Déesse de la beauté pour les romains, Aphrodite chez les grecs, comme bien des divinités, elle récupéra des caractéristiques plus anciennes d’une idole méditerranéenne née à Chypre. Et quand la puissance terrestre inaugura le droit divin, Auguste fils de César se vit bien comme son descendant par Enée.
Subsistent quelques graines d’un vocabulaire autour de l’attirance sexuelle où Eros(Cupidon), Adonis, Priape, sont de la revue.
La déesse de la féminité, quand elle était vêtue, préférait le bleu, il en sera ainsi jusqu’au XVII° siècle; le rose était pour les garçons plus bronzés.
Botticelli, Poussin, Le Titien, Ingres, Boucher, Cabanel, Böcklin, nous offrent des représentations où sa chair, généreuse, laiteuse, est savoureuse.
J’ai pu découvrir bien des peintres grâce aux amis du musée où officiait cette après midi, Fabrice Conan, mais pour Gustave Moreau, il faudra encore beaucoup de pédagogie pour que je l’apprécie.
Née des flots, Vénus serait la fille d'Ouranos (le Ciel), dont les parties génitales, tranchées par son fils Cronos, avaient fécondé la mer.
Les furies ( la discorde, la vengeance, la haine) sont ses sœurs, elles poursuivent par exemple Oreste qui vient de tuer sa mère dans le tableau de Bougereau avec la belle énergie des déesses à l’ancienne, destinées à devenir peu après plus bienveillantes.
Vénus n’était pas du même bois que Junon déesse de la fidélité, ni comme Athéna déesse de la raison, immunisée contre les passions amoureuses. Mariée à un Vulcain qui travaillait en sous sol et sentait la fumée, elle le trompa avec son frère, Mars, pour qui le légitime dut forger des armes ainsi que pour Enée un autre rejeton qu’elle eut avec Anchise. De ses amours avec le dieu de la guerre sont nés l’harmonie, la crainte, la terreur et Éros. Vulcain guidé par le soleil emprisonna les deux amants dans un filet magique.
Pâris, jeune mortel eut à départager Junon, Minerve et Vénus qui croyaient chacune que la pomme, celle de la discorde, où était inscrit : «à la plus belle » leur était destinée. Pâris choisit Vénus qui le sauvera de la mort lors de la guerre de Troie.
Cette existence vouée aux passions pour son propre bénéfice avec les tourments afférents pourrait consoler les mortels de leur vie trop pépère pourtant parfois concernés par les bonnes grâces de la belle, mais ses vengeances peuvent être terribles.
Adonis fut contraint de vivre un tiers de l’année dans les profondeurs de la terre avec Perséphone, l’hiver. Et encore, c’est à l’issue de compromis passés entre titulaires de l’Olympe.
Jalouse et d’une fierté qui la rendait féroce envers ceux qui doutaient de sa beauté ou lui faisaient de l’ombre, ainsi Psyché dont le bonheur dura le temps de l’illusion, se sortira tout de même des épreuves que lui imposa belle maman.
Les nombreux artistes qui la représentèrent lui donnèrent parfois le visage de contemporaines comme Pauline Borghèse par Canova ou mademoiselle Lange, l’actrice, par Girodet.
Nous restent de poétiques origines : Adonis, tué par un sanglier peut renaître en anémone, et alors que Vénus venait à son secours, quand elle se blessa aux épines des roses blanches, devenues rouges depuis, et Clytie amoureuse éconduite du soleil suit Apollon du regard depuis qu’elle survit en tournesol.
Et quelle plus belle métaphore en milieu artistique que la légende de Pygmalion promis au célibat qui tombe amoureux de Galatée la statue qu’il vient de sculpter ?
jeudi 24 février 2011
mercredi 23 février 2011
Touristes en chine 2007. # J 7. Art contemporain.
Quartier libre jusqu’à 10h que nous utilisons à ranger et changer de l’argent avec la même employée que l’autre jour mais beaucoup plus vive et efficace.
