Entre vie silencieuse et poésie.
Bien que les catégories en littérature et en peinture soient différentes, les objets ayant une existence propre, le dialogue peut se nouer pour conclure avec Alain Guyot le cycle de conférences à eux consacré pour les amis du musée.
Le bouclier d’Achille dans l’Iliade est l’œuvre d’un dieu ; le roman fait œuvre d’art en dépeignant des œuvres d’art.
Philostrate de Lemnos décrit une galerie de tableaux rares à cette époque.
Au moyen âge aucun objet à signaler, par contre Rabelais va les accumuler en festin de mots.
Scarron dit du Sirus de madame de Scudéry qu’il est « le roman le mieux meublé », il est déjà le plus long de la littérature française.
De Saint Amant, poète baroque :
« C'est un melon, où la nature,
Par une admirable structure,
A voulu graver à l'entour
Mille plaisants chiffres d'amour,
Pour claire marque à tout le monde
Que, d'une amitié sans seconde,
Elle chérit ce doux manger »
Le style est haut pour un bas registre, et le créatif interprète le message de la nature.
Le siècle des lumières est riche en descriptions chez Restif de la Bretonne ou dans des contes érotiques chez Jacques Rochette de La Morlière, libertin grenoblois.
« les bougies placées derrière des rideaux de taffetas vert, qui semblaient être faits pour rompre la trop grande clarté, et qui ne laissaient que ce demi-jour qui paraissait avoir été inventé pour éclairer les entreprises de l'amour, ou pour ensevelir la défaite de la vertu. »
Au XIX° siècle les ustensiles révèlent une position sociale avec la redingote du « père Goriot »,
l’intensité d’une passion amoureuse se tient dans un bouquet du « Lys dans la vallée »,
les marchandises sont abondantes chez la Sarriette, vendeuse de fruits du « Ventre de Paris »
où les cerises « ressemblaient à des lèvres trop étroites de Chinoise qui souriaient ».
Théophile Gautier va faire un tour au delà des barrières du côté de Montfaucon.
« nous sommes dans une fabrique de poudrette : femmes, enfants, garçons et petites filles, vannent, blutent, tamisent la précieuse poudre [d’excréments humains] qui a la couleur, mais non le parfum du tabac d’Espagne… Tout est passé avec un soin minutieux, car il paraît que l’on trouve là dedans de l’argent, de l’or, des montres et autres objets précieux. »
La franchise de l’horreur est aussi dans la charogne de Baudelaire.
Tout l’art n’est-il pas de trouver des pépites dans la plus noire des merdes ?
« Une de ces pauvres choses, enfin, dont la laideur muette a des profondeurs d'expression comme le visage d'un imbécile. » C’est la casquette de Charles Bovary.
Dans le genre citation à la Audiard où « un con qui marche va plus loin que dix intellectuels assis » :
« une carotte bien peinte vaut mieux qu’une madone mal peinte. »
Au XX°, après guerre, l’homme divorce avec son passé, alors ressurgissent les choses qui occupent toute la place.
Qui marche ? « Les chaussures légères à semelles de caoutchouc ne font aucun bruit sur le carrelage du couloir ».Robbe Grillet.
J’ai bien aimé l’expression du conférencier qui évoque « le langage qui se retend » chez Ponge redynamisant les choses dont il prend le parti.
« L'huître, de la grosseur d'un galet moyen, est d'une apparence plus rugueuse, d'une couleur moins unie, brillamment blanchâtre. C'est un monde opiniâtrement clos. Pourtant on peut l'ouvrir : il faut alors la tenir au creux d'un torchon, se servir d'un couteau ébréché et peu franc, s'y reprendre à plusieurs fois. Les doigts curieux s'y coupent, s'y cassent les ongles : c'est un travail grossier. Les coups qu'on lui porte marquent son enveloppe de ronds blancs, d'une sorte de halos. A l'intérieur l'on trouve tout un monde, à boire et à manger : sous un firmament (à proprement parler) de nacre, les cieux d'en dessus s'affaissent sur les cieux d'en dessous, pour ne plus former qu'une mare, un sachet visqueux et verdâtre, qui flue et reflue à l'odeur et à la vue, frangé d'une dentelle noirâtre sur les bords. »
Guillevic par la parole délivre-t-il les objets de leur gangue diabolique ?
« L'eau que tu bois a connu la mer. »
jeudi 15 mars 2012
mercredi 14 mars 2012
« On refait le voyage » : Saint Petersburg 2004 # 2
L’hôtel nous corne comme demandé à 7h.
Il nous faut nous équiper pour affronter la journée.
A 9h nous quittons l’hôtel « Octobre ».
