Ces 3 heures intenses de théâtre inspirées par les travaux du Suédois Lars Norén nous donnent à voir les bas-fonds d’une société qui fait pourtant référence parmi les modèles à suivre.
Les marginaux aux yeux qui saignent nous renseignent sur le monde et sur nous-mêmes.
Quinze jeunes acteurs remarquables jouent les drogués, les alcooliques, les fous dans un sous terrain bétonné où ne parviennent que quelques bouffées de musique électrique ou des bruits de circulation automobile ; nous avons quelques nouvelles d’enfants abandonnés par téléphone portable.
Les soliloques des différents personnages projetés sur les écrans ont une grande force et nous interpellent. Cependant je ne suis pas d’accord du tout avec ceux qui interprètent ces existences violentes destructrices comme des choix de liberté alors que c’est tout le contraire : les drogues, la précarité la plus extrême, les traumatismes antérieurs les dominent.
Leurs cris au registre restreint : « suce ma bite ! », « ferme ta gueule ! » et l’obsession de « la chatte » ne sont pas entendus par les autres, chacun est congelé dans une solitude inexpugnable. Ils n’attendent rien.
La mise en scène en recherche semble amenée à évoluer, la diffraction sur les écrans de séquences jouées d‘ailleurs à plusieurs reprises, en multipliant les images n’étourdit-elle pas le spectateur ?
Des questions passionnantes sont posées concernant l’intensité, l’engagement des acteurs.
Désormais un spectacle fera œuvre d’originalité si personne ne se met à poil. Mais au-delà de modes parfois complaisantes, j’ai apprécié l’énergie d’une troupe qui malmène notre confort.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire