Je n’ai plus que le sourire daté d’une Marianne dessinée par Jean Effel sur les timbres de la quinzaine de l’école publique pour m’accrocher, quand je vois qui a ramassé le mot « laïque » pour servir à son contraire !
A gauche, nous avions déjà gémi quand le « Roublard Souverain » (appellation Patrick Rambaud) avait cité Jaurès dans des discours écrits par d’autres.
La captation du mot laïque par ses ennemis d’hier vient encore de nos abandons, le vide laissé par la religion catholique finissante nous laisse sans audace.
« Le roi est mort, la religion est morte, et les esprits s’égarent » Emmanuel Todd
Quantitatif :
La fermeture de dizaines de milliers de postes dans l’éducation nationale chaque année devient la jauge dont on s’accommode.
Pour avoir milité jadis avec la CFDT en milieu enseignant, en regardant les massacres d’aujourd’hui, j’ai encore plus le sentiment que nous œuvrions alors dans le feston qualitatif alors que l’urgence est présentement au quantitatif.
Quelques chiffres
vus dans l’hebdomadaire « Le Point »:
- 700 millions d’Euros consacrés à la gratuité de la scolarité des enfants des français à l’étranger alors que les subventions sont à la baisse pour les associations de soutien scolaire.
- Plan de cohésion sociale (réussite éducative) :
411 millions en 2008, 79 millions en 2009
- en 2005 : 62 % de la classe d’âge a eu accès au bac, ce nombre a baissé de 5% en 10 ans.
La moitié des inscrits en fac échouent en premier cycle.
- Compréhension de l’écrit, évolution depuis 2000 :
France : - 9, Allemagne : + 13
- Culture mathématique :
France : - 14, Allemagne : + 10
- Revenus d’un prof en début de carrière en 1990 : 1,6 Smic, en 2010 : 1,5 Smic
- Scolarisation des 3 ans : 35% en 2000, 15% en 2009
Fonctionnaires : Quand j’ai transmis à mes correspondants quelques mots de Michel Serres qui insiste sur les qualités de l’école française, Debra m’a répondu en soulignant l’envie accompagnant le mépris des français en ce qui concerne les fonctionnaires avec en outre les contradictions de notre modèle républicain sans cesse invoqué d’où suintent d’amères marinades. Elle partage le constat de la destruction de l’éducation nationale et s’il est facile d’approuver sa remarque que tous les profs ne sont pas des saints (encore heureux voire bien heureux en terre laïque), j’ai plus de mal à envisager que certains se vengeraient sur les enfants des frustrations générées par le système.
Des fausses poitrines sont proposées à des fillettes par des marchands aux Etats-Unis et des crèmes antirides dans les kits de maquillage pour des écolières de huit ans.
Il va falloir ouvrir une cellule d’aide psychologique pour les vieux instits.
……..
Suggestions du Canard pour les lectures de Frédéric Lefebvre pour prolonger ceux de la semaine dernière : « Ainsi parlait Zara » de Nietzsche, et bien sûr « La princesse Tam Tam de Clèves » de Mme Galerie La Fayette.
vendredi 15 avril 2011
jeudi 14 avril 2011
Chagall et l’avant-garde russe.
Le peintre aux petits bonhommes naïfs n’était pas « ma came » comme dirait la femme de « Notre Fugace » (appellation Patrick Rambaud).
Dans l’effervescence du début du XX° siècle, parmi d’autres peintres, il est aisé de comprendre que « l’inclassable, l’original n’est pas né nulle part ».
La formule est de Guy Tosatto lors de sa conférence devant les amis du musée en complément à l’exposition de 150 œuvres des années 1908 à 1930 qui ont déjà attiré beaucoup de monde.
Marc, (Moïse) Chagall a adopté la nationalité française quand notre pays était un phare et non la contrée du « Phosphorescent » (appellation Patrick Rambaud) ; il est né en Biélorussie à Vitebsk et les souvenirs de son enfance là bas, où la communauté juive était très importante, vont habiter son œuvre tout du long.
Paul Gauguin le fauve, venu de l'impressionnisme, enrichi par le symbolisme, théorisera le "synthétisme", il permet au jeune russe de penser un monde où se réconcilient le primitif et le moderne.