Nous prenons la Nevski Prospekt jusqu’à la rivière / canal Fontanka que nous longeons ; nous nous extasions sur les bâtisses monumentales jaunes, ocres, pistaches voire rouges. Elles possèdent toutes d’énormes gouttières repliées obstruées et dégueulant la glace. La Fontanka ne laisse percevoir l’eau que sous les ponts sinon, elle se montre figée sous la glace et la neige. Des employés municipaux dégagent les trottoirs glissants à petits coups de pique. Des femmes ramassent les détritus peu nombreux. St Pet' offre la vue d’une ville propre sans trop de pubs, de tags et de déchets sans doute à cause du nettoyage entrepris pour le tricentenaire de la ville en 2003. Le soleil nous accompagne, campé dans le ciel bleu, mais quoi qu’en dise notre compère tête nue, il ne fait pas tellement moins froid qu’hier. En évitant de s’étaler sur la glace, nous repartons par la Moskovski Prospekt, traversons le canal et tirons vers la cathédrale Saint Isaac. Nous découvrons sur notre chemin un marché, qui permet l’achat de quelques oranges et d’une chapka pour celui qui était le plus réchauffé du groupe. Les marchands ont le teint plus foncé et leur sourire s’ouvre sur une dentition parée d’or, chez les jeunes comme chez les vieux.
Nous pénétrons dans la Cathédrale Saint Isaac, œuvre du français Auguste de Montferrand. Si l’extérieur est imposant, l’intérieur est époustouflant par sa taille, sa hauteur ainsi que par la richesse de ses matériaux : grande porte en or protégeant l’autel et les objets du culte, colonnes recouvertes de malachite ou de lapis-lazuli, statues dorées dans le tambour de la coupole, marbres polychromes du pavage. Quelques babouchkas grises jouent du chiffon et veillent au respect du lieu, pas un grain de poussière. En regardant vers le haut de la coupole, nous nous interrogeons sur la réalisation de la colombe : est-ce un trompe l’œil, une peinture, une sculpture ? Mais saint Isaac, c’est aussi la « colonnade », la plus belle vue de toute la ville. Il suffit pour la modique somme de 100R par personne de grimper les 250 marches en colimaçon de plus en plus étroites pour se retrouver sur les toits autour de la coupole encadrée par des colonnes érigées là Dieu sait comment ! Une vieille dame postée en surveillance brave le froid dans sa guérite. Elle tente de nous expliquer qu’il aurait fallu s’acquitter d’une taxe pour photographier aux guichets 250 marches plus bas. Devant notre simili incompréhension, elle abdique, surtout que nous sommes français, comme Auguste de Monferrand ! Des haut-parleurs diffusent de la musique. La vue est fantastique et nous permet de nous repérer côté Neva, côté Baltique, de situer les bâtiments d’après leur couleur et leurs dimensions. Vraiment un bon plan, avec en fond de grandes cheminées fumantes ! Nous optons pour l’un des premiers restaurants croisés. A l’étage, la lumière est parcimonieuse, mais le repas, nourrissant et bon : borchtch et poulet Stoganoff avec légumes frits (poivrons entre autres) Dommage que l’habitude soit ici de servir tiède, presque froid. Nous refaisons nos forces cependant et reprenons notre route vers l’Amirauté. Plus de soleil, mais quelques flocons épars commencent à tomber. Nous apercevons le palais d’hiver, la place immense tout comme l’édifice de l’état major avec l’arc de triomphe en l’honneur des armées russes et passons sur l’île Vassilievski. Nous assistons là à visiblement une coutume locale : devant une statue au pied de l’une des colonnes rostrales, des couples de mariés posent pour la photo. Après l’offrande d’un bouquet de fleurs à la statue, face au photographe, ils boivent une coupe de champagne ou de la vodka et repartent en luxueuses limousines ou voitures plus modestes. Trois couples se succèdent ainsi en peu de temps.
Nous poursuivons notre chemin le long de la Neva vers la forteresse Pierre et Paul. Nous la contournons en suivant les remparts puis la traversons en flânant sans visiter les bâtiments. Nous rentrons tranquillement ; Il fait froid sur le pont Troïtski most (pont de la trinité), mais la balustrade en fer forgée est bien jolie. Après notre passage dans les Champs de Mars, domaine des corneilles mantelées grises et noires, bien rondes, nous nous orientons vers l’Eglise Saint Sauveur du sang versé ou Eglise de la Résurrection du Sauveur. Une magnifique grille en fer forgé aux motifs végétaux sépare les jardins de cette église totalement russe avec ses bulbes et ses couleurs impensables qui lui donnent un aspect tarte à la crème vue de près. L’entrée, comme à Saint Isaac, est payante ; il nous manque quelques roubles, dont nous fait cadeau la guichetière en nous refilant un billet étudiant à demi tarif. Là aussi, comme à St Isaac, l’intérieur surprend, mais dans un tout autre style (début 20ème ) La mosaïque recouvre tout, et représente des scènes religieuses ou des décors floraux, assez « modern style ». Le bleu presque turquoise domine ; nous déambulons selon un trajet délimité par des tapis, de manière à ne pas endommager le pavage magnifique en marguerite. Nous remarquons les formes orientales disposées au-dessus des portes ; elles imitent les fameuses coiffes des femmes russes, ces sortes de diadèmes nommés kokochnika. Les lustres en laiton semblent eux aussi s’inspirer de l’orient. Lorsque nous sortons vers 18h, la nuit enveloppe la ville. Nous retrouvons facilement le chemin de la maison, et après change et commissions (vodka , lait et pain) nous regagnons notre asile avec plaisir. Dans un restau nous sommes accueillis par un jeune marocain étudiant natif de Fez avec lequel nous avons une connivence de latins (il nous apprend la température d’hier soir = - 20°.. )
Il nous faut nous équiper pour affronter la journée.