Le temple du ciel Tiantan. Dans le parc les installations pour « vieux » gymnastes nous impressionnent : barres parallèles, divers engins pour se gratter le dos, se suspendre, marcher, se balancer. Beaucoup de monde s’entraîne, les niveaux sont très divers, je m’essaye à quelques échanges avec un virtuose de la balle en plumes qu’on se renvoie uniquement avec les pieds. Nous utilisons quelques installations. Certaine mamies bavardent tout en esquissant quelques légers mouvements. Raquettes et balles adhèrent grâce à la vitesse du mouvement aux enchaînements gracieux. Tout est bleu dans le temple couleur du ciel alors que le jaune est la couleur de l’empereur et le vert celui de la nature. La forme ronde représente le ciel elle comporte 3 étages dans une enceinte carrée ( la terre), à l’intérieur 4 piliers, 12 autres symboliques. Wang Hui nous transporte quelques siècles en arrière en nous racontant les sacrifices d’animaux pour favoriser les récoltes, restent des statues de bœuf en pierre.
Visite d’un magasin de perles de culture. On nous explique la technique avant de passer comme d’habitude à la boutique et comme d’habitude nous nous laissons tenter par des boutons d’oreilles et des colliers.
Art contemporain à Dashanzi Le restau aux spaghetti bolognaises est cher.Pas de découvertes artistiques mirobolantes dans ce quartier mi salle d’expo, mi fabrique encore en activité. La Gallery « 798 » est branchée. Comme œuvres nous retenons un ensemble de briques avec portraits imprimés dans des couleurs grises, quelques personnages de terre (ribambelles d’enfants), des Mao en fer rouillé ou argenté. Après quelques contradictions sur la direction à prendre nous retrouvons notre auto.
Canard laqué dans un grand restaurant pour touristes mais d’une réelle qualité culinaire, de nombreux plats, un verre de vin curieux, massage, ventilation à l’éventail par les employées.Nous quittons le chauffeur à la gare. Les bagages sont passés aux rayons. Malgré ce que nous a raconté Diane sur la ponctualité des trains, dans la gare qui s’est vidée nous attendons le train pour Datong. Notre « fée clochette » a beaucoup de répartie, elle nous distrait en attendant : idéogrammes de nos noms et de l’expression « méchants professeurs » elle s’intéresse à notre journal où elle espère figurer. A 23h 45 nous quittons Pékin en wagons-lits avec une hôtesse d’accueil qui échange nos billets contre une carte, nouvel échange ½ h avant l’arrivée. Je me sépare de mes compagnons dans un compartiment voisin, les filles sont en bas, les garçons en haut sur « les couchettes molles », appellation déposée.
Le temple du ciel Tiantan. Dans le parc les installations pour « vieux » gymnastes nous impressionnent : barres parallèles, divers engins pour se gratter le dos, se suspendre, marcher, se balancer. Beaucoup de monde s’entraîne, les niveaux sont très divers, je m’essaye à quelques échanges avec un virtuose de la balle en plumes qu’on se renvoie uniquement avec les pieds. Nous utilisons quelques installations. Certaine mamies bavardent tout en esquissant quelques légers mouvements. Raquettes et balles adhèrent grâce à la vitesse du mouvement aux enchaînements gracieux. Tout est bleu dans le temple couleur du ciel alors que le jaune est la couleur de l’empereur et le vert celui de la nature. La forme ronde représente le ciel elle comporte 3 étages dans une enceinte carrée ( la terre), à l’intérieur 4 piliers, 12 autres symboliques. Wang Hui nous transporte quelques siècles en arrière en nous racontant les sacrifices d’animaux pour favoriser les récoltes, restent des statues de bœuf en pierre.
Visite d’un magasin de perles de culture. On nous explique la technique avant de passer comme d’habitude à la boutique et comme d’habitude nous nous laissons tenter par des boutons d’oreilles et des colliers.
