dimanche 12 septembre 2010

La soupe au pistou.

Par piston, voici la recette recueillie auprès de la marchande de légumes de Laragne en 1989, et tellement rééditée depuis, qu’elle appartient désormais à notre patrimoine amical.
Faire revenir deux blancs de poireaux, un oignon dans l’huile d’olive, ajouter 4 à 5 tomates pelées.
Ajouter 500 g de haricots en grains (cosse jaune), 500 g en habit rouge et blanc, 500 g de haricots verts plats coupés en morceaux. Ajouter bouquet garni, poivre, couvrir d’eau. Après trois quarts d’heure ajouter quatre courgettes, un pomme de terre, une gousse d’ail émincée, saler, cuire encore trois quarts d’heure. Ajouter des tiges de basilic attachées et deux poignées de pâtes au dernier moment.
Pour le pistou (l’autre nom du basilic) six gousses d’ail, quatre tomates pelées( pas indispensables finalement cela affadit la préparation à mon avis) et les feuilles d’un bouquet de basilic, à servir à part avec éventuellement du parmesan.
Voilà une bonne quantité, de quoi se resservir des morceaux d’été sortis du congélateur en des temps plus brumeux.

samedi 11 septembre 2010

« Renouveau »

Précédé par « Les états généraux «, le mot figurait sur les bannières derrière les tribunes du forum de Libé en juin. A Alpexpo, de grands intellectuels : Morin, Viveret…, des politiques respectables : Rocard, Filoche…, des think tanks ayant pignon sur l’opinion : Terra Nova, fondation J. Jaurès…, des associations prestigieuses : Emmaüs, Ni pute ni soumise… s’entretenaient à proximité du quartier de la Villeneuve … à portée de fusil.
Le mot « fracture sociale » s’est inventé dans les colloques, la réalité insiste chaque jour.
Deux mondes : « Les maux de l’incompréhension ».
Quand sur fond de finitude écologique, d’aggravation des inégalités, la dictature de l’émotion s’incruste, comment respirer, espérer ?
Les thèmes évoqués à Grenoble furent ceux de la campagne de notre compagne du Poitou Charente disparue des écrans : la démocratie participative, la fraternité, les collectivités territoriales, avec un tantinet de « care » puisqu’il fut question de bienveillance, de courtoisie.
Des bons mots : « le socialisme à visage urbain », « les étrangers qui ont quitté un pays de soleil pour un pays de lumière » nous conviennent, mais avec un président qui n’est même plus le garant de la constitution avec ses sbires au dessus des lois, ça n’arrange pas l’espérance démocratique; même si la dénonciation est bien un versant de l’énonciation.
L’innocence est perdue, le progrès vécu comme une menace. Et dans les cellules solitaires, la vulnérabilité psychologique galope avec l’économique.
« La renaissance » était venue après une ère religieuse, hiérarchisée, révérente des pouvoirs, elle nous a ouvert à la perspective. Nous ne sommes pas en ces temps. Le monde est tellement complexe que même la souveraineté populaire est mise en question car bien des suffrages portent sur les apparences. Et l’urgence est brouillée avec les processus démocratiques.
J’ai trouvé juste la sentence :
« Avec la mondialisation, les riches des pays pauvres deviennent plus riches et les pauvres des pays riches deviennent plus pauvres ».
Mais pour habiller une conclusion, ce proverbe zoulou pourrait bien dire une volonté désespérée de persister :
« Si tu avances, t’es mort,
Si tu marches, t’es mort,
Si tu t’arrêtes, t’es mort,
Alors avance !»


Ci-dessous cliquez sur la chronique de François Morel d'hier, toujours excellent.

vendredi 10 septembre 2010

La violente espérance de Stéphane Hessel.