A 9h nous quittons l’hôtel « Octobre ».
Nous prenons la Nevski Prospekt jusqu’à la rivière / canal Fontanka que nous longeons ; nous nous extasions sur les bâtisses monumentales jaunes, ocres, pistaches voire rouges. Elles possèdent toutes d’énormes gouttières repliées obstruées et dégueulant la glace. La Fontanka ne laisse percevoir l’eau que sous les ponts sinon, elle se montre figée sous la glace et la neige. Des employés municipaux dégagent les trottoirs glissants à petits coups de pique. Des femmes ramassent les détritus peu nombreux. St Pet' offre la vue d’une ville propre sans trop de pubs, de tags et de déchets sans doute à cause du nettoyage entrepris pour le tricentenaire de la ville en 2003. Le soleil nous accompagne, campé dans le ciel bleu, mais quoi qu’en dise notre compère tête nue, il ne fait pas tellement moins froid qu’hier. En évitant de s’étaler sur la glace, nous repartons par la Moskovski Prospekt, traversons le canal et tirons vers la cathédrale Saint Isaac. Nous découvrons sur notre chemin un marché, qui permet l’achat de quelques oranges et d’une chapka pour celui qui était le plus réchauffé du groupe. Les marchands ont le teint plus foncé et leur sourire s’ouvre sur une dentition parée d’or, chez les jeunes comme chez les vieux.
Nous pénétrons dans la Cathédrale Saint Isaac, œuvre du français Auguste de Montferrand. Si l’extérieur est imposant, l’intérieur est époustouflant par sa taille, sa hauteur ainsi que par la richesse de ses matériaux : grande porte en or protégeant l’autel et les objets du culte, colonnes recouvertes de malachite ou de lapis-lazuli, statues dorées dans le tambour de la coupole, marbres polychromes du pavage. Quelques babouchkas grises jouent du chiffon et veillent au respect du lieu, pas un grain de poussière. En regardant vers le haut de la coupole, nous nous interrogeons sur la réalisation de la colombe : est-ce un trompe l’œil, une peinture, une sculpture ? Mais saint Isaac, c’est aussi la « colonnade », la plus belle vue de toute la ville. Il suffit pour la modique somme de 100R par personne de grimper les 250 marches en colimaçon de plus en plus étroites pour se retrouver sur les toits autour de la coupole encadrée par des colonnes érigées là Dieu sait comment ! Une vieille dame postée en surveillance brave le froid dans sa guérite. Elle tente de nous expliquer qu’il aurait fallu s’acquitter d’une taxe pour photographier aux guichets 250 marches plus bas. Devant notre simili incompréhension, elle abdique, surtout que nous sommes français, comme Auguste de Monferrand ! Des haut-parleurs diffusent de la musique. La vue est fantastique et nous permet de nous repérer côté Neva, côté Baltique, de situer les bâtiments d’après leur couleur et leurs dimensions. Vraiment un bon plan, avec en fond de grandes cheminées fumantes ! Nous optons pour l’un des premiers restaurants croisés. A l’étage, la lumière est parcimonieuse, mais le repas, nourrissant et bon : borchtch et poulet Stoganoff avec légumes frits (poivrons entre autres) Dommage que l’habitude soit ici de servir tiède, presque froid. Nous refaisons nos forces cependant et reprenons notre route vers l’Amirauté. Plus de soleil, mais quelques flocons épars commencent à tomber. Nous apercevons le palais d’hiver, la place immense tout comme l’édifice de l’état major avec l’arc de triomphe en l’honneur des armées russes et passons sur l’île Vassilievski. Nous assistons là à visiblement une coutume locale : devant une statue au pied de l’une des colonnes rostrales, des couples de mariés posent pour la photo. Après l’offrande d’un bouquet de fleurs à la statue, face au photographe, ils boivent une coupe de champagne ou de la vodka et repartent en luxueuses limousines ou voitures plus modestes. Trois couples se succèdent ainsi en peu de temps.
