samedi 27 avril 2019

L’infinie patience des oiseaux. David Malouf.

La lecture de ces 218 pages est confortable, pourtant je l’ai interrompue à plusieurs reprises pour ne pas finir trop vite, en déguster la poésie et ne pas me laisser envahir par la violence de la guerre de 14.
En effet nous passons d’une réserve d’oiseaux en Australie aux tranchées des Flandres et mesurons une nouvelle fois la dimension mondiale du conflit qui fit dix millions de morts. Nous quittons un ciel limpide pour retourner vers des terres lourdes, regardons prudemment des oiseaux migrateurs et nous nous retrouvons face à des hommes enterrés avant que d’être morts, frôlés par des mains  qui réapparaissent sous les ruissellements boueux pendant de si longues attentes.
«  C’était l’époque des grandes migrations, ces derniers jours d’août et les premiers de septembre, et Jim passait de longues heures à observer et à noter les nouvelles arrivées : les premiers réfugiés, comme les appelait Miss Harcourt »
Je ne me lasserai pas de voir énumérer les noms des oiseaux : « hirondelles des arbres, bécasseaux maubèches, divers chevaliers dont un chevalier aboyeur solitaire… les coulis de Sibérie, les pluviers argentés, les bécassines du Japon, les martinets de Sibérie… »
Cette liste incomplète n’est pas là pour prendre une pose stylistique, elle  s’inscrit dans une densité, une finesse de l’observation qui s’appliquent aux moments les plus anodins comme aux plus graves.
« Voilà, c’était ça, la pensée qu’elle cherchait à capter. Son esprit se rassembla et la retint, le temps d’une respiration, avant que l’attraction terrestre ne la désintègre et l’envoie déferler avec la même énergie dans le flux des choses. »
Sa respiration me suivra comme la musique de Dominique A :
« Si seulement nous avions le courage des oiseaux
Qui chantent dans le vent glacé ! »

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