vendredi 14 septembre 2012

«Ça mange le Bon Dieu et ça chie le diable.»



Jean Marie Rouart remet au goût du jour une expression gasconne citée par Mauriac à propos du MRP et qu’il applique, lui, au journal Marianne dont il n’a pas apprécié les copinages en littérature. Toujours la distance des paroles et des actes
La formule m’a bien plu  pour sa vigueur et je la mets en titre des mes indignations à propos des raffinés qui viennent au secours de Bernard Arnault en se pinçant le nez à la vue de la une de Libé : 
« Casse toi, riche con ! »
Quand il était pauvre, le con, ces culs serrés n’y voyaient pas de mal.
Hollande attend 30 milliards ; la fortune d’Arnault est de 32 milliards.
Où est l’indécence ?
Le sujet  est central : s’y rencontrent, la morale  qui ne s’enseigne pas qu’à l’école, la liberté de la presse, la solidarité.
Dans cette péripétie de la lutte des classes, je suis content d’être dans le camp opposé à celui choisi une fois de plus par « Le Monde » et ses dessinateurs.
Le mérite de Libération, passant outre les pressions des annonceurs est de faire revenir dans le débat national les problèmes posés par l’évasion fiscale, et de révéler tous les hypocrites qui aimaient tant se draper dans les postures patriotes et se retrouvent à barboter en fâcheuse compagnie sur les plages bondées des Caïmans.
............
Dans le Canard de cette semaine:

jeudi 13 septembre 2012

Camille Claudel.



Emoustillés par le film qui fit  apparaître la  réprouvée  sous les traits d’Adjani, au delà de son maître Rodin, nous sommes partis à la recherche de Camille Claudel, mais le château de frère Paul à  Brangues était fermé aux visiteurs et  cette année le village du Nord Isère réservait son espace d’exposition à Antoine Berthet,  enfant de là bas qui inspira  Stendhal pour le personnage de Julien Sorel.
A Morestel, ville voisine, la maison Ravier était fermée le matin, nous ne pourrons vérifier la complicité du poète et de la sculptrice.
La guide du château de Longpra mentionnera la rareté des visites du diplomate à l’internée  de Montfavet.
A Saint Geoires en Valdaine au bout d’une belle allée cavalière, la  maison forte accueille des œuvres de Camille Claudel et de Rodin. Sur la petite île au milieu des champs chartrousins parmi les meubles signés Hache, la confrontation des artistes passionnés est intéressante car il s’agit plus que d’un échantillon avec 22 œuvres, sans arriver à être exhaustive.
« La petite châtelaine » est plus émouvante que bien des postures contorsionnées  mais  c’est « La valse » dans son déséquilibre qui m’a emporté. 
.........
Je suis allé chercher une image sur la toile, les photos n'étaient pas autorisées.

mercredi 12 septembre 2012

La part des anges. Ken Loach.



Des whiskies rares peuvent atteindre des prix astronomiques ; les films du bon Ken, eux, valent tout l’or du monde car il sait extirper parmi les engrenages les plus inéluctables, des raisons de croire en la générosité des hommes.
Je pensais assister à une rigolade et ne savais si le maître du cinéma social saurait faire.
Ce n’est pas qu’une comédie et des scènes sont particulièrement réussies sans simplisme : par exemple la confrontation avec une victime. Le personnage de l’éducateur est beau parce qu’il n’est pas  un bellâtre. Et comme une copine qui est propulsée hors de son siège dès qu’un chien se fait écraser une patte à l’écran, j’ai bondi quand une bouteille  de whisky a éclaté. De bonnes idées de scénario, des acteurs crédibles. Quand un récit hautement politique est habile c’est remarquable. Le talent  œnologique découvert pour le personnage principal n’est pas une révélation miraculeuse, il entre dans un processus  optimiste de remise à flot où le murissement ne vaut pas seulement pour le malt. Un enfant peut faire sortir de l’enfance et l’amour lorsqu’il  n’est pas aveugle peut donner un coup de fouet  décisif sans qu’il y ait tourbe à rajouter.
.....
La  scottish photo est de Margaux
.........

mardi 11 septembre 2012

Le défilé ouvre la biennale de la danse. Lyon 2012.



