Au nom de l’égalité, une fantomatique UNEF refuse, toute
autre solution que le tirage au sort pour accéder à certaines formations
universitaires. Pourtant je n’ai pas entendu
relever l’absurdité de cette position par éditorialistes ou comiques, moralisateurs
patentés portés semble-t-il sur les jeux de hasard.
Le manque de courage deviendrait-il constitutif de
l’institution éducation nationale, aggravant un état de confusion
intellectuelle déjà inquiétant ?
C’est que l’affaire vient de loin, s’il est nécessaire de
rappeler qu’un ingénieur agronome n’a pas plus de valeur, ni moins, qu’un
paysan.
L’égalité a-t-elle oublié qu’elle commençait là, et non dans
l’illusion que tout le monde peut devenir chirurgien ? N’est-ce pas furieusement
de gauche, oh dispensateurs de palmes et de titres, palmarès et étoiles ?
L’accès à des études d’architecte se mérite et tout le monde
ne peut pas devenir plombier ou intermittent du spectacle.
Quand nos enfants ne veulent plus conduire les trains,
transmettre des savoirs ou soigner leur prochain, c’est que la crise de
civilisation est là. Je ne sais plus voir que ça.
Avons-nous construit une société si dure que tout travail
semble mener au « burn out », toute implication à l’école conduisant
à « la phobie scolaire », quand chaque homme est vu comme un cochon ?
Pourtant nous sommes sommés d’être des consommateurs avisés, des papas
irréprochables, des citoyens impliqués, des mâles performants, des
sélectionneurs de foot visionnaires (Ciao la squadra) ; tout en évitant toute
généralisation. Les gendarmes se suicident et les paysans se pendent.
Nos mômes, nous les avons saoulés de mots ouatés,
étouffe-chrétiens : résultat, ils veulent être vendeurs, alors qu’Amazon
les réduit à zoner. Les mots « vocation »,
« transmission », ont disparu sous les sarcasmes et les Diafoirus qui
n’ont que chiffres en tête pour remédier à cette crise sociétale réclament :
des sous ! Des sous ! Pour en faire quoi ? Aller se bronzer sur quelque
plage bondée aux abords des paradis de papier ?
Ceux qui tiennent micros et claviers, dont la progéniture
est dans les bonnes écoles - parce qu’il
y a de bonnes écoles - savent bien que le devenir des jeunes tient plus au
carnet d’adresses des parents qu’à un mérite qu’ils vilipendent ;
l’égoïsme et la mauvaise foi rencontrant la paresse.
Pourquoi interdire à ceux qui veulent travailler la langue,
d’étudier le latin ? Plus précisément : ceux qui ont des parents qui
se font encore entendre. C’est une filière sélective et alors ? Gribouille
avait supprimé le recrutement des profs de « langues mortes », il
sera plus difficile de rebâtir confiance et envie autour d’un domaine que j’ai
cru trop vite combat d’arrière garde.
Si les chambardements politiques de l’heure sont excitants,
les embrouillaminis, les raccourcis, les facilités, les théâtralisations qui
rejouent les brigades internationales, comme par exemple à propos de la Catalogne,
sont navrants. Et que d’hystéries sans lendemains quand voudrait se reproduire une rue Soufflot
essoufflée dès qu’il est question d’enseignement supérieur.
Les débats sur l’école ajoutent l’hypocrisie à des mesures
masquant les problèmes.
Les moyens conséquents à mettre en œuvre ne concernent pas
forcément les salaires mais rien que pour assurer des heures consacrées
sérieusement aux devoirs, il faudrait que les impôts rapportent.
« Que la force me
soit donnée de supporter ce qui ne peut être changé et le courage de changer ce
qui peut l’être mais aussi la sagesse de distinguer l’un de l’autre. »
Marc Aurèle
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Petite annonce : A l’occasion du festival de solidarités du
Grésivaudan, les compagnons d’Emmaüs reçoivent l’association Alpes Himalaya
afin de réaliser un mandala de sable
du mardi 21 novembre à 14h au samedi 25
novembre à 17h. 304 rue Henri Giraud 38420. Le Versoud.
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Les dessins sont parus
dans « Le Monde » et « Marianne ».