vendredi 5 février 2021

Contagions.

Notre époque en peluche s’éclaire à des feux d’artifices devenus des armes.
Un paradoxe encore dans une période prétendue transparente se vautrant dans le déni : faut pas dire ! Ou alors n’importe quoi genre « dictature sanitaire ».
Le propriétaire de l’Olympique de Marseille avait raison de comparer le saccage du centre d’entraînement de son équipe à l’assaut contre le Capitole à Washington: la frustration ne se supporte plus, la défaite n’existe pas, alors on brûle ce qu’on a adoré et la bagnole du voisin. 
La violence n’est pas un phénomène nouveau, mais bien des porteurs de micro en cravate ont participé à son infiltration dans tous les pores de nos rapports sociaux. Ils s’abreuvent au monde qu’ils vilipendent, avec l’arrogance d’un Ali Baddou à toute heure.
Leur conscience (mauvaise) d’être dans l’entre soi a validé la radicalité de nouvelles paroles féministes ou antiracistes après que les invisibles aient enfilé des chasubles voyantes qui ont marqué notre présent.
Les plus légitimes revendications ne peuvent justifier le saccage de permanences électorales; quand les menaces deviennent banales, la démocratie est alors en danger.
Le monde est à l’envers : une militante laïque Fatiha Boudjalat, professeure d’histoire et géographie dans un collège, est sous protection depuis que SUD et la CGT, des syndicats, l’ont livrée aux réseaux sociaux.
La virulence a été corrélée à l’efficacité. Les services d’ordre syndicaux, quand il y en avait, s’avérant vulnérables, les autorisations préalables de manifester en l’absence de responsables étant négligées, d’aucun ont été inspirés par un affranchissement de toute règle.
Entre deux livraisons de sushis par les parias de Deliveroo, les intermittents de la morale font de la publicité aux bénéficiaires du RSA en ZAD. Leurs leçons concernent les auditeurs de RTL mais se gardent de relativiser les impatiences des impatients de la « teuf» .
Ce qui ne concernait qu’une niche, une catégorie, devient cause commune et fait causer alors que les corporatismes demeurent irascibles, les individus de plus en plus isolés, les groupes refermés. La violence a ses attraits et ses traits les plus saillants, les plus médiatiques se diffusent au-delà des porteurs de cagoules; voire également la fortune d’une gentille idée comme le revenu universel qui est souvent comprise comme un dû de la société à laquelle on ne doit rien.
Nos repères vacillent, quand par-dessus le marché, ceux qui disent la loi enfreignent le plus universel des tabous, l’inceste. L’adhésion aux exemples attendus de là haut est un peu plus remise en cause.
Mais foin de ces déplorations, il peut y avoir des penseurs qui nous remettent sur pied par la clarté de leur analyse, même si le conflit est au bout. Ce doit être ça la vie. 
« Le débat présuppose à la fois une forme de rationalité et un minimum d’empathie. La culture de la guerre assimile la discussion à la trahison et le compromis à la compromission. Les échecs de ces deux rationalismes que sont le libéralisme et le marxisme se mesurent à la valorisation contemporaine de l’émotionnel, de l’évangélisme au populisme. J’aventurerais une hypothèse un peu lourde : que le XX°siècle, jusque là dominé par un agenda chrétien, s’éloigne en fait en grande vitesse d’une perspective orientée. A cet égard le marxisme aura été le dernier grand monothéisme. Au sens étymologique, la désorientation s’installe. Ce n’est pas nécessairement négatif. Culturellement il y a un « génie du polythéisme ». Mais politiquement cela conduit à une histoire, disons à la chinoise: une succession ininterrompue de « mandats du ciel » régulée seulement par les rapports de force » 
Pascal Ory dans l’hebdomadaire « Le 1 » s’interrogeant : « Peut-on encore débattre ? »
J’ai compris ces réflexions comme un constat de la variété des opinions, mais je ne suis pas sûr que l’exercice de la contradiction soit admis par toutes les parties prenantes car les freins aux évolutions sont puissants. A trop fréquenter les réseaux sociaux mon taux de pessimisme ne risque pas de chuter, la mauvaise foi n'est pas en régression et le vieux ne voit plus que vœux pieux dans la persistance à croire au « en même temps ». Si je maintiens sous forme interrogative : « est-ce que la sagesse prévaudra sur l’arthrite et les démagogies?» c'est que je n'ose formuler la réponse.
Pourtant il va falloir s’adapter bien que le vieillissement de la population n’aide pas plus que les câlineries à des enfants rois parvenus au bord de l’âge adulte.

 

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