jeudi 12 décembre 2019

La douleur des corps : une esthétique de la cruauté ? Christian Loubet.

Le conférencier, historien des mentalités, devant les amis du musée de Grenoble commence par citer « Sade » : «  La cruauté loin d’être un vice est le premier sentiment qu’imprime la nature »
Pour l’illustrer le surréaliste Clovis Trouille dont le mouvement avait promu le Marquis était plutôt ludique alors qu’avant Nietzche, celui qui fut enfermé pendant 30 ans avait proclamé la mort de Dieu. Après la révolution française passée des Lumières à la Terreur, la croyance en l’homme «  à l’image de Dieu » ne s’impose plus. Delacroix qui avait perdu père, mère et frère parlait « d’un fond noir à contenter » et « le soleil noir » de Nerval, s’ajoutait au « noyau infracassable de nuit » de Breton. Dans les écrits et la peinture la violence donnée ou subie ne connaît plus de limites.
Sur le thème des plaisirs nés de la violence, je n’irai pas puiser dans l’iconographie infinie de la souffrance rédemptrice du Christ, mais plutôt du côté d’œuvres plus rares.
Romantique, J.H.Füssli : « Brünhilde se venge de Gunther ».
Goya était inévitable: « Les désastres de la guerre » s’inscrivant dans un florilège de la cruauté, sont repris 170 ans plus tard par les frères  Chapman.
Les têtes coupées n’ont pas manqué dans l’histoire de l’art, mais « Salomé » donnant un baiser à Jean Baptiste dont elle a réclamé la tête par Lévy-Dhumer est scandaleuse.
La femme fatale inquiète : « Vampire » de Munch.
L’ambivalence est poussée chez Balthus« La victime » au corps abimé est fantasmée.
Dans des formes exacerbées du don de soi, « Sainte Lucie » de Francesco del Cossa, offre ses yeux, impavide, sublime au bout de la souffrance.
Les combattantes les plus héroïques peuvent être vulnérables, mais l’ « Amazone blessée » de Franz Von Stuck est puissante.
« Sainte Agathe » avant de se faire arracher les seins est la plus sereine de tout le groupe ainsi que Sebastiano del Piombo l’a représentée
et celle de Zurbaran est également étonnante.
« Saint Sébastien soigné par Irène » par Trophime Bigot  a été courageux.
Toute ressemblance avec un autre crucifié  pour « Le  Grand martyr » de Lovis Corinth  ne serait pas fortuite.
Le corps devient un matériau pour jeu de massacre : Hans Bellmer ficelle sa femme « Unica Zürn ».
Niki de Saint Phalle représente son père incestueux : « La Mort du patriarche »
L’actioniste viennois, Hermann Nitsch, est sanglant en abondance,
alors que Gina Pane se scarifie, mettant en scène ses mutilations : c’est du « body art ».
La notion de résilience est apparue récemment et l’art a pu aider les thérapies. Freud avait opposé l’instinct de mort à l’instinct de vie tandis que Leopold von Sacher-Masoch était décliné en nom commun.
Au cinéma dans « L’empire des sens » la castration est le terme de l’orgasme ultime et « Salò ou les 120 Journées de Sodome » de Pasolini a paru insoutenable à beaucoup.
Jean Benoît dans sa performance de 1959 présentant « L’exécution du testament du marquis de Sade» revient sur l’alliance du désir et de la mort, quand «  la fascination du sadisme révèle l’aigle noir du fascisme ».
« Que Sade n’ait pas été personnellement un terroriste, que son œuvre ait une valeur humaine profonde, n’empêcheront pas tous ceux qui ont donné une adhésion plus ou moins grande aux thèses du marquis de devoir envisager, sans hypocrisie, la réalité des camps d’extermination avec leurs horreurs non plus enfermées dans la tête d’un homme, mais pratiquées par des milliers de fanatiques. Les charniers complètent les philosophies, si désagréable que cela puisse être » Raymond Queneau.
David Olère, rescapé d’Auschwitz : « Nos cheveux, nos dents et nos cendres »

