mardi 13 décembre 2016

Peut-on rire (encore) de tout ? Cabu.

Un militaire, un rappeur, un policier, un juge, un psy, un cuisinier, un travailleur du nucléaire,  et bien sûr tous les ministres des cultes ouvrent leur sinistre bouche pour dire en couverture : 
« NON ! »
Et Cabu dans cet album de 150 pages au Cherche Midi disait 150 fois oui.
Depuis, il ne dit plus rien, et toutes ces gueules hurlant le silence et la mort ont gagné avec celui dont on voit pointer deux petites oreilles diaboliques qui le rendaient presque plus attendrissant que l’original : Sarko et tout ceux dont il fut le nom.
On serait déçu s’il n’y avait pas quelques classiques parmi les personnages caricaturés dans ce recueil : Johnny, Madame de Fontenay, Berlusconi… mais on mesure les dégâts du temps à pressentir ce que tant de non lecteurs répondraient à la question : peut-on rire de la burqa, des tapeurs, de la laïcité, de Dieu, du droit des femmes en Iran, du made in France, de la banlieue ?
Les cortèges  d’un jour derrière Charlie sont oubliés, celui des indifférents, des violents ont pris de l’ampleur avec ceux qui considèrent que c’est… la laïcité le problème.
Quand les méthodes de la mafia  sont appliquées au débat d’idées avec Mehdi et Badrou, en vedettes dans les colonnes du Monde, auraient souhaité en un tweet qu’on « casse les jambes » de Finkielkrault, là le rire s’arrête.

lundi 12 décembre 2016

Baccalauréat. Christian Mungiu.

A lire le pitch qui indique :
« la vie de Roméo bascule. Il oublie tous les principes qu’il a inculqués à sa fille »,
on peut croire à un passage brutal de la lumière à l’ombre.
Pourtant les mensonges sont installés depuis longtemps dans la vie du médecin,  qui loin de vivre une vie somptuaire, projette maladroitement sur son héritiaire tous ses espoirs inaboutis.
Cette ambition contrariée l’amène à entrer progressivement, amicalement, dans l’engrenage de la corruption, des compromis, des lâchetés, des manipulations, des trahisons.
Film désabusé, comme je les aime, autour d’un homme dont l’absence de qualité évidente ou de caractéristique particulièrement désagréable le rendent proche, sans constituer à mes yeux la corrosive description annoncée des dérives de la société roumaine.

dimanche 11 décembre 2016

Ben Mazué.

Un spectacle original à La Vence scène avec en première partie Amalia Casado.
« Disparais ou reviens.
Je veux ton va et viens.
Contredis ou maudis.
Jette moi de ce lit.
Si tu touches un peu trop, mon envers du décor,
De ma bouche cisaillée, je t'aimerai un peu plus fort. »
La belle au piano renouvelle sans tapage le thème éternel de l’amour et ses contradictions, quand « disparais » signifie « reviens »,
bien que « Face aux toujours
 Je passe mon tour » dit-elle.
La tendresse peut se dire comme  un « venin », à l’image des parfums étiquetés Poison ou Opium.
En vedette, passé lui aussi aux Francofolies avant quelques dates à Paris, Ben Mazué présente ses chansons mises en cohérence par un récit type stand up sur fond d’écran comme aux premiers temps du cinéma où la musique se faisait en « live », pour accompagner un film intitulé «  La princesse et le dictateur ».
L’humour et le professionnalisme empêchent la sincérité de trop dégouliner de sentimentalisme. Très contemporain : la distance est de mise pour mieux sertir les émotions dans des évocations très quotidiennes où la fragilité est assumée et ravive les thèmes éternels :
le temps qui passe, les amours, l’amitié.
Un couple de trentenaire descend vers le sud où avant de vendre la maison des parents, une fête est organisée et lorsqu’il porte un toast à sa compagne avec un beau texte, celle-ci sort de table.
Passions intermittentes, hommes et femmes vulnérables, vie précaire, mots délicats, tempos énergiques et mélodies légères.
« L’homme modeste » en rappel :
«  Ohohoh "Assez parlé de moi" il dirait les yeux penchés vers le sol, s'il m'entendait mais
Il est pas si sain que ça, il aime bien parfois qu'on le cajole mais il est pas contre être l'idole, oh non. »
Rap et parfois paroles en anglais, mélodies bien arrangées avec le claviériste Robin Notte:
« J'attends, j'étire
J'étale, j'étends
J'ai le temps, j'ai le temps de briller
J'entends des tirs mais ça vient de devant
J'ai encore le temps d'essayer »

samedi 10 décembre 2016

Les frères Joseph. Serge Revel.