Art contemporain à Dashanzi Le restau aux spaghetti bolognaises est cher.Pas de découvertes artistiques mirobolantes dans ce quartier mi salle d’expo, mi fabrique encore en activité. La Gallery « 798 » est branchée. Comme œuvres nous retenons un ensemble de briques avec portraits imprimés dans des couleurs grises, quelques personnages de terre (ribambelles d’enfants), des Mao en fer rouillé ou argenté. Après quelques contradictions sur la direction à prendre nous retrouvons notre auto.
Canard laqué dans un grand restaurant pour touristes mais d’une réelle qualité culinaire, de nombreux plats, un verre de vin curieux, massage, ventilation à l’éventail par les employées.Nous quittons le chauffeur à la gare. Les bagages sont passés aux rayons. Malgré ce que nous a raconté Diane sur la ponctualité des trains, dans la gare qui s’est vidée nous attendons le train pour Datong. Notre « fée clochette » a beaucoup de répartie, elle nous distrait en attendant : idéogrammes de nos noms et de l’expression « méchants professeurs » elle s’intéresse à notre journal où elle espère figurer. A 23h 45 nous quittons Pékin en wagons-lits avec une hôtesse d’accueil qui échange nos billets contre une carte, nouvel échange ½ h avant l’arrivée. Je me sépare de mes compagnons dans un compartiment voisin, les filles sont en bas, les garçons en haut sur « les couchettes molles », appellation déposée.
mardi 22 février 2011
De Gaulle à la plage.
Une fois encore les impressions dépendent du contexte. Je n’avais pas apprécié les quelques strips entraperçus dans mon quotidien et là en album en couleurs emprunté à la bibliothèque, je me suis régalé de l’humour subtil de Jean Yves Ferry. Très années cinquante, l’aller retour avec nos mœurs d’aujourd’hui est drôle : Mongénéral reste digne malgré ses tongs, et s’il lance un appel depuis le poste de secours c’est qu’il a envie de jouer au volley parce que Lebornec l’aide de camp aux petits soins n’a pas apporté de ballon. Il ne se laisse pas manipuler par une presse à sensations qui pointe son nez. Il n’y a pas d’idylle avec Grace Kelly même si le grand homme pas vraiment à son avantage dans son short bien remonté, aime regarder les jolies femmes. Heureusement Tante Yvonne veille. Et quand il se retrouve avec Winston Churchill, c’est cigare et Brandy :
- On les libère et après ils vous bazardent ! Mais l’heure est proche où nous nous dresserons pour dire NON !
- No !
- Non à la capitulation ! Non à l’abandon ! Non à la désagrégation !
- Right !
- Some Brandy ?
- Je ne dis pas non.
Lui qui avait dit que Tintin était son seul rival à l’international, le voilà, en toute majesté, au pays des bulles.
- On les libère et après ils vous bazardent ! Mais l’heure est proche où nous nous dresserons pour dire NON !
- No !
- Non à la capitulation ! Non à l’abandon ! Non à la désagrégation !
- Right !
- Some Brandy ?
- Je ne dis pas non.
Lui qui avait dit que Tintin était son seul rival à l’international, le voilà, en toute majesté, au pays des bulles.
lundi 21 février 2011
Même la pluie. Iciar Bollain.
Un film contant l’arrivée de Christophe Colomb aux Amérique est tourné avec des figurants dont les problèmes de survie entrent en résonnance avec le récit de la colonisation brutale qui s’engageait alors en 1492. En 2000, en Bolivie, une révolte eut bien lieu contre l’augmentation du prix de l’eau et elle fut gagnante contre une multinationale qui voulait s’accaparer ce bien commun cause de tant de conflits.
« Ils veulent nous prendre même la pluie. Et pourquoi pas la sueur de notre front, pendant qu’on y est. »
Le hors champ de ce tournage est palpitant, chaleureux, avec les contradictions et les évolutions des acteurs, la question de l’engagement.
