Livre acheté pour son titre qui dit la condition familière de tous ceux qui essaient de traduire une réalité, et aussi du nom d’une fleur forcément décevante avec une telle appellation.
Il y aurait aussi « repentir » qui est riche appliqué à la peinture, et le style du romancier s’applique ici à l’incertitude, à cette recherche tremblée de l’ineffable. Au début de ma lecture j’ai trouvé le parti pris de faire vivre des tableaux, original, puis j’ai avancé par devoir, extérieur aux péripéties d’un récit qui s’apparente à un exercice de style. Sa lecture des tableaux est intéressante : pénétrer dans le regard d’une femme pensive peut nous amener à mieux voyager dans les musées ou avec le métro emprunté par des madones. La précision de la description d’une Madeleine en extase change nos regards. Mais il aurait suffi d’une nouvelle ; l’exercice m’a paru artificiel sur 246 pages aux éditions Champ Vallon.
vendredi 20 novembre 2009
jeudi 19 novembre 2009
Fernand Léger
Quand dans l’arrière pays cannois, je déplie le cadeau de quelques jours dans l’azur de la côte, je suis au musée Fernand Léger à Biot et c’est l’été qui ne finit pas.
L’été des congés payés de 36, où l’homme indestructible chevauche sa bicyclette en bonne compagnie; il croit au progrès.
L’été des unes de l’Huma Dimanche, où sur ses échafaudages le monde se construit ; il sera rationnel.
C’est toujours satisfaisant quand au-delà d’œuvres reconnaissables entre toutes, en découvrant des œuvres antérieures, se dévoile plus complètement un artiste.
Les commentaires simples et éclairants de ce musée nous font comprendre l’urgence des dessins d’avant guerre, comme tracés à la fenêtre des trains lancés vers le cataclysme.
Pour user et abuser de gros plans en photographie, je me suis régalé au choix du thème « fragments » : « le discontinu, l’abrégé, le fractionné caractérisent à ses yeux la vie moderne ».
Nous sommes passés à l’heure d’hiver et l’humanité ne s’endimanche plus guère.
L’été des congés payés de 36, où l’homme indestructible chevauche sa bicyclette en bonne compagnie; il croit au progrès.
L’été des unes de l’Huma Dimanche, où sur ses échafaudages le monde se construit ; il sera rationnel.
C’est toujours satisfaisant quand au-delà d’œuvres reconnaissables entre toutes, en découvrant des œuvres antérieures, se dévoile plus complètement un artiste.
Les commentaires simples et éclairants de ce musée nous font comprendre l’urgence des dessins d’avant guerre, comme tracés à la fenêtre des trains lancés vers le cataclysme.
Pour user et abuser de gros plans en photographie, je me suis régalé au choix du thème « fragments » : « le discontinu, l’abrégé, le fractionné caractérisent à ses yeux la vie moderne ».
Nous sommes passés à l’heure d’hiver et l’humanité ne s’endimanche plus guère.
mercredi 18 novembre 2009
J9 : retour sur Hanoï
Je me lève avant la sonnerie du réveil pour surprendre le soleil qui se pointe, puis me recouche pour le petit déjeuner à 7h30. Le bateau rattaché à la jonque comme un petit rémora à un gros poisson, nous accueille à nouveau et nous nous dirigeons vers une grotte que nous ne pouvons pas traverser complètement avec notre embarcation trop haute de plafond et une marée trop importante. L’eau a pris une couleur émeraude d’une évidence nous avons rarement l’occasion de voir. A côté de la grotte Cam Vao, des hommes en bateau repêchent des déchets à l’épuisette. Nous assistons au levage de l’ancre, intrigués par les cris soudains des mariniers pour rythmer le mouvement et cadencer leurs efforts. La croisière repart. Dans la salle de restaurant, les employés ont installé des souvenirs sur les tables, perles de la baie, nappes… Dehors changement continu de couleurs et de lumières, passage de pluie au soleil. C’est le temps des quatre saisons. Nous contemplons le paysage depuis les passerelles, de la terrasse ou de la salle de restau, au rythme alangui du moteur. Arrivés devant « le pont de Saint Marcellin » c'est-à-dire à l’embarcadère d’Along, vers les 11h du matin, le personnel nous sert un brunch, enfin plutôt un déjeuner copieux qui comprend des frites, des crevettes sautées, du poisson, des calamars, du bœuf à l’ananas, du riz blanc, des légumes émincés blancs et des fruits du dragon. En supplément, nous nous autorisons un café à l’arôme de chocolat. Pendant ce temps nous ne voyons plus le pont effacé dans la brume ; la pluie sous l’effet du vent tombe presque à l’horizontale. Un beau petit grain juste au moment de quitter la jonque. Dernier caprice de la mousson en baie d’Along qui nous retient encore un peu avant le départ. Au retour sur la terre ferme, notre chauffeur est là, sur le quai, il saisit rapidement les bagages que nous n’avons quasiment pas porté depuis longtemps.