Agnès B. est à l’origine avec Boltanski de l’initiative de la publication de 100 000 exemplaires d’un huit pages d’un format ambitieux, investi par un artiste, ici Pascal Lemaître, diffusé à raison de six à huit numéros par an dans ses boutiques mais aussi dans des musées, des librairies …
Ce cinquantième numéro est consacré au diplomate Stéphane Hessel, qui est le fils de celle qui inspira le livre de Henri Pierre Roché « Jules et Jim », il fut le rédacteur de la déclaration universelle des droits de l’homme et reste un infatigable propagandiste de la cause humaniste un penseur toujours fécond, militant mais tellement libre.
Quelques articles de la déclaration sont rappelés sous le dessin d’un mur immense qui emprisonne le peuple palestinien :
« Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un état »
Apollinaire est souvent cité, c’est que le résistant de toujours est un fin connaisseur et se nourrit des poètes :
« Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait »

jeudi 9 septembre 2010

Gasiorowski au carré d’art à Nîmes.

Je n’avais jamais entendu parler de ce peintre, ainsi j‘ai eu le plaisir d’une découverte d’autant plus que le titre de l’exposition « recommencer, commencer de nouveau la peinture » avait tout pour appâter, dans ces temps où il est banal de constater la quasi disparition de la pratique du pinceau dans les propositions d’art contemporain. Le parcours de l’exposition qui lui est consacrée n’est pas jonché de coquelicots, les paradoxes ne manquent pas, ni les provocations : en fin de visite, des galettes d’excréments (les tourtes) sont disposées, parait-il en hommage aux pommes de Cézanne, avec des peintures issues d’un jus de la même matière. Cependant, la variété des approches, l’intensité de sa verve qualifiant de croûtes ses propres toiles, des cartes postales repeintes, des maquettes inondées de peinture pour déclarer la guerre à la peinture, des productions d’une fausse académie, ses identités variables, témoignent aussi de son amour de cet art comme de celui de la photographie. Passé du pop art avec de belles toiles en noir et blanc à la marque ténue d’un vol d’oiseau sur une feuille blanche, sur ses toiles gigantesques la peinture danse, la réalité se déchire. Régressions, répétitions, hommage à la terre des paysans avec humour et recherche de régénération. Il a désiré s’inscrire dans l’histoire qui va de Lascaux à Degas et cet accrochage qui retrace l’œuvre d’une vie abrégée en 86, nous intéresse.

mercredi 8 septembre 2010

New York J1. Sur un tapis roulant.

Le comptoir d’Iberia à Genève n’ouvre qu’à 9h 30, nous sommes quasiment les premiers à accéder au guichet. Heureusement, car la charmante jeune fille qui vérifie nos papiers découvre des erreurs dans nos formulaires ESTA (genre est ce qu’on a l’intention de commettre un attentat ?), remplis auparavant sur internet. Il nous faut les refaire d’urgence dans un café internet, après avoir changé quelques euros en francs suisses. Nous avions auparavant dû nous acquitter de 30€ pour la vignette des autoroutes suisses, alors qu’à plusieurs reprises sur la courte portion de la frontière à l’aéroport, on ne m’avait rien demandé. Munis de formulaires adéquats, nous retrouvons le guichet d’embarquement et nous avons juste le temps de piétiner devant les contrôles de sécurité, de traverser le long couloir interminable bordé de gates d’embarquement. Les trois heures prévues pour l’enregistrement ont été comblées avec une activité que nous n’avions pas envisagée.
Premier vol Genève-Madrid de 1h 40, nous nous dispensons du service de restauration facultatif et plutôt cher. Nous sortons dans un magnifique aéroport à la toiture originale, colorée différemment selon les secteurs. Comme nous possédons déjà la carte d’embarquement du vol pour N.Y., il nous suffit de suivre les indications pour aller vers la porte prévue à 25 minutes de là. Nous circulons à travers des magasins nombreux et chicos, descendons par des escalators et finissons par un métro sans pilote qui nous transporte à destination. Il fallait effectivement tout ce temps. Embarquement sans histoire à 16h 20 pour un décollage à l’heure : 17h.
Nous atterrissons à 23h40, heure de Madrid, 18h 40 heure de New York. Jamais nous n’avons effectué des formalités de douane aussi vite : répartis face aux bureaux vitrés, nous nous présentons à un guichet normalement pour résidents, « Citizen US ». Nous collons nos mains sur une machine à la lumière verdâtre, et nous voilà sur le nouveau continent. Le douanier fait l’effort de s’exprimer en français. Nous récupérons immédiatement nos bagages sur le tapis roulant. Pas de problème pour se rendre à la station de taxis bien indiquée à la sortie de l’aéroport loin d’être clinquant, contrastant avec la modernité de celui de Madrid. La ligne bien rangée des grandes voitures jaunes typiques attend tranquillement que des employés dirigent le client, après avoir demandé le nombre de personnes et nous avoir munis d’un papier informatif (notamment sur les tarifs. Pour nous, ce ne sera pas un chauffeur édenté à casquette mais un Sikh enturbanné et barbu. Il parcourt la ville en téléphonant, avec de accélérations brusques (boîte automatique) tandis qu’à l’arrière nous pouvons suivre l’itinéraire sur un petit écran. Nous remarquons les terrains de sport grillagés et nos premiers immeubles avec les escaliers de secours en façade. Ce n’est pas l’opulence. Notre chauffeur nous dépose dans Dean Street à Brooklyn pour la somme de 29 dollars. C’est un quartier noir et sa rangée de maisons à deux étages rappelle Londres. On parvient à chaque logement par un portillon donnant sur une cour minuscule et un escalier accédant à la première porte d’entrée. Nous montons les marches de la maison jusqu’à la première porte, tapons le code indiqué par les amis qui nous ont précédé, passons la deuxième porte, retapons le code, face à la troisième porte nous réitérons l’opération et nous nous trouvons dans la chambre de ceux qui nous ont préparé ce voyage, tout surpris de nous voir débarquer si tôt. Nous sommes arrivés ici, comme sur des roulettes, eux sont enchantés.
On se croirait dans une maison mitoyenne des années 20/30, avec beaucoup de bois; à côté une cuisine, une petite salle de bains complète le logement. Nous papotons en attendant le logeur qui doit nous livrer la chambre. Il arrive vers 20h 30 et nous guide un peu plus loin à l’adresse de son cabinet dentaire. Notre appartement coquet et cossu est décoré dans le style années 20, avec lustres, table hexagonale à tiroirs, paravent presque chinois, miroir et motifs floraux sur les vitraux. Nous réglons la chambre pour les deux jours plus une caution (400 dollars) et nous sommes contents de nous coucher : il n’est pas loin de quatre heures en France.