Tellement accablé par nos défaites politiques, je ne croyais pas trop à cette victoire citoyenne qui arrive lors d’un dénouement aux effets un peu trop appuyés. Alors qu’auparavant l’exposition avançait avec subtilité et force, entrant dans la complexité, nous faisant partager les dilemmes. Ce film dans le film nous rappelle aussi que des œuvres peuvent impliquer les créateurs pas seulement le temps d’une tournée de promotion.
La réalisatrice espagnole a été actrice chez Ken Loach et son mari scénariste du maître anglais a écrit ce film : ça se voit et c’est un plaisir de retrouver cet air de famille avec une œuvre bien ficelée qui fait progresser notre perception du monde et requinque nos capacités d’indignation.
« Ils veulent nous prendre même la pluie. Et pourquoi pas la sueur de notre front, pendant qu’on y est. »
Le hors champ de ce tournage est palpitant, chaleureux, avec les contradictions et les évolutions des acteurs, la question de l’engagement.
Tellement accablé par nos défaites politiques, je ne croyais pas trop à cette victoire citoyenne qui arrive lors d’un dénouement aux effets un peu trop appuyés. Alors qu’auparavant l’exposition avançait avec subtilité et force, entrant dans la complexité, nous faisant partager les dilemmes. Ce film dans le film nous rappelle aussi que des œuvres peuvent impliquer les créateurs pas seulement le temps d’une tournée de promotion.
La réalisatrice espagnole a été actrice chez Ken Loach et son mari scénariste du maître anglais a écrit ce film : ça se voit et c’est un plaisir de retrouver cet air de famille avec une œuvre bien ficelée qui fait progresser notre perception du monde et requinque nos capacités d’indignation.
dimanche 20 février 2011
Les naufragés du fol espoir. Le théâtre du soleil.
Epopée de quatre heures qui nous emmène de l’Autriche au cap Horn, de Jules Vernes en passant par Hugo, des Carmina Burana à Wagner, d’une guinguette nommée « le fol espoir » à un navire du même nom : que peuvent les artistes ?
« Fol » écrit à l’ancienne accolé au mot « espoir » d’un autre siècle pour ramer sur une mer de toile agitée par les artisans de l’illusion cinématographique, vers l’abime.
« Ni la dictature, ni l'anarchie, mais la gestion mutuelle. Soyons providentiels les uns aux autres. La liberté comme base, l'égalité comme moyen, la fraternité comme but. »
Une foule de personnages essaye de vivre une utopie ou du moins sa représentation, sur des terres qui ne sont même plus vierges. Leurs rêves sont arrachés par les vents glacés. Les écharpes agitées au bout d’un fil donnent l’illusion de jouer avec les éléments, les images sont belles et pathétiques.
La jeune fille qui lisait l’Huma dans le car qui nous conduisait de l’Hexagone au palais des sports de Lyon avait retenu, elle, la petite lueur d’un phare dans les ténèbres. Je mesure le temps, depuis une foule embarquée à 1789 de Mnouchkine dans les années 70 : « claquez dans les mains : ce n’est qu’un début continuons le combat ! ».
Au début du XX° siècle, la technique croissait et les hommes et surtout les femmes croyaient à la politique. La guerre anéantira aussi les espoirs des survivants. Nous sommes au XXI° siècle.
Le fil narratif, occupé par des séquences de cinéma muet, média pour le moins théâtral, permet toutes les simplifications, les accumulations, les ficelles les plus grosses et les plus jolies sous les lumières du spectacle et la neige artificielle déversée généreusement.
J’ai beaucoup aimé les changements à vue avec les belles toiles peintes, les poulies, les fausses pierres, les coulisses, et la chorégraphie d’une troupe affairée qui durant quatre heures se donne de tout son cœur, de toute son énergie, dans un désordre parfaitement réglé. Un spectacle qui ravit son monde, mais Ariane qui avait si bien ravivé des énergies pendant la dernière campagne présidentielle, avec la complicité de l’écriture d’Hélène Cixou m’a semblé, cette fois, faire la somme de nos difficultés à aller vers un monde plus juste, et signer l’épuisement de nos illusions : naufragés.