Champs de blé et champs de batailles, du fond des campagnes au front.
Les 296 pages m’ont d’abord semblé laborieuses, accumulant les scènes obligées avec en outre des redondances générées par le procédé ajoutant au récit, un journal du front et l’inévitable échange de lettres lorsqu’il s’agit de traiter de « la grande guerre ».
Et puis j’ai poursuivi par respect pour l’auteur qui a consacré beaucoup d’énergie et de temps à cet épisode guerrier débutant le XX° siècle dans l’épouvante, lui qui  a mis en place les historiales à Pressins, village dont il est le maire, « premier spectacle historique de Rhônes Alpes ».
« Adieu la vie, adieu l’amour,
Adieu toutes les femmes,
C’est bien fini, c’est pour toujours
De cette guerre infâme.
C’est à Craonne sur le plateau,
Qu’on doit laisser sa peau ;
Car nous sommes tous condamnés,
C’est nous les sacrifiés… »
J’ai été retenu par les patronymes familiers, les évocations de villages de « par chez moi », les descriptions d’une époque qui m’a imprégné bien que j’ai été épargné par les récits d’anciens combattants qui ne furent pas si envahissants que ça. Un de mes grands pères en revint, sauvé par son métier de maréchal ferrant, je ne connus pas les détails de ce qu’il vécut, sinon les chevaux morts pendant la traversée qu’il avait fallu jeter à la mer depuis le bateau qui l’emmenait vers le front  serbe.
Vingt huit noms sur le monument  aux morts du village.
Nous sommes dans un autre temps, où l’un des fils de la famille Trilloux s’engage volontairement malgré la disparition d’un de ses aînés, jamais remis de la mort de sa femme en couche et qui s’est en quelque sorte suicidé : lui va perdre la raison. Un autre monté en grade a été fusillé pour l’exemple et celui qui est revenu a la gueule salement cassée. Malgré ses longueurs, ses maladresses ou à cause d’elles, car sans intention stylistique, je me suis mis à mesurer l’importance de ce rappel se superposant aux images pas si lointaines des guerres actuelles.

vendredi 9 décembre 2016

Vieux.

