlieues, c'est instaurer une forme de ghetto/apartheid par l'appartenance au lieu, et ceci, avec les meilleures intentions.
    Alors que la pression est intense pour créer de nouvelles appartenances communautaires dans une république nation qui a du mal à fédérer, est-il judicieux de procéder de la sorte ?

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    1. ... sans respect ni égard, l'autorité disparaît et c'est la surenchère d'agressivité et de violence...

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