mercredi 11 décembre 2019

Lacs italiens 2019. # 3. D’un château l’autre

Une nuit satisfaisante n’empêche pas quelques péripéties pendant nos préparatifs :
- le grille-pain fait disjoncter l’électricité mais Marzio, contacté par téléphone se montre tout à fait réactif et arrive à 8h du matin en moto pour tout réinstaller à la cave
- la cafetière chute et répand le café dans toute la cuisine
- nous nous trompons de trousseau de clés pour sortir la voiture du garage.
Bref, vers 9h nous quittons notre appartement aux installations historiques pour parcourir une petite distance jusqu’à Cavernago, intéressante pour son castello Colleoni.  
En effet, il ne ressemble à rien de connu : murs en galets et briques, tours et créneaux du Moyen Age, aspect fortifié.
 Quelques ornements notamment à l’entrée tranchent par la blancheur de la pierre. 
Dans les douves asséchées courent des pintades criardes. Malheureusement  le château ne se visite pas, il semble appartenir à un particulier joignable par une sonnette et disposant d’une boite à lettres. Avec un peu de recul, on aperçoit quelques fresques extérieures  derrière l’enceinte dans les tons brique. Des dépendances ont été aménagées en habitations pour une population plus modeste. Derrière un portail clos s’étend le parc arboré du château  et un petit ruisseau chantant près duquel une oie farfouille dans ses plumes.
Le sieur Colleoni, général vénitien du XIV° siècle, possédait à quelques kms un autre château à Malpaga, lui aussi non visitable mais dont on aperçoit les caractéristiques extérieures  d’un château fort  à pont levis  malgré des transformations, des remparts et la présence d’une loggia à arcades  annonçant le tournant vers des bâtiments moins défensifs et plus agréables. Le lieu sert aujourd’hui à des festivals sur des « fiabe » (contes de fées) donnés en costumes, se loue pour des fêtes ou des mariages. Malpaga semble désert  avec son église au pavement récent, ses entrepôts, sa mairie et son gîte pour  « nobles voyageurs ». Seuls quelques papis discutent sur un banc à l’entrée du parking, Les mises en garde contre les voleurs collées sur les arbres paraissent pour l’heure incongrues.
Le circuit nous entraine ensuite vers Caravaggio, ville natale du célèbre peintre, à travers des paysages toujours aussi plats, où poussent maïs et riz. 
Nous nous garons Via Carlo un peu à l’extérieur du centre plutôt piétonnier, dans un emplacement blanc certifié approprié par une  riveraine.
Rapide visite  d’une chapelle dédiée à Sainte Elisabeth puis visite plus sérieuse de la chiesa dei Santi fermo e rustico : nous  allumons un cierge électrique, hommage à M. face à la chapelle  de Saint Antoine. 
L’église à l’intérieur ne peut rivaliser avec Santa Maria Maggiore  de Bergame, même si un sacristain attire notre attention sur l’une des chapelles latérales nous l’éclairant pour qu’on puisse voir les fresques, avant de nous pousser vers la porte pour fermer.
C’est lundi et la ville semble vidée de ses habitants : beaucoup de magasins fermés, peu de restaurants en vue ou ouverts.
 Renseignements pris après quelques errances, nous hésitons à rentrer dans le ristorante "Tre re" indiqué près de la gare sur le chemin du sanctuaire (viale papa Giovanni XXIII, 19) dont l’apparence nous parait bien chic. Excellente surprise ! Les repas sont servis dehors dans un joli cadre pour 11 € : « verdure » à volonté au buffet, premier plat (pâtes à l’arrabiata ou pesto, ou soupe) second plat (osso bucco ou côtelette vitel tono ou escalope milanaise) café vin blanc et rouge + service et couverts compris ! Imbattable et bon ! D’ailleurs l’albergo est fréquentée, le service efficace.





mardi 10 décembre 2019

La troisième population. Aurélien Ducoudray Jeff Pourquié.