Ah qu’il faisait bon autour de la cinquantaine, de se dire vieux pour faire protester l’entourage ! Maintenant que ça se sait, il convient de manier l’adjectif avec prudence en de désuètes déclinaisons : hein vieille branche !
En sortant du livre d’Olivier Roy « Le Djihad et la mort » où l’auteur souligne le côté générationnel de l’engagement des candidats au port de la kalachnikov et de la ceinture d’explosifs, je me demande si les caractérisations depuis la date de naissance ne vaudraient pas celles de l’adresse de la maternité : Ouah ! La Tronche du mec né dans le 3-8  avant 83 !
Quand le parti socialiste a proposé de rétablir le service militaire le mouvement des jeunes socialistes (MJS) s’est exprimé :
« Je trouve curieuse cette propension de vieux messieurs qui ne souffrent ni des inégalités, ni des discriminations, à expliquer aux jeunes comment ils doivent « aimer la République », « faire corps avec la nation », « s'engager au service du pays »
Il ne manquera pas de vieux messieurs pour trouver cela plaisant, alors que ce type de réponse vise à ridiculiser toute exigence morale, et bien sûr toute leçon.
« Aimer la République » voilà  une phrase de vieux ! Maintenant que le concept de classe sociale ne s’exprime plus guère, y compris dans les succursales du socialiste parti, voilà la jeune garde à l’avant-garde : pépé prends garde à toi !
Ceux qui ont eu vingt ans pendant les trente glorieuses, avons à payer la situation insouciante et confortable de ces années patchouli et les dettes parfumées à la particule fine que nous laissons à nos enfants concernant l’épuisement de la planète. Les leçons que nous avons dispensées à foison ont lassé, alors que s’inversait le sens des apprentissages avec l’arrivée massives des technologies de l’information : aphones devant l’ Iphone ! Mais  je préfèrerai toujours  Rocard en vieillard indigne au Philippot de tout acabit.
Au-delà de ces facilités, retour dans mes terres familières : l’école.
Comment ne pas avoir des élèves à histoires lorsque des géniteurs qui n’ont jamais accédé à la position de parents ont négligé toute histoire familiale. Ils ont rencontré une société qui ne sait plus entrevoir dans le passé que des évènements propres à assoupir toute envie d’envisager un monde raisonnable : horreurs et repentance. Il faut parler du commerce triangulaire au temps de  Louis XIV mais pas que…
Une jeune prof de musique n’avait jamais entendu parler de Jacques Brel !
«Ils étaient usés à quinze ans
Ils finissaient en débutant
Les douze mois s´appelaient décembre
Quelle vie ont eu nos grands-parents
Entre l´absinthe et les grand-messes
Ils étaient vieux avant que d´être
Quinze heures par jour le corps en laisse
Laissent au visage un teint de cendres
Oui notre Monsieur, oui notre bon Maître 
Pourquoi ont-ils tué Jaurès?»
On pourrait lui proposer aussi Brassens:
« Quand ils sont tout neufs,
Qu'ils sortent de l'œuf,
Du cocon,
Tous les jeun's blancs-becs
Prennent les vieux mecs
Pour des cons.
Quand ils sont d'venus
Des têtes chenu’s,
Des grisons,
Tous les vieux fourneaux
Prennent les jeunots
Pour des cons.
Moi, qui balance entre deux âges,
J' leur adresse à tous un message :
Le temps ne fait rien à l'affaire,
Quand on est con, on est con.
Qu'on ait vingt ans, qu'on soit grand-père,
Quand on est con, on est con…»
………………….
Le dessin du « Canard » de cette semaine :

jeudi 8 décembre 2016

Kandinsky : les années parisiennes # 2.