« Fol » écrit à l’ancienne accolé au mot « espoir » d’un autre siècle pour ramer sur une mer de toile agitée par les artisans de l’illusion cinématographique, vers l’abime.
« Ni la dictature, ni l'anarchie, mais la gestion mutuelle. Soyons providentiels les uns aux autres. La liberté comme base, l'égalité comme moyen, la fraternité comme but. »
Une foule de personnages essaye de vivre une utopie ou du moins sa représentation, sur des terres qui ne sont même plus vierges. Leurs rêves sont arrachés par les vents glacés. Les écharpes agitées au bout d’un fil donnent l’illusion de jouer avec les éléments, les images sont belles et pathétiques.
La jeune fille qui lisait l’Huma dans le car qui nous conduisait de l’Hexagone au palais des sports de Lyon avait retenu, elle, la petite lueur d’un phare dans les ténèbres. Je mesure le temps, depuis une foule embarquée à 1789 de Mnouchkine dans les années 70 : « claquez dans les mains : ce n’est qu’un début continuons le combat ! ».
Au début du XX° siècle, la technique croissait et les hommes et surtout les femmes croyaient à la politique. La guerre anéantira aussi les espoirs des survivants. Nous sommes au XXI° siècle.
Le fil narratif, occupé par des séquences de cinéma muet, média pour le moins théâtral, permet toutes les simplifications, les accumulations, les ficelles les plus grosses et les plus jolies sous les lumières du spectacle et la neige artificielle déversée généreusement.
J’ai beaucoup aimé les changements à vue avec les belles toiles peintes, les poulies, les fausses pierres, les coulisses, et la chorégraphie d’une troupe affairée qui durant quatre heures se donne de tout son cœur, de toute son énergie, dans un désordre parfaitement réglé. Un spectacle qui ravit son monde, mais Ariane qui avait si bien ravivé des énergies pendant la dernière campagne présidentielle, avec la complicité de l’écriture d’Hélène Cixou m’a semblé, cette fois, faire la somme de nos difficultés à aller vers un monde plus juste, et signer l’épuisement de nos illusions : naufragés.
samedi 19 février 2011
Ru. Kim Thuy.
J’apporterai volontiers un petit pétale aux bouquets d’éloges que ce premier roman vient de recevoir. Une vietnamienne, tellement vietnamienne, raconte sa vie en zone tropicale puis au Canada où elle s’est réfugiée avec d’autres boat people.
Elle sait se mettre à la place du soldat du Nord qui a fait pourtant tellement souffrir sa riche famille, lui qui croyait que les soutiens-gorge dans l’armoire étaient des filtres à café. Cette capacité à comprendre les autres, à s’émerveiller lui vient peut être d’avoir débarqué dans un univers largement énigmatique pour elle et d’avoir surmonté tant d’épreuves qu’elle peut verser aujourd’hui, dans nos gobelets, une eau tellement revigorante.
« Sans l'écriture, comment entendre la neige fondre, les feuilles pousser,
et les nuages se promener ? »
Reconnaissante envers ceux qui l’ont accueillie, elle rend bien à tous ses lecteurs, les bienfaits qu’elle a reçus en nous restituant de beaux portraits de personnes généreuses, et des épisodes d’apprentissage d’une vie qui tourne bien. Elle décrit l’horreur, les réussites, les douceurs qui s’entremêlent, avec tact: sa poésie ne brouille pas les sens, elle les exalte.
La grâce et la lumière en 150 pages si brèves.
