vendredi 13 mars 2009

XXI Hiver

Même quand le trimestriel XXI traite de « la France du milieu », nous voyageons en profondeur et empathie, par la grâce de l’écriture et l’originalité des angles choisis pas les rédacteurs.
Aussi bien dans la recherche des successeurs de la mère Denis, à l’occasion de la disparition d’une femme à Toulouse, ou lors du scandale d’une clinique de chirurgie esthétique de Marseille. Et Jourde qui raconte son retour sous les pierres dans le village du Cantal qu’il avait décrit dans « pays perdu ». Une B.D est consacrée aux quatre saisons dans les Landes d’un agriculteur : « Dans les années 80, on disait aux paysans de se faire exploitants. Aujourd’hui on leur dit de redevenir paysans. Le monde agricole est en décalage avec une société plus en plus urbaine qui fait mine de redécouvrir l’agriculture »
Il y a des pages plus brèves, mais percutantes sur la crise financière : « l’endettement immobilier des ménages américains est de 62% dans la décennie 1990/2000 et de 1012% entre 2000 et 2007. » « Un jour il faudra rembourser la dette publique. La France dont la dette est de 1800 milliards d’Euros mobilise actuellement 390 milliards pour sauver ses banques… »
Le portrait d’un financier qui va vivre sa nouvelle vie de moine en HLM dans les quartiers Nord de Marseille est passionnant, et les photographies d’une vallée dangereuse d’Afghanistan pas plus sauvages que ces pages décrivant un coin perdu d’Arizona, ni plus inquiétantes qu’un « meilleur des mondes » dans une commune modèle en Chine. « Ma vie ne fut-elle qu’un rêve ? » se demande celui qui doit liquider l’hôtel Russia en démolition sur la place rouge. Je ne connaissais pas Guidamac, le « seigneur de la guerre français », ce serait un personnage romanesque s’il n’avait fait commerce d’armes en Angola. Le portrait de Gérard Noriel concepteur du musée de l’immigration met en lumière le conservatisme du milieu universitaire mais sa fidélité à son origine ouvrière nous rassure : le monde n’est pas peuplé que de malfaisants

jeudi 12 mars 2009

Benjamin Carbonne

A la galerie 9 rue de Génissieux dans un quartier qui prend un petit air branché, à côté du cinéma Le Club, un peintre aux portraits marquants.
C’était la fin de son exposition et une des salles était occupée par un stage de sculptures qui semblaient prometteuses. Nous avons pu cependant apprécier des portraits noirs et blancs, gris, tourmentés qui font penser inévitablement à Bacon. De l’énergie, du tragique, une force qui avait parfaitement convenu à une performance qu’il avait réalisée avec un autre Carbonne pour qu’on se souvienne de ce qui s’était passé au camp de Rivesaltes (entre 1938 et 1970 des réfugiés espagnols sont passés, puis des Harkis et leur famille y ont été regroupés).
La photo d’illustration c’est juste pour le côté sombre, le travail du montpelliérain est expressif, tourmenté.