Sophie Bernard, commissaire de l’exposition qui se tient jusqu’au 29 janvier 2017 a présenté devant une salle comble des amis du musée de Grenoble, la prolifique dernière décennie de Kandinsky, né en Russie, ayant travaillé en Allemagne et mort en 1944 à Paris à l’âge de 78 ans.
Cet article abordera les éléments non mentionnés dans le compte rendu de la visite archivé sur ce blog, consacré à ce parcours tellement couru présentant une centaine d’œuvres venues de New York, Stockholm, Madrid, Paris, Vézelay...
Né dans la haute bourgeoisie moscovite, Kandinsky commence sa vie d’artiste autour de sa trentième année, après avoir suivi des études d’économie et de droit.
Dès 1911, il  peint « Tableau avec cercle », première toile abstraite, en même temps que ses premiers écrits théoriques « Du spirituel dans l’art et dans la peinture en particulier » avant « Point et ligne sur plan ».
Au bout de ses exils russes et allemands, il choisit, avec Nina son épouse, un ancrage à Paris où la critique est pourtant réfractaire à l’abstraction. La capitale des arts est alors un label. Il parvient à dépasser la qualification qui lui est attribuée de peintre « oriental », tant chacun de ses tableaux est unique, vif, vibrionnant, vivifiant. Les galeristes Christian Zervos et Jeanne Bucher vont l’aider.
Il « raconte ses rêves », invente sans cesse, ne s’interdit rien. 
L’incontournable « Développement en brun » ouvre l’exposition, mais « Trübe Lage, Situation morose » peint en 33 est encore plus sombre et mélancolique.
Après le collectif du Bauhaus, c’est  « Chacun pour soi », embryon, nuage, cellule, signe d’un renouveau ; les titres sont désormais en français.
Devenu rapidement « un vrai parisien », dans ces périodes douloureuses, il s’exprime très peu en politique, et se trouve en porte à faux entre l’abstraction géométrique orthogonale et les surréalistes dont les jeux avec le hasard lui sont étrangers.
Ainsi parmi d’autres dilemmes, « Le nœud rouge » sépare deux formes architecturées, loufoques, enfantines entre statique et mouvement.
Et l’identité trouble de la « figure verte » aurait pu éclaircir son ambiguïté entre abstraction et figuration en regard de «  L’acrobate bleu » de Picasso.
Il adopte l’expression « art concret » qu’Hans Arp avait exprimé : 
 « Je trouve qu'un tableau ou une sculpture qui n'ont pas eu d'objet pour modèle sont tout aussi concrets et sensuels qu'une feuille ou une pierre. »
Le polyphonique « Rayé » énergique et bariolé comme un feu d’artifice est dans le prolongement de ses différentes compositions, sans  toutefois constituer une série.
Dans le genre de « Trente » où le multiple se présente sous forme d’inventaire,
«  Bagatelles douces » rappelle les cartouches de l’art égyptien, les arts extra-européens,
les « Morphologies » de Brauner ou la « Composition universelle » de Torrès-Garcia.
Après son « âge d’or » en 39-40, bien qu’il refuse de voir la guerre, il met ses œuvres  à l’abri. Dans ce contexte, le « Bleu de ciel », « pur conte pictural » parait encore plus émouvant.
Il manque de matériel, mais son fantaisiste « Sans titre » de 1940 sait jouer sur les équilibres.
Comme « Une fête intime », solaire, qui  peut évoquer les mobiles de Calder ou les machines de Tinguely.
La ligne est reine dans « Le filet » labyrinthique.
Exposé avec De Staël, le tableau « Communauté » au titre idéaliste présente des tableaux à l’intérieur du tableau.
Le cavalier bleu de ses débuts apparaît dans «  Elan tempéré » pirouette humoristique de sa dernière œuvre achevée. Faut-il aller jusqu’à y voir un autoportrait palette en main ?
Alors qu’une courbe domine une aquarelle et encre de chine encore sur son support, « Sans titre » de 44, résume les tendances fortes de ces années parisiennes où l’infiniment petit rencontre l’infiniment grand, la musique et l’enfance, « … La synthèse de nombreuses expériences des sens » Will Grohmann.
Ses toiles « Mouvement I » et « Accord réciproque », vivants jalons, veillent sur le corps exposé dans son atelier de celui qui « a voulu exprimer le mystérieux par le mystérieux ».
La vie présente a retrouvé, dans la mort, la vie future.
André Breton lui avait écrit en 36 :
« Je n’ai pas eu le temps de vous dire vendredi à quel point je restais sous le charme des œuvres exposées chez Madame Bucher et qui sont faites de la poussière des temps où l’on a été ou où l’on sera encore heureux. »

mardi 6 décembre 2016

Equateur J 6. Peguche El Chaupi.

