A défaut de rejoindre les foules qui se pressaient à Pétra
en Jordanie ces dernières années, nous avons suivi le conférencier, devant les
amis du musée de Grenoble, pour nous renseigner sur la cité longtemps oubliée, ne
cessant de se découvrir. Les Nabatéens, à la suite des Edomites du royaume d’Edom ont
fondé la ville au VIII° siècle avant notre ère, et l’ont développée sur la
route des caravanes chargées d’encens et d’épices depuis l’Arabie au Sud, redistribuant ces produits en direction des ports méditerranéens au Nord.L’influence du royaume nabatéen allait de la Mer
Rouge à Damas, province romaine
d'Arabie sous Trajan, son apogée se situant un siècle avant et un siècle après
J.C., Pétra sera abandonnée au IV° siècle.Bosra, plutôt
dans le monde syrien, en était la capitale administrative, son théâtre
parfaitement conservé pouvait contenir 15 000 spectateurs.Les Nabatéens
utilisaient leur propre alphabet dont des traces se retrouvent dans des
instructions et des dédicaces. Dérivé de celui des Phéniciens qui en possèdent
un depuis le XVI° siècle avant notre ère, il est à l’origine de l’écriture
arabe.Ils
pratiquaient leur religion avec des divinités, « La grande déesse »,
« l’Etincelante »… représentées sur des bétyls en des sanctuaires
rupestres isolés pour sacrifices et fumigations.Atargatis déesse de la
fécondité, avec sa petite bouche et ses yeux écarquillés, exposée à Amman,
conjugue les influences ptolémaïques, hellénistiques, palmiréennes en un
« baroque arabe ». Dans les tombeaux, des banquettes pour des banquets, installées à côté des sarcophages laissent le souvenir d'un riche art funéraire Déguisé en bédouin, le Suisse Johann Ludwig Burckhardt
redécouvre Pétra abandonnée depuis 1000 ans et Léon Laborde qui a rédigé « Voyage
de l'Arabie Pétrée » ouvre la voie aux explorateurs.Au bout du Sîq, un canyon d’un
1,5 km de long et de1,50 m de large en certains endroits,
apparait « Le trésor » taillé dans le grès rose, le Khazneh, haut de 30 mètres avec sa rotonde et ses frontons brisés
dans le style d’Alexandrie de 2000 ans d’âge.Dans la ville, l’oued à sec, le
wadi Mousa, est emprunté par l’axe
principal, le cardo pavé de
basalte délimité à chaque extrémité par un arc de triomphe. Sur des terrasses étaient érigés des marchés, des jardins,
espaces en cours de fouille, bâtiment résidentiels ou administratifs, et le
long de la rue à colonnades, l’ancien palais royal reconstruit pour chaque
souverain qui n’habitait pas la maison de son père.Sur deux étages, la fontaine monumentale Nymphée
est un véritable ensemble aquatique dans cette région semi-désertique.Le temple des lions est creusé dans la roche alors que les
constructions du Qasr al-Bint
aménagées pour résister aux tremblements de terre ont malgré tout souffert.Le théâtre servait aux cérémonies religieuses avant
l’occupation romaine.Les vents de sable ont davantage érodé la basilique à trois absides
de l'époque byzantine dont subsistent des mosaïques.La conquête islamique avait moins dégats.
Les tombes monumentales empruntent à la tradition hellénistique avec les chapiteaux d’angle, le portail d’entrée à pilastres, aux égyptiens pour les corniches à gorge et à la Mésopotamie pour les façades à merlon (escalier).
Les tombes monumentales empruntent à la tradition hellénistique avec les chapiteaux d’angle, le portail d’entrée à pilastres, aux égyptiens pour les corniches à gorge et à la Mésopotamie pour les façades à merlon (escalier).
se découvre le tombeau des jardins aux colonnes
décoratives et à 45 minutes Le Deir
(le monastère) (gravure de David
Roberts) dont le premier niveau épouse les allures massives en cours
dans d’autres monuments ne se justifiant pas par les charges d’un niveau
supérieur taillé dans la roche.Des recherches se poursuivent et mettent à jour des céramiques
dite coquille d’œuf, d’une grande finesse. La
civilisation nabatéenne s’est imposée et effacée pacifiquement au fur et
à mesure de ses déplacements. Aujourd’hui « la route de la soie »
passant plus au nord de la « cité vermeille », du Côté de Palmyre,
n’est pas fréquentée seulement par les
archéologues et les touristes.