mercredi 11 mars 2009

Livres pour enfants. Faire classe # 24

Certes le marché aux livres regorge de produits à la recherche d’un créneau, leur style court après la dernière mode et se démode ainsi « hyper »vite : ces clips de papier ne mènent nulle part. Sûrement pas à la littérature, celle qui nous élève au-dessus de notre ombre, de nos soucis immédiats, qui nous donne les clefs pour comprendre le monde, enchanter nos jours. (Bis)
Heureusement il est de belles réussites sensibles, attractives, où l’auteur ne prête pas systématiquement aux enfants ses « à priori » d’adultes.
Voici quelques romans appréciés au hasard de mes devoirs de vacances proposés par mes bibliothécaires. Oui, des romans ; j’ai choisi ce camp des littéraires censé apporter la nuance, la complexité, la contradiction dans un univers hygiéniste, technique, tellement sûr de lui.
Andrevon Jean Pierre : La dernière pluie
Cet ouvrage de science fiction doit son titre à la pluie continuelle causée par la pollution. Pour survivre, les hommes construisent une arche confortable: grand mythe remis dans le quotidien avec simplicité. La catastrophe change du train-train. Le message écologique n’est pas asséné et le livre incite à la réflexion même si l’auteur Grenoblois que nous avions rencontré s’était montré bien peu aimable avec ses lecteurs.
Ahlberg Janet et Allan : L’ours que personne n’aimait
Dans une atmosphère début de vingtième siècle, avec lessive à la main, guerre, classes sociales bien différenciées, un ours en peluche a besoin de réparations. Le lecteur peut se consoler des incidents de la vie. Ne pas être trop arrogant, unique et solitaire peut adoucir la vie.
Burgess Melvin : Billy Eliott
Nous trouvons une fois de plus le livre meilleur que son adaptation au cinéma déjà fort honorable, puisque nous partageons les états d’âme des protagonistes de l’histoire, tour à tour narrateurs et acteurs. Nous vivons l’histoire de l’intérieur et non comme une suite de péripéties. Livre chaleureux, sans candeur : de la légèreté, de la tendresse entre deux coups de poing dans la gueule. C’est la lutte des classes.
Cendrars Blaise : L’or
Livre des commencements. Des pionniers naïfs croient à une terre d’abondance. Ils auront rêvé. Le western appartient à un genre un peu épuisé, les enfants s’ intéresseront-ils à un monde qui se construisait en Californie ? La ruine débarque quand la fortune semble atteinte. Brutalité et civilisation.
Dahl Roal : Charlie et la chocolaterie
Ce scénario jubilatoire d’un auteur incontournable, débride les imaginations par des situations, des personnages vite croqués. Personne n’en ressort idéalisé, le délire sucré attend à chaque page : c’est pour du rire, pour du plaisir.
Fine Anne : Comment écrire comme un cochon
L’ambiance de classe éloignée du quotidien français déstabilise au départ quand les sarcasmes pleuvent dru. Mais finalement ce livre très moral, original, rythmé, fin, épicé, accède à une démarche pédagogique à l’opposé de toute mièvrerie, salutaire pour des enfants peu à l’aise dans l’école.
Houston James : Akavak
Récit élémentaire, au contenu essentiel. Ce roman d’apprentissage nous initie à la vie d’un jeune et son grand-père dans le grand Nord. La rencontre avec le printemps se gagne après des épreuves extrêmes ; des bricolages infimes assurent une survie toujours remise en cause. Profondeur sans chichi, hors des modes pour tous les âges avec le respect du lecteur.
Morgesten Sylvie : La sixième
L’originalité de cet ouvrage plein de fraîcheur tient au personnage principal bon élève dans une famille unie. Les relations sont subtiles, les profs pas tous ridicules et bornés. Son angélisme mis à mal, Margot partage ses impressions avec sa sœur et sa grand-mère.
Mourlevat Jean Claude La balafre.
L’auteur trouve le ton juste pour parler de ses doutes, de son environnement : rien de schématique. Une solitude irréductible s’installe, des personnages sympathiques se devinent au-delà de leurs apparences. Dans une réalité banale du fantastique s’installe.
Pennac Daniel : Cabot caboche
Les élèves n’ont pas manifesté d’emballement pour l’écrivain F.N.A.C alors que je pensais qu’une vie vue par un chien pouvait créer une connivence avec ce héros à poil qu’on aimerait recueillir, à partir de cadrages différents sur les adultes, …
Petit Xavier Laurent : Le monde d’en haut
La science fiction, ici adaptée aux enfants, amène à la réflexion sur notre façon de vivre. Bien écrit, le simplisme de certains archétypes modelés par une certaine culture américaine s’efface dans une conclusion qui n’est pas close, laissant la place au doute et à la possibilité d’évolution des personnages.
Quesemand Anne : La mort marraine
Dans ce conte, la mort, sans masque grandiloquent devient un personnage familier. Donne à réfléchir, à s’amuser, à consoler aussi : « l’appétit vient en mangeant, la mort en vivant »
Rodari Gianni : La tarte volante.
Ce bon vieux Gianni nous amuse et diffuse un message d’humanité sans lourdeur. Son écriture foisonnante dépeint des personnages cocasses, des situations loufoques. On en redemande sans risque d’indigestion.
Marilyn Sachs : Les retrouvailles
Deux sœurs se retrouvent au cours d’un repas et ne se reconnaissent plus : unité de lieu et de temps pour une pièce dramatique qui risquait d’être austère, et pourtant les sentiments sont vibrants. Des sujets forts traités subtilement, avec la fraîcheur, la sincérité de l’enfance: la jalousie, la différence de classe sociale, la fragilité, la mémoire, la réussite, grandir…
Marilyn Sachs : La maison en danger, La maison retrouvée, Du soleil sur la joue
Un vrai auteur plein d’humanité. La littérature enfantine atteint ici son sommet par la finesse de l’observation, le ton permet à la détresse de se dire sans en faire trop. L’abandon de l’enfance déchirant et passionnant s’accompagne de la compréhension des autres. Au bout de l’exigence naît notre plaisir.
Tillage Léon Walter : Léon
Un témoignage d’une force formidable sur la barbarie, nous transporte, sans pathos, au sud des Etats Unis.
D’autres auteurs permettent de stimuler l’écriture : Delerm (C’est bien, Surtout ne rien faire), Saint Exupéry (Le Petit Prince), Tournier (Pierrot ou les secrets de la nuit, Vendredi ou la vie sauvage), Rodari (Histoires à la courte paille). Des personnages tels que Poil de carotte, le petit Nicolas, Renart, Robinson, Robin des bois « devront dire quelque chose» aux enfants. Les « Contes de la rue de Broca » de Gripari recèlent encore des charmes comme « Le prince de mot tordu » de Pef réservé aux plus petits.
Et Titeuf.
Pour finir l’année « l’idée du siècle » de Pennac connaît toujours un vif succès quand le passage en sixième pointe à l’horizon.

