mercredi 22 décembre 2010

Central Park & Paris-NY / NY-Paris en BD.

Espérant retrouver des images d’un séjour récent à New York, j’ai ramassé à la bibliothèque du quartier deux albums qui promettaient de belles images.
L’une Central Park de Jean-Luc Cornette et Christian Durieux s’essaye au fantastique mais déjà à voir le nom des protagonistes Johan Crevette et Yasmina Polaire, les deux touristes belges qui rencontrent un ours polaire parlant, on peut pressentir le fiasco, heureusement c’est lu en dix minutes. De la pacotille.
L’autre Paris-New York, New York-Paris de Drommelschlager a une autre ambition puisque le héros s’appelle lui Gaspard de Saint Amand un puissant boss, qui s’annonçait tout aussi schématique, et le jour de son 40° anniversaire son médecin lui annonce qu’il n’a plus que quelques mois à vivre. Il va essayer de faire revenir un amour perdu par frère interposé, l’album est découpé en trois parties aux colorations différentes pour montrer les divers points de vues des héros froids et raides comme les buildings qui les environnent. Malgré un graphisme qui a parfois du charme, je ne suis pas allé au bout de cette accumulation de clichés.

mardi 21 décembre 2010

Le Montespan. J. Teulé, P.Bertrand

Le livre de Jean Teulé,sans images, concernant le mari de la dame , a eu un certain succès et je me suis dit qu’une B.D. sur le sujet serait plaisante, sans passer trop de temps non plus, sur les détails des amours Capétiennes. Le trait géométrique de Philippe Bertrand, disparu récemment, dont j’avais adoré « les petits riens » destiné aux enfants et enchantant les grands, ne convient pas forcément à cette affaire de cocu magnifique. J’aurai préféré plus de sensualité dans ce récit porté bientôt à l’écran et qui comporte tous les ingrédients pour tenir en haleine le spectateur. Aventures trépidantes, dialogues savoureux, passion, courage et arrivisme, la fange et le luxe, les barbaresques, l’amour... L’angle choisi de mettre au premier plan Louis Henri Grondin de Pardaillan, marquis de Montespan est intéressant. Son carrosse orné de cornes de cerf, et l’enterrement de sa passion célébré en pleine terre, ont le panache de celui qui n’a pas renoncé face au roi soleil, alors que sa femme favorite de XIV aurait pu lui procurer bien de bénéfices.

lundi 20 décembre 2010

Armadillo. Janus Metz

Documentaire efficace qui met sous nos yeux la connerie de la guerre, son absolue absurdité.
Dans la longue liste des films en uniformes, un regard aigu et renouvelé sur la vie d’un groupe de soldats danois en Afghanistan. Pendant les pauses entre deux sorties dans un réel échappant à leur compréhension, pour quelques arpents autour d’un fortin, des mômes blonds jouent à la guerre virtuelle. Dans leurs carapaces, ils avancent au milieu d’enfants à peine moins âgés qui jouent et viennent grappiller des aliments que les soldats n’ont pas aimés et que ceux-ci distribuent du bout des gants. Cette guerre comme toutes les guerres est perdue ; et les dédommagements pour une vache tuée ne résolvent rien. Dérisoire, ridicule, à pleurer. Tout ce fric perdu, cette technologie vaine, ces vies bousillées, ces intelligences dévoyées. La caméra nous transporte au cœur des combats quand après le staccato des mitrailles, des jeunesses finissent leur vie dans le fossé. L’échauffourée passée, les mecs bandent au ressassement de leur survie et devant quelques pauvres chattes sur écrans d’ordinateur

dimanche 19 décembre 2010

2-3…grammes. Bernard Falconnet.

Deux-trois grammes d’alcool dans le sang : c’est la dose que s’autorise la mère avant une nuit d’insomnie. Alcoolique, elle délivre à son monde ses vérités, elle nous fait honte de rire de ses audaces vaines et des hypocrisies passées au révélateur qui « gnaque » fabriqué en Charentes.
Une seule comédienne est en scène, Line Wiblé, qui fait penser à Yolande Moreau pour son talent à interpréter des gens du peuple. Elle joue donc une mère, ses trois filles et le père, sans trop appuyer, avec ce qu’il faut d’empathie et de distance pour passer de l’une à l’autre.
Pas de dispositif encombrant, la représentation déambulera dans toute l’Isère, elle passera au Pin, mon village d’enfance. Et bien des spectateurs pourront reconnaître cette ménagère qui aime à s’occuper de tout, cette prof qui revient de Paris, cette dépressive, ce père qui s’applique dans ses discours avec Verlaine comme assistant et des astuces de mots croisés pour quadriller l’ennui. Familier, drôle et émouvant.
Si l’alcool est un vecteur comique efficace, il est, particulièrement en milieu rural, une cause de surmortalité des jeunes pris dans les tôles de samedis soirs sans lendemains. Tiens, des études concordantes viennent de s’apercevoir de situations dramatiques en zones rurbaines et rurales.

samedi 18 décembre 2010

Une âme perdue. Giovanni Arpino.

