dimanche 29 juin 2014

Un oiseau s’est posé. Manset.

17 morceaux en 2 CD pour la vingtième livraison de celui qui « voyage en solitaire » et appelle l’expression  « chanteur- culte » http://blog-de-guy.blogspot.fr/2010/10/manset.html
grâce à sa renommée proportionnelle à sa rareté : pas de concert, pas de photos, mais de solides collaborations et un univers singulier.
Il termine cet album de reprises par où tout avait commencé : « Animal on est mal »
« On a le dos couvert d’écailles
On sent la paille »
Passé le moment d’étonnement de retrouver « Entrez dans le rêve » bien rythmé, je remis la galette dans la bouche à musique, alors que le souvenir des atmosphères planantes me convenait davantage :
« Découper le monde à coup de rasoir
Pour voir au cœur du fruit le noyau noir »
J’ai redécouvert des morceaux troublants, saisissants:
« Mais où sont passées les lumières
Qui nous guidaient ?
Peut-être étions-nous trop fiers
Pour baisser la tête.
Le monde a tourné sans nous,
Sans nous attendre.
Les ténèbres sont partout
Couvertes de cendres. »
Et trouvé le seul inédit  bien dans la lignée des précédents textes mystérieux, prophétiques, mélancoliques :
« Un oiseau s’est posé
Il tenait dans son bec
Comme un papier plié
Un message mais ne savait rien
De l’endroit qui t’a vue partir »
A l’autre bout du monde, le chagrin :
« On est tous pareils, on n'a rien d'autre à faire
Que d'écrire sur un bout d'papier
La vie qu'on mène à l'autre bout d'la terre
Pendant qu'on voit les bombes tomber
Mais, de l'autre côté de le rivière,
T'as des hommes qui mangent des chiens,
Des femmes qu'ont peur de la lumière,
Qu'ont plus de lait dans les seins. »
Comme ici :
« C’est toi qui traînes la valise
Des années que tu y as mises
Le temps sur toi n’a plus de prise »
………..
J’interromps mes publications sur ce blog en juillet août et reprends en septembre.

samedi 28 juin 2014

La boussole. N°1.


Sur le créneau des « mook »(magazine+book) voilà les cathos qui débarquent avec des articles aérés, un dossier de photos d’afghans à belles gueules et l’inévitable bande dessinée à propos de Notre Dame de Paris à la mode Esméralda.
Le dossier principal promettait, puisqu’il concerne « l’autorité » mais comme l’édito, tout cela est un peu fade, les quizz un peu convenus : « 224 pages pour avancer dans la vie » dont les paroles bonnes gagneraient en force avec un brin d’humour et de fantaisie.
Par contre je n’avais jamais entendu parler dans mes journaux habituels d’un établissement scolaire à Montfermeil où les élèves assurent le ménage et la vaisselle, se rassemblent  en fin de journée pour entendre les avis, avec chaque vendredi promenade en forêt. Des points feront bondir quelques pédagogues comme la montée des couleurs, pourtant des  pistes concrètes sont proposées pour sortir du marasme des élèves qui… travaillent, dans cet établissement hors contrat.
Chez les chefs cuisiniers et leurs apprentis la rigueur est  aussi de mise.
Si le reportage au sein de la brigade des mineurs est classique, la progression de parents qui veulent rétablir le lien et des cadres pour leurs ados au cours de groupes de paroles est positive. L’autorité dans le couple est examinée : « quand on aime quelqu’un,  on cherche à l’augmenter » ; mais dans le cas de l’inceste l’autorité peut se fait perverse: le récit est bouleversant quand le conformisme de la famille étouffe toute parole.
Les politiques ne sont pas oubliés : « d’Alexandre Le Grand à Steve Jobs », puis plus précisément les présidents de la V° république :
«  A toutes les époques, sous tous les régimes et sous toutes le latitudes, c’est en fabriquant un grand dessein collectif que nos héros ont construit leur autorité et parfois leur légende. »
Il est question aussi des papes : Jean Paul II « de la cène à la scène » et retour sur le bonhomme Jean XXIII dont le discours d’ouverture du concile fut  écrit « avec la farine de son propre sac ».
L’article sur « l’autorité en état de siège » est plaisant : il est question de trône et de chaire, quand les députés restent sur le banc. De belles photos accompagnent un article sur les bidons-villes à Rio, ou sur les champs de bataille autour de Verdun.

vendredi 27 juin 2014

Quelques contradictions en terrain contracté.