mardi 10 mars 2009

Tu connais Sophie Marceau ?

« …Marcher dans le désert (…) Marcher dans les pierres (…)
Dormir dehors
Il faut un minimum
Une bible un cœur d’homme
Un petit gobelet d’aluminium… »

Alain Souchon
Le chameau* porteur du gaz, des pommes, de la quincaillerie, de quelques sacs privés s’est échappé à l’insu des trois chameliers mauritaniens qui devisent tout en tirant sur leur mini trompette de pipe. Trois silhouettes maigres, tuniques grises, ceintures de virilité, chèches noirs.
Votre servante juchée sur un des deux bestiaux restants (elle s’est fait une entorse avant de quitter la France : acte manqué, discours réussi !) alerte Mohammed, chef parce qu’il est grand, de stature et de gueule, fils d’un notable de Chinguetti, chef parce qu’il a trois épouses et toute la suite féconde qui va avec, parce qu’il parle français et triche à la belotte.
Petit Sidi, fait demi tour, vole comme un ange sur l’enfer du reg ! A mon avis on mangera froid ce soir et les deux quadras femelles du groupe qui suit pédestrement à quelques kilomètres se passeront de lingettes.
Je m’en fiche des bagages ! J’ai mal au derche sur ce foutu chameau qui navigue en galère : roulis et tangages m’envoient glisser à droite, à gauche et puis en avant et en arrière. Si seulement j’étais obèse, ça me calerait et je verrais le paysage ! Bof ! Y a pas de paysage.
Mohammed et Grand Sidi allument une pipe. Ils attendent, adossés à leurs chameaux tandis que je m’interroge sur la trousse à pharmacie. Aura-t-elle le baume salvateur ?
Grand Sidi, proprio de ma monture, me fait l’offrande d’une espèce de machin truc transparent qu’il a prélevé sur un épineux : « mâche, bon, Maritreize... »
- Gomme arabique, commente Mohammed.
Et zou dans le bec, ce cadeau du désert ! Maintenant, ma vieille, ton bec tu risques de ne plus l’ouvrir avant que ta langue ne finisse par user cette saloperie de plastique naturel qui te soude les mâchoires.
Mohammed a disparu le temps de trente coups de langue.
Il réapparaît tenant précautionneusement une jatte en bois.
- Tu en veux qu’il me dit, c’est du lait de chamelle. Tout frais, du campement là-bas.
- Méyapcamp ! Deux coups de langue.
Je refuse de la tête en me tapant sur l’estomac.
Mohammed avale ce lait bleu, si tentant… Mais les bactéries, hein !
Sa bête lape le fond du bol en battant de ses lourdes paupières décorées de cils en chiendent.
Mohammed est un chic type puisqu’il aime sa chamelle.
- Tu connais Sophie Marceau ?
- Fofaro ?
Trois coups de langues, toujours aussi tenace, cette saloperie !
- Quatre Toyota. Cinquante chameaux.
- … ?
- Si j’avais eu tout ça, je l’achetais Sophie Marceau. C’est la plus belle femme du monde.
- Auchiné ? Les coups de langues, les coups de gourde et les jets de salive commencent à faire les efficaces.
- Au cinéma ? Non non, en vrai. Je l’ai vue comme je te vois ! rétorque le polyglotte.
- Téailléenfranche ?
Courage, ça se décolle.
- Ben je voudrais bien mais non j’y suis pas allé en France. J’ai joué dans le film.
- Kéflim ?
- Tu te rappelles pas ? La Passe d’Amogjar. On a vu le fortin de « Fort Saganne » depuis la Passe. Juste avant Ouadane…
- Cha me reffient.
Que oui, ça me revient. Ce petit fort perdu dans le rien. Ce décors de film en dur religieusement préservé par les Mauritaniens. On entendait encore le violoncelle d’ Hyppolite Girardot sur le toit du fortin … Ah ! Depardieu et peuchère la pulpeuse Sophie, ces amours ensablées !
- Ainchi t’aféaKchteur ?
