mardi 2 juin 2015

Rupestre.


Excellente idée d’éditer un livre de BD qui met en scène la rencontre de six dessinateurs avec des dessins préhistoriques, pas « grottesque » pour un rond.
De l’équipe, je connaissais Davodeau
Rabaté
Emmanuel Guilbert
il y a aussi Marc Antoine Mathieu, David Prudhome et Troubs qui mêlent leurs traits, leurs réflexions pour un ouvrage  poétique et drôle de 200 pages.
« A la limite ça me  dérange.
Ça me colle un malaise.
Encore l’homme qui ramène sa fraise, je me dis.
Encore un tag sur la porte du garage.
Encore « Ducono est passé par là » avec la date en dessous. »
J’aimais commencer l’année avec mes élèves en leur faisant reproduire des dessins  du paléolithique sur du kraft genre papier rocher, voire sur de la toile de jute enduite de plâtre, histoire de faire coïncider la chronologie de l’humanité avec celle d’une année scolaire où la recherche d’une expression personnelle irait bien jusqu’à côtoyer Warhol, Zep et De Vinci.
Ce livre  joue sur les ombres, les courbes, les silhouettes induites par les formes de la roche, dans les entrailles de la terre humides et noires. Les mystères les plus enfouis rencontrent les fantaisies les plus personnelles. L’expression de l’identité de l’homme à la lumière d’une frontale retrouve les traits d’une abstraction très contemporaine.

lundi 1 juin 2015

Garrel. Desplechin.

Leurs films récemment sortis sont également loués par « La » critique, pourtant, à mes yeux, dans la profusion des propositions du festival de Cannes, ils accusent la vacuité d’un certain cinéma français. Le conformisme des habitués de masques de fer blanc et plume de plomb, saute à l'oreille, quand  dans l'émission du « Masque et la plume », la dithyrambe est quasi unanime .
Deux « films d’appartement » aux fenêtres passées au blanc d’Espagne, comme jadis, pour se cacher des éclats du présent.
L’ombre des femmes. Philippe Garrel.
D’accord Clotilde Courau est une actrice qui a de la personnalité, mais la ferveur critique aurait tendance à appeler la contradiction face à un film limitant le qualificatif « français » à de pauvres relations tellement vues et revues entre hommes et femmes, maîtresses et amants. Si le noir et blanc peut avoir du charme, ici, il n’excuse même pas l’absence de renouvellement d’un genre harassé. Quand on fait dire à un personnage masculin déjà antipathique au possible qu’il estime légitime de tromper sa femme alors que c’est inconcevable qu’elle en fasse de même : au secours le théâtre de boulevard du XIX° ! Le sinistre individu retrouvant la Clotilde extatique ne constitue donc aucunement une fin heureuse.
Trois souvenirs de ma jeunesse. Arnaud Desplechin.
Ce retour éternel vers le ton trufaldien qui  se caractérisait lui par la légèreté et l’originalité sonne le creux. Nombrilisme, absence d’imagination, alors que tant de films sans moyens ne sont même pas distribués, les critiques s’évertuant à trouver des vertus  à ces deux heures insignifiantes où les sentiments sont superficiels, les allusions à l’actualité tournant au procédé et soulignant plus encore leur ignorance du siècle et les connivences autour de telles productions.
Echange Garrel, Desplechin, Mourret, contre un seul film iranien.
Vont-ils arriver en multipliant les hommages balourds à dévaloriser le père d’Antoine Doisnel ?

dimanche 31 mai 2015

Z comme zig zag. Gilles Deleuze par Bérangère Janelle.

