samedi 30 novembre 2024

Arpenté. Alain Freudigeur.

Le titre exprimé au participe passé se révèle tout à fait juste tout au long de 138 pages précises et modestes. 
La géographie construit un homme en devenir. 
«… en découvrant mon environnement, je découvre que j’ai un corps, des sens, une pensée ; Avant de l’explorer, je n’étais rien ou pas grand-chose. J’explore ces frontières et je me crée un corps, encore partiel, une sensibilité, un être. » 
Le petit enfant grandit et la mémoire impressionnante de l’écrivain réveille chez le lecteur des souvenirs délicieux de genoux écorchés, quand pissenlits, papillons, vaches et champ de maïs constituent l’univers… et les copains.
 Il ne s’agit pas d’un exercice de plus de « je me souviens » mais d’une expansion du domaine de l’étonnement souriant.  
Dans les années 80, le fils de pasteur d’un village vaudois bénéficie entre quatre et sept ans d’une liberté qui pourrait sembler incroyable aujourd’hui alors qu’elle était naturelle alors.
Jamais remis de mes délices d’enfant à l’écoute de Pagnol, je reste très sensible à la façon d’exprimer l’enfance. 
L’auteur suisse accompagne le développement du petit, ses découvertes avec beaucoup de justesse, du mécanisme de la pince à linge au mystère de la mort de Léon.   
« Je dois parler du sol. Car dans cette expérience et de ce souvenir ressort une autre chose très nette: dans la petite enfance, l’importance du sol, et de ce qu’on y voit, de ce qu’on y trouve, de ce qu’on y tâte, du pied ou de la main, est considérable. » 

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