- Tous les rôles j’ai joués ! A cheval, à chameau, à fusil derrière les dunes, à couteau derrière les murettes ! Je suis derrière Depardieu quand il scie la jambe de son copain.
- … !!!
- Corneau m’a engagé pour les repérages. On a tout fait à cheval. Il est revenu plusieurs fois après le film. On a fait des virées autour de l’Adrar… Fou du désert ce type. Je me demande ce qu’il lui trouve au désert.
- Moi auchi !
Il rêvasse en se bourrant la pipette. Il a grandi de dix centimètres.
- Sophie Marceau, c’est bien la plus belle du monde !
Petit Sidi a rattrapé son chameau volage, attiré par quelque chamelle en chaleur. On mangera chaud la biquette morte qui pendouille au flanc du déserteur.
Au pique-nique, tout le monde se retrouve : les quatre sexas, les quatre quadras, dont deux filles et deux gars toujours affamés (dis, il te resterait pas une boîte de thon dans ton barda ?). Les sexas ont ce genre de ressource, ils le savent.
Pendant que les chameliers, guide et cuisinier s’éparpillent dans le rien rugueux pour prier, je raconte l’affaire Sophie Marceau.
- Nous, on doit valoir une chèvre, s’exclame Adèle, approuvée par les autres sexas. Elles rigolent en faisant encore baisser les enchères.
Sieste sous ce vent sournois qui vous recouvre vite fait d’un suaire de quartz.
- Je veux un autre chameau. La Er râhla* de celui-là avec sa peau de bique m’a écorché les fesses.
Grand Sidi défend son taxi et sa monumentale Er râhla. Je ne lâche pas le morceau.
- Si vous ne me donnez pas une autre monture, je pars à pied. Vous aurez ma mort sur la conscience !
- C’est parce que tu ne sais pas monter, persifle Adèle, approuvée par ces chiennes de sexas ! Tiens, j’ai envie de voir les choses (y en a pas, que je me réflexionne) de haut moi aussi. Je vais le monter ton chameau.
Cinq heures plus tard, sous les palmiers dattiers, oasis de carte postale, nous sommes comme des sardines sous l’abri de branchages qui sert aux habitants des villes ( ?) au moment de la récolte des dattes.
Dehors, clair de lune efficace puisque c’est à sa lueur qu’une sexa me badigeonne à la Néosine la zone martyrisée depuis trois jours et la toute fraîchement écorchée d’Adèle.
Vieille carne, et bien fait pour toi ! Ouais, beau clair de lunes.
Grand Sidi, ton chameau, personne n’en voudra plus ! Sauf les chèvres mortes et les bouteilles de gaz.
Tout le monde ronfle. Sauf votre servante qui tend l’oreille. A droite, les deux quadras femelles se parlent à mi-voix :
- Et tu sais ce qu’il m’a dit ce macho de Mohammed ?
- A propos de quoi ?
- Tu sais, le prix des femmes… Comme une conne je lui ai demandé ce que je vaudrais sur le marché ici. Il m’a regardée de haut en bas, a fait le tour de ma personne - tout juste s’il n’a pas examiné mes dents - et a déclaré… Ah, le salaud !...
- Ouais, alors, accouche !
- Une chamelle stérile et un âne !
- Quels goujats, ces types !
- Vos gueules ! ont hurlé les autres en se tournant tous en même temps du même côté.
Dans l’inconfort du lieu, je me suis rappelé qu’à l’hôtel de plein air, à Ouadane, le patron avait dressé une immense Khaïma *d’une blancheur éclatante pour recevoir Théodore Monod.
Nous n’avons pas rencontré le vieux navigateur du désert, celui qui cherchait une petite fleur bleue, et une météorite mystérieuse. Nous sommes partis faire les cons dans la beauté tragique du rien, la veille de l’arrivée de l’auteur de « Méharées ».
« On s’ennuie tellement, on s’ennuie tellement, on s’ennuie tellement
Alors la nuit quand je dors,
Je pars avec Théodore …
Dehors, dehors »
Alain

