J. nous a
préparé un copieux petit déjeuner. Grande bavarde, elle nous parle de ses
origines parisiennes sur trois générations, évoque son travail à la banque, sa
passion pour les BD, se plait à citer ses nombreux amis « intimes »
et illustres d’ici ou de Paris (JP Marielle par exemple) et explique sa
présence à Givry suite à son divorce (et sa retraite). On ne s’ennuie pas au
contact de cette femme directe et à la personnalité intéressante. Elle nous
fournit aussi des renseignements pratiques pour nos visites d’aujourd’hui.
Il pleut au
moment où nous montons dans la voiture. Nous gagnons VEZELAY par une charmante petite route indiquée par notre logeuse.
Nous
aboutissons directement au parking sous
des tilleuls avant de passer la Porte
Neuve du XIV° rénovée et n’hésitons pas
à nous engouffrer dans le Musée Zervos
pour échapper à la bruine et à la fraicheur. (Voir l’article sur ce blog, demain
jour des « Beaux arts »)
Nous
sortons sous une bruine « bretonne » ;
les ouvertures et
fermetures de parapluie s’enchainent
pour explorer brocante,
galeries de peintures ou photos qui nous escortent
jusqu’à l’arrivée devant la basilique
Sainte Madeleine en haut de la rue.
Quand nous
pénétrons à l’intérieur, la messe n’est pas finie. L’église renferme bon nombre
de fidèles et pèlerins dont les chants s’élèvent avec assurance. Beaucoup de scouts sont
présents, leurs sacs à dos et bâtons sont appuyés aux murs. Pendant ce temps,
les visiteurs patientent dans le narthex et observent les lieux
en attendant de les investir.
La pierre blanche récemment nettoyée donne une belle luminosité à l'abbatiale. La voûte s’inscrit incontestablement dans l’art roman,
mais des arcs dérogent au plein cintre
et se terminent brisés, en pointe. Laissées en témoignage, des croix en
bois jalonnent les bords de la nef ; elles ont été apportées en 1946 lors
de pèlerinages en provenance de plusieurs points d’Europe. L’une d’elles fut
fabriquée par des prisonniers allemands et déposée au milieu des autres à leur
demande.
En passant
devant la chapelle de Saint Antoine,
nous sacrifions au rite de brûler un
lumignon en hommage habituel à nos amis
avec qui nous partageons cette tradition, puis nous descendons à la crypte qui
renferme les reliques de Sainte Madeleine. Dans ce joli lieu frais et bas de
plafond, se côtoient art roman et art gothique au vrai sens du terme :
pilier roman contre piler gothique,
voûte romane contre voûte
gothique.
Nous
sortons par le cloître et la salle capitulaire. Le temps
s’éclaircit, le soleil nous accompagne même lorsque nous flânons vers le jardin
et le point de vue. Nous nous approchons d’une esplanade
et assistons derrière un petit muret à
un rassemblement de scouts disposés en U face à quatre adultes ; ils se
préparent à une cérémonie pour le passage de jeunes aspirant à un grade plus
élevé. Nous sommes surpris, par des cris inhumains à la limite
de ce que peuvent produire des cordes vocales, lancés par chaque chef de
section, repris en style responsorial par leur groupe. Outre le signe
« scout toujours prêts », des règles et une discipline quasi
militaires solennisent le moment : le candidat honoré présenté par son
chef met genou à terre face aux adultes, fait des promesses puis est
salué par l’ensemble de la communauté : on croirait assister à l’adoubement d’un
chevalier ! Nous retrouverons plus tard toute cette jeunesse braillant
dans les rues de Vézelay avec des voix de vieux légionnaires « halte
là » ou « auprès de ma blonde ».
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