mardi 7 septembre 2010

Citations de groupe dans un gite en Savoie.

Sur un set de table personnalisé : « entendu à la Chiserette et nulle part ailleurs » à Champagny-le-haut(Savoie).
Mots d’enfants :
« Quand il bruine c’est de l’eau en poudre. »
« Le cimetière, c’est là où les morts vivent. »
« Pourquoi en montagne, il fait froid alors qu’on est plus près du soleil ? »
« Les vaches de Léon ont été bien traitées ce soir. »
« Un caillou qui bouge, c’est une marmotte. »
« Le nuage, c’est la maison des gouttes d’eau »

Les grands :
« La paresse est un vice couché. »
« Bienheureux les fêlés car ils laissent passer la lumière. »
« Quand il est trop tard pour partir tôt, rien ne sert de s’acharner. »
« La montagne, valeur refuge. »
« Une erreur peut être vraie ou fausse selon que celui qui la commise s’est trompé ou pas. »
« Heureux ceux qui ne savent rien d’eux-mêmes car ils n’ont pas fini de s’amuser. »
« On doit appeler un chat un chat sauf si c’est un chien. »
« On a pris de l’avance sur notre retard ! »
« Vos paroles vous habillent et vous mettent à nu. »
« L’infini, ce n’est pas une adresse, c’est là où nous sommes. »

lundi 6 septembre 2010

Un poison violent. Katell Quillévéré.

C’est l’amour. De la petite fille pour le grand père, du grand père pour « l’endroit d’où il vient », de la mère Lio pour son confesseur, du prêtre pour Dieu et l’une de ses créatures, et de la fille à la mère et réciproquement, avec le manque du père. Un traitement léger et juste lors d’un repas de famille, des émois adolescents, des remords à tous âges. Les grands mots de la religion passent au dessus de têtes contemporaines surtout quand l’évêque rapporte les paroles de saint Paul fustigeant la chair qui éloigne de l’esprit. Les corps se dénudent tout en allégresse et l’esprit aussi souffle chez cette jeunesse qui s’ouvre à la vie, avec le vieux Galabru qui n’est pas en reste.