jeudi 25 février 2021

Cher football français. Daniel Riolo.

Luis Fernandez a beau nommer le chroniqueur de RMC « l’intellectuel du foot », ces 240 pages tiennent davantage du pamphlet que de la thèse universitaire. L’écrit proche de l’oral, ponctué de quelques formules mordantes, rend la lecture agréable face à un constat plutôt sombre sur l’état du sport roi. 
« Blanc sans Gasset, c’est une tarte aux fraises sans fraises » 
Le manque de culture des décideurs qui vivent de ce sport n’atteint pas toujours les abysses où Rama Yade nous emmena : 
« A la coupe du monde il faudra se méfier de l’Uruguay, une sélection qui a brillé à l’Euro »
L’ancien abonné de la tribune Auteuil puis Boulogne est convaincant quand il s’insurge contre le mépris des journalistes politiques envers ceux du sport,  mais des sauts dans la cohérence apparaissent parfois. Il signale son changement d’appréciation quant au projet de ligue européenne qui verrait les plus grands clubs s’affronter alors que subsisteraient des championnats nationaux pour les autres. Il ne peut reprocher aux dirigeants de trop souvent choisir la fuite en avant, pour en faire de même. 
« On est le pays qui redistribue le plus et il n’y a jamais assez d’argent » 
S’il écarte les opinions les plus courantes à propos de l’argent-qui-pourrit-tout et remet en cause quelques évidences telles qu’aime les proférer l'efficace Didier Deschamp, sa persistance à donner la primeur au jeu est sympathique.
Les bons résultats de l’équipe de France où sont sélectionnés essentiellement des joueurs exerçant à l’étranger masque la régression des clubs où même la formation n’est plus ce qu’elle était. Le « trading » (spéculation) devient la norme et les jeunes expatriés de vanter dès leurs premières déclarations le professionnalisme de leurs nouveaux employeurs avant d’embrasser le blason du suivant.
« Pour gagner de l’argent, il faut une compétence. Pour le dépenser, il faut une culture. »  Alberto Moravia
On finit par s’intéresser davantage aux tactiques lors d’un marché quasi permanent qu’au prochain match. 
« Le miracle reprend forme en août. Le mercato vend de l'espoir. On perd les meilleurs et on fantasme sur les nouveaux. Les entraîneurs affichent des ambitions nouvelles, les dirigeants confirment. En août, tout est toujours plus beau. Quand le bronzage disparaît, les premières journées d'automne, les premiers matches de Coupe d'Europe renversent tout. Pas de doute, on est toujours aussi nul. » 
A l’instar d’Eric Neuhoff  auteur du « (Très) cher cinéma français », il dézingue et peu d’entraineurs ont ses faveurs en dehors de Galtier ou Bielsa. Par ailleurs il exprime clairement que Benzéma est meilleur que Giroud mais celui-ci est plus utile à l’équipe, loin du politiquement correct et des connivences qui sclérosent les structures du foot où le fait d’avoir joué en pro donne des avantages pour entrainer une équipe pro alors que comme le dit Sacchi : 
«  Il ne faut pas avoir été cheval pour être un bon jockey. »

 

1 commentaire:

  1. Préoccupant, la régression des clubs, mais logique, malheureusement. Et puis, la spéculation, malheureusement, est la règle dans tous les domaines, et pas que le foot.
    Ça me fait rager, tout de même de constater combien on se perd narcissiquement en se regardant faire, alors que ce qu'on fait n'a plus d'importance aux yeux de beaucoup.
    Se regarder faire...
    Mais je ne connais pas ce monde...

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