vendredi 3 juin 2022

Géopolitique de la terre sainte. Claire Reggio.

En bonne universitaire, la conférencière précise la différence entre « terre sainte » et « terre de sainteté » et propose que le terme de géopolitique s’applique à l’état d’Israël, à la Palestine, à la Jordanie, au judaïsme, au christianisme, à l’islam, à une ville : Jérusalem.
Pour avoir plus appris sur les religions dans les tableaux présentés lors des conférences des amis du musée de Grenoble que dans des cours de catéchisme, me voilà rassuré d‘entendre que rien n’est simple dans ce Moyen-Orient compliqué quand les exégèses à propos d’écrits millénaires ne sont pas prêtes d’être conclues.
Dans la Genèse à propos de Shabbat : « Et Dieu bénit le septième jour et il le sanctifia. » marque simplement un jour différent des autres sans l’idée de perfection ni de territoire hors sol.
Alors qu’aucune mention de « terre sainte » n’est faite dans la bible, il conviendrait d’écouter avec Moïse devant le buisson (Sinaï) ardent :  
« Ne t’approche pas ici  ; retire tes sandales de dessus tes pieds, car le lieu où tu te tiens debout est admat kodech» 
Une terre de sainteté se différencie d'un lieu d’une expérience de sainteté. Dieu est conduit à choisir l’homme malgré le péché originel d’Adam, la tour de Babel, la perversion du peuple punie par le déluge, il distingue un peuple témoin de cette alliance.
Bergson disait à propos du prophète Isaïe : 
« S’il a pu penser à une justice universelle, c’est parce qu’Israël distingué par Dieu des autres peuples, lié à Lui par un contrat, s’élevait si haut au-dessus du reste de l’humanité que tôt ou tard, il serait pris pour modèle.  » 
La Terre promise  pour les juifs se  limite aux anciens royaumes hébreux :  
« Je te donnerai le territoire qui va de la mer des joncs à la mer des Philistins et du désert au fleuve ». Cette mer des Philistins - qui a donné le mot Palestine - est la mer Méditerranée.
Les chrétiens ont élevé des sanctuaires dès le quatrième siècle pour marquer les territoires où Jésus a passé sa vie, à Bethléem lieu de sa naissance, Nazareth son village et Jérusalem où il a été crucifié. Jérusalem, est la « maison sacrée » pour les musulmans, troisième ville sainte après La Mecque et Médine.
Depuis le dôme du Rocher, « la mosquée la plus lointaine » 
Mahomet aurait pris la direction du ciel chevauchant son cheval Al-Bouraq.
«  La terre de lait et de miel »
de l’ancien testament est un couloir disputé depuis 3500 ans.
Avant le Covid, quatre millions de pèlerins
dont un quart de catholiques
venaient chaque année à Jérusalem.
Pourtant trois fois sainte, la ville d’un million d’habitants n’a pas de statut depuis 1947 alors que les nations unies avaient adopté une résolution prévoyant la création de deux Etats.
Au cœur du conflit israélo-palestinien, les deux parties revendiquent Jérusalem comme capitale.
Une ligne verte partage la ville depuis 1949, l'Ouest pour Israël, l'Est pour la Jordanie. Après la guerre des six jours, la Jordanie laisse la place à l’OLP et un statu quo s'applique pour les lieux saints : le mur des Lamentations pour les juifs, l'église du Saint-Sépulcre pour les chrétiens, l'esplanade des Mosquées pour les musulmans. Trois monastères et un mausolée appartiennent à La France.
Le Vatican n’a reconnu Israël qu’en 1994 et Jean Paul II qui en 1986, avait été le premier souverain pontife à entrer dans la grande synagogue de Rome depuis 2000 ans, n’avait pu pénétrer dans le Cénacle de Jérusalem où aurait eu lieu le dernier repas du Christ.
Le pugilat de 2008 entre prêtres grecs orthodoxes et Arméniens à propos de privilèges d’usage dans l’église du saint Sépulcre parait bien dérisoire en regard d’autres conflits. 
Je viens de voir sur Internet que les chrétiens en Terre sainte sont majoritairement palestiniens. Les plus dynamiques, les évangéliques, en accord avec les positions extrêmes de Trump « s’intéressent bien plus à des prophéties liées à la « fin des temps » qu’à l’idée de préserver une tradition chrétienne locale vieille de deux millénaires. » 
Pas de quoi simplifier le problème. 
« On entendit, comme autrefois à Jérusalem, une voix qui disait : «Les dieux s'en vont » Chateaubriand.

jeudi 2 juin 2022

Jacques Herzog et Pierre Demeuron. Benoît Dusart.