Marie-Treize

* En Afrique, il y a les dromadaires (une bosse) mais on dit toujours ‘chameau’
Les chameaux c’est en Asie. Deux bosses.
*Pour Er râhla (pas Elle râla) merci Google !
* tente mauritanienne

Gran Torino

Du cinéma : des dialogues âpres, des personnages typés, des destins problématiques, des questions essentielles, du rythme, des acteurs, une ambiance, de la nostalgie et un présent bien brutal. Du cinéma américain avec une conclusion qu’on aimerait plus elliptique, mais avec son efficacité : Clint Eastwood nous émeut et nous fait rire. Je me suis trouvé du côté de ce vieux ronchon qui n’apprécie pas que sa petite fille joue de son téléphone pendant l’enterrement de sa grand-mère, et il aura le temps de se racheter de son racisme caricatural du début. Les cinéphiles lisent cette œuvre comme une manière de testament ; ce qui fait la grandeur de ce film c’est bien le jeu avec son trajet singulier d’acteur et de réalisateur. Une entreprise qui nous concerne en tant que citoyen qui ne trouvera pas de réponse à ses questions sur la délinquance mais aimera ce moment d’humanité d’autant plus palpitant qu’il est haut en couleurs et fort en gueule.

lundi 9 mars 2009

35 Rhums

Une caméra entre assiette avalée devant le frigo et voies de RER aurait pu composer une vision originale des solitudes en banlieue, qui ont plus l’habitude de traîner, avec le cinéma français, du côté de Saint Germain des Prés. Mais le film de Claire Denis s’étire, nous n’apprenons que peu de choses sur les personnages tellement mutiques qu’ils restent énigmatiques. L’alcool est triste. La relation père fille, mise en avant par les critiques, ne m’a pas paru non plus très convaincante : pourquoi sont-ils attachés ?

dimanche 8 mars 2009

« Arrêtez le monde, je voudrais descendre »

La phrase au présent avait servi aussi de titre à Bedos pour un livre, et des émissions sur mai 68 ont utilisé l’expression qui rappelle « on arrête tout on réfléchit et c’est pas triste » des années 01. Ici pas de subversion dans cette succession de scénettes. Dans une cabane à l’extérieur de la MC2, la scène est circulaire comme chez les frères Forman qui nous avaient régalé avec Obludarium, dont les anciens compagnons de Bartabas de ce cirque Dromeko, se sont inspirés sans arriver à créer une atmosphère aussi originale. Il y a bien un orchestre sur la scène, des machineries apparentes, des animaux, un manège final et un coup de vin rouge à la sortie, mais nous l’avions déjà vu. Le rythme est alangui, et comme dans certains gags, les dialogues détaillant la prostate, il n’y pas que le papier toilette qui soit insuffisant. L’occasion de faire quelques clichés estampillés poétiques, mais rien de rare.