Voilà à nouveau réunis pour un reportage dans un établissement psychiatrique, 
le dessinateur aux traits variés
et le scénariste qui sait donner vie aux reportages dans des milieux n’appelant à priori ni le rebond inattendu, ni le fantastique, ni la fresque épique.
Quoique chez les fous, où ils vont s’investir en proposant un atelier de BD, il peut y avoir des surprises qu’ils ne cachent pas.
Ils entrent dans la « troisième population », celle des intervenants extérieurs qui viennent apporter quelque chose à la première population, les patients, et à la deuxième, les moniteurs et les médecins.
Nous suivons les deux compères plein d’humilité, dans la clinique en milieu ouvert de la Chesnaie, et découvrons avec eux une démarche thérapeutique où le personnel polyvalent déploie une belle énergie. Rien d’idyllique, les souffrances sont là, mais un peu plus de liberté, de responsabilité, de compréhension font du bien à tout le monde. Dans ce lieu où « l’on fume beaucoup, on grille, on bédave, on clope, on tafe… on crapahute, on traine des pieds, on flâne, on trépigne, on marche aussi » chaque geste appelle à retrouver du sens : gérer de l’argent, croiser les avis, respecter les autres, relativiser.
Respectant la confidentialité, ces 112 pages sont réalistes avec un humour qui évite de se complaire dans une poésie qui éloignerait du réel et par petites touches permet de mieux comprendre un fonctionnement qui mériterait d’être dupliqué en d’autres lieux.     

lundi 9 décembre 2019

Gloria Mundi. Robert Guédigian.

Quand on demande aux parents de la petite Gloria d'où sort ce prénom, la maman répond «  D' un film à la télé » : c’est dire leur légèreté et quelque défaut de transmission.
Mais pourquoi Guédigian a choisi ce titre : "Sic transit gloria mundi" (Ainsi passe la gloire du monde) ? Il me parait démesuré pour ce film lourd sans les dilemmes pourtant jamais très approfondis de ses productions précédentes https://blog-de-guy.blogspot.com/2017/12/la-villa-guedigian.html .
Les jeunes qui vapotent et tournent à la coke sont globalement méchants méchants et les vieux gentils gentils alors que les thèmes de l’ubérisation, de la perte des solidarités, du délitement urbain à Marseille, des familles qui ont perdu tout sens commun, la société consumériste, sont abordés mais un scénario à l’issue calamiteuse.
Pourtant le générique est beau avec une naissance dans une belle lumière, mais la petite va beaucoup pleurer par la suite. Meylan sort de prison, il écrit des haïkus : « J’avais beau arracher les aiguilles de ma montre, le temps ne s’arrêtait pas ». Le film dure une heure quarante sept. C’est qu’il faut caser : «  premier de cordée », Cash convectors, les soldats de « vigie pirate », une patronne abusive en boutique, la prostitution, les sextape, le travail clandestin, les violences diverses, le téléphone au volant avec mise à pied, la femme voilée,  la femme de ménage, le certificat médical, les seins refaits, les assurances, le travail de nuit, les cadences infernales et un panier repas …
Un des deux grands-pères explique au bébé dans sa poussette : «  Tu iras longtemps à l’école et puis tu seras au chômage » : rires dans la salle.
Ah si ! Ascaride qui ne veut pas faire grève, ça c’est original, c’est sûrement ce qui lui a valu un prix d’interprétation à Venise, bien que sa confession express d’un passé où elle avait fait des passes ne passe pas bien.

dimanche 8 décembre 2019

Voyage en Italie. Montaigne. Michel Didyn.