Je vais éviter de me répéter puisque figurent sur ce blog des articles et des photos sur les défilés 2008 et 2010.
Quand la culture populaire rencontre les créateurs, l’enrichissement mutuel allume bien des regards : l’investissement des 4000 personnes de tous âges, de toutes conditions, de tous les tours de taille, qui avancent rue de La « Ré » est toujours aussi tangible et réconfortant.
Parmi les milliers de spectateurs, beaucoup se sont retrouvés pour la Tarentelle qui clôturait la journée et ouvrait une biennale où 15 créations mondiales seront accueillies.
Cette année, c’était la neuvième édition sur le thème « Entre ciel et terre ».
Dominique Hervieux est directrice artistique pour la première fois avec Mourad Merzouki qui ouvrait et fermait la marche, un ton au dessus des autres groupes.
Il a présenté aussi, place Bellecour,  un extrait de « Récital », son spectacle fondateur.
Des lapins, des coccinelles, des flamants roses en ballons brillaient au dessus des groupes de ceux qui assuraient la ponctuation entre les ensembles de danseurs et musiciens de Rillieux, Saint Priest, Chambéry, Villefontaine, Villeurbanne…
Tellement étourdi par le kaléidoscope des images, c’est au hasard d’une photographie que j’ai découvert Keith Harring sur des tambours: ainsi bien des allusions sont passées très vite, mais pas le plaisir d’une ivresse quand les batucadas accélèrent les « pace maker ».
Avions et hôtesses de l’air, acrobates, rêveurs, nous ont fait décoller.
Un postier avait accroché des chevaux légers sur son porte-bagages, un potier derrière des plastiques nous rappelait que la glaise pouvait être créative, un baobab en  bois de cagette se promenait et les brouettes dansaient. Un beau dimanche en ville.
...............
Si la photographie des reflets vous plait vous pouvez voter sur le site de la biennale. http://www.biennaledeladanse.com/fr/participez/concours-defile/votez.html?page=3
..............


lundi 10 septembre 2012

Monsieur Lazhar. Philippe Falardeau.



Fellag qu’on retrouve avec plaisir dans ce film canadien joue le rôle d’un instituteur venant remplacer une enseignante qui s’est suicidée dans sa classe.
Il a lui-même vécu un drame et peut aider les élèves traumatisés à chasser leur culpabilité.
Il se permet de parler plus librement que les collègues qui ont connu la désespérée.
Des questions pédagogiques sont posées avec justesse : la place de l’éducatif et des apprentissages, l’exotisme, la langue française,
« les enfants sont-ils devenus des produits radio actifs qu’on ne peut plus toucher ? »
C’est réjouissant de voir le natif  de Tizi Ouzou défendant une  belle langue classique dans la belle province.
Réfugié politique au Canada, le pseudo instituteur  va lui aussi guérir un peu de ses blessures.
Les acteurs sont authentiques et l’expérience caricaturale de la série « l’Instit » rappelle que ce n’est pas évident de filmer la vie d’une école, là c’est réussi.

dimanche 9 septembre 2012

Zebda aux rencontres Brel.