Classique : ceux qui réclament des subventions veulent aussi des baisses d’impôts.
Facile : le ministre chargé de combattre la fraude, a fraudé.
Il ne passe décidément pas, Cahuzac, ce cas qui nous a usés.
La loi : les plus gueulards contre le laxisme de la justice, sont ceux qui respectent le moins les limitations de vitesse.
Mutant : combien en appellent au changement mais surtout ni pour eux, ni leur statut ?
Dans notre vieux continent, les votes à droite se multiplient, alors quelques camarades en appellent… à plus de gauche.
Le premier ministre parle d’une possible « mort de la gauche » pour essayer de convaincre des députés, mais celle-ci est enterrée depuis un moment dans nos terres, sans fleurs. Quelques gémissements : « c’est la faute des autres »
Le Vals martial tranche parmi une foule de résignés, mais en dehors des postures que fait-il pour la ranimer ? S’il a tant besoin de se dire de « gauche » c’est que cela ne va pas de soi.
Non, je ne reviendrai pas sur une de mes antiennes :
« Quand on parle tellement de civisme, c’est qu’il a disparu … »
Si.
Formats : devant nos écrans de télévision bientôt plus grands que les écrans de certaines salles du cinéma la Nef, nous tenons au creux de nos mains des images de plus en plus petites sur nos élégants phones.
Pays natal: «  c’est la maison suspendue. Au loin. Celle que je visite toutes les nuits, et dont je n’arrive pas à éteindre la lumière » Leïla Sebbar.
Papier journal : J’avais conservé le petit bout de citation ci dessus du journal Libération qui met  tant de belles photos sur mauvais papier, et il y a crise du papier, pas que.
Notes : La société est devenue de plus en plus cassante, impitoyable, l’accès à l’emploi de plus en plus difficile, alors revient le débat éternel pour plus de bienveillance à l’égard des élèves en difficulté et que ça passerait par la disparition des notes déjà amorcée : félicitations pour tous, bac pour tous … et tous chômeurs sauf pour ceux qui ont les réseaux.
La France est le meilleur pays formateur… en football (Slate), quant à son école tout court, elle coule.
Pétition : les épreuves de maths étaient trop difficiles d’après des élèves : une exigence de façade en décalage avec la réalité du terrain. Pas de souci : les notes seront réévaluées comme d’habitude. Au brevet une année, il fut demandé de placer les océans sur une carte, alors qu’en CE2 il est question de la femme de Clovis ou de Proudhon en CM2.
La date du bac détermine le début des vacances pour l’éducation nationale avec la complicité de certains parents qui avaient peut être apprécié « le travailler plus», et pensaient  pourtant que la journée des élèves était trop chargée. Ils mettent leurs petits en congé d’autant plus que les locations sont moins chères… après avoir maugréé contre l’absentéisme des profs.  Par ailleurs c’est difficile de trouver un plombier mais « ce n’est pas un métier pour le mien », pas plus que médecin généraliste, prof ou policier : alors footballeur intermittent ?
Suburbain : « On n’y flâne plus, on y affronte un vide intense. La construction y prolifère mais l’habitat disparait. » Philippe Garnier parlant d’un livre de Bruce Bégout (Suburbia)
Urbain : « en concentrant les hommes, la ville exacerbe leurs passions. L’énergie de leur rencontre se double d’un immense désir d’évitement. Ces tensions contradictoires et invivables, d’abord anesthésiées par le spectacle et la marchandise, le sont désormais par la circulation infinie. Entre le vide originel de l’être-ensemble et la domestication absolue, l’immense nappe urbaine déploie ses audaces et ses leurres. » Philippe Garnier.
……………….
Dans le « Canard » de cette semaine :

jeudi 26 juin 2014

Le corps sublimé : de l’amour charnel à l’amour divin.

Serge Legat a introduit la dernière conférence de son cycle devant les amis du musée consacrée au corps, par une photographie, une sculpture, et une fresque.
Dans «  Le baiser de l’hôtel de ville » les couples qui  avaient cru se reconnaitre et avaient demandé à Doisneau de les indemniser, ont été déboutés par la justice : il s’agissait d’une scène posée.