Une heure assis à un bureau d’écolier, j’étais sur la chaise étiquetée Sergueï Mikhaïlovitch Eisenstein derrière Baruch Spinoza.
Un moment jubilatoire passé à écouter deux comédiens philosopher comme on respire, disant des bêtises et des fulgurances qui entrainent loin;  jusqu’à l’horizon peut être, celui que perçoivent d’abord les japonais avant eux-mêmes et qui  peut fournir une identité à la pensée de gauche celle qui envisage d’abord l’universel.
« Les problèmes du Tiers Monde sont plus proches que ceux de mon quartier »
C’est que la question a été posée à l’assemblée réunie dans le grand studio de la MC2 autour de Deleuze, et personne n’a ricané, bien que demander : « qu’est ce que c’est être de gauche ? » relèverait de la perfidie.
« Faire de la philosophie, c'est constituer des problèmes qui ont un sens et créer les concepts qui nous font avancer dans la compréhension et la solution de ces problèmes »
 Le philosophe énigmatique et très familier ce soir, lui, dont Tournier son camarade de lycée, disait :
« Les propos que nous échangions comme balles de coton ou de caoutchouc, il nous les renvoyait durcis et alourdis comme boulets de fonte ou d'acier. On le redouta vite pour ce don qu'il avait de nous prendre d'un seul mot en flagrant délit de banalité, de niaiserie, de laxisme de pensée. Pouvoir de traduction, de transposition: toute la philosophie scolaire et éculée passant à travers lui en ressortait méconnaissable, avec un air de fraîcheur, de jamais encore digéré, d'âpre nouveauté, totalement déroutante, rebutante pour notre faiblesse, notre paresse. »
Dans l’abécédaire que nous entrouvrons : avant  zigzag et  zen (l’inverse du nez),  la mouche qui fait ZZZZ, il y a eu la pause tennis : le style de Borg aurait-il été un style prolo ? Et la machine à café débloque. Depuis le A d’animal, il y avait tant de concepts à aborder de façon originale, vivante, avec l’art, la musique, le roman, le désir, la philosophie pour aller contre la bêtise :
« Salut à toi, dame Bêtise
Toi dont le règne est méconnu
Salut à toi, Dame Bêtise
Mais dis-le moi, comment fais-tu
Pour avoir tant d´amants
Et tant de fiancés
Tant de représentants »
Brel
De la poésie, des surprises, de la proximité, les deux passeurs, comme ça sans en avoir l’air, Gilles et Gilles, amènent des sourires et invitent à ne pas se morfondre : «  la honte d’être un homme » de Primo Levy ne confond pas bourreaux et victimes, mais invite à résister.
Souffrant des poumons, Deleuze s’est défenestré, Lévy s’était suicidé.

samedi 30 mai 2015

6 mois. Printemps été 2015.

300 pages de photographies. Le pavé, neuvième du genre, frappe au plus fort.
Consacré en trois reportages au « business de la terre », nous ne ressortons pas indemnes des usines à nourriture au Brésil, aux E.U., au Japon,  avec des images de catastrophes sanitaires causées par les pesticides en Argentine ou des portraits de la main d’œuvre africaine au sud de l’Italie.
Les horreurs de la guerre nous sont elles plus familières, ainsi  que les jeunes en cure de désintoxication d’Internet en Chine ?
Des nouvelles de bergers du Pamir comblent notre soif d’exotisme, et les communautés dans la ville de Leipzig qui essayent de vivre d’une autre manière, comme un train-clinique dans la Sibérie désertée témoignent d’utopies qui tentent de penser des alternatives ou de panser les blessures, les solitudes, les détresses, la misère.
Alors les portraits en noir et blanc de la rugueuse Juliette dans son tab’ier à fleurs et son panier de haricots au bras ainsi que des enfants d’un album de famille danois nous apaisent.
Les souvenirs de policiers suisses ou la photobiographie de Kim Jong laissent plus indifférent alors que le rappel d’un moment oublié depuis Beslan, lieu du massacre de 344 personnes  par des séparatistes tchétchènes, il y a 11 ans déjà, est utile en montrant les rescapés et leur vie d’aujourd’hui.
Sur le plan formel une collection d’instantanés nous tape à l’œil et le procédé d’une photographe posant avec des modèles très différents, se glissant dans leur décor est stimulant.

vendredi 29 mai 2015

Burn out et doutes.