"Je n’ai jamais eu d'autres questions que celle du moment où je pourrais mourir. J'aurais dû choisir ce moment avant l’arrivée de mes enfants, car j'ai depuis perdu l'option de mourir. L'odeur surette de leurs cheveux cuits sous le soleil, l’odeur de la sueur dans leur dos la nuit au réveil d’un cauchemar, l'odeur poussiéreuse de leurs mains à la sortie des classes, m'ont obligée et m'obligent à vivre, à être éblouie par l'ombre de leurs cils, à être émue par un flocon de neige, à être renversée par une larme sur leur joue. Mes enfants m'ont donné le pouvoir exclusif de souffler sur une plaie pour faire disparaître la douleur, de comprendre des mots non prononcés, de détenir la vérité universelle, d'être une fée. Une fée éprise de leurs odeurs."
Elle sait se mettre à la place du soldat du Nord qui a fait pourtant tellement souffrir sa riche famille, lui qui croyait que les soutiens-gorge dans l’armoire étaient des filtres à café. Cette capacité à comprendre les autres, à s’émerveiller lui vient peut être d’avoir débarqué dans un univers largement énigmatique pour elle et d’avoir surmonté tant d’épreuves qu’elle peut verser aujourd’hui, dans nos gobelets, une eau tellement revigorante.
« Sans l'écriture, comment entendre la neige fondre, les feuilles pousser,
et les nuages se promener ? »
Reconnaissante envers ceux qui l’ont accueillie, elle rend bien à tous ses lecteurs, les bienfaits qu’elle a reçus en nous restituant de beaux portraits de personnes généreuses, et des épisodes d’apprentissage d’une vie qui tourne bien. Elle décrit l’horreur, les réussites, les douceurs qui s’entremêlent, avec tact: sa poésie ne brouille pas les sens, elle les exalte.
La grâce et la lumière en 150 pages si brèves.
"Je n’ai jamais eu d'autres questions que celle du moment où je pourrais mourir. J'aurais dû choisir ce moment avant l’arrivée de mes enfants, car j'ai depuis perdu l'option de mourir. L'odeur surette de leurs cheveux cuits sous le soleil, l’odeur de la sueur dans leur dos la nuit au réveil d’un cauchemar, l'odeur poussiéreuse de leurs mains à la sortie des classes, m'ont obligée et m'obligent à vivre, à être éblouie par l'ombre de leurs cils, à être émue par un flocon de neige, à être renversée par une larme sur leur joue. Mes enfants m'ont donné le pouvoir exclusif de souffler sur une plaie pour faire disparaître la douleur, de comprendre des mots non prononcés, de détenir la vérité universelle, d'être une fée. Une fée éprise de leurs odeurs."
vendredi 18 février 2011
La Tunisie et l' Egypte au forum Libération.
Le thème prévu « Réussir l’intégration, démocratiser la réussite » a laissé place à des réflexions sur l’histoire en marche en Tunisie et en Egypte.
Rédiger une manière de compte rendu pour une publication différée est hasardeux, tant chaque jour amène son lot de surprises et prend à contre-pied les experts les plus prudents.
Par exemple l’afflux de Tunisiens à Lampedusa dément une interprétation qui aurait compris l’immigration comme étant essentiellement la fuite d’un univers despotique.
Mais la qualité des intervenants Abdelwahab Meddeb et Benjamin Stora permet d’aller au-delà des péripéties.
La priorité donnée à l’actualité n’éloignait pas du sujet initial tant le rôle des binationaux dans la révolution a été important, les frontières mouvantes avec la blogosphère, les stéréotypes malmenés. Les références occidentales se mêlent à celles de la religion musulmane, le rapport à l’étranger a bougé, ainsi le dilemme : assimilation ou intégration peut se repenser.
La fierté d’être le moteur de l’histoire de ce côté de la Méditerranée permet de dépasser les blessures mémorielles et de penser l’avenir. Les cartographies imaginaires basculent : l’univers immuable depuis la décolonisation bouge : le mur de sable s’affaisse.