Nous prenons le petit déjeuner en compagnie des filles de Dina Maria que nous avons seulement croisée ce matin, Karen et Huaïta qui commence à l’université plus tard que prévu.
Elles se tressent mutuellement les cheveux en une belle natte, et la plus jeune  attend avec nous, le bus qui arrive au petit pont à 8h 30. Après les adieux, nous prenons la route, pour Peguche, le village des artisans tisserands et de la cascade.
La ville se révèle intéressante. Dans une maison /magasin, nous avons droit à des explications sur les différentes opérations avant tissage.
Il fallait d’abord carder les fibres avec des chardons montés sur un manche en bois, puis avec deux planches cloutées telles qu’il en existait chez nous.
Nous tâtons la laine de mouton, la toison de l’alpaga, un camélidé, et le summum de la douceur : le petit alpaga. Après filage au fuseau, pour la couleur, uniquement végétale, notre démonstratrice juxtapose matériaux et résultat de la coloration.
La teinture provient de noix, d’une plante qu’on a pu observer, dont on a oublié le nom, qui produit un vert anis surprenant et la cochenille qui envahit les raquettes des figuiers de Barbarie. Ce parasite écrasé donne le rouge. Quand on lui rajoute du citron, le rouge devient orange et si l’on mélange du bicarbonate, la couleur vire au violet.
Un jeune homme à chapeau met en marche un métier à tisser tandis que la démonstratrice s’installe à un métier ancestral. Assise par terre, les pieds butés contre une pierre, les reins ceints d’une ceinture brodée reliée au métier, elle trie les fils, passe la navette, tasse avec énergie et choisit à nouveau ses fils : un sacré travail que seules deux personnes perpétuent encore.
Nous traînons dans le magasin sur plusieurs étages et farfouillons parmi les foulards, les pulls, les sacs, les marionnettes à doigts…
Un des fils de la maison, Alexis, nous guide vers la cascade de Peguche. Elle se trouve dans une forêt d’eucalyptus et se termine en piscine pour bains rituels.
Nous suivons le sentier balisé qui accède à la cascade, l’endroit est bien aménagé avec petit pont pour observer à partir des deux rives et cabane pour bien profiter du panorama.
Il commence à pleuvoir,  nous prenons la direction du Sud, plus ou moins somnolents sur une portion que nous connaissons déjà.
Nous mangeons en bord de route, dans un restau à grillades, où nous commençons par un bouillon de poulet. Les assiettes de steaks, riz, lentilles sont bien pleines et les prix vraiment modérés (5, 50$+2$ la bière).
Nous continuons sur la route Panaméricaine qui traverse le continent de l’Alaska à la Terre de feu, que nous traversons à pieds quelque peu imprudemment pour admirer l’étendue de Quito depuis un belvédère.
La route se poursuit en direction de Latacunga et Lasso. Puis nous bifurquons pour joindre une ancienne hacienda du XVIII° siècle : l’hacienda La Ciénaga. Juste avant d’atteindre la grille d’entrée, un immense eucalyptus s’abat sur la route devant nous. Mais ce n’est pas un accident : nous assistons à son débitage à la tronçonneuse et à l’ébarbage des branches par les cantonniers qui dégagent rapidement un passage pour les motos et les autos.
Une forte odeur flotte dans l’air, les fruits, les fleurs, des feuilles, des branches, des écorces jonchent le sol, nous faisons une petite récolte pour parfumer le bus. Nous remontons dans le véhicule et franchissons la grille.
Nous longeons la majestueuse allée qui nous conduit à l’hacienda, vieille demeure d’une vieille famille transformée en hôtel. Nous sommes autorisés à nous y promener.
Une chapelle  a été érigée dans ce bel ensemble au charme un peu désuet : deux portes en bois sculpté datant de 1580 s’ouvrent vers l’intérieur. On peut voir un très joli retable avec sculptures naïves, dans une tribune une vitrine contient des chasubles brodées.
Nous déambulons d’abord près des communs où nous achetons des cartes dans un magasin de souvenirs puis dans les galeries aménagées en salon de lecture où une douce chaleur nous accueille. Ces galeries couvertes encadrent un jardin intérieur doté d’une fontaine centrale, fleuri de géraniums et d’arums.
De vieilles photos révèlent le côté colonial du lieu. Nous nous offrons un chocolat chaud ou un thé au bar avec nappes blanches serviettes en tissu bleu et serveur en blanc et noir, sans nous ruiner.
Après cette halte dans l’histoire et dans le confort nous roulons vers El Chaupi, village montagnard où nous allons coucher dans une auberge sommaire. Les chambres à peine investies, nous fonçons profiter de la fin du jour.
Bien nous en a pris, le coucher de soleil est somptueux, les lumières jouent dans les nuages.  Comme le fond de l’air est frais, El Chaupi by night est vite fait. Avant le repas, la douche réserve des surprises, brûlante pour certains, glaciale pour d’autres. Nous nous réchauffons dans la salle à manger près du poêle dans une ambiance de chalet savoyard. La nourriture est là aussi abondante : soupe, poulet, riz légumes al dente et surprise : crêpes. Un salon nous accueille pour lire et écrire avant de se chercher un peu de chaleur dans nos lits. Nous sommes essoufflés, normal, nous créchons à 3400m !