vendredi 26 décembre 2025

Diafoirus.

Parmi les antiennes des collègues de mon âge, le constat de la rapidité de la fuite du temps vient aggraver d’autres délitements.
En surface nous éprouvons ce que notre environnement subit et craignons tout ce que nous avons généré et qui nous dépasse : l’intelligence passe chez les robots, l’imbécillité se développe dans le déni de l’urgence climatique, des réalités budgétaires, des tensions commerciales et militaires.
Bien que la mise en valeur d’arguments contre-intuitifs devienne tendance, j’en resterais à l’esprit de contradiction pour voir l’IA comme rempart au populisme, dans la croyance que la science gagne toujours à la fin, comme l'équipe à Dédé.
Bien d’autres ont brodé à propos de notre vulnérabilité en tant qu’Européen, pensant que cette prise de conscience ferait notre charme, bien qu’elle regonfle les muscles des maîtres illibéraux d’un monde immonde. Notre régression démographique atteste la dépression d’une civilisation.
Les bouleversements tenant dans l’espace d’une génération, nous poussent à l’autodénigrement et accentuent des mouvements plus lents qui travaillent le corps social. 
Les populistes à la Bardelenchon peu encombrés de soucis de gouvernance au quotidien ni de scrupules envers ceux qui ne partagent pas leurs idées, carburent à la haine, exacerbent les particularismes au détriment du commun.
Les nationalistes les plus virulents sont financés par l’étranger intervenant directement dans les processus électoraux depuis les usines à trolls poutinesques ou sous pressions trumpistes au-delà de l’Amérique latine.
Face à ces ébranlements que le moindre pilier du bistrot numérique peut ressentir, on pourrait souhaiter que les investissements aillent vers une protection de nos mômes et de nos machines intelligentes, mais de sous, y a plus bezef. Les réparations des manques du passé empêchent les financements d’avenir par une puissance publique bien mal nommée.
Comme il ne faut point fâcher les retraités, les ressources pour accompagner la mutation climatique ne viendront pas : « grille, baby, grille ! »
Nos maux collectifs se déclinent au cas par cas chez nos médecins généralistes dispatcheurs de spécialistes dont les savoirs spécifiques renvoient vers d’autres errances médicales plus intuitives. Quand l’ostéopathe devient le recours pour traiter la globalité de l’être, il est bien tentant de voir le surgissement d’un « théos » (Dieu) des articulations douloureuses.
Des guérisseurs, d’autres diraient charlatans ne cessent de désigner le Macron comme cause de tous les maux comme dans une comédie où le poumon était incriminé à tous coups mais ne savent révéler la composition de leurs remèdes.  
« Les médecins laissent mourir, les charlatans tuent. »  
La Bruyère. 
Tel mon vieux copain d’école primaire dont on mouline la nourriture dans son EHPAD, je touille les métaphores entre médecine et politique n’étant plus en mesure de m’extraire d’un constat navrant d’une Europe qui regarde ailleurs alors qu’elle est désignée en tant qu'ennemie par Vladimir et Donald nommés ainsi que des personnages d’un distrayant film d’animation. 
Nous n’arrivons pas à penser et l’impensable s’annonce quand sont abandonnées les valeurs de laïcité, de sécurité, de travail, de responsabilité, comme il est pourtant répété de bien des côtés. 

jeudi 25 décembre 2025

Bruges # 2

Nous nous présentons à l’heure à l’Office du tourisme avec un groupe de trois dames et deux fillettes. Notre guide francophone  nous y attend. 
En introduction, il aborde l’histoire  de la Belgique depuis sa récente création, non s’en s’être  enquis au préalable de nos origines françaises et non wallonnes.
Comme il ne manque pas de nous le faire remarquer, ses opinions politiques penchent plutôt du côté de celles des pays du nord, alors qu’à son avis, les Wallons, sous-entendu plus sympathisants de la mentalité française, se montrent trop laxistes dans leur façon de gérer leur territoire.
Bref, il se lâche, nous n’ignorerons plus rien des bisbilles nationales tenaces que nous soupçonnions déjà. Sur le plan économique, il résume : Bruges connut la richesse, puis le déclin et  renoua avec sa splendeur grâce au tourisme (1er spot touristique en Belgique) : « nous sommes riches » déclare -t-il.
Puisque nous nous y trouvons, nous commençons le tour de la ville par la Marktplatz.
Elle servait autrefois de marché aux poissons, à proximité de la mer, lorsque le port se situait place du palais provincial (près de l’Historium)  jusqu’à son ensablement en 1604.
De nos jours, des calèches stationnent  ici dans l’attente de touristes à promener. Leurs chevaux  méritent une attention toute particulière. Dans le souci du bien- être animal; chouchoutés selon des conditions de protection très cadrées, ils ne travaillent qu’une demie journée tous les deux jours, jouissant de bains et de frictions lors de leur repos.
Sur la place, le beffroi se dresse à une hauteur démesurée. Il défie les plus courageux à gravir ses 360 marches, sans ascenseur.
Nous continuons donc vers la place Burg. Celle-ci constitue une vraie page d’histoire car c’est autour d’elle que Bruges s’est développée depuis sa création.
Véritable résumé architectural, elle comporte un bâtiment de chaque époque allant du  moyen âge, au roman rehaussé de gothique, en passant par la Renaissance, le baroque  jusqu’au néogothique du XIXème siècle.
De plus, le Stadhuis (mairie) de style gothique lui confère depuis plus de 600 ans une importance certaine.
Le marché aux poissons  (Vismarkt) se situe juste derrière, après le pont Blinde-EZelstr et non loin de l’embarcadère. A l’origine en plein air, il bénéficie depuis le XIXème siècle d’une galerie à colonnade disposée  autour d’une cour carrée. La vente continue encore aujourd’hui tous les jours sauf le week-end mais le nombre des poissonniers se réduit, il n’en resterait  plus qu’un.
W. notre guide se rappelle sa jeunesse quand, à la sortie de l’école ou pendant les vacances, il travaillait chez son oncle dans ces halles et recevait son salaire en chocolat.
En continuant notre route, notre guide tient à nous signaler l’Europa Collège. Cette institution renommée sélectionne des diplômés pour les préparer à de hautes fonctions diplomatiques, économiques et politiques. Jacques Delors en fut un temps le directeur.
Nous arrivons devant le Gruuthusmuseum. Ce palais gothique du XVème siècle appartenait aux Seigneurs De Gruuthuse.
Ils bâtirent leur fortune dans l’exploitation de la bière. Ils réussirent d’autant mieux dans cette branche que l’eau impure obligeait la population à consommer de la bière. Heureusement, elle ne titrait qu’1,5 degré, alors qu’aujourd’hui, elle atteint les 9°, augmentée parfois par d’autres alcools permettant de monter jusqu’à 13°….
Pour le brassage de la bière, était utilisé le gruau ou Grunt ou encore grute  obtenu avec un  mélange de fleurs et de plantes, puis  le houblon le remplaça.
Louis de Gruuthuse  (né vers 1422 et mort en 1492) acquit le monopole de la bière et préleva une taxe sur sa vente ; cet homme d’affaires, diplomate, riche et amateur d’art, avait adopté comme devise : « Plus est en vous ». Il conféra sa grandeur à cette demeure à laquelle il manque aujourd’hui un bâtiment pour clore l’ensemble.

