Comme j’essaye de me tenir loin de foyers de psittacose, je
n’ajouterai pas le moindre mot au débat concernant l’énergie ou autres enjeux
géopolitiques, sans me dispenser, dans la foulée, de faire tourner mon éolienne.
Plus les affaires se compliquent plus des solutions
simplistes s'avancent.
Lorsque chacun se mêle de tout, le vieil adage : « chacun son métier et les vaches
seront bien gardées » aux accents réactionnaires n'éclaire rien. Le
fantasme d’une société immuable ne peut se concevoir dans nos sociétés
démocratiques où la mobilité professionnelle, les aspirations à progresser constituent
des moteurs puissants.
Par ailleurs, le confort des charolaises n'apparait plus à l’ordre du jour : poussez-vous la volaille, place aux vieux !
La semaine dernière il convenait de mettre ses pas dans les EHPAD.
Les « canards », terme vieillot pour signifier
journaux, autres vieilleries, ne participent pas forcément à la cacophonie ambiante,
par contre les anonymes par écrans interposés ne se privent pas de se mêler de
tout et de rien. Leur jactance permanente en arrive à faire douter les
démocrates les plus fervents et m’amène à réexaminer des slogans de 50 ans
d’âge : « l’école c’est l’affaire de
tous…et la santé… et la politique ». Tout ça pour que l’abstention
devienne une posture tendance tandis que se multiplient les aspirants aux
suffrages. Quand les citoyens ne veulent plus entendre que ce qu’ils ont envie
d’entendre, peut on parler encore de citoyens ? Les occasions de s’étonner
ne manquent pas avec des rétifs à la vaccination qui auraient préféré une
obligation les dispensant de choisir : la notion de responsabilité en est toute
chamboulée.
Pour ce qui concerne l’école : la cohérence née du
dialogue parents/profs va toujours de soi pour envisager une bonne éducation même
si les doctes donneurs de leçons se sont multipliés au moment où le terme de
« leçon » est devenu aussi désuet que le mot « devoir ».
Au milieu des paysages changeants ressortent mieux les
immuables qui s’accrochent : Minc et Sarko, Le Pen et Mélenchon. Ils
rasent gratis et lassent le citoyen.
« Du passé
faisons table rase » disait l’Internationale dont les chœurs qui
l’entonnaient jadis ne voient pas désormais au delà de leur pas de porte scellé au bleu,
blanc, rouge. L’expression expéditive a réussi au-delà des espérances, quand
les mots « liberté » ou « dictature » employés à tout bout
de champ se décolorent.
Le nez dans les pâquerettes, je ne regarde même plus passer
les Trains à Grande Vitesse : Le présent tapageur méprise le passé et
s’affole aux perspectives futures.
Sous les pendules omniprésentes les mots eux mêmes se
présentent en « cloud », en nuages, en vrac.
A goûter ci-dessous, ne
serait-ce qu’une phrase de Ponge, à propos d’une grenouille, je vais peut-être
chercher Ophélie sur le web, mais trop de termes désormais
inusités vont mener à l’abandon. Que de finesse et de saveur perdues !
« Lorsque la
pluie en courtes aiguillettes rebondit aux prés saturés, une naine amphibie,
une Ophélie manchote, grosse à peine comme le poing, jaillit parfois sous les
pas du poète et se jette au prochain étang. »
Les programmes s’allègent et des syndicats demandent plus
d’allègements, alors que des sixièmes peuvent se passionner pour l’Antiquité aux
Dieux compliqués. Condamnons-nous nos petits à oublier Rimbaud pour
s’agenouiller devant Oreslan qui pourrait définir ses productions par ses
propres phrases :
« Nourris aux
jugements, nourris aux clichés » ?
« Le massacre de
la raison est aussi régulier que celui des vaches dans un abattoir »
W.H. Gass
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