Il est question de « modernité renouvelée » avec les deux « starchitectes » présentés par le conférencier devant les amis du musée de Grenoble. Le pivot Demeuron , le chevau léger Herzog (le chauve)
ont fondé une agence à Bâle comptant 250 architectes, mais ils ne peuvent répondre qu’à 3% des sollicitations. Ils ont été récompensés par le prix Pritzer, Nobel de l’architecture,
obtenu cette année par le burkinabé Diébédo Francis Kéré). 
A la
Tate modern, ils relookent la centrale électrique, 
leur intervention est modeste, magnifiant l’existant.
A
Tavole, en Ligurie, ils se servent des pierres sèches de la région 
comme les parpaings de pisé assurant la régulation thermique 
des bâtiments de l’entreprise Ricola,
alors que des verres sérigraphiés donnent une certaine noblesse aux bâtiments de stockage.
Les escaliers du Laban Dance Center de Londres sont des éléments structurants.
La Pharmacie de l'hôpital cantonal de Bâle offre des effets de vibration par une double peau avec pastilles vertes et aluminium perforé.
Les empreintes à l’acide sur le béton de La bibliothèque d'Eberswalde  
créent la curiosité quand l’un des motifs s'inspire du facétieux
« Vénus et Cupidon »
de Lorenzo Lotto.
Joseph Beuys un des phares de l’art contemporain les a influencés
ainsi que l’art conceptuel de Duchamp.
La bibliothèque de Cottbus affichant des polices de caractères emboitées 
évoque les courbes finlandaises d’Alvar Aalto.
L’intérieur est spectaculaire.
Un parvis généreux  se remarque
à Tokyo
dans une avenue au prix du m2 élevé, devant le magasin Prada aux effets molletonnés.
Enfants, ils jouaient au foot dans la même cour de récréation, depuis ils ont conçu l’
Allianz Arena à Munich
et
« le nid d’oiseau », stade de 80 000 places à Pékin qui a nécessité 40 000 tonnes d’acier.
Est-ce que les girondins de Bordeaux méritaient cette légèreté japonisante pour Le Matmut ?
Dans le quartier des Confluences à Lyon, les logements inactuels de l’avenue Charlemagne peuvent rappeler le donjon médiéval du château de Vincennes.
Le jeu des volets dynamise des logements de la rue des Suisses à Paris 
construits pour combler "une dent creuse".
Au musée Schaulager une maison archétypale donne l’échelle du bâtiment.
Elles s’empilent joliment pour La VitraHaus à Weil-am-Rhein, 
où un épiderme de briques accroche la lumière au Schaudepot.
A Colmar pour l’extension du musée
Unterlinden depuis le couvent médiéval, ils rénovent l’espace ancien, recréent un canal qui alimentait un moulin pour réveiller un nouvel espace urbain. https://blog-de-guy.blogspot.com/2021/09/musee-unterlinden-colmar.html
Le Musée De Young à San Francisco recouvert d’acier Corten, à corrosion superficielle, offre comme souvent dans leurs constructions, un point de vue remarquable sur le Golden Gate park.
A Madrid la Caixa Forum à côté d’un mur végétal conçu par Patrick Blanc, lévite.
Le budget prévu pour La Philharmonie d’Hambourg  a été multiplié par dix. 
https://blog-de-guy.blogspot.com/2020/01/tout-pour-la-musique-salles-de-concert.html
Construite à partir d’un ancien entrepôt de fèves de cacao, elle accueille deux salles de concert  aux formes organiques, un hôtel, des logements et une « plaza » sur le toit avec vue sur le port, un escalator de 80 m.
Parmi 45 projets  réalisés dans Bâle, la ville de leur enfance, les deux tours Roche sont moins ambitieuses que prévu.
Après avoir été repoussé à plusieurs reprises, le premier coup de pioche vient d’être donné pour la Tour triangle de 44 étages, le troisième plus haut édifice de Paris,180 mètres de haut .
Les deux septuagénaires, maîtres des textures dans « une approche constamment renouvelée du matériau et de sa mise en œuvre» prévoient panneaux photovoltaïques, aluminium recyclé et façades bioclimatiques.

mercredi 1 juin 2022

Jérusalem trois fois sainte. Claire Reggio.

