mercredi 14 octobre 2009

J 5 : Sapa, pays d'eau

Il pleut dru ce matin au réveil et le brouillard enveloppe la station climatique et les montagnes. La randonnée prévue dans ces conditions météorologiques est grandement compromise. Il est décidé que nous nous reposions ce matin à l’hôtel : nous envoyons mails et cartes postales, tant que nous pouvons utiliser les chambres.
A une heure, la voiture nous cueille à la sortie du restaurant, il pleut, notre guide s’est muni d’un immense parapluie. Nous payons un péage puis nous descendons du véhicule un peu avant le premier village de Lao Chaï sur la route encore goudronnée pour admirer le paysage de rizières en terrasses d’un beau vert velours. Les M’hongs noires courent vers nous dès les premières maisons et là nous prenons la piste empierrée. Nous achetons une cloche de buffle « ancienne » fabriquée par le papa de la vendeuse. Des tissus de chanvre macèrent dans des cuves d’indigo. Nous croisons un groupe parti pour une expédition de cinq jours dans les villages, nous ne sommes pas les seuls touristes.
Les animaux sont discrètement là, un cochon à la fenêtre, un buffle couché dans la boue, des chiens silencieux. On peut deviner que ce lieu dans quelques années deviendra un coin à touristes avec échoppes d’artisanat qui se développeront. Pourtant on constate l'authenticité dans les activités : scieurs de long, culture, et les habits traditionnels résistent très bien à l’influence occidentale.
Le deuxième village Ta’Van n’est pas très éloigné, il abrite lui aussi deux ethnies différentes visibles chez des femmes aux costumes différents avec des couleurs beaucoup plus éclatantes pour leurs chemises à ouverture chinoise. L’escorte des petites femmes noires s’épuise ou se renouvelle en cours de promenade. « Madame achète pour moi », « achète à moi », « pas cher, c’est joli », « tout à l’heure », avec des petites voix douces et suppliantes, un léger zézaiement. A la sortie du village, une jeune femme nous incite gentiment à venir boire dans son café. Pourquoi pas ? Les tables recyclent des pneus de camions obstrués par des plaques de contreplaqué et les tabourets consistent en 3 gros bambous liés ensemble. Une petite dame s’occupe d’assembler des fils de chanvre et attend son heure pour vendre. On fait affaire pour des ceintures brodées et un coussin, elle nous fait de petits cadeaux car elle est contente et nous aussi. « Ochao » = « Merci »
Retour motorisé, toujours dans le brouillard et la pluie en haut de la montagne, après les rizières vertes, voici maintenant les champs en eau. A Lao Caï, la voiture s’arrête devant le restaurant « Emotion » qui nous garde les bagages le temps d’une petite promenade dans la ville : travail sur le trottoir de ferronniers s’affairant autour d’un portail avec des chalumeaux, découpage de tôle, mais aussi repos d’hommes en uniformes bleus fatigués, autour d’un jeu de pions, soufflés ou claqués brutalement contre l’échiquier.
A 20h nous sommes installés dans une cabine privée du train. Le staccato ne berce pas tout le monde avec la même efficacité.

mardi 13 octobre 2009

La vie et moi.

Pico Bogue est un petit personnage de BD dessiné par Alexis Dormal sur des scénarios de sa maman Dominique Roques. Nous pensons à Mafalda ou au petit Nicolas qui ne sont pas des enfants pour de vrai mais des révélateurs poétiques. Les histoires courtes recèlent des surprises et si le garçon ébouriffé tourne toutes les situations à son avantage, il est attendrissant, plein de fraîcheur et d'intelligence. Pico mange comme un cochon et il va proclamer : « Si c’est pas une régression ça ! » Bien dans l’air du temps, pour un milieu urbain où les enfants sont en avance sur leur âge. Les mystères de l’amour, de la mort les assaillent et ils ont la chance de pouvoir en parler ; ils ne s’en privent pas. La gourmandise des enfants : rien de tel pour croire à la vie. Nous sommes sur une autre planète que celle des endormis qu’il faut payer pour venir à l’école, où les subventions de Hirsch ne pourront s’aligner sur les bénéfices du deal !

lundi 12 octobre 2009

Hôtel Woodstock

Avec un regard un peu comme celui de « Fabrice à Waterloo », Ang Lee adopte un angle original pour évoquer l’évènement historique du rassemblement musical de Woodstock dans l’Amérique d’il y a quarante ans. A partir de personnages et de situations réelles, il nous promène dans les coulisses de l’aventure qui a dépassé les petits intérêts de ceux qui ont permis que ça se passe là. Un commencement pour le héros principal, la fin d’une époque pour toute une génération. La seule image du festival est comme un mirage grandiose. Certes bien des illusions étaient démultipliées par d’artificiels produits. Mais la croyance d’alors en un monde plus doux, plus libre, accuse le vide de nos rêves désormais perdus.