Les médias sont passés à la séquence « burn-out », et le débat « collège » est déjà loin, pour lequel la formule «  le niveau monte » peut être abandonnée définitivement, après avoir fait florès depuis Baudelot et Establet avant de tomber de Charybde en PISA : pareil pour la presse !
Et Le Vaillant dans Libé : «  si on supprimait l’école (et ses réformes) ? » qui ressort des mots des années Illich et Summerhill : ça ne nous rajeunit pas !
Je viens d’envoyer à Télérama ces mots :
«… vous mettez en évidence le ressenti d’une institutrice retraitée, comme moi, qui n’a pour seul argument qu’elle est fatiguée des « vieilles barbes » ; pourtant Régis s’est rasé la moustache mais pas Jaurès. C’est sans doute pour refléter l’accablant niveau des débats sous le titre jeunes / vieux, que vous avez privilégié celui là, venant après les « bas du front » de Joffrin et les « pseudos  intellectuels» de NVB et précédant les coups de fouets qu’attend avec impatience ma conscrite Durut Bela (professeur en sciences de l’éducation, interrogée par l’hebdomadaire) qui devrait être également à la retraite, bien que préservée semble-t-il des élèves depuis belle lurette, dans le mol dossier consacré à la publicité de la réforme du collège. »
Les journalistes compatissent avec les salariés sous pression, mais ils ne cessent d’accabler les profs qui  décidément ont du mal à comprendre : seraient-ils contre l’égalité ?
Les urnes risquent d’être peu fournies en suffrage pour la pseudo gauche ; ce sera le recours ultime ignorant les consultations qui n’abusent plus grand monde.
Après avoir couru derrière quelques leurres en peau de latin, ce que j’ai pu lire dans la presse m’a paru bien fade, pipé. Et le sabir, pas si anodin, de la techno structure accusant la distance entre décideurs et exécutants méritait-il mieux que des ricanements ?
Depuis le début de ma carrière d’instit’, en 68, c’est chaque fois au nom de l’égalité que s’empilent les réformes : maths modernes, disciplines d’éveil, notation ABC … avec dans les faits une diminution des heures de français qui portent les fruits secs que l’on connait.
Ci-dessus une BD du ministère à agrandir en cliquant dessus, qui situe le niveau d’infantilisation des personnels. Et lisez plutôt la "méforme du collège" d’un compagnon de blog, militant inlassable d’une école plus juste et performante : « L’autre monde », ci contre dans la colonne de droite.
Dans une société où Nabila est une vedette, Duflot ministre et Pujadas journaliste, les modèles sont écroulés.  Alors ce pays vieilli flatte la jeunesse pour rester dans le registre qui tant excite la presse : les vieilles barbes parlant aux vieilles barbes.
Les « cycles » introduits en primaire n’ont pas fonctionné : on les propose à cheval entre école et collège, les EPI (enseignement pratique interdisciplinaire) remplacent les défuntes IDD (Itinéraires De Découverte) qui ne marchaient pas : on change les lettres.
Les mots sont morts. Pour aller au-delà de quelques phrases échangées sur Facebook avec une vieille complice de La FCPE qui  s’étonnait de mon scepticisme, moi l’ancien militant du SGEN CFDT, syndicat qui aujourd’hui se propose de passer dans les collèges pour expliquer la réforme du ministère, je révise mes engagements.
Je souhaitais l’entrée des parents à l’école, le travail en équipe, la pédagogie du projet, l’enfant au centre…
Les temps ont changé : l’enfant silencieux est passé en mode impérieux, prescripteur, le précepteur adulte s’est effacé, les parents sont devenus des consommateurs alors qu’ils étaient des amis de l’école. Pour la rédaction des projets, les inspectrices imposent des éléments de langage, et bien des collectifs se sont épuisés en parlottes inutiles, dévoyés en affichages publicitaires au détriment d’engagement authentiques, sous un caporalisme aux allures participatives mais visant au conformisme.
Les profs sont résignés, la réforme du collège va se faire dans la suite logique de celle du lycée de Chatel, surmontera-t-elle le manque d’appétit, de travail de nos enfants? Quant à la formation d’hommes et de femmes libres ?
Le blabla autour des promesses a entretenu  l’idée d’une école qui ennuie, surmène et bien des discours tenaient de la publicité : « maigrissez sans effort et continuez à vous empiffrer ».
Allez tout le monde au bac (à sable) !
…………
Libé peut être pédagogique quand il rappelle :
-        En 1979, la France a accueilli plus de 100 000 «  boat people » venant du Cambodge et du Viet Nam.
-         La commission européenne a demandé aux 28 états de l’UE de se répartir 20 0000 réfugiés (1 pour 25 000 habitants).
-        La Turquie héberge 1,7 millions de réfugiés. Le Liban plus d’un million (le quart de sa population)
L’image qui chapeaute cet article est prise dans Libé qui fait sa propre pub pour une nouvelle formule. Habile, jouant avec les contradictions, ce qu’ils n’ont pas fait dans le débat sur l’école où tout contradicteur était affublé de l'étiquette infamante "à droite", rendant tout débat impossible.
………..
Pas dessin du « Canard » cette semaine qui avait cependant une bonne manchette :
"Espagne : Podemos, France : pas des masses "
Faute de dessins convaincants concernant le collège, je propose celui du Point réalisé avant que les scandales de la FIFA n’éclatent.

jeudi 28 mai 2015

Yves Klein et Jean Tinguely.