Nous roulons vers Hanoï, abandonnons les paysages en pain de sucre, avec des cabanes de pêcheurs hautes sur pattes. Nous renouons avec les grandes étendues de rizières et les usines de briques et de tuiles reconnaissables à leurs hautes cheminées. Le minibus envoie des gerbes d’eau sur les bas côtés, les scooters en sont copieusement douchés. Les trombes d’eau ne sont pas encore écoulées. Manh a programmé deux arrêts d’abord dans une usine de céramique. La terre kaolin et l’argile mixés sont déversés dans des moules, puis les articles démoulés à la sortie d’immenses fours sont peints et émaillés par de charmantes jeunes filles qui blaguent avec notre guide. Dans la boutique attenante, nous choisissons des porte-couteaux en forme de poissons et un petit vide-poches tels que ceux qu’on a vus travaillés par les jeunes filles. Nous visitons ensuite un centre artisanal pour handicapés et jeunes défavorisés. Nous pouvons y voir différents ateliers : broderies, laques sur bambous, sculptures, couture, bijoux où travaillent un grand nombre d’apprentis avec une concentration et une efficacité sans défaut. Les brodeuses surtout nous impressionnent, réalisant des tableaux avec de tous petits points lancés, en tenant leur ouvrage et leur modèle à l’envers, tissu tendu sur des métiers ou des tambours. Les garçons s’attellent aussi à l’exercice. Le centre dispose d’un restaurant et d’une boutique sous le même toit sans délimitation cloisonnée. Nous participons à soutenir cette association et bien que plus cher qu’ailleurs nous achetons une nappe blanche brodée en blanc à la main, 6 couverts pour 40€ et une statuette en terre naïve et sympathique.
Les embouteillages d’Hanoï et la circulation nous éberluent encore. A l’hôtel Hong Ngoc nous retrouvons notre chambre 406, la réception y a déposé des ramboutans à notre intention, cadeau de fidélité.
Après un peu d’Internet et un peu de lessive, nous cherchons en vain un Bia Hoï, petit bar où l’on sert de la bière pression. Nous renonçons et nous nous dirigeons vers le glacier Fanny où nous sommes moins emballés que la première fois bien que nous ne laissions rien de nos twin tangerine ni d’une banana Hanoï. Les gourmandises serviront de dîner et un verre d’eau facilitera le passage de la Malarone. Retour chez nous, clim à donf !
Nous roulons vers Hanoï, abandonnons les paysages en pain de sucre, avec des cabanes de pêcheurs hautes sur pattes. Nous renouons avec les grandes étendues de rizières et les usines de briques et de tuiles reconnaissables à leurs hautes cheminées. Le minibus envoie des gerbes d’eau sur les bas côtés, les scooters en sont copieusement douchés. Les trombes d’eau ne sont pas encore écoulées. Manh a programmé deux arrêts d’abord dans une usine de céramique. La terre kaolin et l’argile mixés sont déversés dans des moules, puis les articles démoulés à la sortie d’immenses fours sont peints et émaillés par de charmantes jeunes filles qui blaguent avec notre guide. Dans la boutique attenante, nous choisissons des porte-couteaux en forme de poissons et un petit vide-poches tels que ceux qu’on a vus travaillés par les jeunes filles. Nous visitons ensuite un centre artisanal pour handicapés et jeunes défavorisés. Nous pouvons y voir différents ateliers : broderies, laques sur bambous, sculptures, couture, bijoux où travaillent un grand nombre d’apprentis avec une concentration et une efficacité sans défaut. Les brodeuses surtout nous impressionnent, réalisant des tableaux avec de tous petits points lancés, en tenant leur ouvrage et leur modèle à l’envers, tissu tendu sur des métiers ou des tambours. Les garçons s’attellent aussi à l’exercice. Le centre dispose d’un restaurant et d’une boutique sous le même toit sans délimitation cloisonnée. Nous participons à soutenir cette association et bien que plus cher qu’ailleurs nous achetons une nappe blanche brodée en blanc à la main, 6 couverts pour 40€ et une statuette en terre naïve et sympathique.