Difficile d’échapper pour cette représentation à la qualification de « scolaire », qui ne peut pourtant être péjorative de ma part. Ce n’est pas à tous coups que les jeunes présents à la MC 2 rencontrent matière au programme pédagogiquement amenée.
Cette heure et demie tient plus du récit, du racontage, que du théâtre.
Le sympathique philosophe est vivement campé mais n’affronte aucune contradiction, ce qui nuit à la dialectique et à une dynamique scénique.
« Je sais bien ce que je fuis, et non pas ce que je cherche. »
Le voyage avec son secrétaire et son palefrenier passant par la Lorraine avant l’Italie est matérialisé par des pierres disposées autour d’un feu autour duquel tournent une poule et un cheval plus distrayants que poétiques.
La séquence où le cheval se soumet à la bride, peut-elle appeler une réflexion sur la sagesse qui viendrait de la maîtrise de soi ? Alors que son maître avoue ne pas combattre quelques habitudes dont il ne veut se défaire à son âge, quarante-sept ans.
Ils parlent comme des livres et nous retrouvons des formules familières dans une langue savoureuse qui demande cependant un petit temps d’adaptation:
« Parce que c’était lui, parce que c’était moi. »
« Rien de ce qui est humain ne m’est étranger.»
Je regrette souvent une hystérisation des débats sur les plateaux des salles de spectacle, mais après avoir appris que cette année 1580 se situait en pleine guerre de religions, je trouve que le parti pris touristique se nourrissant d’anecdotes, passe à côté de l’objectif fixé au moment des attentats contre Charlie.

samedi 7 décembre 2019

6 mois. N°18. Automne / Hiver 19/20.

Que montrer de notre monde?
Le titre en couverture donne le ton juste : « Avec nous le déluge » avant 300 pages de photographies où s’oublient les cadrages esthétiques et les couleurs chatoyantes.
L’heure est à la gravité, sans en rajouter dans le catastrophisme, tout en montrant des solutions, des adaptations.
Le tourisme qui persiste autour d’une Mer Morte rétrécissant sans cesse est absurde,
alors que La Louisiane disparaît sous les eaux.
En Ecosse, une communauté a rendu une île autosuffisante.
Aux Pays Bas, les cultures sous serres et sans terre sont-elles des réponses pertinentes pour nourrir le monde ?
La variété des photographes est riche:
quand l’un parvient à donner son point de vue depuis la Corée du Nord où les accompagnateurs sont plutôt dirigistes, et qu’un autre livre de forts portraits de travailleurs à proximité de chez lui, ou que des photos de famille d’un tonton fantaisiste nous accrochent.
Les scènes de contes composées par Daphne Rocou sont d’une grande poésie.
«  Le ciel est une métaphore du savoir. Connaître le nom des étoiles ne sert à rien, dans la vie… Et c’est cela qui est beau. »
Des reportages nous emmènent en Syrie à la suite d’un grand-père suédois parti rechercher ses petits enfants nés en zone Islamiste ou en Colombie avec des mamans des FARC qui ont déposé les armes. 
Pour mémoire, les chinois, pendant la Grande guerre  furent  qualifiés d’« éboueurs de guerre ».
La photobiographie est consacrée à Imran Khan joueur de cricket devenu premier ministre du Pakistan.
« Quand nous lisons une histoire, nous l’habitons. Les couvertures d’un livre sont comme un toit et quatre murs. Ce qui va suivre va se produire entre les quatre murs de l’histoire. »
John Berger.

vendredi 6 décembre 2019

Traître et retraite.