dimanche 11 octobre 2009

Soirée lecture concert

Pour la première fois, face à un public, je me suis tenu caché derrière des textes pour une lecture avec trois comparses Renée, Marie Françoise et Marité.
Isabelle Olivier, compositrice et harpiste était là pour emmener le public au-delà de nos extraits littéraires. Avec simplicité elle a déposé ses notes originales autour du thème du "voyage dans le temps", en nous apportant une énergie nouvelle et rafraîchissante. Tantôt en s’effaçant, tantôt en entrant en résonance avec les mots. L’équilibre a été vite trouvé entre musique et textes. Nous étions partis à la recherche de Proust, Cendrars, Cocteau, Ernaux, Hardellet, Duras, Michaux, Calet, Prévert, Bradbury, Du Bellay, Pessoa :
« Je veux partir avec vous, je veux partir avec vous,
En même temps avec vous tous
Partout où vous êtes allés !
Je veux affronter de front vos périls,
Sentir sur mon visage les vents qui ont ridé les vôtres,
Recracher de mes lèvres le sel des mers qui ont embrassé les vôtres,
Prêter mon bras à vos manœuvres, partager vos tempêtes,
Comme vous arriver, enfin, en des ports extraordinaires ! »

Nous nous étions bien régalés pendant les répétitions, mais lorsque le trac m’a empoigné, je me suis promis de ne pas me remettre dans ces situations ; pourtant la rencontre avec la musicienne a été un moment privilégié. Et en étant à côté d’elle je pense avoir encore plus apprécié les trouvailles qu’elle a pu nous apporter avec ses harpes qui avaient une image très conventionnelle à mes yeux de profane. En plus du caractère féerique et fluide lié à l’instrument, elle a apporté une touche jazzy, exotique. Sous les lampes intimes installées par les bibliothécaires, cette soirée a réuni une cinquantaine d’auditeurs qui se sont précipités pour acheter les derniers CD de la quadra en route vers Romans et d’autres voyages.
Le site de la musicienne:
http://www.isabelleolivier.com/

samedi 10 octobre 2009

Quels termes pour une alliance ?

Ce devait être un débat au forum de « Libé » de Daniel Cohn Bendit avec Martine Aubry; celle-ci défaillante a été remplacée par Claude Bartolone, qui en bon petit soldat savait qu’il ferait pâle figure à côté du bateleur d’estrade. J’ai préféré suivre ce débat plutôt que celui entre le Béarnais et le maire de Tulles où chacun a dit : « c’est le projet qui fait l’union ». Certes.
Juste avant l’effondrement de la finance, nous venions, au P.S., de reconnaître l’économie de marché. Et c’est au moment où Bayrou perd des plumes, que certains se sentent des faiblesses pour le MODEM, alors que Dany a cédé depuis un moment aux délices modérés.
La problématique des alliances d’appareils est encore plus périmée aujourd’hui que le succès d’Europe Ecologie est dû au dépassement des organisations qui composaient sa galaxie.
Le changement climatique influence les pouvoirs, et si l’on veut gagner et éloigner la tentation de n’être qu’un « beau perdant », il s’agit par une réflexion sur la gouvernance, d’expliquer pour redonner foi en la politique, mettre les actes en accord avec les paroles. Gagner sans décevoir. Est ce qu’un retour de la gauche plurielle réjouirait l’omni président, la solution, réside-t-elle dans l’omni rassemblement ?

vendredi 9 octobre 2009

Silex and the city.

Je ne goûtais pas trop les dessins de Jul, les trouvant lourds, sans originalité ; mon plaisir en lisant son dernier album chez Dargaud n’en est que plus grand. C’est un humour qui me convient parfaitement avec ses anachronismes genre Pierrafeux mais à la sauce politique où il fait bon décrypter les allusions. Un révélateur décapant de nos travers les plus contemporains où le cynisme est roi.
Deux profs dans la grotte discutent. Lui après avoir déposé son Téléramapithèque :
- Enfin, chérie, tu crois autant que moi à la sélection naturelle.
- On ne va pas en plus trier les élèves à l’entrée du collège.
- En attendant tes beaux discours darwinistes, tu as quand même mis tes enfants dans le privé.

Lui, prof de chasse s’appelle Blog Dotcom, sa femme Spam est prof de préhistoire-géo en Zone d’Evolution Prioritaire, un de leurs enfants est alter darwiniste radical alors que sa sœur Web , doltosapiens, est une fashion victim qui court les boutiques à la défense. Et tout à l’avenant !
Je vais offrir cette tranche de rigolade à la cantonade.
Quand on propose un psy au fils du héros principal qui est en pleine campagne électorale, il s’insurge : « on a mis des millénaires à atteindre la position debout et maintenant tu voudrais que j’envoie mon fils s’allonger ! »

jeudi 8 octobre 2009

Aquarelles et encres de Marité Jacquet

Le bouffet pour le vernissage était extra, mais l’inconvénient de causer des copines qui s’exposent, c’est que la complaisance vienne brouiller l’avis. Hé bien … même pas d’efforts pour trouver que la diversité des sujets et des manières rend l’accrochage tout à fait agréable.
Je suis admiratif de l’étendue des talents de la prof multi cordes puisqu’elle écrit aussi, lit et chante ; elle a publié sur le blog que vous lisez - excellent au demeurant - des nouvelles souvent primesautières, originales, légères comme ses peintures.
Dépêchez vous, ses tableaux sont visibles à la bibliothèque Barnave ce samedi de 14h à 18h et la semaine qui vient aux heures d'ouverture de la bibliothèque.