mercredi 24 décembre 2025

Le rêve de la maison individuelle. Benoît Dusart.

Les clients de l’architecte déconstructeur Peter Eisenman lorsqu’il livra sa maison N° 6 durent adopter « une nouvelle chorégraphie » dans leurs déplacements quotidiens 
et se faire à l’idée que « la séparation suscite le désir » avec une nouvelle interprétation du lit conjugal.
Par contre, Rem Koolhaas a accompagné la demande de son client tétraplégique pour la maison Lemoine à Floirac : 
une plate forme bureau se déplace verticalement à travers trois étages.
Pour sa propre résidence Philip Johnson se permet la transparence, 
les voisins sont éloignés et la nature fournit le papier peint de la maison de verre.
Ludwig Mies Van der Rohe directeur du Bauhaus a réalisé la Farnsworth House :
une seule pièce pour les week-end dans un domaine de 24 hectares pour une spécialiste du rein aimant le violon, la poésie et la nature.
Phil Graham ouvre les espaces, unifie dans le blanc les parties discordantes où tout n’est que rigueur et propreté. Maison Skywood.
La Gaspar house d’Alberto Campo Baeza est plus introvertie.
Le Néerlandais Maurice Nio a conçu «  The Cyclops » maisons en bandes, adossées à une voie de circulation, « mur du son ».
Alejandro Aravena
a proposé pour reloger des habitants de favelas 100 logements livrés à moitié, à compléter par les propriétaires.
La maison Rudin
au toit à deux pans par Herzog et De Meuron d’une « banalité surprenante » a été remise à plusieurs reprises sur le marché.
A Nanjing, la maison fendue par Zhang Lei, laisse s’échapper la pression.
Pour créer cette « Concept House »
la société Phénix avait fait appel à l'architecte Jacques Ferrier.
A Belle-Île-en-Mer, l’agence OPUS 5 réinterprète la longère traditionnelle, maison paravent.
Dans son chalet du Val d’Entremont à la faille horizontale,  
Savioz Fabrizzi joue avec les miroirs.
Grâce à ses panneaux solaires, la maison bambou  par l’atelier Karawitz revend de l’électricité après avoir reçu le premier label de maison passive en matière énergétique.
Ces « Maisons Rêvées » Delphine Aboulker les a rassemblées dans un livre présentant en couverture un « village de tours » par L’agence Christian Pottgiesser Architectures Possibles avec 
pour une famille une belle vue sur les tours de La Défense .
Il faut examiner la maison londonienne Hauer-King de Future Systems recto, verso.
A Paris, la maison plissée  de l’agence Wild Rabbits Architecture sur une parcelle de  78 m2 s’élève sur 7 niveaux.
La maison escalier
à la structure arborescente de Jacques Moussafir 
est destinée à un célibataire.
Hervé Gaillaguet
joue avec les contraintes et propose cette maison lucarne 
pour une famille de 5 personnes.
Shigeru Ban architecte de l’urgence  propose des maisons en carton. 
https://blog-de-guy.blogspot.com/2021/12/mulhouse-3.html.
Les containers
de Patrick Bradley ont des allures de sculptures.
Gary Chang
a optimisé son studio en créant 24 combinaisons de pièces, une maison valise.
La maison sac à dos de l'artiste allemand Stefan Eberstadt 
offre un volume suspendu en extension d’un bâtiment existant.
La maison à tiroir
et ses 52 fenêtres a été imaginée par 
Gabriela Seifert et Götz Stoeckmann.
Le Blob VB3 par le cabinet belge dmvA sert d’unité d'habitation mobile.
La Nakagin Capsule Tower
de Kisho Kurokawa composée de 140 modules a été démolie. 
Le bâtiment Tecla imaginé par Mario Cucinella entièrement imprimé en 3D à partir de terre crue locale relie pour le futur tradition et modernité.