En effet nous passons d’une réserve d’oiseaux en Australie
aux tranchées des Flandres et mesurons une nouvelle fois la dimension mondiale du conflit
qui fit dix millions de morts. Nous quittons un ciel
limpide pour retourner vers des terres lourdes, regardons prudemment des oiseaux migrateurs et nous nous retrouvons face à des
hommes enterrés avant que d’être morts, frôlés par des mains qui réapparaissent sous les ruissellements boueux pendant de si longues attentes.
« C’était
l’époque des grandes migrations, ces derniers jours d’août et les premiers de
septembre, et Jim passait de longues heures à observer et à noter les nouvelles
arrivées : les premiers réfugiés, comme les appelait Miss Harcourt »
Je ne me lasserai pas de voir énumérer les noms des oiseaux : « hirondelles des arbres, bécasseaux
maubèches, divers chevaliers dont un chevalier aboyeur solitaire… les coulis de
Sibérie, les pluviers argentés, les bécassines du Japon, les martinets de
Sibérie… »
Cette liste incomplète n’est pas là pour prendre une pose
stylistique, elle s’inscrit dans une
densité, une finesse de l’observation qui s’appliquent aux moments les plus
anodins comme aux plus graves.
« Voilà, c’était
ça, la pensée qu’elle cherchait à capter. Son esprit se rassembla et la retint,
le temps d’une respiration, avant que l’attraction terrestre ne la désintègre
et l’envoie déferler avec la même énergie dans le flux des choses. »
Sa respiration me suivra comme la musique de Dominique
A :
« Si seulement
nous avions le courage des oiseaux
Qui chantent dans le vent glacé ! »
Qui chantent dans le vent glacé ! »
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