Nous poursuivons notre chemin le long de la Neva vers la forteresse Pierre et Paul. Nous la contournons en suivant les remparts puis la traversons en flânant sans visiter les bâtiments. Nous rentrons tranquillement ; Il fait froid sur le pont Troïtski most (pont de la trinité), mais la balustrade en fer forgée est bien jolie. Après notre passage dans les Champs de Mars, domaine des corneilles mantelées grises et noires, bien rondes, nous nous orientons vers l’Eglise Saint Sauveur du sang versé ou Eglise de la Résurrection du Sauveur. Une magnifique grille en fer forgé aux motifs végétaux sépare les jardins de cette église totalement russe avec ses bulbes et ses couleurs impensables qui lui donnent un aspect tarte à la crème vue de près. L’entrée, comme à Saint Isaac, est payante ; il nous manque quelques roubles, dont nous fait cadeau la guichetière en nous refilant un billet étudiant à demi tarif. Là aussi, comme à St Isaac, l’intérieur surprend, mais dans un tout autre style (début 20ème ) La mosaïque recouvre tout, et représente des scènes religieuses ou des décors floraux, assez « modern style ». Le bleu presque turquoise domine ; nous déambulons selon un trajet délimité par des tapis, de manière à ne pas endommager le pavage magnifique en marguerite. Nous remarquons les formes orientales disposées au-dessus des portes ; elles imitent les fameuses coiffes des femmes russes, ces sortes de diadèmes nommés kokochnika. Les lustres en laiton semblent eux aussi s’inspirer de l’orient. Lorsque nous sortons vers 18h, la nuit enveloppe la ville. Nous retrouvons facilement le chemin de la maison, et après change et commissions (vodka , lait et pain) nous regagnons notre asile avec plaisir. Dans un restau nous sommes accueillis par un jeune marocain étudiant natif de Fez avec lequel nous avons une connivence de latins (il nous apprend la température d’hier soir = - 20°.. )
mardi 13 mars 2012
Chroniques de Jérusalem. Guy Delisle.
Nous sommes bien contents d’avoir des nouvelles du canadien et de sa petite famille.
Papa est toujours au foyer pendant que maman sous le feu des conflits travaille avec MSF.
Comme en Birmanie qu’il nous fit découvrir si bien, les préoccupations du quotidien : trouver un terrain de jeu pour les enfants, passer du temps dans les embouteillages, permettent de décrire sans accabler une situation complexe, avec une simplicité biblique. Des moments de tension surgissent à la terrasse d’un café, après un moment de douceur dans un jardin caché, les petites contrariétés se mêlent aux absurdités les plus lourdes.
Le mur.
En 340 pages, il a le temps de nous faire part de l’actualité la plus spectaculaire :
opération « plomb fondu » (1400 morts),
de la violence permanente de la colonisation avec ses faux semblants : l’armée qui déloge des « illégaux » et les laisse se réinstaller le lendemain,
des sédimentations de l’histoire avec des cultes divers et rivaux.
Il évolue avec nous de la candeur vers une compréhension plus fine.
La description de l’intime avec ses lassitudes, ses paresses, rend encore plus présente une situation politique préoccupante grâce à son souci constant de multiplier les points de vue.
Il suit une visite de colonie avec un colon et sympathise avec des palestiniens ou des israéliens plus acerbes sur Israël que se le permettent les médias de chez nous.
Papa est toujours au foyer pendant que maman sous le feu des conflits travaille avec MSF.
Comme en Birmanie qu’il nous fit découvrir si bien, les préoccupations du quotidien : trouver un terrain de jeu pour les enfants, passer du temps dans les embouteillages, permettent de décrire sans accabler une situation complexe, avec une simplicité biblique. Des moments de tension surgissent à la terrasse d’un café, après un moment de douceur dans un jardin caché, les petites contrariétés se mêlent aux absurdités les plus lourdes.
Le mur.
En 340 pages, il a le temps de nous faire part de l’actualité la plus spectaculaire :
opération « plomb fondu » (1400 morts),
de la violence permanente de la colonisation avec ses faux semblants : l’armée qui déloge des « illégaux » et les laisse se réinstaller le lendemain,
des sédimentations de l’histoire avec des cultes divers et rivaux.
Il évolue avec nous de la candeur vers une compréhension plus fine.
La description de l’intime avec ses lassitudes, ses paresses, rend encore plus présente une situation politique préoccupante grâce à son souci constant de multiplier les points de vue.
Il suit une visite de colonie avec un colon et sympathise avec des palestiniens ou des israéliens plus acerbes sur Israël que se le permettent les médias de chez nous.
lundi 12 mars 2012
Never let me go. Mark Romanek.