Puissance d’un autre baiser,  celui de Cupidon fait revenir à la vie, la mortelle Psyché, comme Canova les sculpta. Ce mythe antique entre en résonnance avec le cycle de l’âme humaine passant par des épreuves et renaissant de l’enfer grâce à sa dignité : c’est aussi la Belle au bois dormant ou Blanche Neige. 
Giotto humanise les thèmes religieux dans sa représentation de « La rencontre à la porte dorée » de Joachim et Saint Anne, les sentiments apparaissent, et la main dans les cheveux, le rapprochement des visages sont d’une sensualité très moderne.
La peinture devient un instrument du récit et les exemples arrivent à foison, mais foin de toison.
A la suite de Zeus alias Jupiter, en personne,  nous pouvons embrasser la variété des formes amoureuses avec Le Corrège qui peint le Dieu amoureux impénitent, en nuage enserrant Io la belle fille de sa papatte, ou en aigle enlevant Ganymède, beau garçon.
Avec François Lemoine avant son élève François Boucher, Omphale domine Hercule un (bel) esclave qu’elle vient d’acheter, elle le tient par les épaules et lui avec sa quenouille la regarde d’un air amouraché, elle a revêtu la dépouille du lion de Némée qu’il avait jadis vaincu : les stéréotypes sont inversés. La mythologie servit souvent de prétexte pour représenter par ailleurs quelques baisers goulus.
Plus allégorique est « La leçon de musique » de Vermeer où le jeune homme va jouer de la basse de viole pour accompagner celle qui est en face du virginal, autre nom du clavecin.
« La fiancée juive » de Rembrandt réunit les amants au moment d’une naissance annoncée, leurs mains se croisent magnifiquement, leurs regards sont perdus. Dans « La parabole du fils prodigue », l’autoportrait de Rembrandt est plein d’allégresse quand il se trouve en compagnie de son premier amour qui mourra jeune. La deuxième qu’il aima, au bain ou à sa fenêtre, exprime la force de l’amour qu’il lui porta.
Et une et deux : la première épouse de Rubens surprise dans sa lecture est  parfumée de délicatesse. Après la disparition de l’aimée qui le désola, il fut pris d’une passion torride et multiplia les portraits de la jeune Hélène, animale sous sa « Pelisse », à voir à Vienne.
Renoir peignit des amis qui s’aimaient : les Sisley, et dans « Le déjeuner des canotiers » son amante figure avec son petit chien ; dans la danse à Bougival, c’est Suzanne Valadon qui servit de modèle.
Pour ce qui est de la peinture de l’être aimé, Picasso était incontournable. Depuis sa première muse Fernande Olivier qui le rassura, puis Eva Gruel qui comprit sa modernité, à sa première femme Olga danseuse des ballets russes, il passa ainsi du modèle, à l’amour caché, à l’épouse. Puis Marie Thérèse Walter rêveuse, « La femme qui dort », sensuelle, précéda l’intellectuelle Dora Maar aux ongles rouges, « La femme qui pleure ». Françoise Gillot le quitta après lui avoir donné deux enfants, et il épousa Jacqueline.
Toulouse Lautrec donnait rendez-vous au bordel à tous les journalistes bien pensants et ce familier des prostituées a pu saisir « Au lit » des couples de lesbiennes : « les deux amies » « L’abandon » avec tendresse.
Du côté de Vienne, Klimt inspiré par les mosaïques byzantines fait émerger un baiser sur fond doré au milieu de formes géométriques, Schille coupe les corps mais rend leur chaleur. Son « Cardinal et sa nonne »  se serrant bien forts, sont provocateurs et invitent à une transition évidente vers l’amour sacré.
Le refus du contact, de la part du Christ qui vient de ressusciter, à l’égard de Marie Madeleine dans le « Noli me tangere » de Fra Angelico est chargé d’émotion, et la nativité de Giotto à Assise chez  Saint François qui institua « la crèche », met en lumière l’amour maternel. Les bergers respectent l’enfant d’où vient la lumière chez Georges De La tour ou Le Tintoret. 
La vierge de Botticelli  serre contre elle un vrai bébé et celui du Caravage lors de la fuite en Egypte est lové dans les bras, tendrement. L’attachement maternel chez madame Vigée Lebrun annonce nos enfants chéris.  
Cette étourdissante suite de chefs d’œuvre, se conclut bien sûr avec « La transverbération de sainte Thérèse » du Bernin  qui sous ses ors, ses marbres et ses dorures parle de l’amour divin dans lequel on peut voir des extases bien charnelles, comme le disait le libertin De Brosses: « si c’est ici de l’amour divin, je le connais ».
« La nativité » de Georges De la tour, intitulée « Le nouveau né » va-t-elle vers plus d’universalité ? Ses  magnifiques Marie Madeleine éclairées par de moins en moins de chandelle ont traversé les siècles, renonçant aux bijoux, aux miroirs, la beauté s’efface devant l’éternité.
Quand la servante de Vermeer apporte une lettre à sa maitresse annonce-t-elle le bonheur ou la rupture ? Mais on ne badine pas avec l’amour :« Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n'est qu'un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c'est l'union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. » Musset

mercredi 25 juin 2014

Turin en trois jours. # J 2.

Dans la ville de la Fiat, nous ne sommes pas allés sur le site industriel de Mirafiori mais au Lingotto, usine reconvertie en centre de congrès, bureaux, centre commercial surmonté par la Bolla de Renzo Piano, structure de verre qui caractérise désormais l’ensemble gigantesque.

