Conférence
de François Conan.
Le
peintre a connu une carrière au succès public retentissant. Son style est
nouveau, naturaliste, son goût du détail, sa technique, son travail sur les
couleurs en couches appliquées les unes sur les autres pour créer le relief
font de cet homme modeste, lent, pas très bon dessinateur, un artiste apprécié
par les plus grands de son temps, de Catherine II de Russie à La Pompadour et à
Diderot...
Né
dans une famille d'artisans, son père, maitre menuisier, spécialisé dans la
construction de billards avait le culte de l'objet bien construit, il est
d'abord l'élève de Pierre Jacques Cazes dont l'atelier propose peu de
renouvellement : les thèmes mythologiques sont cependant parfois abandonnés au
profit des nouveautés plus « champêtres ».
D'abord
« faiseur d'enseignes », il se lance dans les natures mortes chez son nouveau
maitre, Antoine Coypel. En 1724 il rentre à l'Académie de Saint Luc. Il a son
atelier, peint peu de portraits car il a
des difficultés avec la perspective d'où ses fonds rapprochés, produit des «
singeries flamandes » très à la mode, des « alimentations ». Ses textures sont
sobres, il utilise la peinture « avec probité » disait-il.
En
juin 1728 « La grande raie »coup
d'éclat à la flamande (fenêtre et lumière,
raie
choquante car très réaliste.) lui ouvre en septembre les portes de l 'Académie
Royale
où l'on crée pour lui un genre spécifique de « peintre de cuisines, de légumes et
de batteries de cuisine » !
Il produit beaucoup, devient très célèbre, pour le rendu de ses
couleurs
la précision de ses observations, sa rigueur, sa sobriété. Il est rapidement
collectionné
par les peintres et la haute société. Il domine
l'art de la nature morte et
reprend
les modèles mis en place dans plusieurs toiles.
1731
« Menu de maigre » et « Menu de gras » développent la
réflexion autour
du
carême.
Il
aborde de nouveaux thèmes : attributs des arts et des lettres, des sciences ; scènes de
genre : après les objets, il peint leurs utilisateurs
: 1734 « La bulle de savon »
(plusieurs versions), « Femme à la fontaine »...
« Fontaine de cuisine »,
grand camaïeu de bruns avec des taches de blanc est
l'icône
de Chardin.
Après
1735 (mort de sa femme à 25 ans) il produit moins, très affecté.
Des portraits d'enfants,
de nombreuses reprises.
1738 « Le toton
». « Le bénédicité » de 1740 est
acheté dès 44 pour les collections royales.
Remarié
en 44 il est plus serein, peint des scènes d’intérieur familiales,
« La serinette » de1750 (plusieurs
versions) et revient à la nature morte après la mort d'Oudry, le grand
spécialiste. 1756 « Le bocal d’abricots »; Le « Bocal d’olives » enthousiasme
Diderot.
En 1760, « Vase de fleurs »
est une réflexion sur les coloris et la lumière.
En
1761 le « Panier de fraises des bois »
a un grand retentissement.
Il est pensionné et logé par le roi. Il est associé à
des projets d'envergure : dessus de portes pour châteaux, en France, pour
Catherine II, pour le frère du roi de Suède ...
Sa
vue baisse, sa palette s'assombrit. A partir de 71, à 70 ans, il se lance dans
le portrait au pastel (couleurs établies plus faciles à utiliser et travail
plus rapide).
Entre autres, plusieurs « Autoportraits »
sans concessions, le dernier datant de 1779, quelques semaines avant sa mort.
Il
a toujours refusé d'avoir des aides et n'a pas fondé d'école.
«Avec la peinture on se sert de
couleurs mais on travaille avec le sentiment »
Ce
compte rendu a été rédigé par Dany Besset.