Tout ne se passe pas sur la Croisette: certaines salles où sont projetés des films des
différentes compétitions sont indignes : d’une année sur l’autre, le Studio
13 à La Bocca n’a pu changer que quelques fauteuils, certains
tenant avec de l’adhésif.
Toutefois, tout le monde est censé savoir que Chopard, le
joaillier, a réalisé
la palme en un or « éco-responsable ».
Je développerai plus
tard sur ce blog, chaque lundi, la
critique de certains films au moment de leur diffusion à Grenoble.
Pour cette année dans le genre de ce que je fis l’an dernier,
http://blog-de-guy.blogspot.fr/2013/05/cannes-cinephile-2013.html
, en essayant de repérer des thèmes communs, il m’a semblé plus simple de remarquer
d’abord les films, ne traitant pas de la violence, tant celle-ci les traverse tous.
Ainsi le documentaire « Les gens du Monde » consacré au quotidien de référence ne
recèle guère de bestialité, même si la rédaction s’affole à l’annonce d’un AVC
de Michel Rocard, sa nécrologie n’étant pas mise à jour depuis 95. Il est
arrivé dans ce type d’anticipation que des journalistes décèdent avant la
personnalité dont ils avaient été chargés de retracer la carrière.
Pas de violence non plus dans « The
red house », une douce histoire
d’amour entre un baba néo zélandais et une chinoise qui transcende les
différences culturelles, mais dans « Le
miroir ne ment jamais » malgré ses allures de carte postale, la mort,
celle d’un père, est très présente. Le beau film de Pascale Ferran, « Bird people » est poétique,
ses personnages qui s’échappent du stress contemporain, causent pourtant quelques dégâts en particulier autour
de l’un d’entre eux.
Tous les autres abordent la barbarie, la férocité, la
cruauté, depuis des enfants suédois
expulsant leurs parents de la chambre d’un bel hôtel en station de sport
d’hiver dans « Force majeure (Turist)»
jusqu’à « Fallout » qui rappelle la menace nucléaire sur le
monde avec un documentaire consacré à
l’écrivain Nevil Shute dont le roman « On the Beach » fut porté à
l’écran avec Ava Gardner et Gregory Peck dans « Le
Dernier Rivage ».
Nous avions commencé notre festival avec un film idéal pour
ouvrir l’appétit : « FLA,
Faire l'amour » rempli d’énergie, servi par des dialogues qui cognent :
un kaléidoscope imaginatif parfois trop gourmand, mais stimulant. Il ouvrait
aussi une thématique où les tests de grossesse se multiplient avec des
présences importantes de bébés, voire leur absence. C’est le cas dans le
dépressif « Bunny » ou
dans le riche « Self made » alors
que la vie d’une Israélienne croise celle d’une Palestinienne : du
pessimisme peut naître du burlesque. Dans « Le
procès de Viviane Amsalem » une
femme n’arrive pas à divorcer en passant par le tribunal religieux à
calottes, seul habilité à asservir.
La prison est évoquée dans une dizaine de films, dont
« Qui Vive » avec Reda
Kateb vu par Libé comme le Michel Simon d’aujourd’hui ou dans l’anodin « Swerve (Sortie de route) ».
Le coupable dans « Fatal
Honeymoon » essaye d’y échapper.
Le rap présent dans la bande son de bien des propositions
est le sujet principal de « Brooklyn »,
et Skipe constitue le lien de beaucoup
de protagonistes avec les portables qui signent l’époque pendant que des
rapports sado maso s’affichent dans plus d’une relation.
Les lignes de coke et autres drogues sont banalisées en
particulier dans le brumeux « Catch me daddy » et dans « Foxcatcher » où un milliardaire
s’achète des médaillés en lutte gréco-romaine mais dans « Gente de bién » le garçon pauvre et
son papa ne voudront pas subir les bienfaits
d’une riche bourgeoise des plus charitables.
Les effets appuyés de
« These final hours » qui
recense tout ce que l’on peut imaginer quand on sait qu’il ne reste à la planète que six heures à vivre
m’ont bien moins ému que « Le
challat de Tunis », un « documenteur » sur un homme devenu
une légende urbaine qui lacérait les fesses des femmes de sa lame ( challat).
Parmi les films où l’amitié entre filles est célébrée, qui
ont bénéficié du plus de pages qu’ « Eka
et Natia », deux filles géorgiennes surmonteront sans doute les
contraintes les plus régressives : « Bande
de filles » où la recette de « Hors les murs » et sa
brochette de pépettes, semble se répépéter avec des blackettes reprenant les
codes machistes les plus caricaturaux, m’a paru surévalué comme « Timbouctou » malgré le sujet
tragique de l’arrivée des islamistes dans ces contrées trop proprement filmées.
Ma préférence à moi, ira cette année vers « Les combattants » aux préoccupations et au ton
très contemporains qui renouvellent l’éternelle histoire d’amour entre
deux êtres aux caractères contraires sur fond social, sans lourdeur
démonstrative.
Devant la diversité des lieux abordés, des manières différentes de filmer,
j’aurai bien repris la formule magique de Marry Poppins que je viens de
découvrir : « Supercalifragilisticexpialidocious »,
mais sa sophistication ne conviendrait pas aux rythmes endiablés d’aujourd’hui,
bien que les durées des films s’allongent encore.
Sauf Godard : une heure dix. Lui ne se démode pas,
semble-t-il.