L’historien de l’art intervenant devant les amis du musée de
Grenoble a présenté un portrait de « La princesse palatine » par François
de Troy, au début d’une série devant illustrer « le temps de la grandeur »
pour ce genre de peinture, moins bien considérée alors que la peinture
d’histoire ou religieuse, puisqu’elle n’est qu’une représentation du réel.
« Madame » mariée au frère de Louis XIV aimait
moins les bijoux que son époux de convenance, et quand au cours d’une chasse, elle
versa dans un fossé, le roi lui dit : « le fossé a dû être
comblé ». Elle, qui ne manquait pas de verve, pouvait se permettre de se
comparer à une pagode, vers la fin de sa vie. Au moment du portrait, tout est apparat, les étoffes
soulignent le statut social et les colonnes, la stabilité.
« L’Atelier du peintre » d’Abraham Bosse met en scène
une profession qui a gagné ses lettres de noblesse au cours du XVII°,
l’activité devient rémunératrice rencontrant le narcissisme des « personnes
de qualité » : il s’agit de faire le plus ressemblant possible, le
plus flatteur aussi, parfois. Ici, l’artiste s’inspire des livres, des autres
arts (la sculpture) et de la nature.
Derrière le portrait du roi Louis XIII, Richelieu n’est pas loin, mais posé au
sol.
« La galerie des illustres » du château de Beauregard au bord de la Loire
comporte 327 portraits répartis sur trois niveaux, elle rassasie le besoin
d’images qui se faisait jour (déjà) à cette époque.
La simplicité va bien à « Louis XIII » par
Dumoustier : dans une attitude naturelle, son regard est intense,
comme « Le
chanoine » de Jean Chalette.
Par contre dans son « Portrait de Jean Caulet en Apollon
couronné » le modèle est engoncé sous ses lauriers, derrière
un parapet inspiré de l’école flamande.
Pourtant l’inscription latine signifie :
« Ici, sous la
présidence d’Apollon, les Muses distribuent des fleurs aux poètes, et le
véritable Apollon est pareil au protecteur portraituré ».
Nicolas Lagneau, lui, n’est pas loin de la caricature avec
son « Hippocrate ».
Henri IV n’hésitait pas à figurer en Mars, dieu de la guerre, mais son fils n’en avait pas le goût.
Sa
femme, « Marie de Médicis » par Frans Pourbus, portait une
robe de 35 kg
cousue sur elle.
En ces temps, le côté flamand se marie au mouvement à
l’italienne et au goût espagnol, la lumière vient de Bologne.
Philippe de Champaigne peint « Les enfants de Habert de
Montmor », six garçons, en robe pour les plus petits, qui entourent
une fille, leurs mains dans la diversité de leurs positions suggèrent la vie,
amorcent des mouvements. Son Richelieu de la National Gallery où la lumière se pose
sur les plis est en majesté.
Mais le « triple portrait » du
cardinal, destiné à documenter un buste
du Bernin est d’une grande « densité psychologique ».
C’est marqué sur l’ « Effigie de
Nicolas Poussin des Andelys, peintre, âgé de 56 ans, Rome, année jubilaire de
1650 ». «Auto portrait » du
maître classique, docte et sévère sans brillance inutile, ni effet chatoyant.
Simon Vouet est plus bouillant, il a connu les peintures du
Caravage et des frères Carache, son « self
portrait » est vif.
Robert Nanteuil, se hisse à l’excellence avec ses pastels,
ainsi ce « portrait de Louis XIV ».
Si les représentations télévisées de Colbert le voient en
noir, c’est que le « Portrait de monseigneur Colbert » par Claude Lefebvre a marqué
les esprits : le serviteur de l’état est majestueux.
La fille de madame de Montespan et du roi est morte en bas âge, Mignard la peignit en « jeune fille aux bulles de savon ».
Je ne retiens parmi ceux « qui livrent un regard
aiguisé sur leurs contemporains » au temps des Louis XIII et XIV, que Charles Lebrun qui a peint bien des notables (par exemple son
protecteur le Chancelier Séguier
).
Son « Portrait » par Nicolas de Largillière, montre que le
peintre des princes est devenu prince de la peinture. J’ai oublié Tournières « qui témoigna du souci d’apparence de leur temps »