Tout n’a pas été englouti par une toxique année 20, car il
reste dans la livraison du 55° numéro de la publication annuelle une place pour
noter quel jour vont fleurir les forsythias,
et qu’il convient de « bêcher les terres fortes et les laisser en grosses
mottes » dès janvier.
Les dictons : « ça commence par une rigole et ça
finit par une rivière »
ou « une promesse vaut une dette »
gardent leur pertinence,
avec le lever et le coucher du soleil notés pour chaque jour :
au 1° janvier il sera là
de 8h 17 à 17h 04.
Le temps du confinement
n’a pas été oublié : 55 jours du 17 mars au 11 mai avec rappel de la
grippe espagnole qui fit 50 millions de morts dans le monde en 1918.
L’évocation de la première sortie des vaches mises au pré a sans doute été
inspirée par le déconfinement : « les premiers
jours la sortie dure quelques heures seulement. Ensuite on va allonger
progressivement la durée. »
Et si les mots « Netflix » ou « fake
news » apparaissent au fil des 136 pages, dans le rappel des évènements de
l’année écoulée en Isère Hautes Alpes et
Drome, les signes du réchauffement
planétaire sont mentionnés (20° à Grenoble le 11 mars après un mois de janvier
qui n’a jamais été aussi chaud), ainsi la fermeture pour la première fois du glacier
des 2 Alpes à 3600 m
d’altitude le 7 août.
Les innovations sont répertoriées, tel ce tétraplégique
pilotant son exosquelette par la
pensée ou la livraison par drone de
colis au Mont Saint Martin.
Les remèdes de mémé Alice n'ont pas d'âge lorsqu'il s'agit de déposer des feuilles de
cassis hachées pour cicatriser une coupure.
Le récit d’une lectrice qui avait
été placée par sa famille chez des paysans pendant la guerre de 39-45 est
terrible, avec des gouttes de sang qu’elle devait nettoyer après avoir été
frappée par un martinet agrémenté de finettes de vitrier.
Le conte intitulé "l’Oncle d’Amérique" fait
s’affronter générosité et étroitesse d’esprit dans une famille de par chez
nous.
Mais ici ou là, on ne disait pas « comment tu
vas ? » de la même façon du côté de Saint Chef :
« coume té
qué va ? » ou à Arvieux-en- Queyras : « couma
vaïlo ? » quand « K’ét’ô
k’te fa » à Saint Vérand signifiait « que fais-tu ? »
Le reportage annuel conduit cette année à Puy-Saint- Martin à mi chemin entre
Crest et Montélimar. Le nom « puy » dérive du latin
« podium » signifiant hauteur, sommet. Dans les années 50, des
équipes de Bedeaux (Ardéchois) venaient s’embaucher pour les moissons et les
fenaisons et à la « foire froide » on y mangeait « la défarde »,
des abats d’agneaux roulés en paquet. Pas loin du Royans où officiaient des
ravioleuses qui jouaient de « la ridelle », des roulettes dentées,
pour confectionner les ravioles dont
la recette avait été importée par les charbonniers italiens et adaptée avec les
fromages locaux.
Quelques personnalités sont remises en lumière :
- Sous le logo représentant une cigogne, Marcel Guiguet avait conçu des motos qui
furent produites à Corbelin, dans les années 20.
- Un médecin de Theys, Prosper-Antoine Payerne, avait mis au
point un submersible autonome au milieu du XIX° siècle. Il l’avait
baptisé « Belledonne ».
Des traditions sont rappelées :
- Une montre était souvent le cadeau de communion, jour ou parfois les garçons portaient pour la première
fois un pantalon.
- La fête des bouviers
venait à la fin des labours entre janvier et mars, elle se perpétue à Loriol sous forme de corso.
A chanter sur l’air de la Marseillaise :
« Allons
bouviers du voisinage
Célébrons la fête au
hameau
Quittons tous notre
paysage
Ce jour est pour nous
le plus beau (bis)
Loin des fatigues des
campagnes
Allons respirer un air
doux
Le verre en main,
m’entendez-vous
Ecoutons l’écho de nos
montagnes. »
Parmi les invariants :
- Les expressions dauphinoises : « faire la
vie » (la noce), ou la réponse à prenez soin de vous :
« pareillement ».
- Description méticuleuse d’un animal : la tache sous la queue le cerf se
nomme le miroir,
d’une plante : le silène au calice gonflé qu’on faisait
éclater sur le dos de la main comme un petit pétard,
voire la pomme nationale dite aussi «
déesse nationale »,
alors que le portrait du berger des Alpes n’est pas inutile car chez les chiens celui des
Pyrénées est bien plus connu.
- Origine des mots: « rocambolesque » doit son
existence à un écrivain Haut Alpin, Ponson du Terrail né à Montmaur, père du
personnage Rocambole.
- Comme les habitants de Joveysieux sur les bords de
l’Herbasse victimes de fièvres avaient invoqué avec succès Donat qui avait
combattu un dragon, le village prit le nom de l’ermite de Sisteron Saint Donat.
- L’inévitable Fafois
a une descendance :
« - Pourquoi ne
te coiffes-tu pas le matin avant de venir en classe ? demande la maîtresse à la
fille Fafois
- Parce que je n’ai
pas de brosse, m’dame.
- Et pourquoi ne
demandes-tu pas à ta maman de t’en acheter une ?
- Parce qu’alors, il
faudrait que je me coiffe. »
Et les centenaires présentés en ribambelle ont encore toute
leur tête.
En 2020 on pouvait réviser 2019 :