Dans le cadre du festival Cinéduc, j’ai appris le mot « dystopie »,
le contraire d’ « Utopie », thème de cette année. J’ajoute les précisions de Wikipédia puisque ce film de 2009 m’a semblé une parfaite illustration de cette définition : « Une dystopie- ou contre-utopie est un récit de fiction peignant une société imaginaire organisée de telle façon qu'elle empêche ses membres d'atteindre le bonheur et contre l'avènement de laquelle l'auteur entend mettre en garde le lecteur ».
Il convient de ne pas dévoiler le secret de cette pension anglaise tellement cosy et peuplée d’enfants si beaux qui chantent tellement bien.
La force de ce récit tiré d’un roman d’Ishiguro "Auprès de moi toujours " tient à la douce acceptation des personnages d’un destin
où « ils ne seront pas pilotes de ligne ».
Bien que « Le cri » de Munch me soit venu en référence où comme dans un cauchemar, l’effroi s’accroit quand aucun son ne peut sortir.
La brutalité implacable de ces destins, n’éclabousse pas l’écran, elle se love efficacement dans les belles lumières de la campagne et des bords de mer anglais.
Ce film d’amour romantique, appelle à une réflexion sur notre société grâce à un scénario qui nous embarque sans tapage, laissant pour nos mémoires saturées des traces pouvant persister.
« Je me retrouvais face à des hectares de terre labourée. (...) le long de la clôture, surtout sur le rang de barbelés le plus bas, toutes sortes de détritus s'étaient accrochés et enchevêtrés. C'étaient comme des débris qu'on trouve au bord de la mer : le vent avait dû en charrier une partie sur des kilomètres et des kilomètres avant de se heurter enfin à ces arbres et à ces deux rangées de barbelés. Je voyais aussi dans les branches des morceaux de plastique déchirés et des bouts de vieux sacs qui claquaient. Ce fut l'unique fois où, me tenant là, regardant ces étranges ordures, sentant le vent souffler à travers ces champs vides, je me laissai aller à une petite fantaisie de mon imagination (...) je pensais aux détritus, aux plastiques, qui claquait dans les branches au littoral de curieux objets accrochés le long de la clôture, et je fermai à demi les yeux pour imaginer que c'était l'endroit où tout ce que j'avais perdu depuis mon enfance s'était échoué, et que je me tenais là devant à présent. »
Merci à mon camarade Daniel qui a aimé aussi ce « mélo en SF » pour être allé chercher dans le livre, les mots qui viennent à la fin.
le contraire d’ « Utopie », thème de cette année. J’ajoute les précisions de Wikipédia puisque ce film de 2009 m’a semblé une parfaite illustration de cette définition : « Une dystopie- ou contre-utopie est un récit de fiction peignant une société imaginaire organisée de telle façon qu'elle empêche ses membres d'atteindre le bonheur et contre l'avènement de laquelle l'auteur entend mettre en garde le lecteur ».
Il convient de ne pas dévoiler le secret de cette pension anglaise tellement cosy et peuplée d’enfants si beaux qui chantent tellement bien.
La force de ce récit tiré d’un roman d’Ishiguro "Auprès de moi toujours " tient à la douce acceptation des personnages d’un destin
où « ils ne seront pas pilotes de ligne ».
Bien que « Le cri » de Munch me soit venu en référence où comme dans un cauchemar, l’effroi s’accroit quand aucun son ne peut sortir.
La brutalité implacable de ces destins, n’éclabousse pas l’écran, elle se love efficacement dans les belles lumières de la campagne et des bords de mer anglais.
Ce film d’amour romantique, appelle à une réflexion sur notre société grâce à un scénario qui nous embarque sans tapage, laissant pour nos mémoires saturées des traces pouvant persister.
« Je me retrouvais face à des hectares de terre labourée. (...) le long de la clôture, surtout sur le rang de barbelés le plus bas, toutes sortes de détritus s'étaient accrochés et enchevêtrés. C'étaient comme des débris qu'on trouve au bord de la mer : le vent avait dû en charrier une partie sur des kilomètres et des kilomètres avant de se heurter enfin à ces arbres et à ces deux rangées de barbelés. Je voyais aussi dans les branches des morceaux de plastique déchirés et des bouts de vieux sacs qui claquaient. Ce fut l'unique fois où, me tenant là, regardant ces étranges ordures, sentant le vent souffler à travers ces champs vides, je me laissai aller à une petite fantaisie de mon imagination (...) je pensais aux détritus, aux plastiques, qui claquait dans les branches au littoral de curieux objets accrochés le long de la clôture, et je fermai à demi les yeux pour imaginer que c'était l'endroit où tout ce que j'avais perdu depuis mon enfance s'était échoué, et que je me tenais là devant à présent. »
Merci à mon camarade Daniel qui a aimé aussi ce « mélo en SF » pour être allé chercher dans le livre, les mots qui viennent à la fin.
dimanche 11 mars 2012
La salle d’attente. Krystian Lupa.