Au cinquième étage la piste d’essai de 900 m recevait les voitures à l’issue de leur fabrication.
Dans ces lieux, La Pinacothèque de la fondation Agnelli, « la boite à bijoux », vaut le détour avec ses Canaletto et Belloto d’une précision, d’une taille et d’une lumière qui ne peuvent être rendues par les reproductions, deux statues de Canova et quelques œuvres de peintres majeurs: Manet, Matisse, Renoir, Picasso…
A la sortie un tour chez Eataly  s’impose surtout aux alentours de midi. A l’emplacement de l’ancienne fabrique de vermouth Carpano, cette grande surface consacrée à la gastronomie italienne allie les charmes des marchés traditionnels au confort et à l’élégance des dispositifs contemporains en mettant en pratique la philosophie du « slow food » ( « qui va piano va sano ») : huit petits restaurants thématiques, deux cafés, un stand de gelati, des bières et des vins. Dans les caves mûrissent des jambons et des fromages.
Quoi de mieux après une pizza que d’aller au musée du cinéma installé dans la Mole Antonelliana, symbole de la ville avec ses 165 m de haut ?
Depuis la terrasse étroite du sommet nous avons une belle vue sur la ville et ses montagnes à l’arrière plan, après une montée express par l’ascenseur de verre. Au premier niveau des lanternes magiques, théâtre d’ombres et autres chambres noires qui furent l’archéologie du cinéma. Des espaces au second niveau détaillent les genres : fantastique, western, comédies musicales … au troisième les étapes de la fabrication : story board et costumes. Une bonne révision de nos émotions en salles obscures avec d’innombrables affiches au quatrième. Dans l’escalier hélicoïdal des photographies de stars à oscars étaient exposées temporairement.
Sous la vaste nef, allongés  sur des chaises longues confortables nous pouvons nous laisser bercer par les images, nous avons vu un manuscrit de Fellini  et son écharpe et l’ombre de Marilyn…
Pour parachever la journée, la trattoria Carmen est tout à fait recommandable, commander à l’avance

mardi 24 juin 2014

Literary Life. Posy Simmonds.

Scènes de la vie littéraire, sur 100 pages, depuis l’auteur plutôt vieux, forcément gonflé de son importance jusqu’au non lecteur plutôt jeune. Mais au delà nous traversons notre époque nostalgique et insatiable bien que ces chroniques aient été livrées il y a près d’une dizaine d’années pour le « Gardian Review ».
L’humour est anglais, fin, surprenant, la dessinatrice qui a réalisé les romans graphiques Gemma Bovery et Tamara Drewe  porté à l’écran http://blog-de-guy.blogspot.fr/2010/12/tamara-drewe-stephen-frears.html est à la hauteur de sa réputation.
Le milieu de l’édition est gentiment croqué : éditeurs peu intègres, critiques impitoyables, attachés de presse ambitieux. 
Les formes varient : un seul dessin peut suffire parfois, alors que des parodies avec un docteur et sa charmante assistante qui soignent les écrivains tourmentés, essayent de les guérir des clichés, ou bien un agent littéraire aux allures d’agent secret très spécial règle les affaires habilement. Jalousies, écrits anciens exhumés, dédicaces, Jane Austen ne souhaiterait pas revenir avec les animateurs d’aujourd’hui …
« Jusqu’où diriez-vous que votre écriture est un substitut au sexe ? »
L’évolution de la littérature jeunesse est bien vue.
« Le lapin et le sage hibou restèrent assis sombrement près du feu, déplorant la perte de l’innocence chez les jeunes leur avidité et leur manque de respect… Et dans leur chambre, les jeunes lapins s’installèrent pour jouer à Roadkill. »
A travers la vie d’une librairie indépendante nous sourions de la distance entre rêves et réalité, comme lors des moments d’écriture quand au bord de la piscine dans son fauteuil un auteur inscrit sur son ordinateur : « les bourrasques estompaient les chars en flammes, recouvrant les mourants et les morts dans leur tenues souillées de sang congelé… »

lundi 23 juin 2014

Bird people. Pascale Ferrand.

Suivre les pas d’une femme de ménage dans un grand hôtel ne mène pas fatalement où l’on pense. Nous sommes conviés sur des hauteurs poétiques cocasses et naïves au rythme d’un moineau rarement personnage central de film.
Par ailleurs dans ce Hilton à Roissy, un ingénieur américain est en instance de rupture avec sa vie antérieure, gérant par Skype sa séparation avec sa femme et  s’arrangeant par téléphone avec ses collaborateurs, tout en asséchant le mini bar de sa chambre et en fumant force cigarettes.
Film au point de vue original portant sur des enjeux nous concernant intimement mais qui peut en laisser quelques uns au bord de la piste.