Le groupe  qui tourne cet été dans trente deux festivals est passé à Saint Pierre de Chartreuse et  même si le cadre verdoyant n’est pas vraiment celui des cités, l’accueil du public a été très chaleureux ; c’est vrai qu’ils savent chauffer une salle.
Il y a déjà des années, 17ans déjà qu’ils sont apparus.
Ils avaient interprété jadis, entre autres « Jaurès », donc chez maître Jacques, les Motivés  avaient toute leur place.
Ils  nous ont offert « les bourgeois c’est comme les cochons plus ça devient vieux, plus ça devient… »
Le temps était frais, mais bien des spectateurs ont remonté les bras de  leur chemise pour suivre le trio avec Magyd qui avait le tee shirt à tordre et les frères Amokrane, une énergie à grimper en haut du chapiteau.
Révision du dernier album « Second tour », celui de la remise en train du groupe et reprise de certaines  d’ « Essence ordinaire », « Le bruit et l’odeur »…
Ils parlaient  d’un manouche: 
« Y nous a pas fait latche
Et tout ça à la tchatche
Y nous a fait le match
Et nous a dit là ya tchi
Ah ! Quel plaisir »
En première partie, Gari Grèu, avec son univers coloré et sa dynamique, ancien du Massilia Sound system, complice marseillais des Toulousains  de Toulouse « était raccord ».
L’émotion collective ne peut se retrouver que dans le spectacle vivant et celui là vous « remet du gaz », même si les mots disparaissent parfois sous les battements.
C’est qu’il faut acheter le CD.
Une soirée chaleureuse de retrouvailles et aussi sûrement de découvertes pour les plus jeunes dans une foule où  les toutes générations étaient visibles, mais où les beurs étaient peu nombreux.
J’ai été effaré des réactions sur le site de la radsoc Dépêche de Toulouse depuis la ville où  le trio pêchu a animé le 14 juillet et sur le site du Nouvel Obs. 
Bien que Cherfi dise que Merah leur a cassé les jambes, il n’est pas entendu, et son interview est le prétexte à un déchainement de bêtises dans les commentaires  sous le label  d’une gauche qui auparavant savait se tenir.
Je les trouvais paranos quand ils chantaient « n’attends pas qu’ils reviennent… » après la prise par le front de quatre villes ; je pétoche aujourd’hui devant l’avancée de l’extrême droite qui ne se compte pas seulement sur le plan institutionnel.
Nous, les héritiers de Grenoble compagnon de la libération,  les avons rappelés et le chant des partisans a été partagé avec d’autant plus de ferveur qu’à Bollène la chanson a été interdite récemment :
« C'est nous qui brisons les barreaux des prisons pour nos frères
La haine à nos trousses et la faim qui nous pousse, la misère
Il est des pays où les gens au creux des lits font des rêves
Chantez compagnons, dans la nuit la liberté vous écoute »

samedi 8 septembre 2012

France culture papiers. Printemps 2012.


Un billet de Danièle Sallenave, à propos de l’usage du mot « maman » à tout va, pointe nos régressions et Philippe Meyer qui use si élégamment de la langue oralement, est également délicieux à l’écrit.
Le dialogue entre Thibault et Ronsavallon invités de Finkielkraut mérite la reprise :
« le problème est de vivre en égaux, et pas simplement d’être des égaux ».
Semprun, Laurette Nobécourt, Jan Fabre, Bourlanges, Jean Rollin, Pasolini…
« La première étincelle qui embrase l’Europe en fin 1847 est d’origine agricole. 
Aujourd’hui encore, plusieurs pays arabes se sont soulevés contre la vie chère. »
Pour revenir sur le printemps arabe, des brèves viennent ponctuer des entretiens variés replacés dans une continuité historique. Par ailleurs Robespierre  se rappelle à nos souvenirs.
L’autre thématique développée ce trimestre concerne la psychiatrie, mais les urgences environnementales traversent les 190 pages depuis le séjour de deux ans du philosophe Thoreau dans une cabane en 1845 jusqu’aux malheurs des animaux qui subissent des souffrances inutiles avec par exemple un format A4 comme surface réglementaire pour une poule.
Vancouver « une ville occupée à devenir ce qu’elle sera » est parait-il la ville la plus agréable à vivre du monde.
Et Raphaël Enthoven revient sur le mot « changement » dans la routine électorale :
« le changement comme d’hab’. »
Je dépose rapido ce billet, le numéro suivant vient de paraître.