Comme d'autres, qui ne sont pas directement concernés par la réforme, je vais essayer de m'exprimer à propos des retraites, même si j'ai cessé d’enseigner à des élèves à 55 ans, histoire de partir avant qu’une mémoire de plus en plus laborieuse n’ait complètement esquinté l’estime du moâ. Je suis parti, « comme un prince », sans rire. La situation de ma prof de femme me permettant d’éviter, en quelque sorte, un tour de piste de trop. Ma mère, femme de paysan, n'avait pas 1000 € de retraite.
Après avoir précisé une situation personnelle privilégiée qui me permet de passer par-dessus une pudeur qui irait dans le sens de l’anonymat délétère régnant sur les réseaux, j’assume de ne pas me retrouver du côté des adversaires du changement.  En n'allant pas aux manifs, j'y perds quelques retrouvailles fraternelles, tout en restant fidèle, sur ce coup,  à un rocardisme fondateur.
Bien que je me sente tellement « ancien monde » et si peu « start-up nation », les haines et la mauvaise foi qui se déchainent en tant de lieux et autres ronds points me révulsent bien plus que quelques maladresses d’un président dont j’apprécie le courage et l’énergie. Et la démagogie, l'absence de propositions alternatives crédibles, m'achèvent.
De la génération « Charlie » insouciante avant d’être sidérée, nous n’avions aucun souci en début de carrière quant à la pension que nous toucherions, si bien que je comprends plus volontiers, en souriant, cet ami qui s’étonnait de recevoir de l’argent après qu’il eut cessé de travailler, que les débats présents sur la valeur du point.
De la même façon que tous les entrepreneurs n’ont pas la voracité d’un Carlos Ghosn, ceux qui contestent la réforme sont loin d’être tous des privilégiés. « En même temps » m'a suggéré la voix de mon maître. Mais pourquoi ceux qui voient des lobbies derrière chaque décision ne sont pas capables de déceler la virulence des corporatismes ? Pour la fin des régimes spéciaux, mais pas le mien.
Au-delà de l’amoncellement jour après jour des demandes de dépenses publiques supplémentaires, il est bien de la responsabilité des politiques -ceux qui sont responsables- d’anticiper les effets d’un vieillissement de la population qui s’annoncent aussi chauds bouillants que la débâcle planétaire.
« Effondrisme » est un mot nouveau qui apparait à côté de« colapsologie » et dans le vocabulaire médical qui s'étend, la «  procrastination » est devenu familière. Cette façon de fuir, réponse à l’angoisse du futur, nous éloigne un peu plus d’une projection sage, posée, envisageant le vieillissement et la mort. Le déni devient un axe de vies que nous avons brûlées par les deux bouts.
Les entreprises favorisent des départs à la retraite anticipée alors que les représentants patronaux souhaitent les retarder en paroles. Par ailleurs l’âge pivot proposé ne ferait, parait-il, que coïncider avec un état de fait.
Le passé est lourd, le futur chaud, le présent sec.
Le « burn-out » étant tellement familier, le suicide devient un mode d’expression. Nous sommes bien en France ? Nous sommes bien en France.
L’épuisement des ressources envisagé depuis 50 ans est encore nié à ce jour par d’éminents personnages, ce qui n’empêche pas l’avenir d’être menaçant. Et d’aucun de pousser Jupiter à jouer aussi à Poséidon en appelant à des pleins pouvoirs qu’ils contestent d’emblée.
Les conséquences des politiques à courte vue d’antan qui apparaissent crûment en ce moment,  entre autres dans le domaine de la santé, ne serviront pas de leçons : « Macron des ronds ! ».
Ce type de souhait faisant coïncider le pouvoir d’achat des profs et les taux de réussite des élèves rend les armes à ceux qui monétisent tout.
Les pages éducation de certains journaux pas toujours remises du passage de la doxa « le niveau monte » à celui du « dernier des derniers » en remettent une couche sur la fatalité sociale accablant une école qui accentuerait  même la distance : la poule et l’œuf passent au broyeur. Le catéchisme demeure qui met en cause… les évaluations et la sévérité des avis des vilains professeurs briseurs d’élèves alors que les taux de réussite au bac dignes des résultats électoraux du président du Kazakhstan, sont comme pour la gestion des personnels un effet du « pas de vague » attaché désormais à l’entreprise éducation dans toutes ses déclinistes déclinaisons.
