Ce n’est pas que ma P.A.L.( Pile A Lire) soit devenue si
maigre que j’en suis réduit à lire des livres de recettes de cuisine, mais quel plaisir de déguster 150 recettes inspirées d’écrivains dont on peut réviser les biographies
depuis leurs cuisines.
« Proust
savait-il qu’il y avait jadis, dans la France paysanne une tradition de
« plats d’étiquettes » variant suivant les régions, et servis
impérativement en certaines circonstances, aux repas d’enterrement par
exemple ? Les menus de funérailles comportaient rarement des
desserts : cependant dans le Mâconnais on faisait des gaufres à l’occasion
de la mort d’un jeune enfant, en signe de réjouissance à la pensée que les
misères de la vie lui seraient évitées… »
Les associations sont directes : Georges Pérec et la salade
de riz dans son livre « Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour » ou
le sauté aux petits légumes chez Georges Simenon.
Pizza à la tomate ou brochettes de porcs à l’ananas
attribuées à Simone de Beauvoir doivent surtout à son séjour aux Etats-Unis,
alors que des tournedos flambés qui auront évité le foie gras garni de truffe de chez Rossini correspondraient à Sartre, familier des restaurants.
De Rabelais (andouilles vigneronnes) à Modiano (mezzés à l’orientale),
les surprises agréables abondent : cardons à la moelle pour Proust ou canard à
l’orange pour Marguerite Duras.
Et nous pouvons avoir du plaisir à l’évocation d’Yvan
Audouard, Alexandre Vialatte ou à la découverte de Georges Conchon.
Des idées sont à prendre avec par exemple une goutte de
pastis dans la ratatouille inspirée par Zola. Sa galantine de pintade me semble
inaccessible, mais je prétends que mon gaspacho est plus sophistiqué que celui
de Prosper Mérimée.