Les icones, les gravures de la tradition populaire ont nourri la simplicité du conteur qui va au-delà de l’anecdote.
- Le violoniste sur le toit est une âme qui s’élève au dessus de la rue où un homme est mort de froid.
Ce parcours au musée de Grenoble est l’occasion de connaître Larionov et Gontcharova et leurs peintures néo-primitivistes, de voir des Kandinsky originaux avec une série de paysages aux couleurs séduisantes.
- Improvisations III est un témoignage clef du passage à l’abstraction. Les variations du titre en témoignent : « cavalier au dessus d’un pont » puis « tableau avec mur jaune ».
1912 : A l’écoute des autres et de lui-même. C’est le temps de « La Ruche » avec Soutine, Zadkine, Apollinaire, Cendrars... Les formes se distordent, les couleurs s’exaltent. Il a vu des Van Gogh, précurseur de l’expressionisme.
Dans le foisonnement des écoles qui naissent et meurent chaque année, le cubisme est passé à la postérité, retiendrai-je que l’orphisme en fut une branche ainsi que le rayonnisme ?
Le peintre errant en fera sa farine :
« Seul est mien
Le pays qui se trouve dans mon âme.
J’y entre sans passeport
Comme chez moi… »
1914 : il est contraint par la guerre de rester en Russie où il ne faisait que passer
1915 : Croix noire sur fond blanc, de Malevitch, c’est du suprématisme ; Pougny et sa boule blanche dans un tiroir repeint en vert claque comme une œuvre contemporaine, 100 ans après.
- La route vers le marché aux bestiaux mène vers le cosmos et recèle tous les âges de la vie.
- Blanc et doré, « le double portrait au verre de vin » célèbre le bonheur du couple qu’il a formé toute sa vie avec Bella.
Le futurisme saisit la vitesse, le constructivisme débouche sur l’architecture et veut signer l’avènement d’une humanité nouvelle.
Chagall dirigera une école d’art où il introduit Malevitch qui l’évincera. Ses toiles portent la trace de ces querelles avec cet indéfectible goût pour la poésie et l’expression individuelle.
« J’ai apporté mes objets de Russie et Paris leur a donné la lumière »
Dans l’effervescence du début du XX° siècle, parmi d’autres peintres, il est aisé de comprendre que « l’inclassable, l’original n’est pas né nulle part ».
La formule est de Guy Tosatto lors de sa conférence devant les amis du musée en complément à l’exposition de 150 œuvres des années 1908 à 1930 qui ont déjà attiré beaucoup de monde.
Marc, (Moïse) Chagall a adopté la nationalité française quand notre pays était un phare et non la contrée du « Phosphorescent » (appellation Patrick Rambaud) ; il est né en Biélorussie à Vitebsk et les souvenirs de son enfance là bas, où la communauté juive était très importante, vont habiter son œuvre tout du long.
Paul Gauguin le fauve, venu de l'impressionnisme, enrichi par le symbolisme, théorisera le "synthétisme", il permet au jeune russe de penser un monde où se réconcilient le primitif et le moderne.
Les icones, les gravures de la tradition populaire ont nourri la simplicité du conteur qui va au-delà de l’anecdote.
- Le violoniste sur le toit est une âme qui s’élève au dessus de la rue où un homme est mort de froid.
Ce parcours au musée de Grenoble est l’occasion de connaître Larionov et Gontcharova et leurs peintures néo-primitivistes, de voir des Kandinsky originaux avec une série de paysages aux couleurs séduisantes.
- Improvisations III est un témoignage clef du passage à l’abstraction. Les variations du titre en témoignent : « cavalier au dessus d’un pont » puis « tableau avec mur jaune ».
1912 : A l’écoute des autres et de lui-même. C’est le temps de « La Ruche » avec Soutine, Zadkine, Apollinaire, Cendrars... Les formes se distordent, les couleurs s’exaltent. Il a vu des Van Gogh, précurseur de l’expressionisme.
Dans le foisonnement des écoles qui naissent et meurent chaque année, le cubisme est passé à la postérité, retiendrai-je que l’orphisme en fut une branche ainsi que le rayonnisme ?