Du temps perdu. Roman oppressant de l’auteur de « Parfum de femme », où j’ai pu reconnaître une belle écriture, au service de la révélation de secrets de famille auxquels je suis resté étranger. J’ai dû insister pour aller au bout de ce court roman de 135 pages. Certaines scènes semblent interminables comme celle du jeu. Le personnage principal passe de l’angoisse à l’indifférence, en décalage avec ce qu’il décrit. Pourtant il y avait de quoi être inspiré par Leopardi dont une phrase est à commenter par le jeune narrateur qui passe son bac :
« ce lieu commun que la vie est une pièce de théâtre se vérifie surtout en ceci que les hommes s’évertuent sans cesse à parler d’une façon et agir d’une autre… »

vendredi 17 décembre 2010

Journaux : des piles neuves ?

La Sarkosie étend un peu plus son emprise sur les médias : le directeur du Nouvel Obs passe à la direction des journaux Lagardère : fin d’un faux semblant.
Mais le bal ne fait que commencer : Fottorino révoqué ne suscite pas sur le site Le Monde.fr, d’interrogations majeures de la part de lecteurs qu’on pourrait voir plus mobilisés au-delà des nostalgies et des réflexes attendus.
Même si l’on n’est pas contraint à s’user les nerfs avec les laquais de France télévision, la petite musique de l’illégitimité à gouverner de la gauche-DSK mis à part-revient aux oreilles avec des airs d’avant 81 qui ne nous rajeunissent pas.
Si par ailleurs vous avez vu une analyse de l’échec de la mobilisation sur les retraites, faites en profiter les copains ou si vous avez lu à ce propos, juste le mot « échec » ; la gauche autruche.
Marianne traite le président de voyou une semaine, et peut mettre à la une, tape à l’œil, peu de temps après : « pourquoi il peut être réélu ? ». Mais les protestations contre la rigueur qui étreint l’Europe passent dans la rubrique faits divers et nos appareils politiques moulinent pour eux mêmes : les paroles de Besset, Rocard, Yade se mélangent dans le tourbillon.
Même Schneidermann qui chaque matin réveille notre esprit critique connaît, il me semble, un coup de mou, Libé doublé sur WeakiLeaks patine.
Conseillé par un camarade Grève Générale, je suis allé voir chez Bakchich, que j’ai trouvé bien falot, surpris d’y retrouver Dominique Jamet dans « L’éternel retour », et si je me suis régalé pour une fois des indiscrétions de Paul Wermus j’aurais pu les lire dans France Soir ; je ne m’attendais pas non plus à tomber sur Jean François Probst ancien conseiller de Jacques Chirac. J’ai bien voté une fois pour son patron, mais je ne vais guère m’enrichir de ses réflexions concernant Sarkoko, sobriquet quelque peu insignifiant.
L’article qui m’a le plus accroché concerne Augustin Legrand des Enfants de Don Quichotte sous la rubrique tristement significative : « Le pipole de la semaine ». Mais le récit de sa banalisation générée par son passage au conseil régional dans les rangs d’Europe Ecologie peut décourager plus qu’un jeunot qui s’engagerait en politique pour défendre un idéal.
Comme je n’ai même pas trouvé dans mon Canard de la semaine un dessin à retenir, je soumets celui-ci, d’Aurel dans un numéro spécial de Politis : « 2010 horribilis » qui n’est pas mal du tout pour 5.50€.

jeudi 16 décembre 2010

Fête des lumières à Lyon.

Peindre avec la lumière. Les rues sont plus sombres que d’habitude pour que les couleurs dans la nuit soient plus éclatantes. Je n’ai pas tout vu, car nous sommes dans une métropole et les lieux de créations sont très nombreux (75).
J’ai beaucoup apprécié la mise en évidence de l’architecture du théâtre des Célestins et l’allégresse de l’éclairage en musique qui faisait s’animer la façade au son de la voix de personnes du public qui se succédaient au micro. De grandes lampes d’architecte mettent une touche d’humour rue de la République. Sur le fronton de l’église Saint Nizier, poussent des racines et la fontaine de la place des Terreaux prend des airs de souvenir de vacances coloré. Mais ce que j’ai préféré, c’est dans le parc de la Tête d’or, les installations de la compagnie Carabosse qui redonnent de la magie à la nuit avec une multitude de pot de fleurs où brûlent des flammes élémentaires. Une barque passe sur le plan d’eau trainant une myriade de points lumineux. De la fumée a envahi les frondaisons des arbres si urbains le jour, quelque peu mystérieux la nuit. Des braséros bien utiles en ces heures glaciales ponctuent le parcours. Des « marcels » enveloppant des bougies prennent des airs poétiques. Pas facile d’étonner le badaud de 2010, eh bien, ici, l’originalité alliée à l’évocation d’une histoire des profondeurs emporte les suffrages !
Lyon se doit d’être exemplaire dans le domaine de l’éclairage urbain au-delà de la créativité qui s’exprime pendant ces nuits. La notoriété mondiale de cette fête l’oblige. Même pendant ces journées, la consommation d’électricité est bien moindre qu’auparavant. Et Paul Ariès, un des chantres de la décroissance n’avait rien à en redire l’autre jour à France Inter où à travers les façons de danser, il décrivait d’une façon convaincante l’évolution de nos mœurs, passant de la participation collective, au couple jusqu’à l’expression solitaire de maintenant.