Ces 3 heures intenses de théâtre inspirées par les travaux du Suédois Lars Norén nous donnent à voir les bas-fonds d’une société qui fait pourtant référence parmi les modèles à suivre.
Les marginaux aux yeux qui saignent nous renseignent sur le monde et sur nous-mêmes.
Quinze jeunes acteurs remarquables jouent les drogués, les alcooliques, les fous dans un sous terrain bétonné où ne parviennent que quelques bouffées de musique électrique ou des bruits de circulation automobile ; nous avons quelques nouvelles d’enfants abandonnés par téléphone portable.
Les soliloques des différents personnages projetés sur les écrans ont une grande force et nous interpellent. Cependant je ne suis pas d’accord du tout avec ceux qui interprètent ces existences violentes destructrices comme des choix de liberté alors que c’est tout le contraire : les drogues, la précarité la plus extrême, les traumatismes antérieurs les dominent.
Leurs cris au registre restreint : « suce ma bite ! », « ferme ta gueule ! » et l’obsession de « la chatte » ne sont pas entendus par les autres, chacun est congelé dans une solitude inexpugnable. Ils n’attendent rien.
La mise en scène en recherche semble amenée à évoluer, la diffraction sur les écrans de séquences jouées d‘ailleurs à plusieurs reprises, en multipliant les images n’étourdit-elle pas le spectateur ?
Des questions passionnantes sont posées concernant l’intensité, l’engagement des acteurs.
Désormais un spectacle fera œuvre d’originalité si personne ne se met à poil. Mais au-delà de modes parfois complaisantes, j’ai apprécié l’énergie d’une troupe qui malmène notre confort.
Les marginaux aux yeux qui saignent nous renseignent sur le monde et sur nous-mêmes.
Quinze jeunes acteurs remarquables jouent les drogués, les alcooliques, les fous dans un sous terrain bétonné où ne parviennent que quelques bouffées de musique électrique ou des bruits de circulation automobile ; nous avons quelques nouvelles d’enfants abandonnés par téléphone portable.
Les soliloques des différents personnages projetés sur les écrans ont une grande force et nous interpellent. Cependant je ne suis pas d’accord du tout avec ceux qui interprètent ces existences violentes destructrices comme des choix de liberté alors que c’est tout le contraire : les drogues, la précarité la plus extrême, les traumatismes antérieurs les dominent.
Leurs cris au registre restreint : « suce ma bite ! », « ferme ta gueule ! » et l’obsession de « la chatte » ne sont pas entendus par les autres, chacun est congelé dans une solitude inexpugnable. Ils n’attendent rien.
La mise en scène en recherche semble amenée à évoluer, la diffraction sur les écrans de séquences jouées d‘ailleurs à plusieurs reprises, en multipliant les images n’étourdit-elle pas le spectateur ?
Des questions passionnantes sont posées concernant l’intensité, l’engagement des acteurs.
Désormais un spectacle fera œuvre d’originalité si personne ne se met à poil. Mais au-delà de modes parfois complaisantes, j’ai apprécié l’énergie d’une troupe qui malmène notre confort.
samedi 10 mars 2012
J’aime être gourmande. Colette.
J’avais un professeur passionné de l’auteure du « Blé en herbe », je me souviens de sa passion mais je n’avais plus de la dame que l’idée lointaine de parfums de rosiers anciens dans un jardin protégé des bruits de la cité.
Les carnets de l’Herne proposent un recueil de ses articles destinés au magazine « Marie Claire » en 1939 - 40. La cuisine, ses actrices et acteurs préférés, la « chatte », celle qui n’a pas voulu d’autre nom, les enfants, des conseils exprimés avec malice et légèreté…
J’ai été surpris de la modernité du style et si nos conceptions d’un appartement, des rapports hommes/ femmes, d’un menu ont évolué, son ton personnel, sa fraicheur font glisser ces 100 pages comme un sorbet léger.
Le Clézio : « La vie : le léger frémissement qui trouble les choses et les êtres, la passion pour tout ce qui bouge, pour tout ce qui se débat, aime et souffre. Aucun écrivain n’a apporté une telle attention à traduire le frémissement, le fourmillement, le pullulement de la vie sous toutes ses formes. »
………
Mon vieux copain Jean me transmet cette information :
Lundi 19 mars 2012 à 20h au Cinéma Le Club, rue Tourtain, à la Côte-Saint-André,
jour anniversaire officiel de la fin de la guerre d'Algérie,
projection et débat autour du film : "Octobre à Paris" de Jacques Panijel
Octobre 1961. La guerre d'Algérie dure depuis près de 7 ans. A Paris, le préfet de police, Maurice Papon, impose un couvre-feu "applicable pour les Français musulmans algériens".
