Un boulevard s’ouvrait donc à l’animateur de la table ronde
autour du mot « traboules » pour trouver une thématique commune, plutôt
que le rallumage de petites bougies de l’enfance face aux lasers froids des
fêtes actuelles : 35 de ces chemins de traverse dans Lyon restent ouvertes
sur 350.
Une fois secouée la fatale nostalgie qui colle à une
évocation de Lyon par Vaudey, « une ville pas comme tout le
monde », dans son livre « Le
nom de Lyon », le débat pouvait s’approfondir avec Bailly, l’auteur de « La phrase urbaine »
Il nous emmène au delà du seuil de notre maison, là où commence le monde, vers « L’impasse
des beaux yeux » à Marseille dont la plaque de rue a été mainte fois volée,
mais où subsiste le nom écrit à la craie, dans la lignée lyonnaise de la
« Montée de tire cul », « Rue des tables claudiennes » ou
« Allée des cavatines » dans le « quartier du Point du
Jour ».
En accord avec le titre « Plan B », de cette 28°
fête du livre, dans le cadre insolite de l’hippodrome de Parilly, nous sommes
invités à prendre la tangente, des raccourcis, à faire un pas de côté pour
continuer à vivre nos villes constituées de la totalité de nos promenades et
non d’un patrimoine en plaques. Chaque ville est comme un texte à articuler, à conjuguer.
Les urbanistes visent pour certains à revenir sur le zonage
stupide qui a modelé nos aglomérations et nous avec, mais quand un coq dérange
le résidant secondaire comment envisager
un atelier bruyant en bas de chez le quidam qui cherche le sommeil, quand on ne
doit pas trop s’exclamer aux terrasses des cafés ?
« La
façade d’une maison n’appartient pas à celui qui l’habite mais à celui qui la
regarde » Proverbe Chinois.
Pierre Jourde de
« Pays perdu » http://blog-de-guy.blogspot.fr/2011/06/cest-la-culture-quon-assassine-pierre.html et Eric Chevillard du « Désordre Azerty » constituaient une autre
paire de choix, complice, punchy, sensible et drôle pour s’interroger sur les
pouvoirs de la littérature.
La réalité a été contondante pour l’écrivain qui vient de
livrer « La première pierre ». Ses enfants métis avaient reçu pierres
et injures quand il est revenu dans le hameau à propos duquel il avait écrit.
Cette violence vient dans ce monde rural en voie de
disparition, que toutes les folklorisations n’ont pas épargné, là où justement
se racontent des histoires. L’écrivain cherchant à « désenfouir le réel »
contourne les évidences quand la vérité ne se trouve pas forcément aux creux
des mains ou des poings, ni dans un trou dans la terre.
En farfouillant à l’intérieur du « réservoir du
monde » qu’est la littérature, je retiens quelques phrases
stimulantes :
« L’écrivain
doit être mort pour ses lecteurs », « La littérature n’a pas de
compte à rendre »…
A la recherche des mots qui ne soient pas taillés dans le
prêt-à-poster, un détour par le silence est peut être nécessaire, alors comme
au bout d’un champ en Auvergne, P. Jourde continuera à essayer d’apporter des
réponses à : « Ce pays me veut
quelque chose ».
Son œuvre est en route.