Et puis insultes et graffitis et cette mauvaise foi qui
condamne négligemment l’antisémitisme avant
de parler d’autre chose, appellent un moment de réflexion. Peut-on supporter la
faillite de l’école qui n’a pas manqué de faire la leçon anti raciste et qui
dans certains lieux ne peut pas mentionner la shoah ? Mais y a-t-il des
solutions ? Plus on en parle, plus les dessinateurs de croix s’excitent.
Ces 176 pages qui retracent la fin du poète Robert Desnos
mort en 45 à Terezín mêlent l’imagination à la plus féroce des réalités, en adéquation avec la
sensibilité de l’homme au regard clair.
Celui qui a écrit
« une fourmi de dix-huit mètres avec un
chapeau sur la tête, ça n’existe pas ça n’existe pas » avait rencontré la bête immonde.
Ysabelle Lacamp met en scène Desnos à l’issue de son parcours commencé
à Buchenwald jusqu’à ce qui a été son ultime camp de concentration, présenté
alors comme une colonie juive modèle : une farce on ne peut plus macabre.
Tout est exacerbé : l’horreur du présent et les
souvenirs ensoleillés des fratries intellectuelles, l'amour du poète pour Suzanne :
« J'ai tant rêvé
de toi, tant marché, parlé,
Couché avec ton fantôme
Qu'il ne me reste plus peut-être,
Et pourtant, qu'à être fantôme
Parmi les fantômes et plus ombre
Cent fois que l'ombre qui se promène
Et se promènera allègrement
Sur le cadran solaire de ta vie. »
Couché avec ton fantôme
Qu'il ne me reste plus peut-être,
Et pourtant, qu'à être fantôme
Parmi les fantômes et plus ombre
Cent fois que l'ombre qui se promène
Et se promènera allègrement
Sur le cadran solaire de ta vie. »
La licence poétique laisse ce texte à un narrateur, personnage fictif
d’adolescent, qui permet de parler de ce camp où étaient regroupés des
intellectuels et de dialoguer avec le poète qui explora les rêves avec les
surréalistes, s’en détacha, écrivit dans les journaux pour des publicités,
et résista. Il a traversé les années pour allumer des sourires aux enfants
récitant :
« Une fourmi
parlant français
Parlant latin et javanais
Ça n'existe pas, ça n'existe pas
Et pourquoi… pourquoi pas »
Parlant latin et javanais
Ça n'existe pas, ça n'existe pas
Et pourquoi… pourquoi pas »
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