 Pour la Capitale d’Israël et de la Palestine dans son espace d’un kilomètre carré auréolé de tant de saintetés les hommes se déchirent depuis si longtemps pour quelques parcelles de terrain. Alors que des archéologues ont pu être lapidés pour avoir trouvé des vestiges antérieurs à la présence juive, les éléments apportés par la conférencière devant les amis du musée de Grenoble n’ont pas la prétention de mettre en cause les sentiments religieux, scrupuleusement respectés pendant le riche exposé.
Déjà la distance entre l’idéal et la réalité se mesure dans l’étymologie du mot Yeroushalaïm signifiant « ville de paix » voire « la ville de celui qui est parfait ». La bourgade est mentionnée pour la première fois dans les textes égyptiens dits d’ « exécration » remontant au XXe siècle avant notre ère sous le nom de Rushalimu en référence au Dieu Cananéen du soleil couchant, Shalem.
Ce lieu de l’eschatologie universelle (étude des fins dernières de l'homme et du monde) n’occupait pas de position stratégique éminente, sur la ligne de partage des eaux entre Méditerranée et Mer morte, à l’écart des routes commerciales, et ne recélait pas de ressources particulières, 
alors que La source de Gihon y est aménagée dès l’époque du bronze.
Les mythes rencontrent l’
Histoire et la brouillent :
la ville-état en territoire de Canaan est devenue la cité de David.
Le
temple construit par son fils Salomon qui avait reçu l’Arche d’alliance contenant les tables de la loi de Moïse a été détruit en – 586 par Nabuchodonosor. 
Un second bâtiment reconstruit à l’image du « tabernacle », la tente de Moïse de l’ancien testament, puis étendu par Hérode est détruit par Titus en 70, Jésus en avait chassé les marchands. Il en reste le « mur des lamentations ».
La ville fut rasée, labourée par les romains. Si l
e « 9 Av » commémore ce jour de deuil par un jeûne, les rites en sont transformés, les sacrifices ne peuvent plus s’y dérouler. Sans lieu, le Dieu atopique
( hypersensible à l'environnement) déborde le monde, l’homme est renvoyé à lui même.
Plus tard, l
’empereur Hadrien y fonde Aelia Capitolina, qui à la suite de la conversion de l’empereur Constantin en 320 devient chrétienne.
L’empire perse succède à l’empire byzantin, viennent les croisés et les mamelouks après que Saladin y eut gagné la guerre sainte en 1187, puis les mogols, les ottomans et les anglais. Les millénaires défilent, les psaumes demeurent : 
« Si je t’oublie, Jérusalem, que ma main droite m’oublie ! Que ma langue reste collée à mon palais, si je ne me souviens plus de toi, si je ne place pas Jérusalem au-dessus de toutes mes joies ! »
L’église du saint Sépulcre
ou de la Résurrection pour les orthodoxes (grecs) qui a connu tremblements de terre, incendies et destructions, recouvre le lieu de la crucifixion, le Golgotha, et la pierre de l’onction où le corps du Christ fut déposé après sa mort. En ces temps, le lieu est loin d’être « Covid free » tant la vénération des pèlerins est passée au-delà des gestes barrières.
Elle comprend cinq stations dans le parcours de
la via dolorosa établi au XVII° siècle.
La piscine de Bethesda, utilisée pour laver les moutons avant leur sacrifice au Temple a connu « Jésus guérissant le paralytique » Tiepolo
Dans les années 1920, la ville de Jérusalem (al Quds en arabe) a repris de l’importance face au mouvement sioniste. « La mosquée al-Aqsa » (date du VII° siècle) est construite sur un site ayant plus de 30 000 ans », lieu de l’envol du prophète dans la tradition musulmane.
« Miniature persane du XVIe siècle célébrant l'ascension de Mahomet aux cieux »
Monument majeur de l'art islamique, « Le dôme du Rocher » serait situé à l’endroit du sacrifice d’Isaac par Abraham, carrément à l’emplacement d’un des « centres du monde. 
Les trois religions sont dites abrahamiques, alors il convient de nommer l'Esplanade des Mosquées, Mont du temple ou inversement. 
« J’étais pareil à ce pèlerin qui arrive une minute trop tard à Jérusalem. Son désir, sa foi venaient de mourir : il trouve des pierres. » Saint Exupéry.
Structure en pierre à degrés