Le peintre errant en fera sa farine :
« Seul est mien
Le pays qui se trouve dans mon âme.
J’y entre sans passeport
Comme chez moi… »
1914 : il est contraint par la guerre de rester en Russie où il ne faisait que passer
1915 : Croix noire sur fond blanc, de Malevitch, c’est du suprématisme ; Pougny et sa boule blanche dans un tiroir repeint en vert claque comme une œuvre contemporaine, 100 ans après.
- La route vers le marché aux bestiaux mène vers le cosmos et recèle tous les âges de la vie.
- Blanc et doré, « le double portrait au verre de vin » célèbre le bonheur du couple qu’il a formé toute sa vie avec Bella.
Le futurisme saisit la vitesse, le constructivisme débouche sur l’architecture et veut signer l’avènement d’une humanité nouvelle.
Chagall dirigera une école d’art où il introduit Malevitch qui l’évincera. Ses toiles portent la trace de ces querelles avec cet indéfectible goût pour la poésie et l’expression individuelle.
« J’ai apporté mes objets de Russie et Paris leur a donné la lumière »
mercredi 13 avril 2011
Touristes en chine 2007. # J 13. De Xian à Kunming
Ce matin le rendez-vous avec Amandine est à 9h seulement, petit déj’, check out tranquille. Nous enfournons les bagages dans le minibus.
Xian a été capitale impériale pour 12 dynasties pendant 2000 ans :
de 1000 avant J.C à 1000 après.
La grande pagode de l’oie sauvage.
Explications sur le bouddhisme : histoire de Sakyamuni en jade et pierres précieuses. Sakyamuni = Siddhârta et Bodhisattva = anges
Les trois dieux : Fu = bonheur, Lu = réussite professionnelle, Show = longévité.
Près de la pagode en rénovation, des ouvriers travaillent du bois d’acajou pour les poutres du temple en construction. Les menuisiers venus du sud s’activent. Des manœuvres soulèvent de lourds morceaux d’une stèle couchée et cassée. Nous montons dans la pagode (20Y) avec ses 7 étages par des escaliers en bois. Promenade dans le jardin aux arbres vénérables. Des cerfs-volants flottent au-dessus d’une grande esplanade dallée.
La mosquée et le quartier Hui (minorité musulmane). Ce métissage a eu lieu lors du commerce de la soie. Quelques personnes en ont gardé « le long nez » ou des yeux moins bridés.
La religion du père est conservée par ses descendants.
A la descente du bus, nous traversons le souk, ruelle étroite protégée par des avancées de fortune. L’une des plus grandes mosquées de Chine ressemble en de nombreux points aux temples bouddhiques avec ses cours intérieures, son architecture et son minaret central si bas qu’il ressemble à une tour du tambour ou de la cloche. En tant que non-musulman, nous ne pouvons pénétrer dans la salle de prière dans le dernier bâtiment dont les portes ouvertes nous permettent de voir l’intérieur. La mosquée est orientée selon l’axe ouest /est et non sud/nord.Dans les rues, les femmes ont la tête couverte dans un style Bruegel et les hommes portent un petit bonnet. Dans le quartier, nous voyons les boutiques des boulangers, tripiers, des bouchers. L’hygiène n’est pas une préoccupation évidente. Nous débouchons sur une grande avenue mais nous sommes perdus. Nous essayons de nous renseigner en vain. Repas dans un restau de chinese food où une jeune femme propose son aide. Nous revenons au souk pour quelques achats : cage à criquets, cheval de bronze et coussins, sac, papier de riz.
Xian est une ville coquette derrière ses remparts longs de 14 km, les taxis verts et les bus roulent au gaz, les chauffe-eau sont solaires, les immeubles sont construits dans le style chinois. Amandine avec son efficacité s’occupe de notre enregistrement dans un aéroport moderne. Embarquement à 16h15, repas à 17h.
Kunming à 18h40. Nous trouvons notre nouveau guide Yuizou (prononcer Wizo = poisson dans le bateau), jeune homme énergique, un peu rond, maniant volontiers l’humour. Il pleut mais la température est agréable, nous sommes presque à 2000 m d’altitude. L’Hôtel Dragon comporte 4 étoiles avec des employés en uniforme de Spirou à l’entrée. Les chambres sont confortables avec fruits et eau à disposition. Le change s’effectue en 30 s, nous avons accès à nos mails. L’alcool, cadeau de Diane, ne plait à personne, nous prenons du thé à la place et faisons un repas de fruits.
