vendredi 18 février 2022

Vaches.

Comme j’essaye de me tenir loin de foyers de psittacose, je n’ajouterai pas le moindre mot au débat concernant l’énergie ou autres enjeux géopolitiques, sans me dispenser, dans la foulée, de faire tourner mon éolienne.
Plus les affaires se compliquent plus des solutions simplistes s'avancent.
Lorsque chacun se mêle de tout, le vieil adage : « chacun son métier et les vaches seront bien gardées » aux accents réactionnaires n'éclaire rien. Le fantasme d’une société immuable ne peut se concevoir dans nos sociétés démocratiques où la mobilité professionnelle, les aspirations à progresser constituent des moteurs puissants.
Par ailleurs, le confort des charolaises n'apparait plus à l’ordre du jour : poussez-vous la volaille, place aux vieux ! La semaine dernière il convenait de mettre ses pas dans les EHPAD.
Les « canards », terme vieillot pour signifier journaux, autres vieilleries, ne participent pas forcément à la cacophonie ambiante, par contre les anonymes par écrans interposés ne se privent pas de se mêler de tout et de rien. Leur jactance permanente en arrive à faire douter les démocrates les plus fervents et m’amène à réexaminer des slogans de 50 ans d’âge : « l’école c’est l’affaire de tous…et la santé… et la politique ». Tout ça pour que l’abstention devienne une posture tendance tandis que se multiplient les aspirants aux suffrages. Quand les citoyens ne veulent plus entendre que ce qu’ils ont envie d’entendre, peut on parler encore de citoyens ? Les occasions de s’étonner ne manquent pas avec des rétifs à la vaccination qui auraient préféré une obligation les dispensant de choisir : la notion de responsabilité en est toute chamboulée.
Pour ce qui concerne l’école : la cohérence née du dialogue parents/profs va toujours de soi pour envisager une bonne éducation même si les doctes donneurs de leçons se sont multipliés au moment où le terme de « leçon » est devenu aussi désuet que le mot « devoir ».
Au milieu des paysages changeants ressortent mieux les immuables qui s’accrochent : Minc et Sarko, Le Pen et Mélenchon. Ils rasent gratis et lassent le citoyen. 
« Du passé faisons table rase » disait l’Internationale dont les chœurs qui l’entonnaient jadis ne voient pas désormais au delà de leur pas de porte scellé au bleu, blanc, rouge. L’expression expéditive a réussi au-delà des espérances, quand les mots « liberté » ou « dictature » employés à tout bout de champ se décolorent.
Le nez dans les pâquerettes, je ne regarde même plus passer les Trains à Grande Vitesse : Le présent tapageur méprise le passé et s’affole aux perspectives futures.
Sous les pendules omniprésentes les mots eux mêmes se présentent en « cloud », en nuages, en vrac. 
A goûter ci-dessous, ne serait-ce qu’une phrase de Ponge, à propos d’une grenouille, je vais peut-être chercher Ophélie sur le web, mais trop de termes désormais inusités vont mener à l’abandon. Que de finesse et de saveur perdues ! 
« Lorsque la pluie en courtes aiguillettes rebondit aux prés saturés, une naine amphibie, une Ophélie manchote, grosse à peine comme le poing, jaillit parfois sous les pas du poète et se jette au prochain étang. » 
Les programmes s’allègent et des syndicats demandent plus d’allègements, alors que des sixièmes peuvent se passionner pour l’Antiquité aux Dieux compliqués. Condamnons-nous nos petits à oublier Rimbaud pour s’agenouiller devant Oreslan qui pourrait définir ses productions par ses propres phrases : 
« Nourris aux jugements, nourris aux clichés » ?
« Le massacre de la raison est aussi régulier que celui des vaches dans un abattoir » 
W.H. Gass

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