Une des œuvres de jeunesse de Rigaud représente son ami le
sculpteur « Martin Desjardin » placide et attentif
et plus tard sa "Menasseuse" ne manque pas de caractère. Il n’a même pas eu besoin d’effectuer le traditionnel voyage
en Italie des apprentis peintres,
sa spécialité sera le portrait (400). Il
réunit pour une fois ses confrères« Le Brun et Mignard », et en
plus intime dresse le double portrait de sa mère à destination du sculpteur
Coysevox qui ne l’avait jamais vue.
« Le cardinal Dubois », jugé
« chafouin » par Saint Simon, joua un grand rôle diplomatique sous la
régence, mais je retiens plus volontiers qu’il serait à l’origine de la
contrepèterie de la comptine : « Il
court, il court, le furet »… « Il fourre, il fourre, le curé ».
Hyacinthe, natif de Perpignan, recommandera Jean Ranc, le fils de son formateur
Antoine Ranc, à la cour d’Espagne. Celui-ci use aussi des drapés, de l’hermine
et des colonnes dans un portrait de louis XV.
Les belles lumières de son « Vertumne
et Pomone » au
musée Fabre fixent dans nos mémoires, l’histoire de Vertumne déguisé en vieille
femme pour séduire Pomone la nymphe aux beaux fruits qui préférait la
conversation des plus âgés, mais ne sera pas déçue par la supercherie.
La clientèle, d’un autre portraitiste, Nicolas de Largillierre, qui travailla beaucoup en Angleterre, était
moins aristocratique et son « Elizabeth Throckmorton chanoinesse
de l'Ordre des Dames Augustines » est d’une grande force.
« Guillaume
Coustou » sculpteur lui aussi représenté par Jacques-François Delyen est
crédible, robuste et vigoureux. Charles est le plus connu de la dynastie Van Loo,
et sa notoriété à l’époque fut considérable. Ses portraits de Louis XV en campagne, de Marie Leczinska, Reine de France,
d’Innocente Guillemette de Rosnyvinen de Pire
ou de « La Marquise de Pompadour en jardinière »
tellement bien mise en scène que l’on disait « vanlouter »
pour des dispositifs trop apprêtés, sont de précieux témoignages.
Le portrait aujourd’hui contesté de « Denis Diderot » est de Louis Michel Van Loo.
« Manon
Balletti » est bien
traitée par Jean-Marc Nattier, elle le fut aussi par Casanova. Douce mélancolie,
élégance, légèreté.
Le pastel rend bien
les carnations; le très vivant « Abbé Jean-Jacques Huber », happé
par son travail, de Maurice Quentin de La Tour, en
est une preuve.
Le vigoureux Jean-Baptiste Perronneau, plus rude,
rend bien les vérités psychologiques, voir son Portrait de « Madame de Sorquainville ».
Francois-Hubert Drouais, représente les descendants lointains de Godefroy de Bouillon « Les
enfants du duc de Bouillon déguisés en petits Savoyards »
et avec «Le
comte d'Artois et sa sœur, madame Clotilde », les enfants apparaissent, la chèvre diabolique apprivoisée.
Entre ses cadres dorés, la peinture de portraits , « une frénésie française du
paraître », a témoigné « d’un
renouveau vers l’intime, et donné un visage d’insouciance aux protagonistes du
siècle des lumières ».