Les embouteillages d’Hanoï et la circulation nous éberluent encore. A l’hôtel Hong Ngoc nous retrouvons notre chambre 406, la réception y a déposé des ramboutans à notre intention, cadeau de fidélité.
Après un peu d’Internet et un peu de lessive, nous cherchons en vain un Bia Hoï, petit bar où l’on sert de la bière pression. Nous renonçons et nous nous dirigeons vers le glacier Fanny où nous sommes moins emballés que la première fois bien que nous ne laissions rien de nos twin tangerine ni d’une banana Hanoï. Les gourmandises serviront de dîner et un verre d’eau facilitera le passage de la Malarone. Retour chez nous, clim à donf !
mardi 17 novembre 2009
Les miroirs étaient trop hauts
Les miroirs étaient trop hauts dans notre logement étroit, ou alors, ma joie de vivre était si forte qu’elle se passait de sa représentation.
Autrefois je contemplais mon image pour me voir belle, pour le croire, pour enfin aujourd’hui ne plus m’en préoccuper après en avoir douté. Je me dis que je suis enfin libérée de cette hallucination servie sur le plateau vertical des miroirs.
Quand un homme de ma génération me dit, mi figue mi raisin : « Tu es encore consommable… », je réponds que je ne suis plus une oie blanche et qu’il n’a pas l’air non plus d’un pigeon. Nous rigolons, nous nous faisons la bise. C’est moins fatigant que de trampoliner dans un plumard et plus sûr pour nos ostéoporoses ! Bien entendu, ces messieurs sur le retour (on devrait plutôt dire en avance sur le peloton) audacieux en paroles ne sont pas toujours très doués dans l’art de séduire.
Tandis qu’en catastrophe le Don Juan évoque les images de ses dulcinées d’antan afin de ravigoter son ustensile, elle, en attente paresseuse de l’événement improbable finit par ouvrir sa flore (à défaut d’autre chose) et de s’écrier :
- Botrychium Lunaria ! Je savais que j’en trouverais dans ce coin ! Regarde, n’est-elle pas mignonne cette minuscule fougère rescapée du Tertiaire ? Deux centimètres au plus…
- Ce n’est pas beaucoup en effet, commente-t-il, en se refalzarisant. Faudrait que je la photographie en macro ta… Tu as dit ?
Charmante sexualité des seniors !
Les miroirs étaient placés trop haut dans le logement étroit de mon enfance. Je trottais plus bas que ces nids aux alouettes, préoccupée de ce que je trouvais par terre. Si les vieillards regardent par prédilection le ciel en dépit de leurs arthroses cervicales, les petits enfants, depuis si peu de temps sur terre et encore tout étonnés de l’aventure, examinent le sol, l’apprivoisent à pas branlants cette chose qui les tient et parfois les bascule.
Clémence Psyché
Autrefois je contemplais mon image pour me voir belle, pour le croire, pour enfin aujourd’hui ne plus m’en préoccuper après en avoir douté. Je me dis que je suis enfin libérée de cette hallucination servie sur le plateau vertical des miroirs.
Quand un homme de ma génération me dit, mi figue mi raisin : « Tu es encore consommable… », je réponds que je ne suis plus une oie blanche et qu’il n’a pas l’air non plus d’un pigeon. Nous rigolons, nous nous faisons la bise. C’est moins fatigant que de trampoliner dans un plumard et plus sûr pour nos ostéoporoses ! Bien entendu, ces messieurs sur le retour (on devrait plutôt dire en avance sur le peloton) audacieux en paroles ne sont pas toujours très doués dans l’art de séduire.