Xian a été capitale impériale pour 12 dynasties pendant 2000 ans :
de 1000 avant J.C à 1000 après.
La grande pagode de l’oie sauvage.
Explications sur le bouddhisme : histoire de Sakyamuni en jade et pierres précieuses. Sakyamuni = Siddhârta et Bodhisattva = anges
Les trois dieux : Fu = bonheur, Lu = réussite professionnelle, Show = longévité.
Près de la pagode en rénovation, des ouvriers travaillent du bois d’acajou pour les poutres du temple en construction. Les menuisiers venus du sud s’activent. Des manœuvres soulèvent de lourds morceaux d’une stèle couchée et cassée. Nous montons dans la pagode (20Y) avec ses 7 étages par des escaliers en bois. Promenade dans le jardin aux arbres vénérables. Des cerfs-volants flottent au-dessus d’une grande esplanade dallée.
La mosquée et le quartier Hui (minorité musulmane). Ce métissage a eu lieu lors du commerce de la soie. Quelques personnes en ont gardé « le long nez » ou des yeux moins bridés.
La religion du père est conservée par ses descendants.
A la descente du bus, nous traversons le souk, ruelle étroite protégée par des avancées de fortune. L’une des plus grandes mosquées de Chine ressemble en de nombreux points aux temples bouddhiques avec ses cours intérieures, son architecture et son minaret central si bas qu’il ressemble à une tour du tambour ou de la cloche. En tant que non-musulman, nous ne pouvons pénétrer dans la salle de prière dans le dernier bâtiment dont les portes ouvertes nous permettent de voir l’intérieur. La mosquée est orientée selon l’axe ouest /est et non sud/nord.Dans les rues, les femmes ont la tête couverte dans un style Bruegel et les hommes portent un petit bonnet. Dans le quartier, nous voyons les boutiques des boulangers, tripiers, des bouchers. L’hygiène n’est pas une préoccupation évidente. Nous débouchons sur une grande avenue mais nous sommes perdus. Nous essayons de nous renseigner en vain. Repas dans un restau de chinese food où une jeune femme propose son aide. Nous revenons au souk pour quelques achats : cage à criquets, cheval de bronze et coussins, sac, papier de riz.
Xian est une ville coquette derrière ses remparts longs de 14 km, les taxis verts et les bus roulent au gaz, les chauffe-eau sont solaires, les immeubles sont construits dans le style chinois. Amandine avec son efficacité s’occupe de notre enregistrement dans un aéroport moderne. Embarquement à 16h15, repas à 17h.
Kunming à 18h40. Nous trouvons notre nouveau guide Yuizou (prononcer Wizo = poisson dans le bateau), jeune homme énergique, un peu rond, maniant volontiers l’humour. Il pleut mais la température est agréable, nous sommes presque à 2000 m d’altitude. L’Hôtel Dragon comporte 4 étoiles avec des employés en uniforme de Spirou à l’entrée. Les chambres sont confortables avec fruits et eau à disposition. Le change s’effectue en 30 s, nous avons accès à nos mails. L’alcool, cadeau de Diane, ne plait à personne, nous prenons du thé à la place et faisons un repas de fruits.
mardi 12 avril 2011
Livret de phamille. JC Menu.
Jean Christophe Menu, n’est pas qu’un théoricien de la BD, il a créé « l’association » une maison d’édition qui propose des bandes dessinées essayant de renouveler le genre.
Cet épais volume aux petites cases regroupe des planches publiées dans divers fanzines, entre 1991 et 94, reliées par la teneur autobiographique des récits. L’auteur n’y est pas forcément à son avantage, mais sa sincérité est émouvante et si parfois sa femme n'est pas commode, c’est qu’elle doit assurer le quotidien et trois grossesses successives avec un mari qui est encore parfois tellement un môme : c’est qu’il est dans la BD, touchant et infernal. Les tensions entre l’intériorité nécessaire à la créativité et les tâches prosaïques est une bonne source d’humour et quand des auteurs se rencontrent avec leur égo bien reluisant, ils peuvent rappeler des situations vécues par chacun et pas forcément dans les salons ou les colloques. Les filles qui grandissent apportent une fraîcheur bienvenue.
