jeudi 1 mai 2014

Affiches en France. #2. Savignac et les autres.

Benoit Buquet avait intitulé cette deuxième conférence aux amis du musée :
« Après guerre, années pop et contestation 39/75 ». 
Cassandre (voir http://blog-de-guy.blogspot.fr/2014/04/affiches-en-france-1-toulouse-lautrec.html#1 ) inventeur « du beau, du bon, Dubonnet » n’est plus aussi flamboyant après guerre qu’avant. Vichy a interdit toute publicité concernant l’alcool.
Willemot qui inventa la spirale en écorce d’orange d’Orangina, mit en scène « travail » « famille » et « patrie », puis à la libération rend hommage à la France combattante. Sa collaboration dans les années 60 avec les chaussures Bally est empreinte d’élégance ; le trait qui entoure les corps enduits de Bergasol assure une lecture franche du dessin et surligne la protection promise par le produit.
Des artistes comme Matisse se trouvent réactivés par les affichistes qui verront leur inventivité attaquée par le marketing.
Savignac, « né à l'âge de quarante et un ans, des pis de la vache Monsavon. » cherche à divertir. Il crée des mythologies au moyen de gags visuels efficaces : la vache du pot au feu Maggi se met en deux pour humer la bonne odeur de son autre moitié en train de mijoter. Un zèbre a mis ses souliers pour vanter Cinzano et « vite un Aspro !» car le trafic automobile traverse nos tympans. Il reçoit des commandes de toute l’Europe : fromages italiens, journaux hollandais, cigarettes allemandes…
Hervé Morvan, dans la même veine, met un homme à l’abri dans une bouteille de Gévéor et ses slips se confondent avec les coques de « Petit bateau ».
Georges Mathieu, s’exprime dans le registre de l’abstraction lyrique, dans une campagne pour Air France où son « tourisme de l’œil » fait escale.
La signalétique des jeux Olympiques de Grenoble est l’œuvre de Raymond Excoffon un graphiste, typographe, influencé par l’op art, qui laissa aussi la fourrure chaleureuse d’un écureuil épargnant humaniser les surfaces lisses offertes par les trente glorieuses.
Bien que La France ait été rétive à l’austérité du Bauhaus, le suisse Jean Widmer mettant la lettre au centre de ses travaux, va marquer nos paysages avec la signalétique des autoroutes, ou  celle de Beaubourg. Il venait de la direction artistique du « Jardin des modes », où il fit primer des compositions rigoureuses.
Roman Cieslewicz émigra vers la France, depuis la Pologne, son pays d’origine,  qui influença nos artistes par ses affiches de théâtre ou de cirque. Le portrait pop art d’un Guevara christique est à l’origine de toute une iconographie. Les lettres encadrées de guillemets « Che si » prenant la place des yeux, s’affirment avec force.
De l’atelier au sous sol des Beaux-arts en mai 68, sortiront :
« La chienlit, c’est lui », « Quand les parents votent les enfants trinquent », « La beauté est dans la rue », elle lançait des pavés si légers, « Sois jeune et tais toi », « La police vous parle tous les soirs à 20h », un CRS derrière son bouclier  siglé« SS » lève sa matraque, la jeunesse à la tête bandée s’inquiète pour son avenir...
En 72, le Front des Artistes Plasticiens manifeste contre une « expo fric », une « expo flic » à Beaubourg en reprenant le style sérigraphique qui fit florès quelques mois avant ; il conteste l’absence de certains ou la présence d’autres « vendus au capital » : une affaire d’artistes.

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