Tandis qu’en catastrophe le Don Juan évoque les images de ses dulcinées d’antan afin de ravigoter son ustensile, elle, en attente paresseuse de l’événement improbable finit par ouvrir sa flore (à défaut d’autre chose) et de s’écrier :
- Botrychium Lunaria ! Je savais que j’en trouverais dans ce coin ! Regarde, n’est-elle pas mignonne cette minuscule fougère rescapée du Tertiaire ? Deux centimètres au plus…
- Ce n’est pas beaucoup en effet, commente-t-il, en se refalzarisant. Faudrait que je la photographie en macro ta… Tu as dit ?
Charmante sexualité des seniors !
Les miroirs étaient placés trop haut dans le logement étroit de mon enfance. Je trottais plus bas que ces nids aux alouettes, préoccupée de ce que je trouvais par terre. Si les vieillards regardent par prédilection le ciel en dépit de leurs arthroses cervicales, les petits enfants, depuis si peu de temps sur terre et encore tout étonnés de l’aventure, examinent le sol, l’apprivoisent à pas branlants cette chose qui les tient et parfois les bascule.
Clémence Psyché
lundi 16 novembre 2009
Le ruban blanc.
Un grand film, celui de la beauté du diable.
Contrairement à ce que je craignais : une démonstration sans nuance sur les origines du mal ; notre liberté de spectateur est totale, avec des nuances voire des contradictions portées par des images superbes, et des acteurs inoubliables, qu’ils expriment la dignité ou la perversité. Les portes restent fermées sur bien des secrets, mais ces deux heures et demie nous marquent. Je n’ai pu m’empêcher de penser au film « 1900 » puisqu’il s’agit aussi de la chronique d’une communauté paysanne et j’ai mesuré tout ce qui séparait ce film du Nord noir et blanc, miroir de notre siècle cruel, de celui de Bertolucci odorant, coloré, porté par l’énergie de la lutte pour un monde meilleur : les années 70 sont mortes. Les enfants, nombreux derrière les volets clos savent les noirceurs du monde, et il n’y pas que les coups de verge assénés qui sont violents. Les moments de paix ne durent pas, les rares fêtes finissent mal et s’il y a bien un enfant encore innocent, il n’entame pas la sévérité paternelle. L’instituteur qui tient le fil du récit, a renoncé à son métier. Un film pour aujourd’hui.
Contrairement à ce que je craignais : une démonstration sans nuance sur les origines du mal ; notre liberté de spectateur est totale, avec des nuances voire des contradictions portées par des images superbes, et des acteurs inoubliables, qu’ils expriment la dignité ou la perversité. Les portes restent fermées sur bien des secrets, mais ces deux heures et demie nous marquent. Je n’ai pu m’empêcher de penser au film « 1900 » puisqu’il s’agit aussi de la chronique d’une communauté paysanne et j’ai mesuré tout ce qui séparait ce film du Nord noir et blanc, miroir de notre siècle cruel, de celui de Bertolucci odorant, coloré, porté par l’énergie de la lutte pour un monde meilleur : les années 70 sont mortes. Les enfants, nombreux derrière les volets clos savent les noirceurs du monde, et il n’y pas que les coups de verge assénés qui sont violents. Les moments de paix ne durent pas, les rares fêtes finissent mal et s’il y a bien un enfant encore innocent, il n’entame pas la sévérité paternelle. L’instituteur qui tient le fil du récit, a renoncé à son métier. Un film pour aujourd’hui.
dimanche 15 novembre 2009
Objet mystérieux
L’homme à (la) tête de chou
Marilou la shampouineuse disparue sous la neige carbonique aurait pu être ravie de cette œuvre consacrée à ses charmes par Gainsbourg (1976) Bashung(2008), et Galotta qui vient d’y rajouter sa touche, touche. D’un zip de Lewis nous basculons vers Caroll Lewis, l’humour nous chope par la braguette; la musique, les petits pas narguent la mort. Mes amis se sont lassés des manières du grenoblois, je lui suis resté fidèle. Je me régale de retrouver ses codes et de déguster ses trouvailles. La troupe de 14 danseurs a pris de l’ampleur, avec une énergie nouvelle qui fait se croiser la liberté singulière de chaque danseur avec des envolées, tous ensemble, au quart de poil. Des tableaux de toute beauté, 1h10 à retenir son souffle. Danser avec le slip aux chevilles et dire la violence, la vitalité primale, le désespoir. Courir. Fort.
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