Le cinéma s’invite beaucoup en ce moment dans les lieux d’éducation : en France où
« Pas de vague » a été tourné, en Allemagne avec « La salle des
profs ».
Ce film belge va au-delà des murs.
Mila harcelée, déscolarisée, Samuel Paty - et comment
s’appelait-il ce prof ? - Dominique Bernard, assassinés, reviennent dans
nos mémoires lorsque pendant 2 h de fiction aux allures de documentaire,
s’affrontent liberté et obscurantisme, évitant cependant tout manichéisme.
Les coups de poignard sont malheureusement vraisemblables de
même que la « Taqiya » d’un néo converti en costume cravate aux
doucereuses paroles, camouflant sa délétère influence, tel un Tarik Ramadan.
Ce film, riche de sujets civilisationnels brûlants, traite
de l’intolérance des intégristes musulmans dont sont victimes en premier lieu
les modérés, de l’homophobie, du rôle des réseaux sociaux, et de la digue
fragile que constitue la laïcité.
Une prof, jouée par l’énergique Lubna Azabal
ne s’en laisse pas
compter par des parents aux pouvoirs disproportionnés, elle propose à ses
élèves un poème du VIII°siècle d’Abû Nuwâs qui met le feu aux poudres :
« Cinq fois par
jour je fais pieusement mes prières.
Docile, je confesse l’Unité de Dieu.
Je fais mes ablutions lorsqu’il me faut les faire.
Je ne repousse pas l’humble nécessiteux.
Une fois l’an, j’observe tout un mois de jeûne.
Je me tiens à distance de tous les faux dieux.
Il est vrai, cependant, que point ne suis bégueule
et que j’accepte un verre quand il est en jeu. »
Investie
totalement dans sa tâche émancipatrice, Amal apparait malheureusement comme une
héroïne assez esseulée, et lorsqu’elle dit : « dans ma classe
Hallah n’a rien à faire » elle sait bien que dans le cours voisin de religion
jusque là obligatoire en Belgique, le salafisme s’impose dans bien des têtes, protégé
par de vagues « pas de vague » qui éclaboussent au-delà de
l’administration, chaque acteur éducatif.