Dans le mouvement du « Nouveau réalisme » auquel le Niçois et le Suisse ont appartenu un temps, ils ont occupé le territoire de l’immatériel.
Ce groupe d’une « singularité collective » pour « une approche perceptive du réel » eut une durée de vie qui occupa les années 60.
« Yves le monochrome » et « Jean le cinétique » comme ils furent nommés, tels des empereurs byzantins, comme l’a précisé le conférencier Thierry Dufrêne devant les amis du musée, vont utiliser d’autres moyens que la peinture pour peindre.
Yves Klein, fils de deux artistes, fut ingénieur de la navale et étudia les langues orientales. 
Il présenta un projet de peinture avant de s’atteler à la tâche, avec une préface de son livre constituée uniquement de traits.
Il assure le renouvellement de la peinture monochrome, avec dans sa tête Kandinsky, Malevitch, Rodchenko.
Loin des jeux d’esprit d’Alphonse Allais qui dans  « L'Album primo-avrilesque » intitule une toile bleue :
« Stupeur de jeunes recrues apercevant pour la première fois ton azur, o Méditerranée! »
Lui, ce serait plutôt la couleur d’un tatami  évoquée dans la toile bleue intitulée « Tokyo », il était un très bon judoka.
Au « Salon des Réalités Nouvelles », il est refusé alors que Tinguely est accepté avec «  Relief méta mécanique » où les formes géométriques sont mises en mouvement depuis le châssis.
Lessing, écrivain allemand, dans son traité d’esthétique « Laocoon », estime que le poète a du temps, alors que l’artiste, homme de l’espace, doit être tangible dans l’instant.
Tinguely en déléguant le métier d’artiste à la machine, bouscule les codes, et Klein en utilisant le corps de femmes enduit de couleur comme « pinceau vivant » qu’il se garde de toucher tout en les dirigeant, aurait- il à faire présentement avec les chiennes de garde ?
Mais le passage sur la toile du rouleau trempé dans le bleu IKB « International Klein Blue », déposé à l'Institut national de la propriété industrielle n’est pas une mono manie. Il gorge de bleu des éponges qui offrent « une qualité de respiration », elles sont le portrait de ses spectateurs qui « absorbent ».
Il lit Bachelard, le philosophe des éléments primordiaux : feu, air, eau, terre, mais leur rencontre se passe mal. Il crame ses toiles, aux endroits que les corps enduits d’eau ont laissés à la flamme. Les silhouettes d’Hiroshima flashées sur le béton par la bombe vont le hanter.
Une de ses expositions s’intitule : «  le vide », les salles  de la galerie sont vides. 
Il met en scène, une autre fois, un « saut dans le vide », un photomontage où il prétend léviter pour mieux peindre l’espace, qu’il commente dans un journal d’un jour.
Pour  un exvoto destiné à Sainte-Rita de Cascia, patronne des causes désespérées, il ajoute au bleu, celui qui sort des ténèbres, couleur du fils sensible, le rose du Saint Esprit et l’or du père immortel.
Il vend ainsi des « zones de sensibilité picturale immatérielle » contre des feuilles d’or, Dino Buzzati participe à la transaction, une zone désignée par un geste donne droit à un certificat… à détruire. Le rosicrucien est l’un des pères du happening et des performances accompagnés de musique concrètes. Son projet d’Obélisque éclairée en bleu sera réalisé après sa mort à 34 ans. 
Tinguely était aussi performant  avec son  « Hommage à New York », sa machine s’autodétruit dans la cour intérieure du MOMA. Dans le désert à côté de Las Vegas,  il met en scène une fin du monde et sur le parvis de la cathédrale de Milan un phallus géant s’enflamme pour fêter les 10 ans du NR, nouveau réalisme.
La collaboration particulière que Tinguely entretint avec Yves Klein fut une « super collaboration » d’après l’appréciation du sculpteur qui mit la peinture en mouvement, alors que des sculptures apparurent de la part de celui qui déposa quelques roses sur la dalle funéraire intitulée  « Ci-git l'Espace ». Ils réalisent ensemble « Excavatrice de l’Espace » et « Vitesse pure et Stabilité monochrome », des machines bleues.
 « Le cyclope » géant de Milly la forêt où ont travaillé Arman, Raynaud, César, Nicky de Saint Phalle … sur son  toit couvert d’eau, reflète le ciel, un ciel bleu Klein.

mercredi 27 mai 2015

La Caponata

Voilà une recette telle qu’elle m’a été transmise :
2 poivrons rouges,
1 aubergine,
750 g de tomates,
1 cœur de céleri branche avec les feuilles,
1 oignon, 4 gousses d'ail,
40 g de câpres, 2 cuillères à café de thym frais,
8 cl de vinaigre de vin rouge+ 2 cuillères à soupe de sucre,
25 cl  d’huile d'olive.
Ebouillanter les olives 2mn, égoutter, couper en petit dés.
Laver et couper les poivrons en petits dés.
Peler et épépiner les tomates (les ébouillanter c'est plus facile), les couper en dés.
Hacher l'ail.
Emincer les oignons.
Faire revenir les oignons  3mn dans 3 cuillères à soupe d'huile d'olive.
Ajouter poivron et ail faire revenir 5 bonnes minutes.
Ajouter les tomates, saler poivrer  et cuire à couvert 20 mn  à feu doux.
Pendant que ça cuit, couper le céleri en petits dés.
Faire revenir 10 mn dans 3 cuillères à soupe d’huile d'olive avec thym.
Couper  les aubergines en petits dés.
Enlever le céleri et le réserver, et remplacer par  les aubergines,
laisser cuire 5-10mn.
Tout mélanger (penser aux câpres et olives hachées) ajouter le vinaigre avec le sucre.
Laisser cuire 2 mn.
Laisser refroidir.