En réponse à cette mesure, 30 000 Algériens manifestent pacifiquement à Paris.
La répression sera brutale … le silence s'installe.
Fin octobre, Jacques Panijel commence la réalisation d'un film.
Terminé en 1962, censuré, il ne sortira officiellement qu'en 2011.
La séance sera suivie d'un débat.
Les carnets de l’Herne proposent un recueil de ses articles destinés au magazine « Marie Claire » en 1939 - 40. La cuisine, ses actrices et acteurs préférés, la « chatte », celle qui n’a pas voulu d’autre nom, les enfants, des conseils exprimés avec malice et légèreté…
J’ai été surpris de la modernité du style et si nos conceptions d’un appartement, des rapports hommes/ femmes, d’un menu ont évolué, son ton personnel, sa fraicheur font glisser ces 100 pages comme un sorbet léger.
Le Clézio : « La vie : le léger frémissement qui trouble les choses et les êtres, la passion pour tout ce qui bouge, pour tout ce qui se débat, aime et souffre. Aucun écrivain n’a apporté une telle attention à traduire le frémissement, le fourmillement, le pullulement de la vie sous toutes ses formes. »
………
Mon vieux copain Jean me transmet cette information :
Lundi 19 mars 2012 à 20h au Cinéma Le Club, rue Tourtain, à la Côte-Saint-André,
jour anniversaire officiel de la fin de la guerre d'Algérie,
projection et débat autour du film : "Octobre à Paris" de Jacques Panijel
Octobre 1961. La guerre d'Algérie dure depuis près de 7 ans. A Paris, le préfet de police, Maurice Papon, impose un couvre-feu "applicable pour les Français musulmans algériens".
En réponse à cette mesure, 30 000 Algériens manifestent pacifiquement à Paris.
La répression sera brutale … le silence s'installe.
Fin octobre, Jacques Panijel commence la réalisation d'un film.
Terminé en 1962, censuré, il ne sortira officiellement qu'en 2011.
La séance sera suivie d'un débat.
vendredi 9 mars 2012
Foot et chansons.
Posé devant « Les victoires de la musique » pour percevoir ce qui émerge des airs du temps, je suis sorti accablé par cette émission.
Il est vrai qu’en dehors des informations et quelques matchs du dimanche soir, j’ai peu fréquenté la télé ces derniers temps en ses divertissements.
La présentatrice Alessandra Sublet a beau faire dire à un de ses comparses qu’elle est « pathétique » cela ne l’excuse pas de sa vacuité.
Nous en sommes là, quand ceux qui occupent la lucarne assument leur nullité, leur vulgarité. Quel mépris pour le spectateur d’avoir comme leitmotiv après chaque chanson : « alors ça va ? »
Dans quel état est notre télévision ! Pujadas à la propagande et de surcroit une telle pauvreté dans les loisirs quand même Voulzy et Clerc sont en petite forme.
France 2 en tant que miroir d’une société qui ne s’aime plus comme le football en est un, ou Sarko qui est le nom d’une mise à bas de tout ce qui nous tenait ensemble.
Je laisse de côté le chahuté de Bayonne qui a accéléré un processus et bien qu’il veuille se présenter comme l’Omniscient Despote, il n’est qu’une marionnette, une façon de dire.
Je reviens au bord des pelouses que j’ai désertées depuis un moment, parmi mes potes les manchots méprisés, mettant de côté les mots enveloppés de nostalgie qui convoquaient l’enfance et les connivences des chauffeurs de taxi du monde entier.
Les 75% d’imposition d’Hollande et les réactions (bien nommées) qui en ont suivi, en soulignant les salaires choquants des sportifs m’ont amené à me mettre en cohérence avec mes convictions égalitaires, y compris dans un domaine où j’étais plus indulgent avec le salaire de Messi que pour les patrons ou les traders.
Il est temps que les joueurs enlèvent leurs écouteurs et mettent le nez au dessus des cohortes d’agents et profiteurs divers qui les entourent, pour entendre parler de décence, de solidarité.
Les matchs internationaux du sport le plus populaire sont plus que jamais des leurres où comme jadis les équipes nationales dans le Tour de France, les intérêts des financiers sont en train de prendre le dessus.
La majorité des joueurs de l’équipe de France joue à l’étranger, le championnat de France lui est animé essentiellement par les internationaux africains.
Peut-on "faire société" quand 1% s’en mettent plein les fouilles et que leurs frères des terrains pelés de leurs débuts souffrent davantage ?
Le bus de Knysna a écrabouillé le roman nécessaire de 98.
Il y en a marre des blessures imaginaires, des tricheries, des comportements infantiles qui abiment nos enfants.
