Pour l’heure : les milliards tombent et ce ne sont pas quelques
inquiétudes d’économistes repris par des économistes qui vont enflammer les
foules. Le point d’indice a bien fait un tour, un jour, sur les boulevards, puis
« on » est passé à autre chose.
Concernant la prospective, les contours d’un « monde
d’après » inscrits dans les perspectives d’antan sont flous. En dehors des
feuillets des tribuniciens parlant aux tribuniciens de portables, qui prolonge
le débat ?
Depuis mon pas de porte, difficile de voir l’horizon ;
les travaux autour du mur de Trump ont été arrêtés, mais les pointillés des
frontières deviennent traits continus. Nous éprouvons les limites géographiques
d’un monde qui fut jadis à portée de zoom, alors que reviennent à la conscience
de tous, les limites de nos ressources naturelles divulguées depuis un
demi-siècle. Bornés.
Dans un jeu de focales variables, les critiques n’ont pas
manqué envers le centralisme français pendant que le fédéralisme allemand connaissait
quelques difficultés moins médiatisées.
Tout rétrécit : la taille de nos photographies,
l’épaisseur de nos livres, les articles de journaux résumés à quelques punch
line; il n’y avait bien que les films qui prenaient plus de temps, mais pour
les matchs, 2 minutes 40 suffisent désormais pour tenir une conversation comme
le lecteur de Télérama sans télé qui donne son avis sur chaque émission.
Ces resserrements m’étreignent moins que l’amoindrissement
de nos facultés à débattre http://blog-de-guy.blogspot.com/2021/02/contagions.html
mesuré sur les réseaux sociaux envahis de trolls.
Le sujet « Mila » déchaine les barbares masqués
usant d’une liberté d’expression qu’ils refusent aux autres, ayant oublié que
la peine de mort a été abolie en France. Ils ne peuvent concevoir que les
conditions de vie de cette jeune fille sont inadmissibles ; ce sont pourtant
eux qui activent les flammes de cet enfer, et se permettent même quelques allusions
à la shoah que des modérateurs - qui n’en sont pas - laissent passer.
Mais
quand sont confondus victimes et bourreaux comment ne pas s’obséder devant tant
d’indices d’un recul de la civilisation ? L’ignorance ne peut être
incriminée, ce serait plutôt le trop plein d’informations qui exacerberait les haines et renforcerait le camp des ennemis du savoir, de la science,
des nuances, de la complexité. Et sur ce terrain où la loi dit que le blasphème
n’est pas répréhensible en France, ces haineux en meute font que des profs, des
journalistes, soient sous protection policière. Ils me semblent même plutôt
moins inquiétants parce que visibles et prévisibles, que ceux qui regardent le
bout de leurs chaussures en disant il n’y a pas de problème, ou celles qui
n’ont que le mâle blanc dans le collimateur.
Jean Claude Carrière:
« Quand je
rencontre un « autre », un différent, et même un opposé, voire un
ennemi, je ne songe jamais à le ramener à moi, à l’apprécier, à le juger selon
mes critères. Au contraire : j’essaie de trouver en lui ce qu’il y a d’intéressant,
de rare, de surprenant. Et de citer Bouddha : « Ton ennemi est ton
meilleur gourou. »
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