A l’image touristique de « révolution du jasmin » peut se substituer le terme de« révolution du Phénix ». Depuis un lieu décentré, Sidi Bouzid, avec les cendres de Mohamed Bouazizi, un peuple s’est réapproprié son destin. Le taux de scolarisation a permis cette avancée, le passage de la société rurale à une société urbaine l’a favorisé, l’effondrement de la taille des familles passant de sept à deux enfants témoignait du changement d’époque.
En 79 en Iran il n’y avait pas de mémoire historique et les morts d’Algérie pendant la guerre civile ne sont pas oubliés, l’histoire n’est pas condamnée à bégayer. Dans une zone où tout semblait immuable, des changements trop longtemps attendus s’amorcent. Le démantèlement des appareils sécuritaires n’est pas gagné mais il est engagé depuis l’intérieur à l’opposé d’une intervention extérieure aussi vaine que celle qui a eu lieu en Irak. Des espaces contradictoires sont à trouver mais le temps où l’intérêt particulier prévalait sur l’intérêt général est révolu.
Un Roubaisien d’origine marocaine dans Libé du 15 février à propos de ce basculement historique:
« C’est comme si la France avait perdu sa conscience. Sa voix ne porte plus… Elle devait être exemplaire, elle ne l’est pas. On ne l’entend que pour se défendre maladroitement de ses histoires minables de vacances payées par ces régimes »
............
Le dessin est du Canard et la photo de Dany.
Rédiger une manière de compte rendu pour une publication différée est hasardeux, tant chaque jour amène son lot de surprises et prend à contre-pied les experts les plus prudents.
Par exemple l’afflux de Tunisiens à Lampedusa dément une interprétation qui aurait compris l’immigration comme étant essentiellement la fuite d’un univers despotique.
Mais la qualité des intervenants Abdelwahab Meddeb et Benjamin Stora permet d’aller au-delà des péripéties.
La priorité donnée à l’actualité n’éloignait pas du sujet initial tant le rôle des binationaux dans la révolution a été important, les frontières mouvantes avec la blogosphère, les stéréotypes malmenés. Les références occidentales se mêlent à celles de la religion musulmane, le rapport à l’étranger a bougé, ainsi le dilemme : assimilation ou intégration peut se repenser.
La fierté d’être le moteur de l’histoire de ce côté de la Méditerranée permet de dépasser les blessures mémorielles et de penser l’avenir. Les cartographies imaginaires basculent : l’univers immuable depuis la décolonisation bouge : le mur de sable s’affaisse.
A l’image touristique de « révolution du jasmin » peut se substituer le terme de« révolution du Phénix ». Depuis un lieu décentré, Sidi Bouzid, avec les cendres de Mohamed Bouazizi, un peuple s’est réapproprié son destin. Le taux de scolarisation a permis cette avancée, le passage de la société rurale à une société urbaine l’a favorisé, l’effondrement de la taille des familles passant de sept à deux enfants témoignait du changement d’époque.
En 79 en Iran il n’y avait pas de mémoire historique et les morts d’Algérie pendant la guerre civile ne sont pas oubliés, l’histoire n’est pas condamnée à bégayer. Dans une zone où tout semblait immuable, des changements trop longtemps attendus s’amorcent. Le démantèlement des appareils sécuritaires n’est pas gagné mais il est engagé depuis l’intérieur à l’opposé d’une intervention extérieure aussi vaine que celle qui a eu lieu en Irak. Des espaces contradictoires sont à trouver mais le temps où l’intérêt particulier prévalait sur l’intérêt général est révolu.
Un Roubaisien d’origine marocaine dans Libé du 15 février à propos de ce basculement historique:
« C’est comme si la France avait perdu sa conscience. Sa voix ne porte plus… Elle devait être exemplaire, elle ne l’est pas. On ne l’entend que pour se défendre maladroitement de ses histoires minables de vacances payées par ces régimes »
............
Le dessin est du Canard et la photo de Dany.
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