Cet épais volume aux petites cases regroupe des planches publiées dans divers fanzines, entre 1991 et 94, reliées par la teneur autobiographique des récits. L’auteur n’y est pas forcément à son avantage, mais sa sincérité est émouvante et si parfois sa femme n'est pas commode, c’est qu’elle doit assurer le quotidien et trois grossesses successives avec un mari qui est encore parfois tellement un môme : c’est qu’il est dans la BD, touchant et infernal. Les tensions entre l’intériorité nécessaire à la créativité et les tâches prosaïques est une bonne source d’humour et quand des auteurs se rencontrent avec leur égo bien reluisant, ils peuvent rappeler des situations vécues par chacun et pas forcément dans les salons ou les colloques. Les filles qui grandissent apportent une fraîcheur bienvenue.
lundi 11 avril 2011
Pina 3D. Wim Wenders.
Par la danse, Pina Bausch, nous avait fait approcher de plus près la beauté, le tragique de notre condition humaine, avec intensité.
Wenders nous emmène au cœur des ballets de la dame de Wuppertal.
La 3 D permet des approches inédites et repousse les voilages qui semblent flotter jusque dans la salle, tout près de nous.
Un artiste au service d’une autre artiste : la mission est accomplie qui consiste à mieux révéler le monde en nous faisant partager le langage des corps, la légèreté et la douleur des hommes et des femmes, leurs solitudes, et nous faire sourire de nos impatiences.
J’avais même l’impression que les sons eux-mêmes avaient une autre dimension, avec les souffles si proches, les éléments eau et terre m’éclaboussant.
C’est plus qu’un hommage revisitant plusieurs chefs d’œuvres. Les rapprochements, les ouvertures nouvelles sur des paysages qui en deviennent magnifiques, nous conduisent au-delà de la danse contemporaine. Les beaux visages des danseurs nous livrent un peu du mystère de ce qui constituait le charisme de Pina. La troupe du Tanztheater en cortège vibrant ouvre et clôt le film, je la suivrais volontiers comme un enfant à la suite d’un joueur de flûte.
Bernard Pivot milite « pour l’augmentation du goût de la vie », la maigrichonne y contribue encore.
Wenders nous emmène au cœur des ballets de la dame de Wuppertal.
La 3 D permet des approches inédites et repousse les voilages qui semblent flotter jusque dans la salle, tout près de nous.
Un artiste au service d’une autre artiste : la mission est accomplie qui consiste à mieux révéler le monde en nous faisant partager le langage des corps, la légèreté et la douleur des hommes et des femmes, leurs solitudes, et nous faire sourire de nos impatiences.
J’avais même l’impression que les sons eux-mêmes avaient une autre dimension, avec les souffles si proches, les éléments eau et terre m’éclaboussant.
C’est plus qu’un hommage revisitant plusieurs chefs d’œuvres. Les rapprochements, les ouvertures nouvelles sur des paysages qui en deviennent magnifiques, nous conduisent au-delà de la danse contemporaine. Les beaux visages des danseurs nous livrent un peu du mystère de ce qui constituait le charisme de Pina. La troupe du Tanztheater en cortège vibrant ouvre et clôt le film, je la suivrais volontiers comme un enfant à la suite d’un joueur de flûte.
Bernard Pivot milite « pour l’augmentation du goût de la vie », la maigrichonne y contribue encore.
dimanche 10 avril 2011
Orphée. Hervieu Montalvo.
J’ai oublié le mythe antique du poète qui s’était retourné malgré l’interdiction après avoir récupéré son Eurydice qui séjournait aux enfers suite à la morsure d’un serpent.
C’est que ce qui était présenté par le couple de chorégraphes dans leur dernière collaboration sur le plateau de la MC2, sur fond de quai de Seine, m’a paru tellement plaisant.