Le Qatar Saint Germain, où l’Omni n’a pas été neutre, arrive dans un paysage où il faut des consignes du coach afin que les stars daignent saluer les supporters qui se sont sacrifiés pour accompagner des équipes qui ne vibrent plus que lors des mercatos. La marchandisation.
Bernard Lacombe dénonçait : « par moments, j’ai l’impression de voir une équipe de fonctionnaires! On dirait que chacun calcule ses efforts en pensant: « Faut pas trop que je coure, je vais passer pour un con ». »
En tant qu’ancien fonctionnaire j’approuve le bras droit d’Aulas que je ne porte pourtant pas dans mon cœur, il sort de la langue de bois qui fossilise tout.
Et l’OM perd tant de plumes !
Voir l’interview d’Onesta l’ancien entraîneur de l’équipe de France de hand dans Libé et la conférence de presse de Carteron entraîneur de Dijon sur le site rue 89.
De surcroit cette phrase magnifique de Michel Seydoux le président du club de Lille, qui parlant de Hollande : « Cela fera reculer le foot français de 15 ans en arrière » , c'est-à-dire… en 1998.
…
Dans le Canard cette semaine :
Il est vrai qu’en dehors des informations et quelques matchs du dimanche soir, j’ai peu fréquenté la télé ces derniers temps en ses divertissements.
La présentatrice Alessandra Sublet a beau faire dire à un de ses comparses qu’elle est « pathétique » cela ne l’excuse pas de sa vacuité.
Nous en sommes là, quand ceux qui occupent la lucarne assument leur nullité, leur vulgarité. Quel mépris pour le spectateur d’avoir comme leitmotiv après chaque chanson : « alors ça va ? »
Dans quel état est notre télévision ! Pujadas à la propagande et de surcroit une telle pauvreté dans les loisirs quand même Voulzy et Clerc sont en petite forme.
France 2 en tant que miroir d’une société qui ne s’aime plus comme le football en est un, ou Sarko qui est le nom d’une mise à bas de tout ce qui nous tenait ensemble.
Je laisse de côté le chahuté de Bayonne qui a accéléré un processus et bien qu’il veuille se présenter comme l’Omniscient Despote, il n’est qu’une marionnette, une façon de dire.
Je reviens au bord des pelouses que j’ai désertées depuis un moment, parmi mes potes les manchots méprisés, mettant de côté les mots enveloppés de nostalgie qui convoquaient l’enfance et les connivences des chauffeurs de taxi du monde entier.
Les 75% d’imposition d’Hollande et les réactions (bien nommées) qui en ont suivi, en soulignant les salaires choquants des sportifs m’ont amené à me mettre en cohérence avec mes convictions égalitaires, y compris dans un domaine où j’étais plus indulgent avec le salaire de Messi que pour les patrons ou les traders.
Il est temps que les joueurs enlèvent leurs écouteurs et mettent le nez au dessus des cohortes d’agents et profiteurs divers qui les entourent, pour entendre parler de décence, de solidarité.
Les matchs internationaux du sport le plus populaire sont plus que jamais des leurres où comme jadis les équipes nationales dans le Tour de France, les intérêts des financiers sont en train de prendre le dessus.
La majorité des joueurs de l’équipe de France joue à l’étranger, le championnat de France lui est animé essentiellement par les internationaux africains.
Peut-on "faire société" quand 1% s’en mettent plein les fouilles et que leurs frères des terrains pelés de leurs débuts souffrent davantage ?
Le bus de Knysna a écrabouillé le roman nécessaire de 98.
Il y en a marre des blessures imaginaires, des tricheries, des comportements infantiles qui abiment nos enfants.
Le Qatar Saint Germain, où l’Omni n’a pas été neutre, arrive dans un paysage où il faut des consignes du coach afin que les stars daignent saluer les supporters qui se sont sacrifiés pour accompagner des équipes qui ne vibrent plus que lors des mercatos. La marchandisation.
Bernard Lacombe dénonçait : « par moments, j’ai l’impression de voir une équipe de fonctionnaires! On dirait que chacun calcule ses efforts en pensant: « Faut pas trop que je coure, je vais passer pour un con ». »
En tant qu’ancien fonctionnaire j’approuve le bras droit d’Aulas que je ne porte pourtant pas dans mon cœur, il sort de la langue de bois qui fossilise tout.
Et l’OM perd tant de plumes !
Voir l’interview d’Onesta l’ancien entraîneur de l’équipe de France de hand dans Libé et la conférence de presse de Carteron entraîneur de Dijon sur le site rue 89.
De surcroit cette phrase magnifique de Michel Seydoux le président du club de Lille, qui parlant de Hollande : « Cela fera reculer le foot français de 15 ans en arrière » , c'est-à-dire… en 1998.
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Dans le Canard cette semaine :
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