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Ci-dessous le commentaire de Deborah qui n'avait pu être pris en compte par la machinerie compliquée de ce site:  
Je pense que le mouvement des gilets jaunes est très hétérogène, et qu'on y trouve de tout. Je pense aussi que le rond point permet à certains de trouver une chaleur.. fraternelle qui fait défaut par les temps qui courent ou les gens s'assemblent dans leurs camps.
Je ne vois pas beaucoup de chaleur fraternelle autour de moi.
Pour le climat, les revendications, et tout et tout, je me dis que... nous nous sentons grandement coupables.
Je me dis que le propre de l'Homme avec ou sans religion, est de se sentir coupable. Quand il ne voit rien pour le faire sentir coupable, il cherche activement autour de lui un truc pour se sentir coupable. Ayant trouvé quelque chose pour se sentir coupable, il perd sa vie dans de minutieuses et couteuses démarches pour... SE LAVER DE SA FAUTE, sous peine de voir arriver... la fin du monde ou... de sa vie. (Celui qui croit qu'il n'y a que des chrétiens et des juifs pour se laver de leurs fautes ; il est très naïf.) 
C'est ce qui me fait penser que le brassage de l'air autour du climat est un phénomène religieux. Ça peut paraître contradictoire, mais je n'aime pas tant la religion que ça. Surtout je n'aime pas la religion qui n'a pas un beau rituel habité, fastueux, et qui n'élève pas l'Homme, mais l'écrase, et l'abaisse en permanence.
Mais je me dis aussi que nos contemporains brassent de l'air autour de leur faute tout en restant curieusement impénitents par ailleurs, car ils savent bien qu'ils ont raison de se sentir coupables de tant d'hubris, et de vouloir rivaliser avec Dieu pour créer un monde totalement artificiel où ils seraient.. leur propre dieu. (Ils militent pour l'écologie en étant accro aux nouvelles technologies, par exemple.)
Comme ma belle mère qui rêve qu'on trouve une pilule pour la guérir de sa démence du jour au lendemain.
Nous voudrions une solution magique, CONFORTABLE ET FACILE pour nos existences, et pour la souffrance d'être des êtres conscients, et tous les problèmes que notre science collective a engendré en nous échappant (comme prévu, d'ailleurs...).
Nous voudrions en plus que nos politiques trouvent MAGIQUEMENT ET CONFORTABLEMENT des solutions à ce qui nous fait peur, et que ça ne nous coûte individuellement... rien.
Tu sais maintenant que j'appelle ça "inconséquence".
C'est une maladie, l'inconséquence, qui vient d'avoir été épouvantablement gâté dans sa vie comme notre génération (et les générations actuelles, dans l'ensemble) ont été gâtées. (Et même les pauvres sont/ont été gâtés. Si, si.)
Enfin, pour le vieillissement : ne serait-ce pas temps de nous dire que c'est une période.. rêvée ? pour REDUIRE NOS BESOINS et surtout nos exigences, y compris médicaux ? Qu'il nous incombe, comme il a incombé à nos prédécesseurs, à donner un sens à notre vieillissement, et chercher et trouver notre propre dignité la dedans, sans consommer à outrance ?
Si nous, les.. vieux, ne trouvons pas de valeur à ce qui est vieux, quel espoir y a t-il pour nous.. dans notre vieillesse ?
Après tout le grand moteur à la médicalisation/scientisation de notre naissance, notre mort, et notre vieillissement est bien notre peur que cela.. NOUS ECHAPPE.
Et bien, je ne vois pas en quoi ça pourrait.. NE PAS NOUS ECHAPPER. Et celui qui voudrait que cela ne lui échappe pas, celui qui voudrait tout planifier sur ces dossiers, il est coupable d'hubris. Et nous savons ce qui arrive à ceux qui sont coupable d'hubris, depuis que l'Homme est l'Homme (et il ne va pas cesser de l'être, en dépit de ce que les nouveaux prophètes essaient de nous.. prêcher).
L'orgueil devance la chute..