Je n’ai pas vu passer l’heure dix, peuplée de chanteurs et de danseurs à l’énergie communicative. Un acrobate sur des échasses fait virevolter des danseuses à pointes, un musicien joue du théorbe, des musiciens sont danseurs et des danseurs chanteurs, les baskets hip hop s’allient aux chanteurs baroques, des trapus soulèvent des beautés élancées, des éléphants s’assoient sur un banc. Des conteurs africains apportent leur fantaisie, une joie de vivre qui va si bien avec une vision paradisiaque en vidéo où des animaux se côtoient tellement pacifiquement que les images de chairs dévorées paraissent comme des taches de couleur. Les musiques sont variées et s’harmonisent dans ce tourbillon réglé au millimètre : la synchronisation des danseurs avec leurs images est époustouflante. Des personnes courent sous leurs parapluies, des citations picturales s’ajoutent au kaléidoscope. Les seize danseurs sont tous excellents. L’humour vient après la gravité, quand un jeune qui a perdu une jambe réalise une performance inoubliable, il nous soulève au-dessus de nos fatigues.
C’est que ce qui était présenté par le couple de chorégraphes dans leur dernière collaboration sur le plateau de la MC2, sur fond de quai de Seine, m’a paru tellement plaisant.
Je n’ai pas vu passer l’heure dix, peuplée de chanteurs et de danseurs à l’énergie communicative. Un acrobate sur des échasses fait virevolter des danseuses à pointes, un musicien joue du théorbe, des musiciens sont danseurs et des danseurs chanteurs, les baskets hip hop s’allient aux chanteurs baroques, des trapus soulèvent des beautés élancées, des éléphants s’assoient sur un banc. Des conteurs africains apportent leur fantaisie, une joie de vivre qui va si bien avec une vision paradisiaque en vidéo où des animaux se côtoient tellement pacifiquement que les images de chairs dévorées paraissent comme des taches de couleur. Les musiques sont variées et s’harmonisent dans ce tourbillon réglé au millimètre : la synchronisation des danseurs avec leurs images est époustouflante. Des personnes courent sous leurs parapluies, des citations picturales s’ajoutent au kaléidoscope. Les seize danseurs sont tous excellents. L’humour vient après la gravité, quand un jeune qui a perdu une jambe réalise une performance inoubliable, il nous soulève au-dessus de nos fatigues.
samedi 9 avril 2011
Pierre Sang Papier ou Cendre. Maïssa Bey.
La reprise des mots D’Eluard au dessus d’une vieille photographie de voiliers dans la baie d’Alger laissait prévoir un ouvrage poétique. Il l’est, mais de façon exaltée, éloignant toute de légèreté. C’est vrai que le sujet traité ne manque pas de gravité. Je prends mes précautions car l’auteure est estimable et appréciée par beaucoup notamment par mes jeunes qui me l’avaient recommandée. Cette fresque de 200 pages vite lues couvre la période de l’occupation de l’Algérie par la France de 1830 à 1962. Elle est peinte à grands traits avec les couleurs tranchées de la passion. Un enfant innocent va être le témoin des destructions de madame Lafrance accompagnée de Laloi qui tente de s’imposer par la terreur et le sang.
Pas d’hésitation, les camps sont bien délimités, mais ce manichéisme dessert le rappel utile des méfaits de la colonisation. Tocqueville qui pensait que « la conservation des colonies est nécessaire à la force et à la grandeur de la France » écrit : « Nous avons rendu la société arabe beaucoup plus misérable, plus désordonnée, plus ignorante et plus barbare qu’elle n’était avant de nous connaître. »
Est-ce que le jeune berger de cette fable, tellement clairvoyant, a grandi ?
Ses voisins écrivent des pages nouvelles, que dit-il présentement ?
Pas d’hésitation, les camps sont bien délimités, mais ce manichéisme dessert le rappel utile des méfaits de la colonisation. Tocqueville qui pensait que « la conservation des colonies est nécessaire à la force et à la grandeur de la France » écrit : « Nous avons rendu la société arabe beaucoup plus misérable, plus désordonnée, plus ignorante et plus barbare qu’elle n’était avant de nous connaître. »
Est-ce que le jeune berger de cette fable, tellement clairvoyant, a grandi ?
Ses voisins écrivent des pages nouvelles, que dit-il présentement ?
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